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Dans le Grand Ouest, le socialisme municipal est épuisé

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Jusqu’à ce dimanche soir, le parti socialiste tient neuf des dix plus grandes villes de l’Ouest (Bretagne et Pays de la Loire). Lundi matin, la liste risque fort d'être réduite : Angers, Quimper, Caen sont menacées. De même que beaucoup de villes petites et moyennes. Pour les barons socialistes du Grand Ouest de la France, hérauts d’un socialisme modéré qui a supplanté la démocratie-chrétienne dans ces terres historiquement conservatrices, le vote du 23 mars est un coup de semonce.

Le second tour pourrait esquisser dimanche 30 mars le début du reflux. La fin d’un cycle ouvert en 1977 lorsque de jeunes socialistes avaient raflé l’essentiel des grandes villes de l’Ouest, en pleine vague rose municipale. « Une région conservatrice avait alors basculé à gauche », rappelle Thierry Guidet, auteur de La Rose et le Granit, qui retrace l’histoire du socialisme dans l’Ouest.

Antenne 2. JT après les municipales de 1977.

Le nom de ces « conquérants » de 1977, comme les appelle le député du Finistère Jean-Jacques Urvoas ? Jean-Marc Ayrault, alors victorieux à Saint-Herblain, bastion ouvrier de Loire-Atlantique. Les électeurs de gauche ont déserté les urnes dimanche dernier. Ayrault fut ensuite maire de Nantes, la plus grande ville de l’Ouest. Sa dauphine, Johanna Rolland, devrait la conserver dimanche, mais après s’être alliée avec les écologistes.

Il y eut aussi Jacques Auxiette, alors vainqueur à La Roche-sur-Yon (Vendée). Aujourd’hui, Auxiette est président de la région Pays de la Loire. La Roche-sur-Yon risque de passer à droite. En 1977, l’actuel ministre de la défense Jean-Yves Le Drian devenait adjoint au maire de Lorient (Morbihan), puis maire, président de région, etc. Dimanche 23 mars, le PS y a perdu 5 000 voix et le FN s’est qualifié au second tour. À l’époque, le premier fédéral du PS du Finistère s’appelait Bernard Poignant. Il a aujourd’hui un bureau à l’Élysée, auprès de François Hollande. Et pourrait dimanche perdre sa ville de Quimper, où il a été élu maire la première fois en 1989.

Bernard Poignant en réunion publique à KerfeunteunBernard Poignant en réunion publique à Kerfeunteun © L.B.

Symboliquement, c’est la matrice même du hollandisme qui est atteinte. Certes, François Hollande n’a jamais été élu dans l’Ouest. Son fief, c’est la Corrèze de Jacques Chirac. Mais la conquête par la gauche de ces terres démocrates-chrétiennes a correspondu à ses choix idéologiques, en fait celui des proches de Jacques Delors et des clubs Témoins : une social-démocratie favorable à l’entreprise et à l’innovation, décentralisatrice et gestionnaire.

« Historiquement, nous avons su acculturer les idées socialistes, expliquait récemment Urvoas à Mediapart. Nous sommes des Girondins. Ici, ce n’est pas l’héritage SFIO, mais plutôt les réseaux catholiques, la CFDT, le PSU ou le MRP. » Jean-Yves Le Drian, très proche de Hollande, théorise un « socialisme à la bretonne ». Dans La Rose et le Granit, il en donne cette définition : « pragmatisme, humanisme, solidarité, respect de l’autre, reconnaissance de l’entreprise comme vecteur de création de richesses... »

Depuis longtemps, la Bretagne est devenue une base arrière des “hollandais”, dont beaucoup revendiquent leur identité régionale : Le Drian, Poignant ou Stéphane Le Foll, ancien bras droit de Hollande au PS et ministre de l’agriculture du gouvernement Ayrault (et élu du Mans). C’est de Lorient, en 2009, que François Hollande a entamé son ascension jusqu’à l’Élysée. Dans l’indifférence générale, il avait alors réuni ses proches pour la première fois depuis son départ piteux de la tête du PS, un an plus tôt.

En 2012, l’ouest a massivement voté Hollande. Mais dimanche 23 mars, le « socialisme breton en a pris plein la gueule », se désole un conseiller ministériel. Ici comme ailleurs, l’électorat de gauche s’est abstenu. Le PS a subi des déconvenues qu’il n’imaginait pas. Pour ne rien arranger, « l’électorat centriste qui s’était habitué à voter PS l’a lâché », estime un expert électoral socialiste. Dans cette terre touchée par la crise de l’agroalimentaire et le mouvement hétéroclite des Bonnets rouges, le Front national « émerge dans des zones ou il n’existait pas », s’inquiète le député du Finistère Richard Ferrand. Il se maintient d’ailleurs au second tour à Fougères, Saint-Brieuc et Lorient.

Selon Ferrand, « les socialistes bretons sont sanctionnés comme ailleurs ». Mais le député, qui avait alerté sur le mécontentement social en Bretagne bien avant que n’éclate la fronde des Bonnets rouges, voit aussi dans les scores du PS la traduction d’une « succession rapide de chocs économiques et sociaux violents dans une région jusqu’ici à l’abri. En Bretagne, l’électorat de gauche n’est pas fait que de gens qui ont le socialisme dans les tripes. Il y a beaucoup de gens “plutôt à gauche”. Ceux-là ont marqué leur insatisfaction. »

Partout, les scores de premier tour ont douché les socialistes. Nantes (Loire-Atlantique), ville tenue par Ayrault depuis 1989, restera à gauche. Mais au prix d’une alliance de la jeune candidate socialiste Johanna Rolland (34 ans) avec les écologistes (14,5 %), qui devrait repousser aux calendes grecques le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, cher au premier ministre.

Dans les villes ouvrières de Loire-Atlantique, la gauche est désavouée. À Donges, les deux listes de droite dépassent largement les deux listes de gauche. À Saint-Herblain, ville gagnée par Jean-Marc Ayrault en 1977, l’abstention explose (près de 50 %), la gauche est en ballottage. « C’est un message de mécontentement, un appel de changement de cap sur la vie politique. On a élu un gouvernement de gauche, c’est pour avoir une politique de gauche », rouspète le maire socialiste, Charles Gautier, successeur d’Ayrault à la mairie.

Mars 1989. Jean-Marc Ayrault est élu maire de Nantes. © Ina

Dimanche soir, plusieurs villes de la région Pays de la Loire devraient tomber. C’est le cas de Laval, gagnée en 2008 par le ministre Guillaume Garot (« prototype du socialo-centriste », juge un cadre du PS), d’Angers, à gauche depuis 1977 ou d’Alençon.

À La Roche-sur-Yon, préfecture de la Vendée à gauche depuis 1977, le socialiste Pierre Regnault, successeur du patron de la région Jacques Auxiette, est en grande difficulté. Mission difficile aussi à Fontenay-le-Comte (14 000 habitants) pour le député et maire PS Hugues Fourage.

À Rennes (Ille-et-Vilaine), le PS a résisté mais fait beaucoup moins bien qu’en 2008. L’abstention est élevée, la liste Europe Écologie-Les Verts/Front de gauche a fait 15 %. Dans une ville longtemps dirigée par Edmond Hervé, un des « conquérants » de 1977, les socialistes avaient fait le choix du renouvellement, avec une candidate de 37 ans, Nathalie Appéré. Jeune députée à l’Assemblée, elle avait juré qu’elle remettrait son mandat de parlementaire si elle était élue maire. Les instances nationales du PS l’ont convaincue de renoncer, par crainte de perdre la majorité absolue à l’Assemblée en cas de partielle.

Dans la communauté d’agglomération Rennes Métropole, le PS est mal en point : balayé dès le premier tour à Bruz (16 000 habitants dans la proche périphérie de Rennes) et à Mordelles (7 000 habitants), menacé à Cesson-Sévigné (16 000 habitants) où le socialiste arrive dix points derrière la droite. À Guignen (3 500 habitants à 25 kilomètres de Rennes), le maire sortant, un socialiste, a été éliminé. À Redon, la droite est dix points devant et l’abstention a bondi à 42,5 %:  les quartiers populaires n’ont pas voté.

Les positions socialistes souffrent ailleurs en Bretagne. En cas de défaite de Bernard Poignant, Quimper (Finistère) sera le symbole de la déroute. Moins dramatique pour le PS, la situation à Lorient (Morbihan) en dit long sur cette usure qui menace le socialisme municipal de l’Ouest. Le maire sortant, Norbert Métairie, a été installé par Jean-Yves Le Drian quand il a quitté la mairie pour prendre la Région. Avec 42 % des voix, il ne semble pas menacé malgré la montée en flèche de l’abstention de gauche et un FN désormais enraciné. Mais il a refusé l’alliance au second tour avec la liste EELV-Front de gauche.

Cette attitude n’étonne pas Damien Girard, candidat EELV sur la liste. « C’est sur la question de la démocratie que nous avons trouvé un accord avec le PG et le PCF. Métairie refuse souvent le débat. Autour de lui, ils ne sont que trois ou quatre à décider. Dans ce territoire en désespérance, les initiatives qui ne sont pas lancées par le PS sont tuées. Le Drian savait faire, et il avait une vision. Métairie, lui, est juste gestionnaire. » Élu depuis 1989 au conseil municipal, Métairie cumule les mandats : maire, président de l’agglo, conseiller général. Une usure et un mode de gestion que les opposants à Bernard Poignant ont également dénoncés tout au long de la campagne municipale.

Localement, le premier tour a déclenché une myriade de petits séismes politiques. Les villes que le PS espérait conquérir (Saint-Malo, Concarneau, Dinan, etc.) sont hors de portée. Dans le Morbihan, Auray, Ploërmel et Pontivy sont menacés. À Lannion (Côtes-d’Armor), la majorité PS-PC est contrainte d'affronter le second tour pour la première fois depuis 1995. Plusieurs communes de la périphérie de Saint-Brieuc ont basculé à droite. Dans le Finistère, le jeune maire PS de Moëlan-sur-Mer, élu en 2008, est en difficulté. La droite a repris au premier tour Plabennec, ville de droite gagnée en 2008 par le député PS Jean-Luc Bleunven. Et la liste n’est pas exhaustive !

Dimanche soir, les pertes de la gauche, mais surtout du PS, seront notables. « Il faut se méfier de l’effet d’optique, relativise Richard Ferrand. Si nous perdons beaucoup, c’est parce nous avions beaucoup gagné en 2008. » Si elle gagne des villes, la droite ne réalisera pas non plus un raz-de-marée, insiste aussi Thierry Guidet. « L’ouest subit les difficultés de la gauche comme partout ailleurs. Mais pour l’instant, elle ne résiste pas si mal. En 1983, Nantes et Brest avaient re-basculé à droite, ce ne sera pas le cas cette fois-ci. Laval va basculer, mais après tout elle a été à droite de 1996 à 2008... Et sur le long terme, rien ne laisse prévoir une marée bleue comparable à la marée rose qui a progressivement recouvert l’Ouest. »

D’après lui, l’épisode des Bonnets rouges a toutefois montré le risque qu’encourent les socialistes du Grand Ouest : celui d’une « déliaison » d’avec ces ouvriers, employés et petits entrepreneurs qui font ses succès dans ces régions depuis 35 ans.

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Six chercheurs décryptent les enjeux du vote

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Pendant près de 3 heures, Mediapart vous a proposé une édition spéciale de « En direct de Mediapart », diffusée en streaming sur notre site et en accès gratuit, pour rebondir sur les résultats du second tour des municipales. Les vidéos sont à retrouver ci-dessous. Vous pouvez également toujours consulter en accès libre l'essentiel de nos articles en cliquant ici.

Outre les résultats complets, nous avons voulu donner la priorité pour cette soirée à l'analyse du scrutin, ses conséquences et, plus généralement, l'accélération de la crise de la représentation politique. Pas de commentaires à chaud des responsables politiques, donc, pas de « petites phrases », pas de duplex dans 150 villes pour ne rien dire (voir ici la dernière chronique de Didier Porte), mais des interventions de chercheurs et politistes sur les grandes tendances révélées par ce scrutin.

Les vidéos :

19h30 : Hollande, l'équation impossible. Avec Christian Salmon, chercheur au CNRS et Lenaïg Bredoux, journaliste à Mediapart.


20h00 : PS, FN : les leçons du scrutin. Avec Céline Braconnier, spécialiste des comportements électoraux, Sylvain Crépon, spécialiste de l'extrême droite et du Front national, Frédéric Sawicki, spécialiste des organisations, des mobilisations politiques et du parti socialiste et Christian SalmonMarine TurchiMathieu Magnaudeix et Ellen Salvi, journalistes à Mediapart, interviendront durant ce débat.

1. La gauche explosée, les droites à la fête

 

2. Abstention et extrême droite

 

3. La fin de la société des socialistes


21h30 : Électorats populaires : le chantier de la démocratie. Avec Pierre Lascoumes, spécialiste des politiques de lutte contre la corruption et des questions de probité publique, et Marie-Hélène Bacqué, sociologue et urbaniste, spécialiste des expériences de démocratie participative et des élections dans les quartiers populaires. Stéphane Alliès et Mathilde Mathieu, journalistes à Mediapart, échangeront avec les invités lors de ce débat.

1. Corruption, condamnations, réélections !


2. Reconstruire la démocratie


 

22h45 : Et maintenant ? L'analyse de Lénaïg Bredoux et Stéphane Alliès.


Nos invités : 

- Céline Braconnier est spécialiste des comportements électoraux et, en particulier, de l'abstention. Elle a longuement enquêté sur l'abstention dans les quartiers populaires.  Avec Jean-Yves Dormagen, elle a publié La Démocratie de l’abstention. Aux origines de la démobilisation électorale en milieu populaire (Folio Actuel, Paris, 2007).

Sylvain Crépon est spécialiste de l'extrême droite et du Front national. Il a publié, en 2012, Enquête au cœur du nouveau Front national. Son état-major, son implantation locale, ses militants, sa stratégie (Nouveau monde éditions).

Pierre Lascoumes est un spécialiste des politiques de lutte contre la corruption et des questions de probité publique. Il a publié, entre autres, Une démocratie corruptible, arrangements, favoritisme et conflits d’intérêts (La République des idées, 2011).

Frédéric Sawicki est un spécialiste des organisations et des mobilisations politiques, et du parti socialiste. Avec Rémi Lefebvre, il a publié La Société des socialistes ? (Éditions du Croquant, 2006).

Marie-Hélène Bacqué, sociologue et urbaniste, est spécialiste des expériences de démocratie participative et des élections dans les quartiers populaires. Elle est l'auteure avec Mohamed Mechmache de l'étude récente Pour une réforme radicale de la politique de la ville.

Christian Salmon, chercheur au CNRS, a publié en mai 2013 chez Fayard La Cérémonie cannibale, essai consacré à la dévoration du politique. Il collabore régulièrement à Mediapart (ses articles sont ici).


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Résultats et réactions en direct : déroute pour le PS

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Ce live est à présent terminé. Nos analyses fouillées seront publiées dans la nuit.

Selon un décompte provisoire du ministère de l'intérieur, la gauche perd au total, lors de ce second tour des élections municipales, 155 villes de plus de 9.000 habitants.

Aulnay sous bois. Le maire sortant Gérard Segura (PS) reçoit une déculottée. Bruno Beschizza est élu avec plus de 60% des suffrages.

Bobigny. Le PCF perd la ville au profit de Stéphane De Paoli (UDI) qui réunit 54% des suffrages.

Paris. Dans le 14e arrondissement, Karine Petit (PS) l'emporte avec plus de 53% des voix.

Asnières-sur-Seine. Soixante-dix voix séparent le député Sébastien Pietrasanta de l’ancien maire (UMP) Manuel Aeschlimann.

Marseille. Mennucci (PS) battu dans le premier secteur par Tian (UMP)

Blanc-Mesnil. Le maire sortant Didier Mignot (PCF) s'incline face à l'UMP Thierry Meignen (50,76%)

Cergy. Le maire sortant Jean-Paul Jeandon (PS) conserve la ville avec 51,2% des voix.

Mantes-la-Ville. le Front national bat la maire sortante socialiste

Cannes. L'UMP "filloniste" David Lisnard a annoncé dune victoire écrasante avec 30 points d'avance face à son frère ennemi UMP "copéiste" Philippe Tabarot, selon des résultats encore provisoires.

Montreuil. Le candidat du Front de Gauche, Patrice Bessac, soutenu par le PS et EELV, l'a emporté au deuxième tour avec 36,8% de voix devant Jean-Pierre Brard, qui se présentait sans étiquette et en revendique 35,39%, suivi par la dissidente socialiste Mouna Viprey et l'UMP Manon Laporte.

Colombes. La droite reprend la mairie après 6 ans de règne socialiste

Aubervilliers. Le maire sortant Jacques Salvator (PS) fait moins bien que Pascal Beaudet (45,7% des voix)

Villepinte. La maire Nelly Roland (DVG) ne recueille que 37% des voix contre 63% des voix à Martine Valleton (UMP).

Saintes (Charente-Maritime). Jean-Philippe Machon a permis à la droite de reconquérir la mairie.

Conflans sainte Honorine. La gauche perd la ville au profit de l'UMP Laurent Brosse.

Livry-Gargan. Le maire sortant Alain Calmat s'incline largement face à Pierre-Yves Martin (UMP), qui fait 56% des voix.

Bondy. La maire sortante Sylvine Thomassin (PS) conserve la ville.

Argenteuil (Val-d'Oise). Le candidat UMP Georges Mothron a été élu de justesse à la mairie face au maire socialiste sortant Philippe Doucet, qui lui avait ravi la ville en 2008.

Saint-Denis. Le maire sortant Didier Paillard (PCF) s'en sort de justesse. Il réunit 50,5% des suffrages contre 49,5% à Mathieu Hanotin

Athis Mons. Le maire sortant Garcia François (PS) s'incline face à la candidate Christine Rodier, de l'UMP.

Vaulx en Velin. Le maire sortant Bernard Genin (PCF) s'incline face à la candidate PS Hélène Geoffroy.

Grenoble. les résultats définitifs valident une très large victoire d'Eric Piolle (UG-EELV) avec 40,03% des suffrages contre seulement 27,5% à son suivant Jérôme Safar (candidat du PS).

Le Parti de gauche. "François Hollande et sa politique d’austérité sont tres lourdement sanctionnés ce soir. Pour son parti, le PS, c'est la débâcle. Il perd de très nombreuses villes dont des bastions historiques. Cette défaite est encore plus forte quand le PS a fait preuve de sectarisme en refusant toute alliance avec nos listes pour faire barrage à la droite et à l’extrême droite". (...) C’est à partir de ce vote de résistance que nous voulons oeuvrer à la refondation de la gauche. sur le partage des richesses, la relance de l’activité par l’écologie, la désobéissance à l’Union Européenne et la 6ème République. Il y a urgence. Nous pouvons bâtir une majorité alternative dans l’année à venir et les échéances politiques que sont les Européennes puis cantonales et Régionales. Le Front de Gauche doit en être le levier et Europe Ecologie Les Verts, s’il accroit sa contestation de la politique gouvernementale, son premier allié. Dans l’immédiat, le Parti de Gauche appelle à exprimer ce ras le bol de gauche dans la marche nationale unitaire du 12 avril « Maintenant ça suffit !"

Les Jeunes Socialistes "tiennent d'abord à saluer les électeurs de gauche qui se sont déplacés ce dimanche, notamment ceux qui n'étaient pas allés voter la semaine dernière. La résistance de la gauche face au Front National et à la droite à Avignon et Forbach est une bonne nouvelle pour les habitants de ces deux villes. À Perpignan, le front républicain démontre qu'il fonctionne toujours, comme à Brignolles, ce qui tord le coup à la stratégie antirépublicaine de l’UMP. Mais ces quelques satisfactions ne sauraient cacher la défaite de la famille socialiste en ce 30 mars (...) La gauche au pouvoir ne peut ignorer ce signal envoyé par les jeunes, les salariés, les habitants des quartiers populaires, et toutes celles et ceux qui ont choisi François Hollande le 6 Mai 2012. Les politiques menées par la gauche doivent répondre aux attentes de la majorité des citoyens français en termes de justice sociale, de pouvoir d’achat, d’emploi et d’égalité. (...) Nous interpellons également nos aînés sur le profond besoin de renouvellement de notre famille politique et de nos pratiques militantes pour réussir à toucher tant de citoyens qui sont aujourd’hui à l’évidence désillusionnés par la politique."

Venissieux. La maire sortante Michèle Picard (PCF) a conservé la ville en réunissant 38% des voix lors d'une quadrangulaire.

Lyon. La maire sortante Nathalie Perrin-Gilbert, qui n'avait pas l'appui du PS, l'a toutefois emporté dans le 1er arrondissement avec 44,5% des voix contre seulement 31,3% au candidat officiel du parti socialiste.

Evry. Le maire sortant Francis Chouat (PS) est réélu.

Villejuif (Val-de-Marne). L'UMP Franck Le Bohellec, à la tête d'une liste "citoyenne" bleu-rose-vert, a annonc sa victoire avec plus de 48% des suffrages, devançant la maire communiste sortante, Claudine Cordillot, et le FN Alexandre Gaborit.

Le Raincy (Seine-Saint-Denis). Le député UMP Eric Raoult, maire sortant, a été largement battu face à la liste divers droite menée par Jean-Michel Genestier, qui s'était allié à celle de Roger Bodin, ancien adjoint de M. Raoult.

Nice. Le député-maire UMP Christian Estrosi, grand favori du scrutin, a annoncé sa réélection confortable pour un deuxième mandat, sur la chaîne France 3 Côte d'Azur.

Corbeil-Essonnes. Le maire sortant Jean-Pierre Bechter (UMP), bras droit de l'ancien édile et industriel Serge Dassault, a annoncé sa réélection malgré des soupçons de fraude électorale lors de précédents scrutins qui lui ont valu une mise en examen. Selon des résultats quasi-définitifs, M. Bechter a recueilli quelque 56,5% des voix, tandis que Bruno Piriou, qui présentait une liste d'union de la gauche, a obtenu 43,5% des suffrages

Saint-Ouen. Le bastion communiste du nord de Paris, bascule à droite

Viry-Chatillon. La maire sortante Simone Mathieu (PG) s'incline face au candidat UDI Jean-Marie Vilain (65% contre 35%)

Joué les Tours. Le maire sortant Philippe Le Breton s'incline face au candidat UMP Frédéric Augis

Colomiers. La reste au PS d'extrême justesse. Karine Traval-Michelet (PS) réunit 40,6% des suffrages dans une triangulaire où la candidature EELV fait 39,3%

Sevran. Le maire sortant Stéphane Gatignon (EELV) a été réélu, avec plus de 50% des voix dans une triangulaire. Clémentine Autain (FG) a réuni 31,31% des suffrages.

Rodez. Le chef-lieu de l'Aveyron qui avait basculé à gauche en 2008, a reconduit la liste du maire socialiste Christian Teyssèdre, dans le seul département de Midi-Pyrénées présidé par un élu de droite. Cependant, à l'image d'un recul général en France, la gauche a perdu Millau et Decazeville.

Bron (Rhône). La maire sortante Annie Guillemot (PS) conserve la ville.

Paris. La gauche perd le 9e arrondissement où Delphine Burkli (UD-UMP) l'emporte face à la liste socialiste de Pauline Veron (50,36% contre 49,64%).

Marmande (Lot-et-Garonne). L'UMP Daniel Benquet, médecin généraliste de 53 ans, a été élu dimanche où il a battu le maire sortant, le socialiste Gérard Gouzes, qui détenait les clés de la mairie depuis 1983, à l'issue d'une triangulaire avec le FN.

Pontault-Combault. La maire sortante Monique Delessard (PS) est réélue avec 40% des voix dans une quadrangulaire.

Paris. Le maire sortant Jacques Boutault (EELV) est réélu avec 58% des voix dans le 2e arrondissement.

Sète. Le maire sortant François Commeinhes (UMP) est réélu avec 47% des voix dans une triangulaire.

Paris. Jérôme Coumet (PS) réélu avec 62% des voix dans le 13e

Paris. Le maire sortant Christophe Girard (PS) a été réélu d'extrême justesse dans le 4e arrondissement face au candidat UMP en réunissant 50,26% des voix au second tour.

Chelles. Le maire sortant Jean-Paul Planchou (PS), vice-président du conseil régional, a été battu de 5 points par la la liste (UD-UMP) de Brice Rabaste.

Rosny sous bois. Le maire sortant Claude Capillon (UMP) est largement réélu à (49,5% dans une quadrangulaire)

Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). Michel Veunac a réussi à maintenir dans le giron du centre, succédant au MoDem Didier Borotra.

Creil. Dans la ville, théâtre d'une triangulaire sans le FN, la liste du maire PS sortant Jean-Claude Villemain est réélue avec 40,02% des suffrages, devant la liste divers gauche de Hicham Boulhamane (34,33%) et la liste UMP menée par Michaël Sertain, qui remporte 25,65% des voix.

Noyon. Le maire sortant Patrick Deguise (PS) est réélu avec 42,38% des suffrages, devançant de 205 voix la liste de son frère aîné Gérard (UMP, 38,05%).

Jean-Marc Ayrault. "C'est une défaite pour le gouvernement. J'y prends toute ma part . Ces élections ont été marquées ont été marquées par la désaffection significative de celles et ceux qui nous ont fait confiance en mai et juin 2012. (...) Le président tirera les enseignements de ce scrutin, il le fera dans l'intérêt de la France."

Melun. Le maire sortant Gérard Millet (UMP) conserve la ville avec 52% des voix.

Paris. Le 5e arrondissement a été remporté par Florence Berthout (UD-UMP) avec 51,30% des suffrages.

Bergerac. Le sortant socialiste, Dominique Rousseau, qui avait conquis la ville en 2008, n'a recueilli que 41,31% des suffrages dans une triangulaire. A l'issue du premier tour, le maire PS (34,41%) n'a pas trouvé de terrain d'entente avec le chef de file EELV Lionel Frel (6,98%). L'ancien maire divers droite (1995-2008), Daniel Garrigue, retrouve donc le siège de maire avec 46,09% des voix.

Périgueux. Michel Moyrand, élu de justesse en 2008 face à l'ancien ministre UMP et ex-maire Xavier Darcos, mettant fin à 37 ans de règne de la droite, a été battu par une union de la droite au second tour, menée par Antoine Audi (50,71%).

Sézanne. Le maire sortant DVG Philippe Bonnotte a été confortablement réélu pour la 7e fois consécutive avec 65,98% des suffrages lors du premier tour

Vitry-le-François. Le PS parvient à conserver la ville prise à la droite en 2008, où le maire sortant Jean-Pierre Bouquet est réélu avec 47,25% devant la liste UMP de Pascal Greenhalgh (30,57%) et le FN Franck Rivière (22,18%).

Epernay. L'élection qui s'est jouée en quadrangulaire consacre la liste UDI du maire sortant Franck Leroy qui obtient 56,55% des voix devant le FN (18,14%) et deux listes DVG (17,12% et 8,19%).

Châlons-en-Champagne. L'ancien ministre UMP du logement Benoist Apparu a été élu avec 46,49% des suffrages lors d'une triangulaire qui l'opposait au jeune socialiste Rudy Namur (34,42%) et à Pascal Erre, chef de file du FN dans le département. Celui-ci enregistre un score de 19,09% en léger tassement par rapport au premier tour (20,50%).

Paris. Le maire sortant François Dagnaud (PS) est réélu avec plus de 64% des voix dans le 19e arrondissement.

Vitrolles. Le maire sortant Loïc Gachon (PS) conserve la ville, très loin (14 points) devant le candidat FN.

Paris. Rachida Dati est réélue maire du 7e arrondissement, avec plus de 55% des voix dans une triangulaire.

Amiens. Brigitte Fouré (UD-UDI) devient maire de la ville avec plus de 50% des voix dans une triangulaire.

Sedan. Le maire sortant Didier Herbillon (PS) est largement réélu (51% dans une triangulaire).

Brignoles (Var). La ville passe à droite. Josette Pons (UD-UMP) l'emporte avec 60% des suffrages face au candidat du FN.

Jean-Claude Gaudin. "Si le FN a été élu dans le 7 ème secteur, c'est parce que la gauche qui s'est maintenue au deuxième tour. C'est elle qui en porte la responsabilité".

Paris. Le maire sortant Rémi Féraud (PS) est réélu dans le 10e arrondissement.

Nancy. Laurent Hénart (UDI) s'est imposé sans difficulté en recueillant près de 53% des suffrages, dans une ville que le PS convoitait mais qui a confirmé dimanche son attachement à un centrisme municipal. Laurent Hénart est le dauphin du maire sortant André Rossinot, lequel devrait désormais conserver, après 31 ans de mandat en tant que maire, la présidence de la communauté urbaine.

Aix en Provence. La maire sortante Maryse Joissains-Masini (UMP) est largement réélue avec plus de 52% des voix dans une triangulaire

Bagnolet. Le parti socialiste s'empare de la ville, jusqu'alors communiste, grâce à la victoire de Tony Di Martino, qui recueille 35,5% des voix dans une quadrangulaire.

Lyon. Le socialiste Gérard Collomb annonce sa victoire.

Villeneuve-Saint-Georges. La liste droite-FN est battue par la maire sortante PCF

Jean-Pierre Raffarin. "L'opposition a achevé sa rénovation. La sobriété dont nous avons fait preuve pendant la campagne en a été une preuve (...) Cela a été un message d'unité".

Romans-sur-Isère. Marie-Hélène Thoraval, 47 ans, à la tête d'une liste Divers droite, détrône avec 46,30% des voix le socialiste sortant Philippe Dresin (42,79%), à l'issue d'une triangulaire avec le FN Bernard Pinet (10,90%).

Paris. Jeanne D'hauteserre (UD-UMP) est la nouvelle maire du 8e arrondissement.

Paris. Dans un arrondissement primordial, la candidate Catherine Baratti-Elbaz (UG-PS) l'emporte dans le 12e arrondissement et bat la candidate (UD-UMP) Valérie Montandon en recueillant 53% des voix.

Albertville. La candidate de droite Martine Berthet (DVD-UMP), arrivée largement en tête au premier tour, a remporté le second avec 49,95% des voix, contre 33,91% au maire sortant PS Noëlle Aznar-Molliex.

Nantes. La socialiste Johanna Rolland l'emporte avec près de 57 % des voix face à l'UMP Laurence Garnier dans l'ancien fief de Jean-Marc Ayrault qui n'avait pas connu de second tour depuis 1977, selon des résultats partiels.

Benoît Hamon dément avoir annoncé un remaniement ministériel lundi. " Pour info, je ne suis pas Président, je n'annonce pas un remaniement qui n est pas en mon pouvoir, à partir d'une info que je n'ai pas" dit-il dans un tweet

Metz. Dominique Gros, le maire sortant qui conduisait une liste PS sur laquelle figurait Aurélie Filippetti, s'est imposé avec seulement 770 voix d'avance sur son adversaire UMP Marie-Jo Zimmerman, dans cette ville où la droite nourrissait beaucoup d'espoirs de reconquête. M. Gros a recueilli 43% des suffrages, contre 41% pour Mme Zimmerman et près de 16% pour la candidate du Front national, Françoise Grolet.

Roubaix. Le maire sortant Pierre Dubois (PS) perd la ville face au candidat Guillaume Delbar (UD-UMP) qui la devance de moins de deux points (35% contre 33%).

Clermont-Ferrand. Olivier Bianchi, 43 ans, adjoint PS chargé de la culture à la mairie, a remporté à l'issue d'une triangulaire la mairie de la capitale auvergnate, qui n'aura connu, depuis 1944, que des maires socialistes.

Saint-Priest. La maire sortante Martine David (PS) perd la ville au profit de la candidate UD-UMP Gilles Gascon.

François Bayrou. "Notre pays traverse une crise profonde. (...) La somme des erreurs commises depuis des années conduit notre pays dans une impasse. Nous maires , nous avons une responsabilité particulière et répondre au plus près du terrain d'une crise qui nous dépasse".

Cogolin (Var). Le candidat du Front national, Marc-Etienne Lansade, a remporté la mairie avec 53,1% des suffrages au second tour des élections municipales. Le maire sortant, Jacques Sénéquier (DVD), est arrivé second du duel avec 46,9% des suffrages, soit 311 voix de moins que le vainqueur sur les 5.017 exprimées dans cette commune de 11.000 habitants, proche de Saint-Tropez

Hyères. Le candidat Jean-Pierre Giran (UD-UMP) emporte la mairie et succède à Jacques Politi (DVD).

Pierre Laurent. "Ce soir, le constat est grave. Il faut un changement de cap important. (...) La politique d'allégement des charges est menée depuis vingt ans. Il va bien falloir se poser la question de l'utilisation des richesses de l'entreprise".

Montpellier. Le dissident PS Philippe Saurel annonce sa victoire.

Boulogne Billancourt. Le maire sortant Pierre-Christophe Baguet (UMP) conserve la mairie en recueillant 58% des voix dans une triangulaire.

Paris. Le maire sortant Pierre Aidenbaum (PS) est réélu dans le 3e arrondissement avec 60% des suffrages.

Gap. L'UMP conserve la ville.

Alençon. Le maire sortant Joaquim Pueyo (PS) conserve d'extrême justesse la ville.

Marine Le Pen. "C'est une grande victoire pour le FN. Nous avons gagné 10 villes, 1200 à 1300 conseillers municipaux contre 60 auparavant. Nous allons démontrer ce que nous ommes capables de faire. (...) Notre objectif est totalement rempli. Désormais , le FN est un vote d'adhésion "

Cholet. Le maire sortant Gilles Bourdouleix (DVD) conserve la ville.

Toulouse. Le camp Moudenc (UMP) se déclare vainqueur.

Privas (Ardèche). Le maire sortant Yves Chastan (PS) perd très largement la ville. Michel Valla réunit 53% des voix dans une triangulaire.

Harlem Désir. "Il y a une demande de résultat, sur l'emploi surtout. (...) Les Français attendent que nous nous mettions en application notre politique. (..) le pacte de responsabilité doit entrer en application".

Soissons. La ville bascule à droite à l'issue d'une triangulaire. La liste d'union de la droite menée par Alain Crémont, déjà en tête au premier tour, devance avec 45,55% celle du maire PS sortant Patrick Day (40,34%) et la liste FN d'Emmanuel Chassagnoux (14,10%).

Bastia. Le maire sortant Emile Zuccarelli (PRG) est largement battu par Simeoni (55%)

Beauvais. La maire sortante Caroline Cayeux (UMP) conserve la ville avec 57% des voix dans une triangulaire.

Blois. Le maire sortant Marc Gricourt (PS) conserve la mairie avec près de 58% des voix.

La Ciotat. Le maire sortant Patrick Boré (UMP) conserve la mairie.

Carcassonne. Gérard Larrat, 71 ans, récupère pour la droite la mairie qu'il avait dû abandonner en 2009 après l'annulation des élections municipales pour fraude. M. Larrat, un ancien avocat d'affaires père de trois enfants, souhaitait "terminer son combat" après avoir été battu en 2009 par le député-maire PS Jean-Claude Perez, sur lequel il a pris dimanche sa revanche. Sa liste a obtenu 40,42% des voix devant celle du maire sortant, qui a recueilli 39,24% des suffrages.

Fécamp. Le PS a subi un important revers en perdant la ville. La liste de la députée socialiste Estelle Grelier a été battue, ne recueillant que 39,61% contre 52,82% à la liste UMP de Marie-Agnès Poussier-Winsback, qui était déjà arrivée en tête au 1er tour. Le FN a recueilli 12%.

Saint-Dié. La droite s'empare de la ville grâce à son candidat David Valence (UD-UDI).

Lorient. Le maire sortant Norbert Métairie (PS) conserve la ville.

Yves Jego. "Ce soir, c'est la fin de la fiction du socialisme municipal".

Pessac. La droite prend la 3e ville de l'agglomération bordelaise.

Saint-Lô. Dans la préfecture de la Manche, François Brière, 40 ans, conseiller municipal DVD d'opposition au sortant UMP François Digard, a créé la surprise en l'emportant avec 52,88% des voix, à l'issue d'une triangulaire. Ce conseiller général a été l'adjoint du maire sortant avant de claquer la porte de la majorité municipale.

Salon-de-Provence. Le maire sortant Michel Tonon (DVG) perd la mairie face à Nicolas Isnard, candidat UD-UMP.

Caen. La ville a basculé à droite, a indiqué l'UMP Joël Bruneau, tête de liste UMP-UDI, sur France Bleu Basse-Normandie.

Laval. François Zocchetto, remporte la mairie. Il s'agit d'un sénateur centriste de la Mayenne qui a été de nombreuses années conseiller municipal de sa ville natale.

Jean -Pierre Raffarin. "Je crois qu'on n'a pas eu une sanction aussi grave depuis une génération."

Rouen. Le maire sortant Yvon Robert (PS) conserve la mairie.

Le points à 21h20. Vingt-cinq villes de plus de 30.000 habitants ont déjà basculé de gauche à droite (ou au FN) au premier ou au second tour des municipales, selon les résultats définitifs dimanche vers 21H15. Il s'agit de Poissy, Clamart, Aubagne, Valence Chalon-sur-Saône, Saint-Chamond, Romans-sur-Isère, Sens, Narbonne, Niort, Laval, Evreux, La Roche-sur-Yon, Belfort, Thionville, Schiltigheim, Bar-le-Duc, Limoges, Brive-la-Gaillarde, Anglet, Reims, Maubeuge, Florange, Hénin-Beaumont, L'Hay-les-Roses.

Charleville-Mézières. Le PS Philippe Pailla perd la mairie, qui bascule à droite.

Martigues. Le maire sortant Gaby Charroux (PCF) conserve la mairie.

Schiltigheim. Le candidat UDI-UMP Jean-Marie Kutner a remporté la ville par 55,49% des voix au second tour des municipales contre 44,51% au maire sortant PS Raphaël Nisand. La troisième ville du Bas-Rhin bascule ainsi à droite, après 37 ans de gestion par la gauche.

Ségolène Royal. "Il faudra une politique de baisse d'impôts pour les classes moyennes".

Dax. La sous-préfecture et deuxième ville des Landes, qui était passée à gauche en 2008, y est restée avec la réélection du maire PS, Gabriel Bellocq, alors que plusieurs villes de ce département ont basculé à droite et que la préfecture Mont-de-Marsan y est restée.

Grenoble. Le candidat écologiste Eric Piolle, à la tête d'une liste EELV-PG, s'est emparé de la ville au détriment du PS, la liste de l'ancien candidat socialiste ayant perdu l'investiture arrivant en deuxième position, selon les instituts de sondage.

Saint-Brieuc. Le maire sortant Bruno Joncour (MoDem) conserve la mairie.

Dreux. Le maire sortant Gérard Hamel (UMP) conserve la ville.

Istres. Le maire sortant François Bernardini (DVG) conserve la mairie.

Fréjus. Le candidat du FN David Rachline recueille 45,55% des voix et l'emporte.

Tours. Jean Germain, sénateur-maire PS sortant, a reconnu sa défaite face au candidat de droite Serge Babary (UMP), dans une courte déclaration à la presse.

Saint-Nazaire. La ville reste à gauche. David Samzun est élu.

Marseille. La ministre PS Marie-Arlette Carlotti est nettement battue par le candidat UMP-UDI Bruno Gilles dans le 3e secteur , selon plusieurs instituts de sondage.

Luc (Var). La liste Front national menée par Philippe de la Grange a remporté la ville, une commune varoise de 9.500 habitants, grâce à un score de 42% au second tour. Le DVD Dominique Lain est arrivé deuxième avec 40,9%, un troisième candidat a remporté 16,1%. André Raufast, maire sortant de gauche de cette commune proche de Brignoles, s'était désisté pour le second tour.

Rodez. Le maire sortant Christian Teyssèdre (PS) conserve la mairie.

Marseille. Jean-Claude Gaudin a été réélu selon les instituts de sondage.A l'échelle de la ville, le FN est devancé par les listes du candidat socialiste Patrick Mennucci, qui perd toutefois son pari d'emporter la ville. Stéphane Ravier, la tête de liste frontiste, a obtenu 27,2% et a surtout remporté le septième secteur, selon les instituts, ce qui fera de lui le maire FN le plus important avec quelque 150.000 habitants sur les deux arrondissements concernés.

Michel Sapin. "C'est un échec. C'est une défaite nationale, des défaites locales. (...) Quel est le message? Quand on est au pouvoir, ce n'est pas pour changer de politique continuellement. Il faut maintenir la ligne"

Angoulême. Le maire sortant Philippe Lavaud (PS) perd la ville qui passe à droite. Xavier Bonnefont (UD-UMP) réunit 60% des suffrages

Nevers. Bastion socialiste depuis 43 ans, la ville est passée aux mains de la droite après le ralliement des listes UMP et UDI derrière le candidat DVG Denis Thuriot. Denis Thuriot, à la tête d'une liste DVG alliée à la droite au second tour, a été élu dimanche avec 49,80% des voix, devant le maire socialiste sortant Florent Sainte Fare Garnot (42%) et le FN Christophe Gaillard (8,2%).

Toulouse. L'ancien maire UMP Jean-Louis Moudenc reprend, de peu, au maire sortant socialiste Pierre Cohen selon les estimations des instituts de sondage.

Benoît Hamon a annoncé sur RTL un remaniement ministériel dès lundi .

Pontet. La liste FN conduite par Joris Hébrard a remporté l'élection dans une triangulaire, avec 42,62% des voix, juste devant la liste UMP (42,53%), selon des résultats officiels. Seules sept voix séparent les deux listes.

Camaret-sur-Aigues (Vaucluse). Le candidat d'extrême droite est élu.

Auxerre. Le maire sortant Guy Ferez (PS) conserve la mairie.

Echirolles. Le maire sortant Renzo Sulli (PCF) conserve sa mairie.

Chambery. Bernadette Laclais (PS) s'incline lourdement face à Michel Dantin (UD-UMP)

Aubaine. Le maire sortant Daniel Fontaine (PCF) perd lia ville au profit de l'UMP et de son candidat Gérard Gazay.

Montbeliard. Le maire sortant Jacques Hélias (PS) perd très largement la mairie au profit de l'UMP et de Marie-Noëlle Biguinet.

Besançon. Le maire sortant Jean-Louis Fousseret (PS) conserve la mairie.

Le point à 21h05. Le deuxième tour des municipales vire à la déroute majeure pour le parti socialiste. Limoges, socialiste depuis des décennies, vire à droite. Dunkerque, Saint-Etienne, Roubaix, Pau, La Roche-sur-Yon, Bastia, Belfort, Reims, Angers, Brive-la-Gaillarde etc. sont perdus. Les écologistes alliés au parti de gauche gagnent Grenoble, socialiste depuis 1995. Le Front national emporte plusieurs mairies, et réalise sa meilleure performance aux municipales: Béziers Hayange, Villers-Côterets, Fréjus, Cogolin, Beaucaire, le 7e secteur de Marseille, etc. Avignon où le FN était arrivé en tête, passe à droite. Le PS conserve Rennes et Boulogne-sur-Mer.

Strasbourg. Le maire Roland Ries (PS) serait réélu selon les instituts de sondage.

Calais. La maire sortante Natacha Bouchart (UMP) conserve la mairie.

Jean-Luc Melenchon. "Les écologistes ont une responsabilité sur la politique gouvernementale. Ce sont eux qui sont en position centrale pour exiger un changement".

Gardanne. Le maire sortant Roger Meï (PCF) conserve de toute justesse la mairie socialiste face au candidat socialiste.

Saint-Chamond. Le maire sortant Philippe Kizirian (PS) perd la mairie, largement battu par le candidat UMP Reynaud.

Najat Vallaud-Belkacem. "Il y a une défiance vis à vis des politiques. J'aurais aimé que M. Guerini soit exclu plus rapidement . Il y a aussi un doute chez les Français que les politiques puissent changer quoi que ce soit".

Poitiers. Le maire sortant Alain Claeys (PS) l'emporte.

Bayonne. Etchegaray (UD-UDI) est le nouveau maire mais la mairie reste à droite d'extrême justesse (45,4% contre 45,2% au candidat du PS)

Lille. Martine Aubry annonce sa réélection pour un troisième mandat.

Paris. La candidate socialiste Anne Hidalgo battrait sa rivale UMP Nathalie Kosciusko-Morizet selon les instituts de sondage.

Evreux. Michel Champredon (PRG) ne recueille que 36% des voix contre 52% à Guy Lefrand (UD-UMP)

Morlaix. La maire sortante Agnès Le Brun (UMP) conserve la mairie.

Valence (Drôme). Le maire sortant Alain Maurice (PS) est battu. Nicolas Daragon (UD-UMP) recueille près de 54% des voix.

Tourcoing. Michel-François Delannoy (PS) reconnaît la victoire de la droite.

Le Mans. Le maire sortant Jean-Claude Boulard (PS) conserve la ville.

Saint-Gilles. Gilbert Collard (FN) reconnaît sa défaite

Jean-Luc Melenchon. "La politique de François Hollande, son virage à droite, son alignement sur le Medef, sa soumission à l'Europe ont produit un désastre. Des années d'implantation de la gauche ont été détruites en quelques semaines. La droite se retrouve au niveau de 2008. La dynamique est incontestablement pour elle. (...) Il faut tourner la page de l'austérité (...) entrer en désobéissance européenne"

Périgueux. L'UMP reprend la ville au PS.

Thionville. Le maire sortant Bertrand Mertz (PS) s'incline devant la nouvelle maire Anne Grommerch (UD-UMP)

Bourges. La ville reste à droite. Pascal Blanc (UD-UDI) recueille 54% des voix

Roanne (Loire). La ville bascule à droite, l'UMP Yves Nicollin annonce sa victoire

Lourdes. La ville bascule avec Josette Bourdeu (UG-DVG) qui réunit 49,12% des voix. Le maire sortant Jean-Pierre Artiganave (UMP) s'incline.

Laurent Wauquiez. "C'est incontestablement une sanction de la gauche . Mais ce serait une profonde erreur de croire que la droite a une chèque en blanc. Il faut redonner envie de la droite".

Lens. Le maire sortant Sylvain Robert (PS) conserve la mairie.

Villers-Cotterêts (Aisne). Le FN Franck Briffaut a annoncé à l'AFP son élection.

Dijon. François Rebsamen annonce sa réélection.

Boulogne sur Mer. Frédéric Cuvillier (UG-PS) devient maire avec près de 55% des voix.

Roche-sur-Yon. La ville bascule à droite après 37 ans à gauche.

Annemasse. Le maire sortant Christian Dupessey (DVG) conserve la mairie.

Dunkerque. Michel Delebarre (PS) perd la ville au profit de Patrice Vergriete (DVG) selon la mairie.

Bastia. Le nationaliste Gilles Simeoni serait élu selon des instituts de sondage.

Ségolène Royal. "Une défaite soit cela assomme , soit cela réveille. (...) Beaucoup de bonnes choses ont été faites mais les Français n'ont pas compris. Il y a nécessité de reconstruction du lien démocratique"

Ajaccio. La ville bascule à droite selon les estimations des instituts de sondage

La Rochelle. Fountaine (DVG) réunit 43,68% des votants. La candidate UMP perd environ 700 voix entre le 1er et le second tour, dont un grand nombre se sont visiblement reportés sur la candidat de gauche dissident.

Cavaillon. Jean-Claude Bouchet (UMP) conserve la mairie.

Brest. François Cuillandre (PS) conserve la mairie en réunissant près de 53% des sondages.

Alain Juppé. " Je ne vois pas de vague bleue marine. Le FN a échoué à Forbach , à Avignon. En revanche, il y a de nombreux maires UMP à Pau, à Angoulême, Perigueux . (...) L'UMP a eu raison de choisir une ligne de rassemblement; ( ..) Ce qui est nécessaire ce n'est pas un remaniement ministériel mais un changement de politique . (...) Il faut vraiment changer de politique économique et sociale"

Bar-le-Duc. L'UDI Bertrand Pancher (49%) a ravi la mairie à la sortante socialiste Nelly Jacquet (39%), au terme d'une triangulaire avec le Front national, selon les résultats donnés par la préfecture.

Nîmes. Le sénateur-maire UMP Jean-Paul Fournier a été réélu largement selon les instituts de sondage.

Mulhouse. Jean Rottner (UMP) conserve la mairie avec 46% des suffrages, contre 37% à Freyburger (UG-PS)

Limoges. Le candidat Emile Lombertie (UD-UMP) réunit 45% des suffrages contre 44% au maire sortant Alain Rodet (PS)

La Rochelle. Le dissident socialiste Jean-François Fountaine élu face à la candidate officielle PS selon la mairie

Rama Yade. "La troisième force politique du pays , c'est l'UDI pas le FN. "

Avignon. La candidate PS Cécile Helle annonce sa victoire

Beaucaire (Gard). Le FN Julien Sanchez annonce son élection.

Saint-Etienne. Maurice Vincent (PS) reconnaît la victoire de l'UMP Gaël Perdriau

Cecile Duflot. "Il faut un réveil. Non seulement un sursaut mais donner horizon"

Anglet (Pyrénées-Atlantiques). La mairie socialiste bascule à droite

Forbach. Le candidat Front national, Florian Philippot, a annoncé sa défaite face au maire socialiste sortant Laurent Kalinowski, qui est, selon lui, élu.

Rennes. La socialiste Nathalie Appéré a obtenu 58,66% des suffrages au second tour, devançant largement le candidat de la droite Bruno Chavanat qui rassemble 41,34% des voix dans un contexte de très forte abstention (48,95%).

Pierre Moscovici. "C'est une défaite électorale incontestablement. Il y a un vote sanction (..)C'est le prix du courage des réformes que nous avons entreprises. (...) Nous avons entendu le besoin de plus de justice sociale".

Digne les Bains. Le divers gauche Granet (DVG)l'emporte avec 47%

Belfort. L'UMP Damien Meslot emporte la ville face au maire sortant PS selon la mairie.

Dieppe. Le maire Sébastien Jumel (PCF) conserve sa mairie

Marine Le Pen. " Les classes populaires ne comprendraient pas qu'on continue dans cette voie "

Reims. La maire sortante Adeline Hazan (PS) ne recueille que 42,76% des suffrages, battue par Robinet (UMP), qui en réunit 46,20%.

Mende. Le maire sortant Alain Bertrand (PS) conserve la mairie.

Saint-Etienne. La droite prend la ville à la gauche selon les instituts de sondage.

Najat Vallaud-Belkacem."Ces résultats sont mauvais pour la gauche. Il y a eu une dimension nationale dans ces élections municipales. Nous l'entendons"

Limoges, aux mains de la gauche depuis 1912, bascule à droite selon la préfecture

Cherbourg. Jean-Michel Houllegatte (PS) reste maire avec près de 52% des voix

Angers. la droite s'emparerait de la ville selon une estimation TNS Sofres-Sopra

Jean-François Copé. "C'est la première victoire de l'UMP depuis sa création depuis sa création. Les conditions d'une vague bleue sont là".

Hayange. Fabien Engelmann, candidat du Front national et ancien militant de la CGT, devait remporter l'élection municipale, emblématique commune du bassin sidérurgique mosellan, avec 36% des voix face à trois autres candidats, a-t-on appris auprès du maire socialiste sortant, Philippe David.

Reims. Le maire PS sortant annonce sa défaite, la ville bascule à droite

Quimper. Ludovic Jolivet (UMP) ravit la mairie à Bernard Poignant (PS)

Perpignan. L'UMP conserve la ville où Aliot (FN) serait nettement battu selon estimation Ipsos/Steria

Fréjus. Le FN l'emporterait selon les estimations des instituts de sondage

Avignon basculerait à gauche selon les estimations Ipsos/Steria

Béziers. Robert Ménard (soutenu par le FN et DLR) élu avec 47,3% des voix

Brive-La-Gaillarde bascule à droite selon la mairie

Roubaix. Le maire PS sortant annonce sa défaite, la ville bascule à droite selon son entourage

Pau. L'entourage de François Bayrou précise que le candidat centriste l'emporterait avec un score autour de 60%, face au député PS David Habib.

Estimations. Selon des estimations très alarmistes, la gauche pourrait perdre 150 villes lors de ces élections municipales

Villeneuve-sur-Lot. Le socialiste Patrick Cassany réélu maire avec 42,93% des suffrages selon la mairie

Estimations. L'UDI l'emporte à Bourges avec 53%. Amiens repasse à droite .

Pau. François Bayrou (MoDem) enlève la mairie au PS selon son entourage

Le niveau d'abstention s'orientait dimanche en fin d'après-midi vers un niveau jamais atteint pour un second tour des municipales sous la Ve République, avec un taux final estimé par les instituts de sondages entre 38 et 38,5%.

A Saint-Denis de la Réunion, la liste menée par la maire sortante Gilbert Annette (PS) l'emporte avec près de 57% des suffrages

Estimations. Selon l'Ipsos, l'abstention serait de 34,9% à Avignon, de 32,1% à Béziers, de 41,5% à Nîmes et de 41,7% à Pau.

Participation à 17h. La participation au second tour, dimanche à 17 heures, était de 52,36 %. Cette participation est moins importante qu'au premier tour, selon le ministère de l'intérieur. Elle était alors à 54,72 %. La mobilisation est l'un des enjeux majeurs de ce second tour, après le taux d'abstention record enregistré la semaine dernière (36,45 %), nettement plus parmi les sympathisants de gauche que ceux de droite. Les responsables socialistes n'ont eu de cesse, la semaine écoulée, d'appeler l'électorat de gauche à se mobiliser pour espérer limiter les dégâts.

Seules 6 455 communes sont concernées par le second tour, parmi lesquelles la plupart des grandes villes, dont plusieurs pourraient basculer dans le camp de la droite, tandis que le FN entend bien remporter quelques municipalités, dont Béziers et Fréjus. La majorité socialiste conduite par François Hollande espère limiter la casse, après un sévère revers la semaine dernière.

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Robert Ménard, la dérive accélérée de l'activiste de RSF

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C’était avant d’être élu maire, soutenu par le Front national, à Béziers. Avant de publier Vive Le Pen ! et Vive l’Algérie française !. Avant sa carrière de polémiste sur RTL et i-Télé et ses propos sur l’islam (ici ou) ou l’homosexualité (ici ou ). Jusqu’en 2008, Robert Ménard a été le secrétaire général de Reporters sans frontières, qu’il a créé en 1985 avec trois copains de Montpellier.

Le journaliste ne parlait pas des Le Pen ni d’un Béziers occupé « par des pauvres, des Maghrébins, des Gitans ». Mais il a, pendant 23 ans, défendu une conception sans frontières de la liberté d’expression, qui lui a permis ensuite de justifier le droit à s’exprimer de personnages négationnistes, antisémites et racistes. Tour d’horizon de ses années RSF.

Marion Maréchal-Le Pen venue soutenir Robert Ménard, à Béziers, le 13 décembre 2013.Marion Maréchal-Le Pen venue soutenir Robert Ménard, à Béziers, le 13 décembre 2013. © dr

L’année prochaine, Reporters sans frontières fête ses 30 ans, et cet anniversaire inquiètent déjà certains de ses membres. Comment le célébrer « sans son fondateur », qui plus est près de Béziers, ville qu'il vient de conquérir ce dimanche 30 mars avec 47% des voix dans le cadre d'une triangulaire? En public, le discours des dirigeants de l'ONG est le même : « Ménard c’est Ménard, RSF c’est RSF. » « Il a porté et incarné l’organisation pendant 23 ans. Depuis 2008, il n’y exerce plus aucune fonction et n’a plus de contact institutionnel. Il appartient au passé », tranche Christophe Deloire, actuel secrétaire général de l’organisation. Le journaliste Alain Le Gouguec, président du conseil d’administration de RSF, explique que leur « position, c’est de parler le moins possible de lui. Cela nous a beaucoup plombés. On veut qu’on cesse d’associer notre action à lui. »

Le 30 mai, la dépêche AFP, titrée sur l’« ancien de Reporters sans frontières » devenu candidat soutenu par le FN, a fait une mauvaise pub à l’organisation. « Il faut du temps pour décoller l’étiquette. Mais on ne réécrit pas le passé, je ne vais pas l’enlever de la photo comme Staline », dit Deloire, qui estime que « RSF n’est ni de gauche ni de droite » et n’a « pas à dire que c’est mal de voter FN ». Au printemps 2013, la présidence d’honneur de RSF international a tout de même été retirée « à l’unanimité » à Robert Ménard. « Il était très en colère quand il l'a appris. On n’a pas communiqué là-dessus », relate un membre de RSF.

Des anciens de l’ONG ont voulu frapper plus fort. Dans une tribune publiée dans Libération, onze ex-RSF, dont l’ancien secrétaire général Jean-François Julliard, évoquent le « naufrage » de « l’homme pour lequel (ils avaient) du respect », après s’être « accrochés à l’espoir d’un malentendu, d’une erreur de parcours ». « Chacun d’entre nous (...) combattra à sa manière tes idées d’extrême droite », écrivent-ils.

« Il a toujours détesté les gens tièdes et aimé les extrêmes. Mais il s’est engagé dans une défense sans limite de la liberté d’expression, en excusant les extrêmes, dans une spirale de radicalisation où l’on ne peut pas le suivre », estime Vincent Brossel, arrivé à RSF en 1999 et responsable du bureau Asie jusqu’en 2010 (lire notre boîte noire). « Robert, tu es devenu indéfendable, tu nous mets dans la merde, tous ces gens qui se sont battus pour toi ! » lui a lancé un ancien ami de trente ans de RSF.

« Si j’avais été soutenu par le Front de gauche, qui a soutenu les pires ennemis qu’on rencontrait au jour le jour en Chine, est-ce qu’ils auraient écrit une tribune ? », réplique aujourd’hui Robert Ménard, en affirmant à Mediapart n’avoir « aucune référence d’extrême droite, c’est une bêtise ! ».

À l’époque de Reporters sans frontières, Ménard semble loin du Front national. Il sort d’une « jeunesse rebelle », « de gauchiste », racontent ses anciens camarades. Six années à la LCR, un passage à la CFDT puis au Parti socialiste, qu’il quitte « en 1981 ». « Il parlait de ses “copains” Cohn-Bendit, Mamère, Krivine, qu’on invitait toujours à RSF d’ailleurs », se rappelle un autre ancien pilier de l’organisation, qui a « toujours considéré que Robert était un type de gauche car son univers de références, c'était à 90 % des gens de gauche ».

Jusqu’en 2007 en tout cas. Cette année-là, leur meneur leur annonce « tout fier » qu’il votera François Bayrou au premier tour. « Au second tour, il a voté Sarkozy. Il pensait qu’il allait faire une politique différente par rapport aux droits de l’homme en Chine et en Russie. Il s’est rapidement rendu compte que ce n’était pas le cas. Mais il est vite déçu, Robert. »

L’histoire racontée par le fondateur de RSF est celle d’un « malentendu avec les journalistes ». « Il y a longtemps que je n’étais plus de gauche, simplement des journalistes ne peuvent pas penser une seconde qu’on puisse défendre la liberté et les droits de l’homme si on n’est pas de gauche. » « J’ai évolué parce que je vois que le monde évolue », reconnaît-il, en refusant de se situer sur un axe gauche/droite. Il explique avoir voté Nicolas Dupont-Aignan au premier tour de 2012 tout en étant « en désaccord avec ce qu’il dit sur l’Europe ». « J’essaye de bricoler, je n’ai pas un parti avec lequel je suis d’accord. Je fais une campagne que je ne situe ni à droite, ni à gauche. »

Robert Ménard venu salue Marine Le Pen à l'aéroport de Montpellier, le 18 janvier.Robert Ménard venu salue Marine Le Pen à l'aéroport de Montpellier, le 18 janvier. © Capture d'écran d'un article du Midi Libre.

Lorsqu’on remonte le temps, d’anciens amis et collègues de RSF dressent le même portrait. Celui d’un type qui « avait des idées qui dérangent, mais pas quelqu’un d’extrême droite », affirme Vincent Brossel. « Dans les discussions, d’un seul coup il balançait un truc à l’emporte-pièce et disait : “Non mais, qu’est-ce que t’en penses ?” Il voulait susciter un débat, qu’on lui apporte la contradiction », raconte un ancien ami. « On n’a pas vu le danger. On était embarqués dans autre chose, on s’attachait à ce qui nous semblait alors l’essentiel à RSF. On a peut-être eu tort. »

Dans ces discussions, ils étaient « plusieurs à penser que c’était de la provoc, que Robert ne pensait pas ce qu’il disait. Jamais on aurait imaginé ce parcours », raconte un ancien, qui ne l’a « jamais senti attiré par le FN » : « Il ne parlait pas de Le Pen, de la religion, de l’homosexualité comme il l’a fait après RSF. Je ne me souviens que de sa justification de la peine de mort, “dans certains cas”, il citait à chaque fois Marc Dutroux. »

Si la mutation du fondateur de RSF s’est faite « graduellement », plusieurs de ses ex-camarades relèvent un « avant et un après » sa rencontre en 2000 avec sa femme Emmanuelle Duverger, juriste et catholique pratiquante. Ménard reconnaît « de l'influence » mais pas un tournant. « Quand je l'ai rencontrée, elle était chargée de l’Afrique à la Fédération internationale des droits de l’homme, c'est dire si elle était loin de moi ! » ironise-t-il. 

En 1999, Robert Ménard est arrêté par la police alors qu'il manifeste contre la visite du président chinois.En 1999, Robert Ménard est arrêté par la police alors qu'il manifeste contre la visite du président chinois. © Reuters

« Lui qui ne parlait jamais de religion est devenu très content d’accompagner à la messe leur fille, inscrite dans une école catholique. Il a basculé dans l’autre modèle de pensée. Il s’est mis à tout penser à travers le prisme de sa fille, “si ça arrivait à ma fille…” », relate un ancien de l’ONG. « Sa femme l’a encouragé à dire ce qu’il avait sur le cœur, à ouvrir la boîte », pense un ancien qui a fréquenté le couple.

La « boîte » est ouverte à l’occasion d’un premier épisode, décrit par des anciens de RSF comme un « choc en interne ». La venue dans les locaux de Reporters sans frontières du négationniste Robert Faurisson, maintes fois condamné pour avoir nié l’existence des chambres à gaz. « On s’est dit : “Ce n’est pas possible, qu’est-ce qu’il fait là?!” » se souvient cet ancien salarié présent. « Cela a donné lieu à une réunion houleuse, on lui a dit que ce n’était pas acceptable », raconte Vincent Brossel, qui évoque une « collègue d’origine juive qui l’a gardé en travers de la gorge »« Pendant une demi-journée, certains n’ont pas travaillé et menacé de se mettre en grève. Il nous a répondu “ça n’engage que moi, RSF n’y est pas mêlé”, “je dis juste que ce monsieur a le droit de s’exprimer”. »

Lorsqu’on évoque l’épisode, Robert Ménard sort de ses gonds. « C’est quatre minutes dans l’histoire de Reporters sans frontières, c’est vrai que c’est important ! Faurisson est venu à RSF, il a demandé à me voir. J’étais étonné de le voir arriver, et plus qu’ennuyé. Je me suis dit “quoi, je le laisse à la porte ou je le fais rentrer ?” Il arrive dans mon bureau, il me dit : “Vous me défendez ?”. J’ai dit : “Non, je défends votre droit à vous exprimer”. »

Le livre coécrit avec sa femme Emmanuelle Duverger, en janvier 2003.Le livre coécrit avec sa femme Emmanuelle Duverger, en janvier 2003.

L’ex-professeur des universités n’a pas débarqué complètement par hasard, mais après la publication en 2003 de La Censure des bien-pensants, dans lequel le duo Ménard-Duverger demande l’abrogation de la loi Gayssot (réprimant les actes racistes et antisémites) qu’ils considèrent comme « un texte inique, indigne d’une démocratie ».

Leur chapitre 4, intitulé « Faurisson doit pouvoir s’exprimer », s’ouvre sur ces phrases : « Les révisionnistes ont raison. Ils font l’objet d’une véritable chasse aux sorcières, victimes de ce qu’il faut bien appeler une police de la pensée, un détournement du droit. » « Que leurs affirmations soient contredites par tout ce que l’on sait aujourd’hui de la Solution finale n’est pas ici en question », précisent les auteurs, tout en dénonçant « le traitement que la justice française leur réserve », une « chasse à l’homme » destinée à « museler les inconvenants » avec les « ressorts du droit ».

« Je n’ai jamais défendu Faurisson. J’ai écrit un livre où je condamne les lois mémorielles.  Ça n’a rien à voir avec ce qu’on pense du fond », souligne Ménard qui voit dans cet ouvrage « une synthèse de ce que disait RSF ». Partisan du premier amendement de la Constitution américaine, « voltairien tout le temps », Ménard rabâche son principe : « défendre le droit de s’exprimer aux gens quel que soit leur point de vue ». Et brocarde ceux qui « sont pour la liberté d’expression, mais pour leurs amis ».

Sa vision est pourtant à géométrie variable. Dans son livre de 2003, il liste, sur 165 pages, des « censures » de « propos racistes, sexistes, négationnistes, obscènes » – des condamnations des révisionnistes à une « blague pédophile » dans le collimateur du CSA, en passant par la polémique de l’abbé Pierre lorsqu’il accuse le « lobby sioniste international », « une expression taboue », dit Ménard. Il fustige aussi « un nouvel ordre moral jusque dans la littérature et ses personnages de fiction » et une politique de « l’autruche » « dès qu’on aborde la sexualité ». En 2010, le même Ménard s’opposera à la diffusion en CM1 et CM2 d’un film d’animation visant à lutter contre l’homophobie, qui met en scène deux petits poissons tombant amoureux. « Je refuse que mes enfants voient ça (...) Oui, moi j’ai envie que mes enfants aient une sexualité hétérosexuelle », dit-il sur Paris Première (voir à 4'50) :

« Avec ce livre, non seulement on a découvert des pensées qu’on ne lui connaissait pas, mais aussi qu’on n’était professionnellement plus en phase avec lui s’il allait jusque-là pour défendre la liberté d’expression », relate un ex-RSF. Cela lui permettait de défendre tout. On ne voulait pas mettre notre énergie au service de certains personnages, lui s’est mis à les défendre, les Soral, Dieudonné, et à faire des choses sans qu’on le sache. »

Plusieurs épisodes ont ensuite interrogé ses collègues. En 2003, le fondateur de RSF s’engage à fond contre Castro jusqu’à se rapprocher d’une diaspora cubaine jugée « extrémiste » par certains de ses collègues. L’année suivante, en pleine Révolution orange, il se rend à Kiev avec l’homme d’affaires Omar Harfouch, proche du pouvoir. Il suscite une polémique en rendant visite à Ianoukovitch, premier ministre pro-russe, dont le régime autoritaire est déjà critiqué par les organisations de défense des droits de l'homme, et sans rencontrer le candidat de l'opposition, victime d’une tentative d’empoisonnement.

En 2006, son équipe découvre qu’il est parti au Liban défendre Al-Manar, la chaîne de télévision du Hezbollah, après les bombardements israéliens. « Certains programmes appelaient à tuer des juifs, c’était de l’appel au meurtre. Il nous a répondu que pour être entendu il fallait être sur la ligne de crête », se souvient l’un d’eux. Ménard, lui, répond qu’il a toujours « appliqué à la lettre la ligne de RSF – défendre quelqu’un sans partager ses opinions –, en Chine, à Cuba, partout ».

En 2007, nouveau tollé. Sur France Culture, interrogé sur le cas de l’otage Daniel Pearl, il justifie l’usage de la torture sur des proches des ravisseurs : « Je ne dirai pas qu’ils ont eu tort de le faire parce que (Marianne Pearl), elle a pensé que c’était bien de le faire, (...) sauver son mari ; elle était enceinte… pour le petit qui allait naître, tout était permis. (...) Légitimement, moi, si c’était ma fille que l’on prenait en otage, il n’y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis » (écoutez sa réponse intégrale ici).

Des limites qu’il ne posait pas non plus dans certains financements de son ONG. À l’époque, l’argent vient de la vente d’albums (distribués gratuitement par les NMPP, en partie filiale du groupe Lagardère) et de produits divers, mais aussi du milliardaire François Pinault, du laboratoire Sanofi-Avantis, et de subventions américaines – le National Endowment for Democracy (NED), un think tank de droite, le Center for a Free Cuba.

En 2004, RSF accepte un don de 10 000 euros d’Omar Harfouch, « un ami du colonel Kadhafi », concède alors Ménard, mais « aussi un ami de RSF, qui répond toujours présent lorsqu'on le sollicite ». En 2007, c’est grâce à la générosité de l'épouse de l'Émir du Qatar qu’il crée un centre pour la liberté d'information à Doha (qu’il quittera un an et demi plus tard). « Il nous a dit “c’est une opportunité qu’il faut saisir, j’ai dicté mes conditions”. Il a fini par remporter le morceau », se souvient un membre du conseil d’administration. Robert Ménard défend lui une « une approche pragmatique des choses ».

« Sa logique, c’était “on s’en fiche de qui sont les gens, s’ils veulent nous donner des moyens” », explique Vincent Brossel, qui rappelle aussi qu’« à RSF, on n’avait pas le droit de critiquer les médias ». Ce thème sera pourtant au cœur du livre de Robert Ménard, Vive Le Pen, en 2011. « Je suis pas un redresseur de torts de la presse », « mon boulot, c'est de faire sortir des gens de prison », justifiait-il à Libération en 2008. Pour faire décoller RSF, il fallait des relais médiatiques et des fonds. Alors il a « réseauté » auprès de la grande presse et ses patrons, et abandonné le volet critique des médias.

Robert Ménard lors de l'allumage de la flamme olympique en Grèce, avant les JO de Pékin de 2008.Robert Ménard lors de l'allumage de la flamme olympique en Grèce, avant les JO de Pékin de 2008. © Reuters

« Par principe, Robert parle avec tout le monde, même ceux qu’il déteste. Mais durant son mandat, cela n’a, en aucune manière influencé la ligne de RSF », explique l’un de ses amis, Olivier Basille, directeur de RSF Belgique, qui l’a aussi côtoyé à la revue Médias.

« On défendait des gens de toutes obédiences », « il n’y a pas eu de radicalisation de RSF », estiment les anciens de Reporters sans frontières, qui reconnaissent aussi l’action du maître de l'agit-prop à RSF, son « sacré tour de force » d’avoir monté cette ONG, lui le journaliste au Petit Biterrois et à Radio France Hérault. « Il a été pris de haut en arrivant avec son accent du Midi et sans parler anglais, se souvient un historique de RSF. C’était un général qui prenait la tête de ses troupes, il n’était pas derrière. Il a passé son temps à sauver des vies humaines, au péril de la sienne. En Haïti, il a failli être tué. Il a hébergé chez lui des opposants tunisiens. Dans la Tunisie de Ben Ali, il se faisait virer et des choses dégueulasses étaient écrites sur lui, “pédophile”. »

À RSF, tout le monde rappelle évidemment le coup d’éclat des JO de Pékin, en 2008. L’ONG a perturbé l’allumage de la flamme olympique et a piraté une fréquence FM. « Il a réussi une action extraordinaire le jour de la cérémonie, raconte le même ancien. Grâce à des bâtons de marche avec des émetteurs miniaturisés, on a diffusé en plein cœur de Pékin vingt minutes de messages sur la liberté d’expression. Après, il a été menacé de mort, sa famille aussi, placé sous protection policière. »

« Il s’est battu des mois pour obtenir une commission d’enquête sur l’assassinat du journaliste burkinabè Zongo », raconte Vincent Brossel. « Il a fait d’excellentes choses. Quand je voyage, je rencontre des gens qui se souviennent avec émotion ce que RSF et Robert ont fait pour eux », reconnaît Christophe Deloire. « J’ai juste permis la libération de centaines de journalistes pour lesquels un certain nombre de vos confrères n’ont pas levé le petit doigt, se félicite aujourd’hui le fondateur de RSF. Appelez Florence Aubenas, elle vous dira ce qu’on a fait pour elle ! »

Le numéro 21 de la revue Médias de 2009.Le numéro 21 de la revue Médias de 2009.

Dans ses dernières années RSF, Robert Ménard a préparé la suite. Il passe alors une grande partie de son temps à la revue Médias, sa « nouvelle danseuse », qu’il dirige avec sa femme. Le magazine ouvre ses colonnes à Jean-Marie Le PenMarine Le PenAlain SoralRenaud Camus, le théoricien du « grand remplacement »Pierre Cassen, le fondateur de Riposte laïque qui « déteste l’islam », peut-on y lire. « Il a commencé à mettre cette défense de la liberté d’expression au service d’un seul camp », estime un ancien de RSF.

« Plus jamais je n'écrirai là-dessus. Ça a été terrible par ricochet pour RSF », expliquait Ménard en 2008, s’agissant de sa défense du droit à s'exprimer des négationnistes. En réalité, le fondateur de RSF a continué, mais en dehors de l’ONG. Il s’est mis à défendre, toujours au nom du même principe, Dieudonné ou le néonazi Vincent Reynouard. À donner des conférences chez les identitaires ou au Local de Serge Ayoub, le leader d’un groupuscule d’extrême droite dissous après la mort de Clément Méric.

Il s’est entouré, dans sa campagne, de six colistiers frontistes. À son local, Rue89 a croisé le sulfureux André-Yves Beck, ancien du groupuscule Troisième Voie devenu l’idéologue de Bompard, qui s'est illustré par la censure d'ouvrages à la bibliothèque d'Orange en 1995.

Robert Ménard donne une conférence à la Traboule, local des Identitaires lyonnais, le 26 février 2013.Robert Ménard donne une conférence à la Traboule, local des Identitaires lyonnais, le 26 février 2013. © Génération identitaire Lyon

« Cette direction était prévisible, mais alors il fallait remonter très loin pour le voir », pense aujourd’hui un ancien de RSF. Dans « son côté incontrôlable », sa « gestion autocratique » et sa « personnalisation » de l’organisation, estiment certains ex-RSF, qui voient aussi dans ce parcours un retour aux sources : celles de son père, communiste et cégétiste, engagé dans l'OAS (Organisation armée secrète) pour garder l'Algérie française. Après l’indépendance, la famille quitte l'Algérie pour s'installer dans un village de l’Aveyron, à côté d'un camp de rapatriés faisant chaque matin le salut au drapeau. « Aujourd’hui, c’est la mémoire familiale qui revient », affirme un ancien ami. « Avec l’âge, il a eu un retour vers son père, décédé. Il a accepté la Légion d’honneur en 2008 pour lui », raconte un ex-RSF. Il s’est psychologiquement libéré de ce poids de l’Algérie française à en devenir border-line sur l’islam. »

Olivier Basille, lui, ne voit pas d’évolution idéologique chez son ami mais un « changement de fonction et de combat ». « Quand vous dirigez une organisation internationale, vous effacez vos propres convictions. Libéré de ce poste, vous vous exprimez, surtout lorsque vous briguez un mandat. » À ceux qui s’étonnaient de ses propos, Ménard avaient répondu, en 2011 : « On ne m’interrogeait pas sur l’homosexualité quand j’étais responsable de RSF. »

Du Front national, il en avait parlé en revanche. Dans La Censure des bien-pensants, il dénonçait l’opposition, à l'entre-deux tours de la présidentielle de 2002, au « “fascisme” qu’incarnerait le leader de l’extrême droite française », le « No pasaran » hurlé dans les rues, « nos gazettes » transformées en « tracts militants », et, en face, le « vide sidéral des propositions pour “changer la vie” ». Dix ans plus tard, c’est avec le soutien du Front national à Béziers que Robert Ménard veut « changer la vie ».

BOITE NOIRESauf mention contraire, toutes les personnes citées ont été interviewées par Mediapart. Certains anciens de RSF ont souhaité ne pas apparaître nommément étant donné leurs nouvelles activités professionnelles. Vincent Brossel, ancien pilier de l'ONG, est aujourd'hui candidat sur une liste EELV à Paris.

Contacté samedi, Hervé Deguine, que Robert Ménard présente comme celui qui a été « le plus proche » de lui pendant les années RSF, n'a pas retourné nos appels.

Nous n'avons pas pu poser toutes nos questions à Robert Ménard. Contacté vendredi, il a mis fin à l'entretien au bout de vingt minutes, après l'évocation des épisodes qui avaient suscité des remous en interne (Faurisson, la chaîne du Hezbollah). « Vous allez vous les garder vos questions, votre mauvaise foi transpire, je connais Mediapart. Vous vous foutez de ma gueule, la seule chose que vous trouvez à faire la veille des élections, c’est de revenir sur les années Reporters sans frontières, pas pour dire – parce que vous ne le direz pas –, le combat merveilleux qu’on a mené. Je sais d’avance ce que vous allez écrire. (...) Je vous le dis : je fais ce que je veux avec vous, j’ai déjà la gentillesse de vous répondre parce que je me contrefous de ce que vous écrirez. »

 

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French municipal elections: how the night unfolded

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  •  Indicated times of posted reports are local time (CET).  Please scroll down to bottom for a background presentation of what is at stake in the elections.

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(03.00): Summary: The definitive results of the elections will be announced on Monday, and you will find them here on Mediapart. But beyond the fine detail, the picture already clear is a resounding defeat for the French Socialist Party in its first nationwide electoral test since coming to power in national government in May 2012.

The victor, in terms of gains, is the mainstream Right opposition party the UMP, along with its centre-right allies. It has managed to achieve this despite internal divisions and the heightening of corruption scandals that have dogged it over recent months.

In the category of French towns with populations of more than 30,000, and also cities with many more inhabitants, the mainstream Right at this hour controls 165, the mainstream Left 91.

The symbolic victor is the far-right Front National, which has made its biggest-ever gains in local elections. As we close down reporting tonight, the party is expected to win some 15 Town Halls around France, to be confirmed later Monday, and which is an all-time record. The party that has based its many years of campaigning as being outside of the political establishment now becomes, however small, a part of it, and its future position will now radically change as a result, notably in its ability - or not - to manage in power and to maintain its position.

The yet to be revised statistics of the French interior ministry show the overall share of the vote as follows: mainstream Right and centre-right with 45.91%, the mainstream Left (including Green parties) with 40%, the far-right with 6.48% and the far-left with 0.06%.

The abstention rate sits at 36.3%.

What are intended to be six-year elections in which voters decide who they believe are the best candidates to manage strictly local issues have become, not for the first time, a plebiscite for change at a national level.  

A government reshuffle is without any doubt due between now and Wednesday (the day when the French government cabinet meets for weekly meetings) and President François Hollande is due – according to persistent media reports – to appear on French TV channel TF1 Monday evening to announce, at least in part, the forthcoming changes to his government.

The big headline question is who will be President Hollande’s future prime minister, if indeed he jettisons Jean-Marc Ayrault. Few political observers believe Hollande is likely to make any radical change in his consensual policies as he battles with the severe social consequences of the economic crisis, with the number of jobless now running at 3.3 million (more than 4.9 million when taking part-time employed but full-time job seekers into account), and strong pressure from the business lobby for more free-market liberty, and notably relief on taxes and welfare contributions.

Any future prime minister must follow what many perceive as a fudge of both, and it is far from certain that he or she who are potential candidates to be named as the new prime minister, if they have future presidential ambitions, is ready to carry a weight which could scuttle their future.

That leaves the promise of an intriguing, and probably surpising, 48 hours ahead.

(01.00): Results: the Left have lost control of ten towns (and cities) with a population of more than 100,000.

(00.48): The result in Marseille, in which the outgoing conservative UMP party mayor Jean-Claude Gaudin was re-elected for a fourth term of office, sees the city's council made up of 61 seats for the UMP, 20 for the Front National and another 20 for the Socialist Party.

(00.42): While secretary of state Benoît Hamon backtracks on his earlier reported comments that a government reshuffle is due Monday (‘I am not the president’ he Tweets), several French media report that François Hollande is to appear for an interview on the prime time evening news programme on TV channel TF1 on Monday evening, when he is expected to announce a change of government and the name of his new prime minister. The reshuffled government is not expected to be announced in detail before Wednesday, says the political correspondent for daily Le Parisien – because Tuesday is April fools’ day.

(00.30): The Communist Party loses several towns in the Paris region to the mainstream Right, including its former bastion Saint-Ouen, Villejuif (which it held since 1925), Bobigny (which it held since 1920) and Blanc-Mesnil.

(00.27): The Front National is tipped to win a total of between 14 and 15 of these towns with a population of more than 9,000.

(00.25): Interior minister Manuel Vals announces a provisional estimate that the combined Left have lost control of 155 councils in municipalities with a population of 9,000 or more (which naturally include large towns and cities).

(00.20): Agriculture minister Stéphane Le Foll, close to François Hollande, comments: “It’s a defeat and one must by lucid about what happened. The French are waiting for results and I would like things to move more quickly. We must be capable of keeping a certain number of major objectives that we fixed and to adjust the policies that are led in order to respond to all our fellow citizens.”

He is one of a number of ministers avoiding a call for radical change in government policy (see labour minister Michel Sapin’s earlier comments), perhaps indicating already decided cosmetic changes ahead.

(00.10): Result: The Front National takes the town of Mantes-la-Ville (population 19,000), near Paris.

Monday (00.05): Defeated Paris candidate Nathalie Kosciusko-Morizet also told her supporters: “We have led an exceptional campaign, but above all I want to say to you: 'Don't be sad. We will have other battles together.'”

(23.50): Defeated Paris candidate Nathalie Kosciusko-Morizet attempted to put a brave face on her defeat. The former UMP minister said: “We have gained seats on Paris Council. This evening we have won more than 49% of the vote. I committed to this fight knowing that it was difficult.” And though she has conceded defeat to her socialist rival for Paris city hall, Anne Hidalgo, Nathalie Kosciusko-Morizet is contesting the outcome in the city's 4th arrondissement (or district), according to her team. The result there gave the socialist candidate victory by 55 votes, but the former minister’s team claim instead that their candidate in that district received 50 more votes than his rival.

(23.47): The UMP's Jean-Claude Gaudin, who easily won a fourth term as mayor of Marseille, said it was a victory for the way he had “brought together” different political strands to defeat his socialist opponent Patrick Menucci. “It was a double rejection, a rejection of President François Hollande and of Patrick Menucci,” he said. Gaudin also attacked the final days of the campaign in the city, claiming that some of the statements and leaflets issues were “odious” and “the worst I have known” in more than four decade of politics.

(23.45): One possible contender for Jean-Marc Ayrault’s job is current interior minister Manuel Valls, widely tipped as the most probable replacement as prime minister. Commenting upon the results late Sunday evening, as is the tradition for French interior ministers after every election, he said:  “We must see things face to face, the French who didn’t vote expressed a lack of trust towards the ruling powers. This question is put to all [democratic] republican [forces]. “

“During the second round, the far-left attracted 0.06% [of the vote], the Left 40%, the Right 45.91%, the unaffiliated 6.22%, and 6.84% [went] for the far-right.”

Valls then launched into a more political analysis: “The electorate expressed a keen expectation, discouragement and anger […] Tonight, the French spoke of what they are awaiting in terms of unemployment and purchasing power. But also about security.”

(23.30): With a government reshuffle on the way, Prime Minister Jean-Marc Ayrault, speaking tonight said President Hollande would "draw the lessons of this poll, he will do so in the interests of France". Whether that will be a cosmetic operation of musical chairs or a significant re-orientation of policies to appease the Left of his party remains to be seen.

(22.27): UMP senator Jean-Pierre Raffarin, who was prime minister under President Jacques Chirac, said that the Left had been “very very heavily...punished” in the vote. However former minister Laurent Wauquiez , a vice-president of the UMP, warned that it would be a “profound mistake” to think that the local election results represented a “blank cheque for the Right”.

(23.20): A clearly delighted Front National president Marine Le Pen said that winning power in a number of towns across France was only the beginning for the party. “Our aim is to show the people that we can offer a real alternative to the current system. At the moment you have a system where when one of the parties [UMP or PS] loses, the other one wins, even if they don’t deserve it. Our aim is to show there are other ways of doing it,” she told BFMTV. “And in those towns where we didn't win – and in some it was just by a few hundred votes – then we will do better next time and we will win. That is what establishing yourself locally is all about.”

(23.15): Summary:  with many results still to be confirmed, the socialists have clearly suffered a resounding defeat nationwide.

So far the far-right Front National party has tonight taken control of nine town halls which, with the party’s early victory in Hénin-Beaumont last weekend brings their tally to ten. They failed to take the southern city of Avignon, where their candidate came in poll position in last weekend's first round, and also the eastern town of Forbach, where the party's vice-president and candidate Florian Philippot had also come first-placed last weekend. Both were won by the Left.

The mainstream conservative UMP opposition party has beaten the socialists in a vast number of municipalities, and emerges as the principal beneficiary by far of the Socialist Party’s debacle.  

The socialists have suffered defeats even in towns that they have held for decades, including Angers, which they controlled for 37 years, Chambery (25 years) and, most notably, Limoges, which had been managed by the socialists since 1912. However, they have maintained control of a number of important cities and towns, including Paris, Lyon, Lille, Rennes, Le Mans, Metz, Strasbourg and Dijon.

A government reshuffle, the first since the socialists won the presidential and parliamentary elections in 2012, is now certain and will probably be announced within 48 hours, when Prime Minister Jean-Marc Ayrault is far from certain to retain his post.

(22.58): The Dordogne town of Périgueux, a former right-wing bastion which the socialists won in 2008, is retaken by an alliance of right-wing parties.

(22.50): “It is a defeat for the government, and for the [ruling] majority,” said French Prime Minister Jean-Marc Ayrault, speaking on Sunday evening. “The message is clear and must be entirely heard. The French [people] must gain back confidence. We have not sufficiently explained that the action for recovery that has been engaged since 2012 was essential for our country."

“We together carry the responsibility of this result […] We must take stock of all the questions, the demands.”

(22.35): In Paris, the head of the UMP's list in the 18th arrondissement (or district), Pierre-Yves Bournazel, said there had been a “collective failure” behind Nathalie Kosciusko-Morizet's failure to win the capital from the socialists. He insisted they would take control of Paris “one day”.

The victorious socialist candidate Anne Hidalgo, who becomes the French capital's first woman mayor, thanked her rival Nathalie Kosciusko-Morizet on Twitter for having called her to offer “republican congratulations”.

(22.30). Speaking on BFMTV, the UMP president Jean-François Copé described the results as a “stinging rejection” of the current government, and said François Hollande's administration has to make major “economic and political changes”. He added: “The French people have given us tonight a very clear message, in making us the leading party in France.” For him, the results were proof that the efforts the party had made – and were still making – to renew itself over the last two years were “bearing fruit”. Meanwhile his colleague Christian Jacob, head of the UMP's Parliamentary group of MPs, said that the government no longer enjoyed a majority in the country and were now prisoners of other parties, notably “the Greens”, referring to the EELV green alliance which is part of the government.

(22.20): Tensions are high in Fréjus, where the Front National won, and where riot police have been deployed outside their headquarters. The defeated UMP candidate Philippe Mougin blamed the far-right's win on the outgoing mayor Élie Brun, who stood on an independent right-wing ticket. Brun insisted on standing in the second round even though he was in third place behind Mougin and eventual winner David Rachline in the first round. Brun's opponents said this split the anti-FN vote. “It's because of him that the FN won,” said Mougin. “From tomorrow I will get to work trying to win back this town.”


(22.15
): Socialist culture minister Aurélie Filipetti comments: "We are in a difficult struggle to put the economic situation right, but the day-to-day [experiences] of our fellow citizens must not be ignored."

(22.12): Socialist party leader Harlem Désir comments : “There is a demand for results, especially about unemployment […] The French are waiting for us to put our political policies into action.”

(22.05): Nicolas Dupont-Aignan, president of the right-wing Gaullist party Debout La République, mocked conservative UMP candidate Nathalie Kosciusko-Morizet's failure to become mayor of Paris on a night of otherwise great successes for the Right and reverses for the socialists. “With this blue tide you really have to go some not to win Paris!” he said on Twitter.

(21.55): The unsuccessful Front National candidate at Forbach, party vice-president Florian Philpott, was upbeat about his party's fortunes despite his own defeat. “The FN has never had so many towns in its history, ” he declared.

Robert Ménard, who was elected mayor of the southern town of Béziers on a far-right ticket backed by the Front National, said his win was for the town, which had been under the control of the UMP for 19 years, not him, describing it as a “victory with no losers”. He said: “This evening Béziers has freed itself of 20 years of poor leadership. But it's a happy liberation, a positive one. It's not the victory of one party.”

(21.50): Jean-Vincent Placé, senator and a leading member of the Green alliance party EELV comments: “The message of tonight is the necessity of a [government] reshuffle […] of a total reshuffle of the policies led by François Hollande over the past 18 months. I want a major change of direction, profound, clear, net, as of tomorrow, a response to the French people who have sent the president a terrible disavowal." 

(21.40): Result: Exit polls indicate Socialists narrowly lose Toulouse to the UMP, and suggest re-election of the outgoing UMP mayor of Marseille, Jean-Claude Gaudin.

(21.36): Government reshuffle: Secretary of state Benoît Hamon announces a government reshuffle as of Monday. If this happens, it will be the first since the socialist government came to power following François Hollande's election as president in May 2012.

(21.35): Socialist labour minister Michel Sapin comments: “When I see Limoges fall to the Right I tell myself there’s a national message and a local message. It is a local defeat. It needs to be heard. But when you’re in power, it’s not a reason for changing political line.”

(21.26): Result: Socialists lose La Roche-sur-Yon, in the Vendée, after 37 years in control of the town.

(21.25): Result: Socialists lose Limoges, Anglet, Bar-le-Duc, Belfort, Brive-la-Gaillarde, Chambery, but hold on to Besançon and Auxerre.

(20.22): Radical-left Parti de Gauche leader Jean-Luc Mélenchon comments: “The policies of François Hollande, his swing to the Right, his alignment with the [French business confederation] the Medef, his submission to Europe, have produced a disaster. Years of implantation of the Left have been destroyed in a few weeks. The Right finds itself as it was [in the last municipal elections] in 2008."

(21.15): Socialists lose towns of Tours and Montbeliard.

(21.14): Result: Greens win Grenoble.

(21.11) Result: Socialist candidate Anne Hidalgo announces she has won in Paris, beating UMP candidate Nathalie Kosciusko-Morizet.

(21.10): Result: Front National take the small southern French town Le Luc (Var département).

(21.07): Early predictions suggest that the Right may have taken control of as many as 100 towns with populations of more than 100,000, according to rolling TV news station BFMTV.

(21.05): Former UMP minister (under Nicolas Sarkozy) Nadine Morano said she was happy at the failure of two leading Front National candidates to win power, in Perpignan and Forbach. “I rejoice at the defeat of Louis Aliot and Florian Philippot,” she told BFMTV. Philippot is a vice-president of the FN while Aliot is FN party president Marine Le Pen's partner as well as being a vice-president.

Meanwhile the UMP mayor of Bordeaux Alain Juppé, a former prime minister, said the results were a “very serious reverse, a slap in the face of those candidates supporting the government”. He also told TF1, referring to the Front National's political colours, that “I note first of all that there is no Navy blue tide”.

(21.00): Front National lose attempt to win Forbach, in eastern France, from socialists.

(20.58): Socialists hold on to Lille (re-election of outgoing mayor and Socialist Party figurehead Martine Aubry), but lose nearby Roubaix, which is won by joint candidature of UMP and centre-right UDI).

(20.55): Socialist Party’s Ségolène Royal, its defeated presidential candidate in 2007 and former partner of François Hollande, comments: “Lots of good things have been done, but the French have not understood. It is necessary to reconstruct the democratic connection.

(20.50): Result: Socialist Party take control of Avignon from the UMP. This was a contest the Front National had an outside chance of winning, its candidate having won the most votes of any in the first round last Sunday.

(20.45): The Right was quick to claim a comprehensive victory in the elections. The UMP president Jean-François Copé, referring to his party's colours, heralded the results as a “blue tide”. In a statement he added: “It's the UMP's first great victory in a local election”. And the UMP leader told TF1 TV that the results sent a clear signal to the ruling Socialist Party and in particular the president. “François Hollande has to change policy,” said Copé, on “tax, the fight against unemployment and insecurity”, also singling out for attack justice minister Christiane Taubira's proposed criminal law reforms which he said “will be a catastrophe” in the fight against crime. The UMP was now the “leading party in France”, he added.

The party's vice-president Brice Hortefeux, a former interior minister and longstanding friend and ally of former president Nicolas Sarkozy, also picked up on the “blue tide” theme, describing it as a result the Right had not produced “in a generation”. He told BFMTV: “Nicolas Sarkozy brought us great success at national level, now we are seeing the start at local level.”

The far-right Front National's president Marine Le Pen also claimed victory for her party which she said marked “a new stage for the FN”. According to her estimations the party would have “perhaps 1,200 municipal councillors and win control of at least six towns”. She added: “The FN has achieved the best results in its history.”

(20.36): Radical-left Parti de Gauche leader Jean-Luc Mélenchon says President François Hollande’s policies have been "a disaster".

(20.35): FN claims victory in Beaucaire, southern France.

(20.30): Result: UMP win control of Saint-Etienne from socialists.

(20.25):  “These results are bad for the Left,” comments French government’s official  spokeswoman  Najat Vallaud-Belkacem. “There was a national dimension in these elections. We hear it.”

Exit polls indicate the Front National takes Fréjus in southern France.

Result: Socialists lose control of Reims.

Result: UMP take Quimper in Brittany from socialists.

Result: The far-right Front National wins the southern town of Béziers.

(20.10) Result:  Centre-right candidate François Bayrou wins Pau from socialists.

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What's at stake:

The voting in the second round of nationwide municipal elections on Sunday, which are held every six years, will produce the final makeup of the councils of the 36,681 village-, town- and city halls spread across France, and the mayors who run them.

The first-round vote last Sunday saw some municipal councils elected outright, where candidates polled more than 50% of the vote. Notable among these was the result in the northern, former coal-mining town of Hénin-Beaumont, where the far-right Front National (FN) party gained control.

Today’s contest will decide the political colour of all other municipalities – and which include most major French towns and cities - in a contest between candidates who garnered more than 10% of the vote last weekend (but less than 50%) out of which the winners are those with a majority share of the vote, whatever that is.

The far-right saw a significant surge in support in the just less than 600 communes where it fielded candidates, and the test this Sunday is whether it can carry this support further to win a handful of crucial contests where it faces mainstream party candidates. In several of these, and where it faired poorly last Sunday, the Socialist Party has withdrawn itself from the election in favour of better-placed mainstream party candidates in a tactic to avoid splitting the vote.  

The FN is in a favourable position to win the southern towns of Béziers and Fréjus and the eastern town of Forbach. It could also take the southern city of Avignon, where it came top in first-round voting and which would represent a major symbolic victory, although the battle is tight.

The contest in Paris will see a woman mayor elected for the first time, whoever wins what is a two-horse race between Left and Right. The socialist candidate, Anne Hidalgo, is forecast to take the capital after forging an alliance this week with the Greens, which is likely to reverse her narrow second place in last Sunday’s first round result when conservative UMP party opposition candidate Nathalie Kosciusko-Morizet came in first place. However, Hidalgo’s victory is not a foregone conclusion and if she loses it would be tantamount to a political earthquake and would put an end to 13 years of socialist rule in the capital.

Meanwhile, at a national level, the Socialist Party is braced for a drubbing. Last week saw its support significantly weakened in a number of its traditional strongholds, notably Lille and Lyon.  Neither of these is likely to be lost, but the results could be uncomfortably close. That is also the case in Toulouse, where the contest is particularly tight for the outgoing socialist mayor. But beyond these, the socialists face losing control of some 150 towns around the country, amongst which a large number could be gained by the UMP (and notably Strasbourg). The maverick centre-right leader François Bayrou, standing with backing from the UMP, appeared certain to oust the socialist mayor in Pau, in south-west France.

An important factor for all parties, but more especially for the socialists, is the abstention rate. At the end of the afternoon on Sunday, this was estimated to be between 38% and 38.5%, which would be the highest abstention rate ever recorded in the 56-year existence of France’s Fifth Republic. Last weekend’s first round results saw an abstention rate of 36.45%. Amid the record unpopularity of President François Hollande and his government, the Socialist Party is struggling to mobilise its traditional supporters who are perceived to make up a large portion of those who have refrained from voting. In a damage limitation effort last week, party officials led an energetic campaign to urge its electorate to turn out today.

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Une autre politique pour conjurer la catastrophe!

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D’abord, il y a la colère ou l’exaspération ! Par-delà le décompte précis des municipalités perdues par la gauche et de celles qui ont été gagnées par la droite et par l’extrême droite, c’est avant tout cela l’enseignement majeur de ces élections municipales. Elles sont le révélateur de l'indignation d’une bonne partie du pays contre un pouvoir socialiste qui, depuis l’alternance, n’a cessé de piétiner les promesses de changement et qui, depuis le soir du premier tour, se refuse à admettre l’urgence d’un changement de cap. Cette dernière semaine, il n'a eu qu'un seul et pauvre argument de campagne, celui du Front républicain, consistant à appeler à voter pour l'UMP de Jean-François Copé – lequel Jean-François Copé restera à tout jamais célèbre pour avoir barboté dans la piscine du marchand d'armes Ziad Takieddine et pour avoir préempté nombre de thèses du Front national.

A quels autres résultats les dignitaires socialistes pouvaient-ils s’attendre ? Après tant de mensonges, tant de promesses bafouées, que pouvaient-ils escompter d'autre que ces résultats sinistres, et même souvent inquiétants ?

Durant la campagne présidentielle, le candidat socialiste François Hollande a fait entendre une petite musique de gauche qui, même si elle n’était guère enjouée ou dynamique, a au moins donné l’assurance au pays que la page des années Sarkozy serait tournée. Que la politique économique et sociale inégalitaire du président sortant serait suspendue. Que l’affairisme qui avait marqué le dernier quinquennat prendrait fin.

Si le candidat François Hollande n’a pas fait de nombreuses promesses – et surtout pas de promesses véritablement audacieuses –, il a  pourtant marqué les esprits. Ne serait-ce qu’à cause de sa célèbre phrase : « Mon ennemie, c’est la finance. » Si la formule était passablement elliptique, elle résonnait au moins comme une promesse de résistance, contre toutes les injustice générées par un capitalisme financier de plus en plus tyrannique.

On sait ce qu’il en est advenu ! Fait sans précédent dans la longue histoire de la gauche, François Hollande a tourné casaque le jour même où il a accédé au pouvoir. Pas six mois, pas deux mois, pas un mois ! Non, le jour même ! À la différence du Front populaire, qui a attendu six bons mois en 1936 pour décréter la « pause », selon la formule de Léon Blum ; à la différence aussi du gouvernement d’union de la gauche qui, en 1981, a attendu aussi un bon semestre pour annoncer « la pause dans l’annonce des réformes », selon la formule de Jacques Delors, et une bonne année avant d’engager le premier plan d’austérité ; François Hollande, lui, a négocié son « virage »… le jour même où il a accédé à l’Élysée.

Aussitôt, il a jeté à la poubelle toutes les promesses en lesquelles les électeurs de gauche avaient eu l’imprudence de croire. La grande réforme fiscale, prévoyant notamment la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG, a été enterrée ; la partition promise des banques, entre activités spéculatives et activités commerciales, s’est transformée en mascarade ; la promesse faite aux ouvriers de Florange de sauver leur site industriel a été honteusement oubliée – et le Conseil constitutionnel vient de jeter aux oubliettes ce qu'il restait de l'ersatz de protection pour les ouvriers ; la grande réforme démocratique, avec notamment l’organisation d’une justice indépendante, l’indépendance du Parquet ou encore la suppression de la Cour de justice de la République, a été enterrée...

C’est une sorte de hold-up démocratique qui est intervenu, car les électeurs ont été privés de leur victoire. Et ils en ont été privés de manière d’autant plus spectaculaire que François Hollande ne s’est pas borné à oublier quelques-unes de ses promesses de campagne. Il s’est aussi appliqué à désespérer chaque jour un peu plus les électeurs qui l’avaient porté au pouvoir en mettant en œuvre la politique du camp d’en face : la politique néolibérale défendue par l’UMP et revendiquée par le Medef.

Comme s’il n’y avait pas eu d’alternance, comme si le suffrage des électeurs ne comptait pas, François Hollande a poursuivi, dès le premier jour, la politique de rigueur salariale et budgétaire conduite auparavant par Nicolas Sarkozy. Pis que cela ! Il l’a même aggravée, en portant à 50 milliards d’euros le montant des économies budgétaires promis à Bruxelles. En clair, la promesse d’un quinquennat en deux temps – deux années d’effort, puis trois autres années pour en récolter les fruits – a très vite été balayée. Et François Hollande a fini par faire au pays une promesse radicalement différente : l’austérité à perpétuité.

François Hollande est même allé piocher dans la boîte à outils des officines du patronat – l’Institut de l’entreprise et l’Institut Montaigne – pour inventer le plus scandaleux des transferts : financée en partie par le plus injuste des impôts, la TVA, la somme de 20 milliards d’euros a été apportée aux entreprises, sans la moindre contrepartie ni le moindre contrôle.

En somme, le gouvernement a mis en œuvre non pas une politique sociale-libérale, qui impose un donnant-donnant entre les entreprises et les salariés. Dans le cas présent, il n’y a pas eu de donnant-donnant : il y a juste eu un cadeau en pure perte apporté aux entreprises. Comme l’a écrit Christian Salmon (lire L’économie zombie et la politique de l’offrande), ce n’est pas même une politique de l’offre qui a été mise en œuvre, mais bien plutôt une politique… de l’offrande !

Et les 20 milliards d’euros n’ont pas suffi. Très vite, François Hollande a fait un geste de plus. Toujours dans le même sens, en faveur du patronat. Après le « choc de compétitivité », il a donc promis un « pacte de responsabilité » qui s’emboîterait à ce premier gigantesque cadeau et qui porterait au total à 30 ou 35 milliards d’euros le total des allègements de cotisations sociales ou fiscales en faveur des entreprises.

Et ce n’est pas tout ! Le gouvernement ne s’est pas contenté de poursuivre la politique économique et sociale inique de Nicolas Sarkozy. Sous la houlette de Manuel Valls, il s’est aussi appliqué à poursuivre dans ses grandes lignes la politique sécuritaire de Claude Guéant ou de Brice Hortefeux. Avec les mêmes résonances xénophobes, un jour contre les Roms, le lendemain contre « l’ennemi intérieur »

Enfin, François Hollande n’a rien fait pour sortir de cette insupportable culture monarchique française, qui a nécrosé la démocratie. « Moi, je… », « moi, je… »: tout s’est joué à l’Élysée, autour d’un président omnipotent, désordonné et cafouilleux, mais tout-puissant, décidant de tout, selon son bon plaisir. Encore et toujours, le « coup d’État permanent »…

Dans un pays rongé par un chômage qui atteint des niveaux historiques, touchant plus de 5,5 millions de personnes toutes catégories confondues, et miné par une pauvreté qui englobe désormais plus de 10 millions de personnes, sur quoi pouvaient donc déboucher de nouvelles élections, fussent-elles locales ? Il n’était guère besoin d’être un politologue chevronné pour le pressentir : sur la colère, précisément. Ou sur l’indignation.

Au soir de ce second tour des élections municipales, la question qui est posée aux dirigeants socialistes – mais tout autant, pour des raisons qui ne sont pas les mêmes, à ceux des autres composantes de la gauche ou du mouvement écologiste – est donc d’une triste évidence : fallait-il que le Front national progresse encore, pour qu’un nouveau cap soit enfin choisi ? À l’instar de Hénin-Beaumont, fallait-il que d’autres villes tombent entre les mains de l’extrême droite, avant que les dirigeants socialistes comprennent qu’ils doivent se ressaisir ? C’est l’avenir de la gauche qui est durablement menacé. Plus même que l’avenir de la gauche : c’est la République qui vacille et qui est en danger. La République, avec ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité…

Si ces questions prennent au soir de ce second tour une si forte acuité, c’est que les dirigeants socialistes ont fait mine, dans la semaine de l’entre-deux tours, de ne pas comprendre la gravité de l’alerte. Et c’est à un théâtre d’ombre proprement surréaliste auquel on a assisté.

On a ainsi appris, mercredi, à l’issue du conseil des ministres, que pour François Hollande il fallait « entendre les Français » et que la « leçon » à tirer du scrutin consisterait à « travailler au redressement du pays avec plus de force, plus de cohérence et plus de justice sociale ». Phrases creuses qui, par leur vacuité même et leur imprécision, sont terriblement inquiétantes.

Dans une authentique démocratie, où le peuple a la parole, une sanction aussi grave aurait été prise en compte. Au pays du « coup d’État permanent », le monarque républicain, aussi minoritaire soit-il dans le pays, aussi désavoué soit-il, peut décider ce que bon lui semble, contre l’avis même de tout le pays. Ainsi le permettent les institutions très anti-démocratiques issues du coup d’État à froid du général de Gaulle, en 1958, et que la gauche n’a jamais véritablement réformées : c’est celui-là même qui a été sanctionné par les électeurs qui a les pleins pouvoirs pour tirer les enseignements de la sanction. Voire… pour n’en tirer aucun enseignement, ou alors seulement cosmétique.

François Hollande décidera, seul, des enseignements à tirer de cette sanction démocratique qui le vise personnellement. Et il en décidera dans quel sens ? Tout au long de la semaine écoulée, comme dans une monarchie malade, les supputations de la cour ont été bon train, suggérant de multiples hypothèses. Avec selon les variantes, le maintien de Jean-Marc Ayrault à Matignon ou son remplacement par Manuel Valls. Mais de l’un à l’autre, quelle différence ? En termes de politique économique et sociale, aucune ! Lors des primaires socialistes, Manuel Valls est celui qui, le premier, a défendu l’idée de relever la TVA et d’engager une politique pour stimuler la compétitivité des entreprises. En quelque sorte, dans la politique néolibérale que suivent aujourd’hui les socialistes, il a joué les précurseurs.

Quant à sa politique sécuritaire ou en matière d’immigration, il a si fréquemment joué de l’emphase, marchant avec délectation sur les brisées de la droite, sous les applaudissements de certains caciques de l’UMP, jusqu’à Serge Dassault, que sa promotion à Matignon aurait des allures de provocation. A l'époque, ses camarades socialistes lui avaient fait amèrement grief de dupliquer le programme de la droite ultra-libérale.

L’autisme dans lequel semble enfermé François Hollande a d’ailleurs d’autres manifestations. Car, dans le prolongement de ces rumeurs de cour sur le nom du possible futur premier ministre – le même ou un autre encore plus marqué à droite –, on a appris les mesures que pourrait prendre le nouveau gouvernement, au lendemain d’un probable remaniement.

Le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, a ainsi lâché que des mesures fiscales « à destination des plus modestes » seraient prises dans les tout « prochains jours » tandis que la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a souligné mercredi que « l'objectif à terme est d'aller vers une baisse de la fiscalité des ménages », sans s'engager sur un quelconque calendrier.

En clair, rien de nouveau sous le soleil socialiste. Car voilà des mois, dans la foulée des vœux de fin d'année de François Hollande, que le gouvernement évoque une possible baisse de l’impôt sur le revenu, sans jamais préciser à quelle échéance. De surcroît, une baisse de l’impôt sur le revenu, même ciblée sur les tranches basses du barème, profiterait par construction aussi à toutes les autres tranches du barème, y compris aux plus riches. Et cette baisse n’aurait aucun effet sur les 50 % des Français qui n’y sont pas assujettis, et qui sont… les plus modestes !

En clair, si le gouvernement avançait vers une telle solution, ce serait toujours tourner le dos à la justice fiscale. Car une telle disposition contribuerait à démanteler encore un peu plus l’impôt sur le revenu, l’un des rares prélèvements progressifs en France avec l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Ou si l’on préfère, cela équivaudrait à prendre exactement le chemin inverse à celui que préconisait autrefois le Parti socialiste, au travers de cette fusion entre l’impôt sur le revenu et la CSG, pour refonder un impôt citoyen et progressif.

L’autre piste évoquée vise à modifier le plan d’allègement des cotisations sociales et fiscales envisagé par le gouvernement en faveur des entreprises. Jusqu’à présent, on sait que le gouvernement avait en effet prévu d’abord un allègement de 20 milliards d’euros, sous la forme d’un crédit d’impôt, baptisé « CICE », pour créer un soi-disant « choc de compétitivité ». Et, dans un deuxième temps, François Hollande avait annoncé une possible suppression des cotisations familiales payées par les employeurs, venant se cumuler aux 20 milliards d’euros. Au total, sous une forme ou sous une autre, les entreprises devaient y gagner de 30 à 35 milliards d’euros.

C’est donc cette articulation entre le « choc de compétitivité » et le « pacte de responsabilité » qui pourrait être revue, sous des modalités qui sont encore mal connues. Ce qui a filtré, c’est juste que le gouvernement maintiendrait cette enveloppe globale de 30 à 35 milliards d’euros d’allègements, mais préférerait l’utiliser au travers d’un élargissement du système de crédit d’impôt plutôt qu'au travers d’une suppression des cotisations familiales.

Mais, là encore, d’un système à l’autre, quelle différence ? Le débat sur l’efficacité supposée d’une modalité plutôt que l’autre fait peut-être rage entre quelques chapelles néolibérales, mais n’a, en vérité, aucun véritable enjeu. Car dans un cas comme dans l’autre, on sait à l’avance ce que seront les effets de ces différents dispositifs : d’abord et avant tout des effets d’aubaine pour les employeurs, mais pas ou peu d’effet en termes d’emploi ou d’investissement.

Cet aveuglement de François Hollande et de ses proches, qui veulent poursuivre dans la même direction, a d’ailleurs eu une autre traduction spectaculaire. Dans un article qui n’a pas profité de la publicité qu’il méritait, publié par Les Échos, sous le titre explicite « Sur les économies, nous ne changerons pas de cap », le ministre du travail, Michel Sapin, qui est aussi un intime de François Hollande, a dit le plus important : en dehors de quelques ajustements de détail, rien ne changera. Le plan d’austérité de 50 milliards d’euros – qui est le cœur de la politique néolibérale française, et qui plonge la France dans une situation de déflation en même temps qu’elle nourrit une explosion du chômage et de la pauvreté – n’est pas négociable. Quoi qu’en pensent les électeurs qui ont sanctionné François Hollande.

Il n’est pas besoin d’être expert budgétaire pour le comprendre : la mise en œuvre de ces 50 milliards d’euros d’économies constituerait un saccage majeur, auquel rien ne résisterait. Pas de politique de l’emploi ! Y en a-t-il seulement eu une depuis l'alternance ? Pas de politique culturelle ! Pas même de politique de refondation de l’école publique ! Pour ceux qui en douteraient, les mêmes rumeurs alimentées par Bercy sont venues confirmer ces derniers jours que même la promesse phare de François Hollande visant à créer 60 000 emplois dans l’éducation nationale d’ici la fin de son quinquennat risquait d’être passée à la broyeuse de l’austérité – ici un écho de presse qui rapporte ce que prépare le ministère du budget.

De surcroît, le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, a eu beau démentir qu’il avait proposé le gel de l’avancement automatique des fonctionnaires, l’information est avérée, comme l’a révélé une enquête de Mediapart (lire Salaires des fonctionnaires : le poker menteur de Vincent Peillon). En somme, tout se passe comme si François Hollande n’avait plus le moindre tabou : converti à une politique économique radicalement de droite, il donne le sentiment d’être indifférent à scandaliser son électorat, jusqu’aux enseignants, dont les gros bataillons ont toujours été fidèles à la gauche.

Au soir du second tour des élections municipales, c’est ce qu’il y a de plus inquiétant. Dans une véritable démocratie, les élus du peuple chercheraient sur-le-champ à prendre en compte le message des urnes. Message en l’occurrence transparent ! D’urgence, il faudrait fixer un cap nouveau ; renouer avec les promesses  de la campagne du candidat socialiste ; engager une véritable réforme fiscale pour refonder un impôt progressif ; desserrer l’étau de l’austérité et conduire une politique salariale et budgétaire plus dynamique…

Bref, il faudrait un cours nouveau. Pour conjurer la catastrophe qui se dessine. Pour refonder notre démocratie. François Hollande semble tourner le dos à cette aspiration. Alors qu’il faudrait réinventer la gauche, lui redonner une doctrine et un espoir, il s’est claquemuré dans les pouvoirs insupportables que lui confèrent les institutions de la Ve République. Seul face au peuple…

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Le PS et le pouvoir enregistrent une débâcle électorale

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Jamais sous la Ve République, un scrutin local n’aura été aussi fortement déterminé par les données nationales. Les élections municipales 2014, dont le deuxième tour s’est tenu ce dimanche 30 mars, ont revêtu de fait toutes les caractéristiques d’élections législatives. Ici ou là, le poids des personnalités a certes encore pesé. Mais l’essentiel a bien été d’approuver ou de sanctionner les grandes lignes de la politique suivie depuis mai 2012 par l’exécutif.

Le résultat est d’une rare sévérité, tant il vient démentir et punir une large partie des socialistes qui perdent plus de 155 villes de plus de 9 000 habitants. 68 villes de plus de 30.000 habitants basculent à droite et le FN conquiert une douzaine de mairies. D’abord, c’est tout un argumentaire qui s’est écroulé : celui, longuement développé par les candidats socialistes comme par le gouvernement, que les municipales ne sauraient être que « locales », scrutin à portée limitée donc.

Ensuite, c’est un cycle qui s’achève ou plutôt la fin d’un système qui est engagée par ce vote : celui d’un certain socialisme municipal qui permettait aux socialistes de dire que les seuls bilans locaux de leur gestion de collectivités territoriales devaient suffire à leur réélection. Enfin, c’est un responsable qui est sanctionné : le président de la République, et avec lui ce gouvernement, tant tout indique que le vote sanction intervenu concerne d’abord la politique de l’exécutif.

Jean-Marc Ayrault: «C'est une défaite pour le gouvernement. J'y prends toute ma part»Jean-Marc Ayrault: «C'est une défaite pour le gouvernement. J'y prends toute ma part» © Reuters

En cela, les municipales 2014 diffèrent de deux grands précédents. 1983 fut une rude défaite pour les socialistes de Mitterrand, mais une défaite atténuée par une forte mobilisation au deuxième tour et une union de la gauche encore vivante qui, par de bons reports de voix, avaient permis de limiter la casse. Rien de cela cette fois : l’abstention a encore augmenté en ce deuxième tour (38,5 % après 36 % au premier tour) ; les reports de voix sont médiocres, voire très mauvais, laissant isolés les candidats du PS.

L’autre précédent est celui de 1977, celui d’une immense vague rose qui vit le PS s’installer durablement et massivement à la tête des mairies. Ce succès ne fut pas construit seulement sur le rejet du pouvoir giscardien, mais aussi sur l’émergence d’une nouvelle génération de responsables politiques fortement portés par des dynamiques sociales et par l’union de la gauche. 2014 est un 1977 à l'envers, mais pas seulement tant les ressorts du vote sont éloignés de ces enjeux locaux. Ces municipales sanctionnent certes quelques vieux barons locaux (Michel Delebarre à Dunkerque en est un exemple) : mais leur dynamique est d’abord, voire exclusivement nationale.

Jean-Marc Ayrault, dimanche soir, et la plupart des responsables socialistes n’ont d’ailleurs pas renvoyé à quelques situations locales difficiles les enseignements de ce scrutin. « C'est une défaite pour le gouvernement. J'y prends toute ma part. Ces élections ont été marquées par la désaffection significative de celles et ceux qui nous ont fait confiance en mai et juin 2012 », a reconnu sans barguigner Jean-Marc Ayrault. Le remaniement ministériel est engagé et François Hollande devrait s’exprimer rapidement. Quant au débat sur les changements politiques à engager, ils n'ont fait dimanche que timidement s'engager chez les responsables socialistes qui, tous, rappellent qu'il revient à François Hollande de choisir...

Un résultat symbolise à lui seul l’ampleur de la défaite socialiste : Limoges. Personne n’aurait imaginé la perte par le PS de ce bastion socialiste depuis 1912. Or Alain Rodet, maire sortant, est sèchement battu. Et il n’y a, dans cette défaite, pas seulement l’usure d’un baron local, en poste depuis 24 ans. Ayant perdu près de la moitié de ses voix au premier tour par rapport à son score de 2008, Alain Rodet a soudain redécouvert les vertus de l’union et de dynamiques plus larges en fusionnant avec les écologistes. Trop tard. Dans une ville qui est aussi lourdement frappée par le chômage, Alain Rodet a été balayé par un candidat inconnu de l'UMP.

Mais ce n’est pas la seule configuration de la défaite. En examinant la liste des villes de plus de 30 000 habitants, le parti socialiste et le pouvoir peuvent faire le décompte : ils perdent une cinquantaine de villes. Des bastions, des villes conquises en 2008, des villes dirigées par des personnalités nationales ou non : le vote sanction est passé partout. Toulouse, quatrième ville française, Quimper, ville de Bernard Poignant, conseiller proche de Hollande, Roubaix, Reims, Belfort, Argenteuil, Asnières, Colombes, Chambéry, Angers, Caen, Ajaccio, Montbéliard, Valence, Évreux, Tours, Roanne, Saint-Étienne, Laval, Pau, Amiens, La Roche-sur-Yon, Athis-Mons, Livry-Gargan.

Autre symbole de la défaite socialiste : Grenoble. La liste emmenée par l'écologiste Éric Piolle, regroupant le Front de gauche et des associations de la ville, avait créé la surprise en arrivant en tête, devant la liste socialiste, au premier tour. Le refus du candidat PS Jérôme Safar de fusionner a été durement sanctionné par les électeurs. L'écart se creuse encore, puisque l'alliance conduite par les écologistes l'emporte avec 40,8 % des voix contre 27,6 % pour le socialiste.

C'est un autre enseignement du scrutin : le PS perd plusieurs villes faute d'avoir pu construire des dynamiques de rassemblement entre les deux tours. Ce fut le cas au niveau national, lorsque les responsables du PS ont appelé la semaine passée à un hypothétique front républicain contre le FN sans se soucier d'appeler les autres formations de gauche à l'union. Ce fut le cas bien souvent au niveau local, lorsque les maires sortants n'ont consenti que du bout des lèvres à recomposer leurs listes. Le résultat est la perte de plusieurs pour cause de report des voix désastreux, à Reims, à Angers, à Tours...

Le succès écologistes-parti de gauche à Grenoble, la victoire du candidat du Front de gauche Patrice Bessac à Montreuil ne doivent pas masquer les difficultés persistantes du PCF, en particulier en Ile-de-France. Les communistes perdent plusieurs fiefs, Saint-Ouen, Bagnolet, Bobigny, Villejuif. Ils sauvent d'extrême justesse Saint-Denis et préservent quelques villes en région, comme Dieppe. Mais l'affaiblissement du communisme municipal se poursuit. Ajouté en Ile-de-France à la perte de plusieurs villes conquises en 2008 par les socialistes, ce scrutin change sensiblement la couleur politique de la région Ile-de-France à un an des élections régionales.

De plus, ces pertes de municipalités vont avoir des conséquences en chaîne. Les socialistes ont d'ores et déjà perdu la direction de trois grandes communautés urbaines : à Bordeaux, à Lille et à Marseille. Si Martine Aubry est réélue, ses marges d'action seront singulièrement réduites, avec la perte de la puissante communauté urbaine du Nord. Enfin, même si un comptage précis reste à faire, tout laisse penser que le Sénat, à l'issue des élections de l'automne prochain, devrait être repris par la droite.

Tout cela fait-il pour autant une « vague bleue » comme s'en est rapidement félicité le responsable de l'UMP Jean-François Copé ? « Cette vague bleue est liée au fait que l'UMP, depuis deux ans, s'est reconstruite, a mobilisé énormément sur le terrain », a-t-il commenté à l'attention de ses nombreux rivaux au sein de l'UMP. Mais si la progression de la droite classique est incontestable, elle reste entravée par le Front national qui parvient à conquérir une douzaine de mairies. Comme prévu, le parti de Marine Le Pen s'enracine un peu plus dans le Sud-Est en emportant Beaucaire, Cogolin, Fréjus, Le Luc, Béziers, Le Pontet et la mairie du 7e arrondissement de Marseille. Outre Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, il l'emporte à Villers-Cotterêts, dans l'Aisne, à Hayange, en Moselle, à Mantes-la-Ville, dans les Yvelines.

Robert Ménard soutenu par le FN emporte Béziers.Robert Ménard soutenu par le FN emporte Béziers. © Reuters

Marine Le Pen pouvait triompher dimanche en revendiquant près de 1 300 conseillers municipaux, soit bien plus que l'objectif du millier qu'elle s'était fixé. C'est un résultat sans commune mesure avec celui de 2008 (80 conseillers municipaux) et supérieur à celui de 1995. « Le Front national bouscule le duo PS et UMP. Il faut compter avec une troisième grande force », a assuré dimanche soir Marine Le Pen. Certains de ces candidats ont encore progressé entre les deux tours, bénéficiant du vote d'abstentionnistes du premier tour mais surtout du vote d'électeurs de l'UMP. La consolidation du Front national, sa banalisation et la porosité grandissante avec l'électorat de la droite classique sont ainsi confirmées.

Dans ce champ de ruines, les dirigeants socialistes sont apparus dimanche soir comme tétanisés. La victoire d'Anne Hidalgo à Paris, le fait de conserver Strasbourg, Lille, Lyon, Rennes ont été éclipsés par l'inquiétude politique exprimée par tous les responsables socialistes. Il est vrai, comme l'a rappelé avec insistance le président des députés PS Bruno Le Roux, que la suite des événements ne leur appartient pas. « Il revient au président de décider de la réponse », a constaté Bruno Le Roux, interrogé sur l'équation du remaniement et sur les éventuels changements de politique. La Ve République est ainsi, qui interdit aux élus du parti majoritaire de se prononcer, laissant à l'appréciation du seul président les changements éventuels.

Chacun s'est donc limité à des suggestions floues. Jean-Marc Ayrault pour souligner la « nécessité de la justice sociale », tout en assurant : « Nos réformes vont porter leurs fruits. » Mais le premier ministre semblait là livrer comme une déclaration testamentaire, tant sa position semble intenable au vu de l'ampleur de la défaite. Pierre Moscovici, ministre de l'économie et des finances, a lui asséné quelques surréalistes éléments de langage, repris avec plus de prudence par certains de ses collègues : « Cette défaite, c'est le prix du courage des réformes que nous avons entreprises », a-t-il ainsi affirmé. Benoît Hamon, représentant de l'aile gauche du PS, a voulu quant à lui se démarquer plus nettement en soulignant l'insatisfaction sociale grandissante et en se disant déterminé « à parler pouvoir d'achat ».

Mais de ce classique partage des rôles relevant des diverses sensibilités du PS, rien n'a laissé entrevoir une réponse politique à la hauteur du choc électoral subi ces deux derniers week-ends. La réponse est à l’Élysée et sera donnée avant mercredi. D'ici là, le PS défait et ligoté est condamné à supputer ce que seront d'éventuelles réponses présidentielles.

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Le vote FN s'est consolidé entre les deux tours

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« Le vote FN-RBM est maintenant un vote d’adhésion », a annoncé Marine Le Pen dimanche soir au siège du Front national. C’est ce que répète la présidente du FN depuis les élections cantonales de 2011. Si l’affirmation n’était pas exacte il y a quelques années, les élections municipales des 23 et 30 mars tendent en revanche à montrer une consolidation du vote FN entre les deux tours. 

Le Front national remporte onze villes, bien plus que son record de 1995 (qui était de trois mairies, et une quatrième à la partielle de 1997) : Fréjus, Le Luc et Cogolin (Var), Beaucaire (Gard), Le Pontet (Vaucluse), Villers-Cotterêts (Aisne), Mantes-la-Ville (Yvelines), Hayange (Moselle), Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), dans le septième secteur de Marseille et à Béziers (dans l’Hérault, où il soutenait Robert Ménard).

A ces villes viennent s'ajouter trois mairies du Vaucluse emportées par la Ligue du Sud (le parti d'extrême droite de l'ex-FN Jacques Bompard): Orange, Bollène et Camaret-sur-Aigues. 

Le parti lepéniste a en revanche vu ses quatre têtes d’affiche battues : ses deux vice-présidents, Florian Philippot à Forbach (Moselle) et Louis Aliot à Perpignan (Pyrénées-Orientales), le député Gilbert Collard à Saint-Gilles (Gard), et, au premier tour, la liste sur laquelle figurait en dixième position l’autre députée frontiste Marion Maréchal-Le Pen, à Sorgues (Vaucluse).

À l'issue de ces municipales, 1 496 conseillers ont été élus. « Partout nous avons progressé », s’est félicitée la présidente du FN, qui y voit « une sanction massive pour le pouvoir en place », mais aussi « l’adhésion à une nouvelle politique », à « une autre manière de faire de la politique » d’électeurs qui voudraient « sortir de l’ornière UMPS ». « Nous passons à une nouvelle étape (...), il faut désormais compter avec une troisième grande force dans notre pays », a-t-elle aussi martelé sur France 2.

Marine Le Pen le 23 mars 2014.Marine Le Pen le 23 mars 2014. © Reuters

Un premier indicateur tend à montrer une consolidation du vote FN : les scores importants du parti lepéniste vont avec une participation élevée. À Fréjus, où David Rachline gagne avec 44,5 % des voix, le taux de participation est de 71,46 % à la clôture des bureaux de vote (une hausse de près de trois points par rapport au premier tour). À Béziers, où Ménard l’emporte à plus de 47 %, il est de 68,51 %. Au Luc, autre ville gagnée par le FN, elle est de 69,48 %. Des chiffres supérieurs à la moyenne nationale (63,7 %). Dans les villes où le FN était en tête du premier tour, la participation a augmenté.

Au premier tour déjà, la participation était supérieure à la moyenne nationale dans les villes où le FN décrochait ses meilleurs scores : 64,59 % à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), 68,4 % à Fréjus (Var), 64 % à Béziers (Hérault). « Le FN est un opérateur de repolitisation. Il fait voter des gens qui, autrement, ne voteraient plus », expliquait à Mediapart, à l'issue du premier tour, le chercheur Joël Gombin, doctorant en sciences politiques à l’université de Picardie et spécialiste des votes FN.

Marine Le Pen et Steeve Briois à Hénin-Beaumont, dimanche.Marine Le Pen et Steeve Briois à Hénin-Beaumont, dimanche. © Reuters

Autre indicateur de cette consolidation : les électeurs qui se sont tournés vers lui au premier tour ne l’ont pas délaissé au second. Ils confirment au contraire leur vote. Dans ses zones fortes, le FN progresse, et ce malgré de nombreuses triangulaires ou quadrangulaires.

À Béziers, Robert Ménard passe de 44,88 % à 47,3 % entre les deux tours, malgré une triangulaire avec un UMP et un divers gauche. Il gagne 1 799 voix. À Fréjus, David Rachline gagne 1 348 voix : il avait recueilli 40,30 % au premier tour, il totalise 44,55 % au second, dans une triangulaire qui l'opposait à deux candidats de droite. À Hayange, Fabien Engelmann, l’ancien militant de la CGT, avait rassemblé 30,41 % des voix. Il conquiert la ville avec 34,7 % des voix, dans une quadrangulaire. Il gagne 501 voix entre les deux tours.

David Rachline remporte la ville de Fréjus (Var).David Rachline remporte la ville de Fréjus (Var). © Reuters

Dans le Var, le FN passe de 39,03 à 51,3 % à Cogolin, face au maire sortant divers droite (+ 698 voix), et de 36,94 % à 42,02 % au Luc. De 32,85 à 39,8 % à Beaucaire (Gard) dans une quadrangulaire, de 34,66 % à 42,62 % au Pontet (Vaucluse), également dans une triangulaire, de 32,04 % à 41,53 % à Villers-Cotterêts (Aisne), de 21,66 % à 30,26 % à Mantes-la-Ville (Yvelines). À Marseille, dans le septième secteur, Stéphane Ravier, historique du FN, passe de 32,88 % à 35,8 %.

Florian Philippot, en campagne à Forbach le 8 octobre 2013.Florian Philippot, en campagne à Forbach le 8 octobre 2013. © Reuters

C’est aussi le cas dans les villes où le FN échoue au second tour. À Forbach (Moselle), où se présentait Florian Philippot, il se stabilise à 35,17 % (contre 35,74 % au premier tour). À Perpignan (Pyrénées-Orientales), Louis Aliot passe de 34,2 % à 44,7 %. À Saint-Gilles (Gard), Gilbert Collard, qui avait rassemblé 42,5 % au premier tour, termine à 48,50 %, à quelques voix de son rival.

À Tarascon (Bouches-du-Rhône), la frontiste Valérie Laupies avait recueilli 39,24 % au premier tour, et 47,26 % au second. Dans le Vaucluse, le FN passe de 36 % à 47,02 % à Valréas et de 29,63 % à 35,02 à Avignon.

Ce phénomène s'observe aussi en dehors du pourtour méditerranéen. En Moselle, à L’Hôpital, le candidat frontiste échoue, mais gagne 271 voix : il passe de 23,98 % à 32,18 %. Dans le Nord, à Roubaix, le candidat frontiste perd deux points (19,31 % au premier tour, 17 % au second) dans une quadrangulaire. Dans l’ouest, à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), le parti lepéniste passe de 11,28 % à 12,02 % entre les deux tours et gagne 144 voix. À Lorient (Morbihan), dans une quadrangulaire, la candidate frontiste perd 37 voix en passant de 14,78 % à 13,78 %.

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Grenoble, le début d'une alternative à gauche?

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C'est la victoire qui change tout : avec 40 % des voix, les écologistes alliés au Parti de gauche emportent sans mal Grenoble, la seizième ville de France, 157 000 habitants. La ville de l’innovation et des nanotechnologies, détenue par le PS Michel Destot, était jusqu’ici un des fleurons du socialisme municipal. À tel point que c’est la députée du centre-ville, Geneviève Fioraso, qui avait été choisie par François Hollande pour devenir en 2012 ministre de la recherche.

Mais depuis ce dimanche, le maire de la ville s’appelle Éric Piolle. À 41 ans, cet ingénieur entré en politique il y a quatre ans a battu facilement le PS Jérôme Safar, dauphin désigné de Michel Destot, crédité de 27,6 % des voix. Associé au parti de gauche et à des collectifs citoyens très actifs dans la ville, il devient le maire de la plus grande ville écologiste de France. En plein marasme municipal du PS, le parti de gauche et les écologistes font logiquement de cette victoire la première étape d’une alternative à la gauche du parti au pouvoir, même si l’essai reste à transformer. « Le PS était coupé de la population, exerçait son pouvoir dans une tour d’ivoire. Ce soir, nous avons montré que la gauche peut porter haut le flambeau... quand elle est de gauche », se réjouit Élisa Martin, l’une des fondatrices du PG, numéro deux de la liste.

Eric Piolle, tête de liste du « rassemblement citoyen »Eric Piolle, tête de liste du « rassemblement citoyen » © M.M.

Dimanche dernier, Piolle était arrivé en tête du premier tour. Un coup de massue pour les socialistes, que les sondages donnaient largement gagnants. À tel point que Jérôme Safar s’est maintenu avec le soutien du PS grenoblois, malgré les appels à fusionner lancés par Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls.

Ces derniers jours, la campagne a été très agitée. Dans les quartiers populaires, des tracts et des SMS ciblant la population musulmane assuraient que Piolle allait interdire le hallal dans les cantines. Christiane Taubira a dû annuler un déplacement pour soutenir Éric Piolle face à la bronca des socialistes locaux, menaçant de manifester bruyamment contre sa venue. Et vendredi soir, Éric Piolle a été mystérieusement agressé alors qu’il circulait sur son vélo. 

Grenoble est l’exemple type d’une succession ratée au royaume du PS. Inquiet de la faible notoriété de son poulain, Michel Destot, qui avait décidé de passer la main, a un temps envisagé de rempiler. Premier adjoint depuis 2008, Safar, symbole de l’apparatchik socialiste, gestionnaire mais sans folie, n’était pas très connu des Grenoblois.

Mais la victoire de l’alliance rouge-verte est aussi le modèle d’une campagne exemplaire, souvent inventive, à la rencontre d'un l’électorat de centre-ville déçu par le PS et de classes populaires démobilisées. « La mobilisation était de leur côté », admettait ces derniers jours un élu socialiste, dépité.

Depuis des mois, écologistes et parti de gauche, qui entretiennent localement de très bonnes relations, avaient décidé de partir à la conquête de la ville. Tout sauf un coup de tête. À Grenoble, la tradition de la gauche alternative, qui a marqué l’histoire de la ville, est encore vivace. En 1995, ce sont des mouvements citoyens comme l’Ades, présents sur la liste Piolle, qui ont contribué à révéler l’affairisme de l’ancien maire RPR Alain Carignon. Les écologistes, qui ont gouverné entre 1995 et 2008 avec Michel Destot, avant de faire sécession, y obtiennent depuis des années de très bons scores, notamment dans le centre-ville : 26,5 % aux régionales de 2010, 29 % aux européennes de 2009, un conseiller général depuis 2004, etc.

De son côté, le PG obtient de bons résultats dans les quartiers populaires. Sans le PCF, scotché par ses alliances électorales avec le PS, PG et EELV ont plutôt harmonieusement fusionné leurs programmes. Et élaboré un agenda municipal qui dénonce la « folie des grandeurs » et les grands projets de Michel Destot : « une ville démocratique », « un bouclier social municipal », « une ville à taille humaine »

Le “rassemblement citoyen” promet les transports gratuits pour les moins de 25 ans et la remunicipalisation du gaz, de l'électricité et du chauffage. « Ça coûte 100 millions d'euros ! », dénonçait pendant la campagne le socialiste Jérôme Safar. Très vite, un des premiers conseils municipaux devrait décider d’une baisse des indemnités des élus. « Ensuite, il s’agira de procéder à la baisse des tarifs de la compagnie de chauffage, puis de lancer un plan de baisse de la consommation énergétique », explique Élisa Martin, l’une des fondatrices du PG, numéro deux de la liste.

« Ce n’est pas un épiphénomène, mais une réelle tentative de reconstruction locale de la gauche, initiée par des collectifs citoyens et d’habitants, assure Raymond Avrillier, soutier des listes écolos à Grenoble – ils avaient déjà fait 19,8 % en 2001, avant de fusionner avec le PS, et 15,5 % puis 22,5 % en 2008, où ils s’étaient maintenus au second tour. Cette victoire a commencé avec des mobilisations sur les tarifs de chauffage, contre la rocade, la construction du grand stade, ou la fermeture du lycée Mounier. »

L'hôtel de ville de GrenobleL'hôtel de ville de Grenoble © DR

À la tête de cet attelage que nombre de socialistes locaux qualifiaient d’improbable (et il n’est pas sûr que cette alliance soit de tout repos à l’épreuve du pouvoir), on trouve Éric Piolle. Une « synthèse à moi tout seul », comme il se définit lui-même : écologiste, élevé dans une famille catho de gauche, proche du fondateur de Nouvelle Donne Pierre Larrouturou, Piolle est aussi un ancien patron. Il a dirigé une division de Hewlett-Packard à Grenoble, qu’il a refusé de délocaliser, avant de se faire licencier en 2011. « Tous les patrons des boîtes de high-tech de la ville sont mes amis », nous expliquait-il récemment.

Ce dimanche soir, au milieu d’une déconfiture collector de la gauche municipale, Grenoble apparaît aussi aux yeux des appareils nationaux non socialistes comme le symbole d’un message à entendre au plan national. Que ce soit une meilleure représentation de sa ligne, si ce n’est de ses postes, ou un espoir pour fonder l’alternative. Mais pour l’instant, écologistes et mélenchonistes ne livrent pas la même analyse de l’exemple grenoblois. « L’ancrage, implantation et le rassemblement qui ont payé, mais pas sur une ligne d’opposition de gauche ou de virulence », explique un proche de Cécile Duflot. « Ce succès, malgré le maintien du socialiste, démontre qu’ensemble nous pouvons réellement être majoritaires à gauche, s’enthousiasme davantage Éric Coquerel, secrétaire national du PG. C’est un espoir formidable pour l’avenir. »

Lundi dernier, lors d’une conférence de presse, Jean-Luc Mélenchon ne cachait pas sa satisfaction de voir « la ville point de départ de la Révolution » retrouver « le sens historique de la gauche ». Et d’enchaîner : « Face à un PS visiblement à bout de souffle, l’objectif est atteint pour la première fois de passer en tête de la gauche. » Avant des municipales qu’il savait difficiles pour l’unité du Front de gauche, et sans davantage de certitudes sur les européennes à venir, Mélenchon espérait pouvoir prendre exemple sur « un endroit où ça craque », pour montrer que sa stratégie d’alternative n’est pas aussi saugrenue que le considèrent écologistes et socialistes de la gauche.

Quand on lui objecte la divergence stratégique profonde entre le PG et les écologistes, celle de la participation gouvernementale, Mélenchon préfère donner du temps au temps. « Ce qui rendra réaliste cette alternative, ce sont les résultats. Et notre état d’esprit est l’ouverture la plus absolue aux prochains scrutins. Même sur les européennes, on pourrait se retrouver au moins sur l’opposition au grand marché transatlantique… » Aux régionales, Mélenchon se verrait bien proposer l’union aux écolos dans un maximum de régions, histoire de faire progresser l’alternative au PS, mais aussi de sortir de son tête-à-tête conflictuel avec le PCF.

Côté écolo, on reste plus mesuré, mais on semble prêt à toper. « L’étiquette PS n’est plus une valeur refuge pour les électeurs, et les listes autonomes, menées par les écolos au-delà de nos périmètres habituels, permettent d’amplifier à gauche, abonde un cadre écologiste. Ce sera en effet une clé des prochaines régionales. » Plus qu’un laboratoire, Grenoble est peut-être un point de départ. « Un modèle », espère Élisa Martin.

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Pourquoi NKM devait échouer

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Jusqu’au bout, elle a fait mine d’y croire. Arrivée en tête des voix au premier tour, Nathalie Kosciusko-Morizet s'est finalement inclinée ce dimanche 30 mars face à son adversaire socialiste, Anne Hidalgo. Toute la semaine durant, la candidate UMP à la mairie de Paris avait fanfaronné sur les résultats obtenus dimanche dernier. « Désormais plus que jamais, l’alternance est possible, le changement est possible, il est tout proche », s'était-elle encore convaincue le 23 mars.

© Reuters

Ce dimanche soir, NKM a enfin reconnu s'être « engagée dans ce combat (parisien) en sachant que c'était difficile », se félicitant toutefois d'avoir gagné « un certain nombre de conseillers de Paris ». L'UMP peut en effet se réjouir d'avoir fait basculer à droite le IXe arrondissement, où Delphine Bürkli (50,36 %) l'emporte face à la socialiste Pauline Véron (49,64 %). Partout ailleurs, et malgré les déclarations officiellement optimistes des soutiens de Nathalie Kosciusko-Morizet, la défaite de la droite parisienne était annoncée depuis fort longtemps.

  • Le mode de scrutin parisien

« Paris, ce n’est pas une élection, mais vingt », ne cesse de marteler Pierre Lellouche depuis le début de la campagne parisienne. Le député et conseiller UMP de Paris en a toujours été convaincu : la bataille de Paris était une « mission impossible » pour NKM. En cause : le mode de scrutin de la capitale où les arrondissements les plus peuplés sont ceux qui envoient le plus d'élus au conseil de Paris.

Un système qui avantageait d’avance la gauche, le PS étant mieux implanté dans les arrondissements les plus pourvoyeurs d’élus. La réforme des modes de scrutin locaux, adoptée en 2013, a accentué cet avantage, ajustant le nombre de conseillers à l'évolution de la population.

L’évolution de la population parisienne, c'est justement la problématique de la droite depuis près de vingt ans. Car depuis la fin des années 1990, Paris est en proie au phénomène de “gentrification” que la géographe Anne Clerval définit dans Paris sans peuple (Éd. La Découverte) comme « un embourgeoisement spécifique des quartiers populaires qui s’accompagne de la transformation du bâti et d’un quartier en général ». Or, comme le reconnaissait dès janvier à Mediapart le maire du Ier arrondissement et président du groupe UMP du conseil de Paris, Jean-François Legaret, « un décalage grandissant » s'est créé entre les propositions de la droite et le profil de ces « nouveaux Parisiens ».

Nathalie Kosciusko-Morizet a bien essayé de casser son « image papier glacé » pour séduire cette nouvelle population. Rien n'y a fait. « Ce n’est pas parce que vous vous sapez en Zadig & Voltaire que vous plaisez aux bobos », s'amusait déjà en février le député et ancien maire socialiste du XIVe arrondissement, Pascal Cherki.

  • La défaite dans les arrondissements de « la reconquête »

Pour faire basculer la majorité parisienne, Nathalie Kosciusko-Morizet devait expressément gagner les deux arrondissements de « la reconquête » que sont le XIIe et le XIVe, qui figurent parmi les plus gros pourvoyeurs de conseillers de Paris. Mais les résultats obtenus au premier tour laissaient déjà présager la défaite de ce dimanche.

Jean-Pierre Raffarin l’avait d’ailleurs annoncé au Monde : NKM jouait « sa peau » dans le XIVe, un arrondissement « difficile », selon les propres mots de l’ancien premier ministre. « Mais si elle le gagne et qu'elle perd le global, l'honneur est sauf. » L’honneur n’est donc pas sauf ce soir. Car dans le XIVe arrondissement, la socialiste Carine Petit a largement devancé la candidate UMP à la mairie de Paris en engrangeant 53,09 % des voix (contre 46,91 % pour NKM).

Même chose dans le XIIe arrondissement, où l’UMP Valérie Montandon (46,96 %) est battue par la socialiste Catherine Baratti-Elbaz (53,04 %).

  • Dissidences et couacs de campagne

Souhaitant rompre avec les vieux démons de la droite parisienne qui se déchire depuis près de vingt ans, Nathalie Kosciusko-Morizet misait énormément sur l’union de la droite et du centre. Durant sa campagne, la candidate UMP n’a d’ailleurs cessé de mettre en avant son alliance avec le MoDem et l'UDI dès le premier tour, oubliant au passage le nombre considérable de dissidences surgies dans chaque arrondissement de la capitale, incarnées par les listes « Paris Libéré » de Charles Beigbeder.

En débarquant sur la scène parisienne, NKM avait annoncé son intention de faire le ménage en retirant de ses listes toute personne qui serait sous le coup de condamnations importantes et en écartant des personnalités comme François Lebel, maire du VIIIe arrondissement depuis 1983 et conseiller de Paris depuis 1977, en raison de son âge, mais aussi parce qu'il avait tenu des propos homophobes en octobre 2012. Ce dernier figurait finalement en dixième position sur la liste constituée par la chef de file UMP-UDI-MoDem de cet arrondissement, Jeanne d'Hauteserre.

Dans l'entre-deux tours, la candidate UMP à la mairie de Paris s'est assise sur ses derniers principes en faisant alliance avec ses ennemis d'hier : Marie-Claire Carrère-Gée dans le XIVe, mais aussi et surtout, Dominique Tiberi dans le Ve, contre lequel elle s'était pourtant farouchement opposée, mais dont les 19,43 % de suffrages réunis au premier tour ont fini par la convaincre.

La campagne de Nathalie Kosciusko-Morizet a également été marquée par bon nombre d'erreurs de communication, comme les « moments de grâce » du métro parisien ou encore les cigarettes fumées en compagnie de SDF. Mais au-delà de ces quelques ratés, la candidate UMP à la mairie de Paris s’est surtout retrouvée confrontée à des couacs de dernière minute. Ce fut notamment le cas dans le IIe arrondissement, où NKM a été contrainte de changer sa tête de liste à quelques jours du premier tour, après le dépôt d'une liste qui ne respectait pas l’accord passé entre son parti et les centristes.

Le XIIe arrondissement de Paris a également été, entre les deux tours, la scène d’un incroyablement retournement de situation. Au moment clé des alliances, Nathalie Kosciusko-Morizet avait décidé d’écarter de sa liste l’un de ses anciens adversaires à la primaire, Franck Margain, vice-président du parti chrétien démocrate (PCD) et opposant au mariage pour tous, au profit d'une fusion avec le candidat de centre-droit, Benoît Pernin. Mais la nouvelle liste du XIIe ayant été déposée avec 45 minutes de retard, Franck Margain est finalement resté de la partie.

  • Une candidate lâchée par les barons parisiens

Au sein de la droite parisienne où rien n’est simple, la candidature de NKM n’a jamais vraiment fait l’unanimité. Au départ pourtant, une poignée de barons parisiens, menée par l’ancien premier ministre François Fillon, avait signé une tribune dans Le Figaro pour soutenir la candidate à la primaire de Paris. « Nombreux sont les Parisiens qui espèrent désormais un changement, écrivaient-ils en mai 2013. Une personne a créé les conditions de ce déclic. C’est Nathalie Kosciusko-Morizet. En faisant le choix de s’engager durablement pour Paris, elle a crédibilisé l’alternance en lui donnant du sens et un visage. »

Mais la lune de miel entre Nathalie Kosciusko-Morizet et les barons parisiens a fait long feu. Rapidement, ses premiers soutiens lui ont mis des bâtons dans les roues, à commencer par le député et maire UMP Claude Goasguen, réélu dès le premier tour dans le XVIe arrondissement (63,05 %). « Je suis un baron qui soutient totalement Nathalie », affirmait-il encore au Parisien début mars, ajoutant toutefois que la candidate UMP posait « problème sur un certain électorat qui la tient pour pas assez à droite », d’où sa volonté de ne pas apparaître avec elle sur ses affiches de campagne.

Détruire la tour Montparnasse, vendre le Parc des Princes, piétonniser le centre de Paris… Les annonces intempestives formulées par NKM au cours de la campagne n’ont guère été au goût des barons parisiens, qui ont fini par lâcher définitivement cette candidate qui n’en faisait qu’à sa tête.

Un scénario classique, selon la conseillère régionale Géraldine Poirault-Gauvin, qui fut candidate dissidente dans le XVe arrondissement.

« Ce sont toujours les mêmes personnes qui tirent les ficelles et qui nous mènent dans le ravin, confiait-elle à Mediapart en janvier. Ces espèces de barons qui sont présents dans plusieurs arrondissements de l’Ouest et qui ne veulent pas que la droite gagne. Ils veulent garder leur pouvoir pour eux seuls et tout ce qui va avec : les cabinets, les chauffeurs… Tout ce qui donne des moyens d’exister. Ils prennent en général des femmes – Lagarde, Jouanno, Dati, NKM… –, s’entichent d’elles, les font désigner et finissent par leur savonner la planche pour qu’elles perdent, ajoutait-elle. Cette année, ils sont derrière NKM, tout en organisant en sous-main des listes dissidentes. »

  • Le tremplin de Paris

Le véritable enjeu de la candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet était un secret de polichinelle : gagner Paris, pourquoi pas, mais à condition que la capitale soit un tremplin pour des ambitions plus larges. NKM a d'ailleurs commencé à évoquer son avenir, dès ce dimanche soir : « D'autres batailles s'annoncent, a-t-elle déclaré. Des batailles pour Paris, des batailles pour la France. Et ce que nous avons construit dans cette campagne, ce renouvellement que nous avons commencé, cette union que nous avons réalisée, cette dynamique que nous avons créée, c'est la base des victoires de demain. »

À l’UMP, NKM peut désormais se prévaloir d'avoir une place de choix au sein de cette jeune génération qui souhaite relever le parti de l’opposition. Mais face au duel Fillon-Copé et aux candidats à la primaire de 2016 déjà déclarés, l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy aura bien du mal à s’imposer.

Une autre issue s’offre désormais à elle : le Grand Paris. Car même si la capitale est restée à gauche, la métropole du Grand Paris, qui verra le jour au 1er janvier 2016, a toutes les chances de passer à droite. Les villes de Bobigny, Aulnay-sous-Bois, Le Blanc-Mesnil, Villepinte, Saint-Ouen ou Livry-Gargan ayant basculé à droite, la gauche perd de fait la majorité au futur conseil métropolitain.

Dimanche soir, il était encore trop tôt pour crier victoire. Prévenant qu’il faut « encore faire les comptes », le maire du Ier arrondissement et président du groupe UMP du conseil de Paris, Jean-François Legaret, reconnaît toutefois que les socialistes d’Ile-de-France ont « largement du plomb dans l’aile ». « Il se sont donné beaucoup de mal pour changer la loi, mais les grandes stratégies du PS sont perturbées par les résultats du second tour », se réjouit-il.

« Ce qui est train de se passer en Ile-de-France est un séisme pour la majorité !, renchérit le sénateur et maire UMP de Pavillons-sous-Bois, Philippe Dallier. On n’aurait jamais imaginé reprendre tant de villes, il se passe vraiment quelque chose. » Quant à savoir si Nathalie Kosiusko-Morizet pourrait prendre ce que d’aucuns présentent déjà comme « le plus beau poste d’opposition en France », nul ne souhaite encore se prononcer. « L’élection est prévue pour 2016. D’ici là, tout le monde peut faire acte de candidature », glisse seulement Dallier.

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Pascal Durand (EELV): «La majorité des socialistes vivent dans le déni»

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Les municipales signent une débâcle pour le PS. À sa gauche, les écologistes ont mieux résisté et ont même triomphé, avec le Parti de gauche, à Grenoble. « Il existe un espace politique pour une politique écologique de transition, alliée à une gauche de changement », analyse Pascal Durand, ex-secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts, tête de liste écologiste pour les européennes en Ile-de-France. Entretien. 

Quels enseignement tirez-vous de la victoire de la liste EELV-Parti de gauche menée par Éric Piolle à Grenoble ?

Cela prouve qu'un espace politique s'ouvre lorsqu'on porte une campagne ouverte, campagne qui n'a jamais été agressive et a été menée en posant les questions de fond. À la différence de la gestion traditionnelle des socialistes.

La victoire EELV/PG à Grenoble peut-elle dessiner une alternative à gauche à la politique menée par le PS ?

On n'essaie pas de construire une majorité alternative à gauche. On essaie de démontrer qu'il existe un espace politique pour une politique écologique de transition, alliée à une gauche de changement, telle que Léon Blum l'appelait de ses vœux. Une gauche qui soit un vrai réformisme de transformation, avec des solutions nouvelles, et pas une gauche d'accompagnement ou d'adaptation. En France, il est indispensable d'ouvrir de nouvelles voies, avec les écologistes et ceux qui veulent faire bouger les lignes. Les Français ont rejeté dimanche les vieilles solutions et les vieilles recettes qui ont échoué.

Cécile Duflot et Pascal DurandCécile Duflot et Pascal Durand © Reuters

Quelle signification donnez-vous à la débâcle des socialistes au second tour ?

C'est d'abord et avant tout la sanction claire d'une politique mise en œuvre depuis deux ans et qui, pour l'essentiel, ne correspond pas aux politiques pour lesquelles ce gouvernement a été élu. Il y a bien sûr des exceptions, comme le ministère du logement (de Cécile Duflot, ndlr) ou celui de la justice (de Christiane Taubira, ndlr). Mais globalement, les Français ont dit ce soir : « Nous ne vous avons pas élu pour cela. »

Les Français ne sont pas des idiots, ils voient bien que le pays est en crise. Mais ce qu'ils ne supportent pas, et ils ont raison, c'est que les élus n'essaient pas de mettre en œuvre des politiques nouvelles et courageuses, qui changent le réel. La majorité des socialistes vivent dans le déni en s'accrochant à de vieilles lunes, en attendant que la croissance revienne, en défendant le productivisme et en ne parlant de la compétitivité que sous l'angle du coût du travail, sans comprendre que le monde a changé.

Peut-on résumer le message des urnes en disant que les électeurs de gauche veulent une politique plus à gauche et plus écologique ?

Les électeurs ont voulu dire au gouvernement et à François Hollande que la politique menée n'est pas, à ce stade, de nature à transformer le réel. C'est une politique d'accompagnement, et c'est l'incapacité à prendre en compte les réalités du monde moderne pour reconstruire les solutions de redistribution. Il faut une vraie transformation des politiques publiques.

Que doit contenir un remaniement, s'il a lieu, comme message politique ?

Ce remaniement n'a aucun intérêt s'il n'est qu'une question de personnes et si l'on n'explique pas en amont quelles politiques publiques seront mises en œuvre. Il faut maintenant un contrat de gouvernement : les écologistes ne peuvent plus se contenter de paroles sur la prise en compte des questions écologistes. La question qui reste aujourd'hui est la suivante : que fait-on ensemble ? Quel changement pour la vie quotidienne des gens ? Personne n'attend un coup de baguette magique, mais il faut fixer un horizon commun et s'y tenir. On a le droit d'échouer, on n'a pas le droit de ne pas tenter.

Un « contrat de gouvernement », c'est la condition que vous posez à un maintien des écologistes au gouvernement ?

Ce n'est pas à moi de dire s'il faut rester ou quitter le gouvernement, car ce doit être une décision collective. Mais je pense que nous ne parviendrons pas à créer une nouvelle dynamique dans le pays si le nouveau gouvernement ne dit pas clairement où il veut aller et s'il ne s'engage pas dans le respect de ses partenaires. Ce n'est pas possible de se rappeler l'importance des écologistes seulement au soir d'élections. Nous devons être intégrés pour ce que nous sommes et pour ce que nous portons. Il faut donc un contrat de gouvernement clair.

Quel doit être le contenu de ce contrat de gouvernement ?

D'abord la transition énergétique. Mais cela ne veut pas seulement dire la baisse du nucléaire ; cela ne suffit pas. Il faut dire comment la France peut y parvenir. Quels moyens seront donnés aux énergies renouvelables ? Quel financement pour l'isolation des bâtiments, pour la voiture à 2L annoncée par le premier ministre, pour développer les transports en commun publics ?

Je refuse que le gouvernement, comme le fait Bernard Cazeneuve (le ministre du budget, ndlr) depuis un an, réponde seulement qu'il n'a pas de marge de manœuvre. C'est faux. Il faut aller chercher l'argent dans d'autres budgets, ceux de la défense, de la dissuasion nucléaire, chez les pollueurs, pour être capable de financer une nouvelle industrie et la formation des jeunes. Ce sont des sujets vitaux.

Les choix ne doivent pas être ceux du Medef. Parce que la démarche du Medef, ce n'est pas l'intérêt général, ce sont les intérêts particuliers de quelques actionnaires. Il faut revenir à la notion de bien commun, et à la question majeure des nouvelles solidarités à construire.

Un Manuel Valls premier ministre serait-il compatible avec ce projet ?

Si Manuel Valls est sincère politiquement, s'il n'a pas menti aux Français et qu'il défend toujours la ligne de la primaire pendant laquelle il s'est revendiqué de Tony Blair, c'est une catastrophe qui ne peut pas résoudre les problèmes des Français. L'homme n'est pas en question, mais sa politique l'est. Après, Manuel Valls a peut-être changé. S'il explique que Schröder n'est pas la solution, il peut redevenir un interlocuteur habilité.

C'est la même chose pour Arnaud Montebourg. Si c'est le Arnaud Montebourg qui nous explique qu'il faut le gaz de schiste, le nucléaire et le “made in France” à la papa, il ne pourra pas diriger un gouvernement dans lequel les écologistes auront une place active.

Mais j'ai compris il y a longtemps que ce sont parfois des hommes politiques de droite qui mènent des politiques de gauche, et inversement. Il ne suffit pas de regarder les étiquettes des gens mais les politiques qu'ils veulent mettre en œuvre. Et si l'on en revient à Manuel Valls, pour l'instant, il n'a jamais manifesté la volonté de mener la transition énergétique et écologique. Sans même parler de sa pratique de ministre de l'intérieur. J'ai toujours défendu les politiques de Christiane Taubira contre les positions conservatrices, pour ne pas dire réactionnaires, portées par Manuel Valls.

L'équation politique de la gauche au pouvoir est compliquée si elle respecte le cadre européen, notamment en matière de déficit public. Vous qui serez tête de liste aux européennes en Ile-de-France, pensez-vous qu'il faut désormais renverser la table européenne et changer les critères du pacte de stabilité ?

Les cadres formels européens sont pour une part difficiles à supporter. Mais quand il a fallu les dépasser, ils l'ont été. L'Allemagne l'a fait avec les 3 % de Maastricht. L'Europe l'a fait pour sauver les banques, en acceptant une intervention directe de la Banque centrale européenne.

Quand, cet hiver, le budget européen a été baissé, le président de la République François Hollande avait la capacité de ne pas céder. François Hollande devrait faire de la politique en Europe, et pas seulement de la cuisine. On a laissé la main à quelques égoïsmes nationaux, ceux de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne ou de la Pologne, sans être capable de dire l'intérêt général européen. L'Europe n'est pas un espace à rejeter, mais à reconquérir politiquement.  

BOITE NOIREL'entretien a eu lieu dimanche soir au téléphone. Il n'a pas été relu par Pascal Durand.

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Message de Didier Vallaud-BelkaPorte aux Français

Marseille : vingt-cinq ans de Gaudin !

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Marseille, de notre envoyée spéciale

Après dix-neuf ans de mandat, les Marseillais viennent de signer ce 30 mars 2014 un chèque en blanc à Jean-Claude Gaudin (UMP) pour six ans supplémentaires. Le maire sortant, 74 ans, réélu dans son secteur au premier tour, remporte la ville avec 61 conseillers municipaux sur 101, soit sa plus large majorité depuis 1995. « Je n'en ai jamais eu autant », a réagi tout guilleret Jean-Claude Gaudin, élu au conseil municipal depuis 1965 (il faisait alors partie de la majorité de Gaston Defferre).

Jean-Claude Gaudin, à la cité Félix Pyat le 28 mars 2014Jean-Claude Gaudin, à la cité Félix Pyat le 28 mars 2014 © LF

La droite aura également les coudées franches à la communauté urbaine, avec 90 élus sur 138. Un score inespéré au sein même de son équipe. « On sentait la vague, mais on ne pensait pas faire 61 conseillers municipaux », souffle une adjointe de Gaudin ravie, en sortant de l’hôtel de ville. Décomptant les villes alentour qui ont basculé, comme Salon-de-Provence et Aubagne, certains espèrent également voir la future métropole tomber dans l'escarcelle de l'UMP.

Au passage, la droite marseillaise s’est offert le luxe de reprendre la mairie des 1er et 7e arrondissements conquise en 2008 par Patrick Mennucci, cette fois devancé de 1 109 voix par le député UMP Dominique Tian. « Ça c’est le jackpot », glisse un militant UMP. Le Front national a, lui, fait tomber un bastion socialiste : Stéphane Ravier remporte la mairie des 13e et 14e arrondissements, avec 35,33 % des voix, devant le maire PS sortant Garo Hovsepian (32,51 %) et Richard Miron, le candidat parachuté par l’UMP (32,14 %). Un scénario qui a surpris jusqu’à Maurice Battin, chef de cabinet et expert ès sondages de Gaudin. « Il y a un moment où la progression du FN ne se fait plus sur la droite mais sur la gauche, mais nous n’avions pas prévu que la gauche s’effondre à ce point dans ce secteur », s’étonne-t-il.

Au lendemain du premier tour, Jean-Claude Gaudin avait demandé à plusieurs reprises à la gauche de retirer sa liste dans ce secteur où elle était arrivée en troisième position. « (Mennucci) a pris la responsabilité écrasante de faire élire le candidat du FN », a accusé Jean-Claude Gaudin dimanche soir. « J’ai pris cette décision en conscience avec l’ensemble de mes colistiers, nous avons estimé que la liste UMP aurait été battue », a justifié Patrick Mennucci dimanche soir. Avant de minimiser : « Il va avoir à gérer l'état civil et les centres d'animation », en oubliant un peu vite que le FN aura désormais une belle tribune. Dans l’arène municipale, le groupe FN jouera à jeu égal avec le groupe PS-EELV-FDG : 20 conseillers pour chacun.

Rassemblement du 27 mars en haut de la Canebière contre le FN et le «système Gaudin-Guérini»Rassemblement du 27 mars en haut de la Canebière contre le FN et le «système Gaudin-Guérini» © LF

« Quand il y a une vague comme ça, on ne peut pas l'inverser, après reste à savoir si la tendance se renforce ou s'il y aura un sursaut républicain », confiait le 27 mars Dominique Bouissou, directrice de la communication de Patrick Mennucci. Mais, malgré une hausse importante de la participation (57,28 %, soit 3,75 points de plus qu’au premier tour), il n’y a pas eu de miracle pour la gauche marseillaise. Des quatre mairies de secteur que le PS détenait, il ne conserve que celle de Samia Ghali, réélue dans les 15e et 16e arrondissements avec 3 510 voix d’avance sur le FN. En fournissant neuf des vingt conseillers municipaux de gauche de la ville, la sénatrice se trouve désormais en position de force au sein du PS marseillais.

Dans les 4e et 5e arrondissements, qui devaient faire basculer la ville à gauche, la ministre Marie-Arlette Carlotti est sèchement battue par le sénateur et maire sortant UMP Bruno Gilles qui la distance de 4 405 voix. Dans un communiqué, Marie-Arlette Carlotti s’en est pris aux primaires, un processus jugé « destructeur » qui « a créé plus de divisions que de rassemblement ». Dans les 2e et 3e arrondissements, l’alliance baroque entre l’UMP et Lisette Narducci (PRG), fidèle parmi les fidèles du président du conseil général, Jean-Noël Guérini, n’a pas franchement dérouté les électeurs. La liste UMP y récolte 2 278 voix de plus que celle du président de la communauté urbaine Eugène Caselli, qui avait dénoncé « un racket contre la démocratie ».

Mennucci, entouré de ses fidèles.Mennucci, entouré de ses fidèles. © LF

À 23 h 15, Patrick Mennucci a fini par prendre la parole, les larmes aux yeux, pour féliciter son adversaire et lui souhaiter bonne chance. Aux côtés de ses têtes de liste, à l’exception notable de Samia Ghali et Marie-Arlette Carlotti, restées dans leurs secteurs. « Manifestement les Marseillais ne sont pas rentrés dans le débat que nous proposions qui était un débat programmatique », a-t-il constaté. Rappelant le contexte national, « très dur pour le PS », et le marseillais, « brouillé par l’alliance entre deux systèmes, celui du conseil général et celui de la mairie », le député PS a appelé les « forces du progrès » à trouver « les capacités de renouveler la gauche marseillaise », plombée par les affaires et le clientélisme.

« Nos choix étaient courageux, a dit le candidat PS-EELV-FDG aux militants. Même si la victoire n’est pas au rendez-vous, ils n’ont pas à rougir des combats menés. » Vendredi, Patrick Mennucci a menacé de suspendre son adhésion au PS si celui-ci n'excluait pas le sénateur Jean-Noël Guérini, mis en examen à trois reprises dans une affaire de marchés truqués et renvoyé en correctionnelle fin 2014 dans l’un de ces volets. Dimanche soir,  il a dit espérer que cette question « soit réglée d'ici quinze jours ».

Le PS marseillais paie cher une rénovation restée à mi-gué. « Je crains que le parti ne subisse encore longtemps l’héritage calamiteux de l’affaire Guérini et de ses influences », redoute la conseillère régionale EELV Laurence Vichnievsky, qui était pressentie comme première adjointe en cas de victoire. Elle regarde également EELV, également laminé au passage. « Tout est à reconstruire là aussi », dit Laurence Vichnievsky. La magistrate ne s’attarde pas après le discours. Des audiences l’attendent dès lundi à la cour d'appel de Paris dont elle est avocate générale.

Patrick Mennucci s'est appuyé sur un programme très précis, trop technique ?Patrick Mennucci s'est appuyé sur un programme très précis, trop technique ? © LF

Vendredi, pour le premier conseil municipal de la quatrième mandature Gaudin, Patrick Mennucci sera simple conseiller municipal. Qui dirigera le groupe PS ? « Une nouvelle », indique-t-il. Annie Levy-Mozziconacci, médecin généticienne de 51 ans qui a remporté trois sièges dans le secteur de Gaudin. « Elle a fait un très beau score, elle a le profil », estime Maud de Bouteiller, la compagne de Patrick Mennucci. Une façon, selon l'ex-directrice de cabinet de Mennucci, de « donner un signe aux militants que Patrick (Mennucci) n’est pas un Guérini bis, qu’il n’écrasera pas tout le monde ».

« On est partis sur une ligne de transparence, de rupture, peut-être qu'il y avait un peu trop d’utopie, se demande Brigitte Iozia, militante PS et employée dans une banque. À Marseille, quand vous avez besoin de quelque chose, on vous dit "Tu ne connais pas quelqu’un à la mairie ?", c’est de ce système dont on veut sortir. Ce n'est pas fait ce soir, ce sera pour plus tard. » « Nous étions à un tournant, renchérit son mari Jean Iozia, 54 ans, candidat dans le 3e secteur et consultant dans l'économie sociale et solidaire. Nous avions travaillé en intelligence sur un véritable programme, avec des commissions, chacun se spécialisant sur son domaine de compétences pour se projeter, concevoir, comme un homme politique du XXIe siècle... et ça n’a pas marché à Marseille. » Il est tout de même fier d’avoir mené cette campagne « courageuse », « même si c’est un échec ».

Même dans les 15e et 16e, « on a tremblé », assure Toufik, militant PS de 48 ans et chef de chantier chez Vinci, furieux contre Hollande, qui « a fait perdre Mennucci ». « En porte-à-porte, je disais "Faites la distinction entre le national et le local", raconte-t-il. Mais les gens remettent en question le mariage pour tous, les heures supplémentaires taxées, etc. Aux Aygalades (15e arrondissement, ndlr), même les petites vieilles me fermaient la porte au nez en me disant "Vous trouvez normal que ma retraite soit gelée, que je paie des impôts dessus pour la première fois ?" » Très critique sur l'après-primaire, Hafid Abdelkrim (qui n'avait pas réuni assez de parrainages pour y participer) impute lui aussi la défaite au « contexte national et au gouvernement qui n'a pas mené de politiques en faveur des plus faibles, avec un effet décuplé à Marseille où la misère est plus forte ».

François Moscati, ancien éboueur, devant Patrick Rué, l'actuel patron de FO Territoriaux.François Moscati, ancien éboueur, devant Patrick Rué, l'actuel patron de FO Territoriaux. © LF

À l’hôtel de ville, c’était le défilé des anciens et actuels patrons de Force ouvrière (FO) Territoriaux, syndicat ultramajoritaire à la ville et à la communauté urbaine. FO Territoriaux avait offert une carte de membre d’honneur à Jean-Claude Gaudin en janvier 2014 avant de diffuser, dans l’entre-deux-tours, un tract contre le « candidat socialiste » qui avait eu le tort de vouloir mettre fin à la cogestion avec le puissant syndicat.

Or attaquer FO, c’est attaquer les employés territoriaux selon Patrick Rué, actuel secrétaire général, qui cite ses classiques : « On ne gagne pas la ville de Marseille contre ses employés municipaux, comme disait Gaston Defferre. » Où est passée l’« indépendance syndicale » que le candidat aux élections professionnelles prônait en 2012 ? « Personne ne pouvait alors prévoir que nous serions l’objet d’attaques d’une violence aussi inouïe », balaie le secrétaire général, gardien d’un ordre immuable.

Pas question par exemple de toucher aux horaires des bibliothèques, dont l'amplitude annuelle est inférieure d'un mois à celles de Lyon et Paris. « Ouvrir L’Alcazar jusqu’à 23 heures (comme le proposait Mennucci, ndlr) ? Quand vous connaissez le quartier de Belsunce, il faudrait une centaine de policiers municipaux », rembarre-t-il. Avant de conclure, fataliste : « Marseille est une ville pauvre. »

Son prédécesseur Claude Argy, rattrapé par l’affaire Guérini et écarté en 2012, indique que « les instances de FO ont fait un rappel à l’ordre ». Le secrétaire fédéral adjoint, toujours responsable de la gestion du Dôme (le Zénith marseillais) et du Palais des sports défend, lui aussi, le « fini-parti », un système qui permettra aux éboueurs de cumuler leur journée avec un travail au noir et que Mennucci voulait supprimer. « C’est un acquis, donc il faut le défendre. » Dans la foulée, François Moscati, patron de FO Territoriaux sous Defferre, nous explique que le fini-parti est bon pour la circulation. « Si l'on supprime le fini-parti, au lieu d’aller vite, les employés prendraient le temps nécessaire et ça bloquera la Ville. »

Parmi les militants scrutant les écrans, on croise aussi Mourad Kahoul, patron du syndicat des thoniers méditerranéens, qui fait sonner la corne de brume à ses gars à l’extérieur à chaque avancée pour le camp Gaudin « qui a maintenu nos emplacements sur le Vieux-Port alors que Mennucci veut y faire des yachts ». Devant l'entrée se trouve aussi un ex-militant guériniste, Omar Djellil, qui a présenté une liste au premier tour dans les 2e et 3e arrondissements pour « faire acte de présence » et a ensuite rallié la droite contre « l'ennemi commun » Mennucci.

Gaudin avec les clubs de supporters de l'OM, le 5 février 2014.Gaudin avec les clubs de supporters de l'OM, le 5 février 2014. © LF

Que vont faire Jean-Claude Gaudin et Guy Teissier, qui devrait être nommé premier adjoint et présider la communauté urbaine, de cette confortable majorité ? Quel projet porteront-ils pour la deuxième ville de France, où les inégalités ne cessent de se creuser ? Impossible dimanche soir d’obtenir ne serait-ce qu’un début de réponse de l’équipe Gaudin, tout à la joie de sa victoire. Se réclamant « démocrate chrétien », Jean-Claude Gaudin a mené une campagne à son image, riche en anecdotes et en moments pittoresques, mais en refusant tout débat dans les médias. « Au début, on n’avait pas trop noirci son agenda par prudence, mais finalement il a été partout », raconte amusé un proche.

« Les problématiques qui se posent à Marseille restent en l’état (propreté, sécurité, etc.) », a rappelé dimanche soir Patrick Mennucci en souhaitant bonne chance à son adversaire, car son « 4e mandat est fondamental pour notre ville ». Retour ce lundi pour certains Marseillais à la dure réalité du quotidien, celle que nous décrivait le 27 mars Lynda, une jeune mère de famille habitant la Canebière :

« Le centre-ville concentre tous les problèmes : le nombre d'élèves par classe, pas de crèche, la saleté, la sécurité, expliquait cette jeune femme de 34 ans. Comment on fait pour les mamans célibataires qui font des démarches pour l'emploi ? Quand on cherche un logement, on nous demande nos fiches de paie ; quand on cherche un travail, on nous demande notre adresse ; quand on demande la naturalisation, on nous demande notre contrat de travail. Et le racisme, on le subit tous les jours à l'administration. Nous avons le courage, mais on nous met tout le temps des bâtons dans les roues. Ici c'est devenu comme les quartiers blacks aux États-Unis. Alors que dans le 6e arrondissement (quartier plus au sud dont Gaudin est maire, ndlr), on sait qu'on est bien en France : c'est propre, entretenu. » Heureusement pour Jean-Claude Gaudin, Lynda n'a pas pu voter dimanche : elle est algérienne, arrivée depuis 13 ans en France.

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Barons PS balayés, renouvellement en demi-teinte, Ile-de-France… Les autres leçons du scrutin

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Branle-bas de combat dans la majorité. Dimanche soir, les parlementaires socialistes ont été choqués par l’ampleur de la défaite. Dans leurs circonscriptions, tous ont vu fondre les suffrages accordés au PS. Dans l'attente d'un remaniement, beaucoup exigent un changement de cap.

Lundi soir, aubrystes, élus de la gauche populaire et de l’aile gauche du PS se retrouvent à l’Assemblée nationale. « Une coalition des courages pour ne pas subir », assure Christian Paul, proche de Martine Aubry. « Les maires ont payé très cher la facture de l’indifférence du pouvoir de gauche à l’égard des gens d’en bas. La rébellion parlementaire s’impose, affirme Laurent Baumel de la Gauche populaire. Pas de confiance au prochain gouvernement sans changement de fond. » Bastions socialistes, Ile-de-France, désaveu des maires cumulards… Le cœur du système PS est atteint.

  • Ces fiefs PS qui tombent

Et la « Rome du socialisme » bascula. Personne ne s’attendait à ce que Limoges, capitale de la Haute-Vienne, passe à droite. La ville, où naquit la CGT en 1895 et où la SFIO tint un de ses premiers congrès, était à gauche depuis 1912. Dans ce Limousin dont Hollande est l’élu, le député et maire Alain Rodet, digne héritier du système socialiste – le parti tient la région, le département, tous les sièges de parlementaires – est défait.

Certes, ces municipales marquent pour le PS la perte de toute une série de villes, culturellement de droite, qui avaient été conquises en 2008. Mais en même temps, c’est le socialisme qui est touché au cœur. Limoges est sans conteste le symbole de la déroute, ou en tout cas du début de déclin, de plusieurs systèmes socialistes locaux qui faisaient figure de bastions inexpugnables. « Il y a un problème de rapport au pouvoir et de pratique du pouvoir chez certains nos élus », se désole Jean-Marc Ayrault en privé.

Battu. Alain Rodet, maire PS de LimogesBattu. Alain Rodet, maire PS de Limoges © DR

À Niort (Deux-Sèvres), que le PS détenait depuis 60 ans, Geneviève Gaillard (une députée et maire, elle aussi) a été éliminée dès le premier tour. Tours, détenue depuis 1995 par le sénateur socialiste Jean Germain, passe à droite. Nevers, ancienne ville de Pierre Bérégovoy, socialiste depuis 1971, se donne à la droite. Ribérac (Dordogne), tenue pendant trente ans par le puissant sénateur socialiste Bernard Cazeau, bascule. Brive-la-Gaillarde (Corrèze), tenue par Philippe Nauche (autre cumulard) repasse à droite.

Narbonne et Carcassone (Aude, une grosse fédé PS) virent à droite. Comme Pau, socialiste depuis 1971. À Grenoble, la victoire des écologistes est une gifle pour Michel Destot, député et maire depuis 1995, qui a échoué à faire élire son dauphin. Un chapelet de villes de Drôme, d’Ardèche, de la Loire basculent : Roanne, Saint-Chamond, Saint-Étienne, Valence, Privas, Romans-sur-Isère… En Ariège, où tout est rose, le premier fédéral socialiste, fils (et héritier potentiel) du potentat Augustin Bonrepaux est défait.

Le socialisme municipal de l’Ouest vacille lui aussi : Angers et la Roche-sur-Yon, conquises en 1977 et conservées depuis, basculent. Quimper, la ville du conseiller de l’Élysée Bernard Poignant, aussi. À Caen, Philippe Duron, un des plus gros cumulards de France est défait. Le reflux n’épargne pas le Nord et le Pas-de-Calais, grosses fédés socialistes : Michel Delebarre, seigneur de Dunkerque depuis 1989 et coiffé de multiples casquettes, est sorti par son ancien adjoint (divers gauche) ; Roubaix, Maubeuge et Tourcoing basculent à droite.

Dans l’Est, Charleville-Mézières, à gauche depuis la Seconde Guerre mondiale, passe à droite. Comme Belfort, ex-bastion de Jean-Pierre Chevènement. Dans la vallée de la Fensch-Lorraine, où ArcelorMittal a fermé ses derniers hauts-fourneaux, le système PS, jadis tout-puissant, montre son épuisement. Hayange, l’ancienne capitale de l’acier, se donne au Front national. À quelques kilomètres, Florange a basculé à droite au premier tour.

Dès cette semaine, une série impressionnantes d’intercommunalités et d'agglomérations tenues par les socialistes vont basculer à droite, à commencer par Lille, Lyon, Bordeaux, Marseille. Et Paris. Dans les mairies et les intercommunalités, c’est une grande valse des personnels et des permanents qui s’annonce : outre sa bérézina, le PS va aussi devoir gérer un plan social massif.

  • Ile-de-France : la déroute de la gauche

La fameuse “vague bleue” annoncée depuis plusieurs mois par Jean-François Copé a d’abord submergé la région Ile-de-France où l’UMP a conquis plusieurs bastions historiques de la gauche. En Seine-Saint-Denis, la droite a gagné trois fiefs du PC (Saint-Ouen, Bobigny et le Blanc-Mesnil) et récupéré la troisième ville de 93, Aulnay-sous-Bois, perdue en 2008. Le très sécuritaire Bruno Beschizza s’y est largement imposé face au maire socialiste sortant Gérard Ségura.

Au Raincy, l’UMP Éric Raoult est contraint de lâcher le fauteuil qu’il détenait depuis 1995. L’ancien ministre, qui était arrivé en tête au premier tour, s’est finalement incliné au second face à la liste divers droite menée par Jean-Michel Genestier. Avec les victoires de Villepinte et Livry-Gargan où le DVG Alain Calmat était élu depuis 1995, l’UMP compte désormais 21 mairies en Seine-Saint-Denis, contre 19 à gauche. Le président PS du conseil général du 93, Stéphane Troussel, a réagi dans Le Parisien, estimant que « le résultat de ces municipales (sonnait) comme un avertissement sévère à l'égard du gouvernement et du président de la République ».

La droite assoit sa suprématie dans les Hauts-de-Seine où Nicole Goueta, 76 ans, récupère Colombes, tombée aux mains du PS en 2008. Après six ans de parenthèse socialiste, l’ex-député et maire UMP Manuel Aeschlimann remporte Asnières, en battant le maire sortant Sébastien Pietrasanta de 70 voix. L’édile socialiste Gilles Catoire, réélu à Clichy avec plus de 31 % des suffrages exprimés, est désormais le seul maire des 36 communes du département.

Plusieurs villes du Val-d'Oise et du Val-de-Marne basculent également à droite. C’est le cas d’Argenteuil, de Beaumont-sur-Oise, de Méry-sur-Oise, de Taverny, de Montmorency, de Queue-en-Brie et de Jouy-le-Moutier, mais aussi et surtout, de Villejuif, emblème historique de la “banlieue rouge”. Communiste depuis 1925, cette commune du sud de Paris est tombée entre les mains d’une étonnante coalition UMP-UDI-EELV-DVG.

En Seine-et-Marne, l’UMP a également fait basculer plusieurs bastions comme Chelles et Roissy-en-Brie. Mais c’est en Essonne que le PS essuie ses plus lourdes défaites. La réélection du maire sortant UMP Jean-Pierre Bechter à Corbeil-Essonnes, bras droit du sénateur Serge Dassault mis en examen pour « recel d’achat de votes » et « financement illicite de campagne », symbolise la débâcle de la gauche dans l’ensemble du département, où les socialistes ont connu une véritable « hécatombe », selon les propres mots du président PS du conseil général du 91, Jérôme Guedj.

La gauche a ainsi perdu quelques-uns de ses fiefs historiques, comme Athis-Mons, Igny, Villabé ou encore Chilly-Mazarin. Palaiseau, la ville du ministre de la ville François Lamy, est elle aussi passée à droite. Le socialiste Francis Chouat est difficilement réélu à Évry au terme d'une triangulaire. Manuel Valls figurait pourtant en troisième position sur sa liste.

Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Ile-de-France. Conflans-Sainte-Honorine, qu'il a dirigée, passe à droiteJean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Ile-de-France. Conflans-Sainte-Honorine, qu'il a dirigée, passe à droite © Reuters

Dans les Yvelines, l’ancienne ville des socialistes Michel Rocard et Jean-Paul Huchon, Conflans-Sainte-Honorine, est passée à droite après 37 ans de règne socialiste. Les résultats du second tour ont confirmé les bons scores réalisés par la droite dimanche dernier dans ce département où l’UMP avait gagné trois communes (Poissy, Bois d'Arcy et Rosny-sur-Seine) dès le premier tour.

Les Yvelines sont également le premier département de France à compter un édile FN. Il s’agit de Cyril Nauth, un enseignant de 32 ans, devenu maire de Mantes-la-Ville – commune historiquement à gauche – en devançant de 61 voix la maire sortante socialiste Monique Brochot, à l’issue d’une quadrangulaire.

La déroute de la gauche en Ile-de-France rebat les cartes du Grand Paris. Car même si la capitale est restée à gauche, la métropole, qui verra le jour au 1er janvier 2016, a désormais toutes les chances de passer à droite, la gauche ayant perdu dimanche soir la majorité au futur conseil métropolitain. « Ce qui est train de se passer en Ile-de-France est un séisme pour la majorité !, indique à Mediapart le sénateur et maire UMP de Pavillons-sous-Bois, Philippe Dallier. On n’aurait jamais imaginé reprendre tant de villes, il se passe vraiment quelque chose. »

Dès le lendemain du second tour, le secrétaire général des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi, s’est emparé du sujet en actant dans un communiqué que « les ambitions de Bartolone, Le Guen et autres socialistes pour présider la Métropole du Grand Paris ont été balayées par la débâcle du PS aux municipales en proche couronne parisienne ».

Fort des résultats obtenus en Ile-de-France par la droite et le centre, le vice-président de l’UMP appelle le gouvernement à « revoir sa copie ». « Il faut impérativement geler l’application d’un texte ne respectant pas l’autonomie des communes, la réussite des intercommunalités, l’existence des départements… », écrit-il.

  • Une nouvelle génération ?

Des jeunes femmes maires à Rennes, Nantes et Avignon. Voilà sans doute la seule image positive que les socialistes vont retenir de la saignée. Nathalie Appéré, 37 ans, garde Rennes, fief PS depuis 1977. Johanna Rolland, 34 ans, alliée aux écologistes au second tour, prend la suite de Jean-Marc Ayrault à Nantes. Cécile Helle, 44 ans, gagne Avignon de peu face au FN et à l’UMP.

Pour le reste, le renouvellement n’est vraiment pas au rendez-vous. Pour ces municipales, le PS avait voulu jouer la sécurité, et avait peu renouvelé ses têtes de liste. Aurait-il mieux fait de le faire ? Pas évident que cela aurait suffi, au vu de la défaite : en Seine-Saint-Denis, les “bébés Barto”, dont plusieurs sont issus de la diversité, ont presque tous échoué à conquérir de nouvelles mairies. À La Rochelle, la jeune candidate investie par le PS est battu par un dissident, tandis qu'à Grenoble, le nouveau maire écologiste Éric Piolle, 41 ans, est entré en politique il y a quatre ans.

Elue. Johanna Rolland, 34 ans, nouvelle maire de Nantes. Une des rares femmes promues tête de liste par le PSElue. Johanna Rolland, 34 ans, nouvelle maire de Nantes. Une des rares femmes promues tête de liste par le PS © Reuters

À droite, le succès des municipales ne se résume pas aux seuls scores d’Alain Juppé (68 ans) à Bordeaux et de Jean-Claude Gaudin (74 ans) à Marseille, puisque les élections ont également fait émerger toute une génération de nouveaux élus. Outre Jean-Didier Berger, 34 ans, qui a remporté dès le premier tour la ville de Clamart (Hauts-de-Seine) au duo socialiste Ramognino-Kaltenbach et Robin Reda, élu maire de Juvisy-sur-Orge (Essonne) à 22 ans, l’UMP devra désormais compter avec une poignée de figures montantes. Parmi elles, le député Gérald Darmanin, 31 ans, qui a ravi Tourcoing (Nord) au socialiste Michel-François Delannoy, mais aussi Christophe Béchu, 39 ans, président du conseil général de Maine-et-Loire, qui l’emporte à Angers, à gauche depuis 1977.

Elu. L'UMP Gérald Darmanin, 31 ans, prend Tourcoing au PSElu. L'UMP Gérald Darmanin, 31 ans, prend Tourcoing au PS © DR

À Ajaccio (Corse-du-Sud), le député Laurent Marcangeli, 33 ans, s’est imposé face au maire sortant divers gauche Simon Renucci, tandis que le député de la Marne Arnaud Robinet, 38 ans, a repris la ville de Reims, détenue par le PS depuis 2008. Ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, chargé du développement durable, Boris Ravignon, 38 ans, s’est imposé au second tour à Charleville-Mézières (Ardennes).

Par stratégie et par nécessité, le FN place de nouvelles têtes au sommet de certains des exécutifs locaux qu’il conquiert. À Fréjus (Var), David Rachline a 26 ans. Fabien Engelmann, nouveau maire d’Hayange, a 34 ans. Steeve Briois, le nouveau maire d’Hénin-Beaumont, a 41 ans.

  • Une ambiguïté : des élus inquiétés par la justice ne s’en sortent pas mal

C’est un des paradoxes de ce vote. À bien des égards, il reflète une fatigue des Français vis-à-vis de leurs représentants politiques en général, et une colère envers les socialistes et certains “dinosaures” du parti. Mais paradoxalement, il conforte aussi des élus de gauche inquiétés par la justice : Jacques Mahéas à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) ; François Pupponi, réélu à Sarcelles (Val-d'Oise) dès le premier tour ; Jean David Ciot, ancien collaborateur de Jean-Noël Guérini, récemment mis en examen pour « recel de détournement de fonds publics », réélu au Puy-Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône).

Elu. François Pupponi, au premier tour à SarcellesElu. François Pupponi, au premier tour à Sarcelles © Reuters

De nombreux élus de droite condamnés par les tribunaux, mis en examen ou visés par des enquêtes judiciaires, ont ainsi été réélus dès le premier tour. C’est le cas d’Éric Woerth à Chantilly (Oise), trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, inquiété par les affaires Bettencourt, Tapie, hippodrome de Compiègne, mais aussi de Patrick Balkany à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), de l’UDI André Santini à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) ou encore de Gérard Trémège à Tarbes (Hautes-Pyrénées).

Elu. Jean-Pierre Bechter, bras droit de Serge DassaultElu. Jean-Pierre Bechter, bras droit de Serge Dassault © Affiche de campagne des municipales 2009

Outre Jean-Pierre Bechter à Corbeil-Essonnes, de nombreux autres maires inquiétés par la justice sont passés au second tour, à l’instar de l’UMP Jean-Paul Fournier, à Nîmes (Gard), condamné en 2012 pour « prise illégale d’intérêts », du MoDem Ferdinand Bernhard à Sanary-sur-Mer (Var), de la socialiste Monique Delessard à Pontault-Combault (Seine-et-Marne) et de l’UMP Brigitte Barèges, accusée de détournement de fonds et pourtant réélue à Montauban (Tarn-et-Garonne).

  • Les cumulards pas toujours désavoués

Malgré la future loi sur le cumul des mandats (qui n’entrera en vigueur qu’en 2017), de nombreux cumulards étaient candidats aux municipales. En parcourant la seule liste des députés et maires socialistes réélus dans des villes petites ou moyennes (entre 5 000 et 50 000 habitants), on s’aperçoit que beaucoup d’entre eux sont de parfaits inconnus. La liste de ces députés passe-muraille, parlementaires du “Marais” du groupe socialiste que l’on ne voit jamais à l’Assemblée, est longue :

Jean Pierre Fougerat, suppléant de Jean-Marc Ayrault réélu à Couëron ; Dominique Baert, qui rempile pour un 4e mandat à Wattrelos ; Philippe Kemel (Carvin) ; Jean-Claude Fruteau (Saint-Benoît de la Réunion) ; Anne-Lise Dufour-Tonini (Denain) ; Jean-Louis Bridey à Fresnes ; Jean-Pierre Blazy (Gonesse) ; Guy Michel Chauveau (La Flèche) ; Yves Gouasdoué (Flers) ; Michel Vergnier (Guéret) ; Marc Goua (Trélazé) ; Jean-Paul Dupré (Limoux) ; Pierre Aylagas (Argelès-sur-Mer) ; Jean-Louis Bricout (Bohain) ; Hervé Féron (Tomblaine).

À Feyzin, Yves Blein échappe au marasme socialiste dans le Rhône. Et Sophie Dessus, ancienne suppléante de François Hollande qui avait bataillé contre la loi sur le cumul des mandats, est réélue dès le premier tour à Uzerche. En plein marasme socialiste, les électeurs ne les ont pas désavoués.

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Municipales 2014: ces villes qui basculent

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Très affaiblie au lendemain d'un premier tour sanction pour la politique du gouvernement socialiste, la gauche a subi une véritable déroute dimanche 30 mars au soir du second tour des élections municipales. La droite, qui enregistre la victoire la plus importante aux municipales sous la Ve République, a remporté 155 villes de plus de 9 000 habitants, parmi lesquelles 68 villes de plus de 30 000 habitants et 10 villes de plus de 100 000 habitants. Un résultat qui permet à l'opposition de devenir majoritaire dans tout le pays. Tour d'horizon.

  • Les villes de plus de 100 000 habitants :

Les villes de plus de 100 000 habitants ont basculé au profit de la droite, offrant à l'opposition la majorité dans les grandes villes du pays. Au nombre de 42, ces municipalités étaient majoritairement à gauche avant le deuxième tour, le parti socialiste en dirigeant 29 avec ses alliés, et la droite seulement 13.

Héritage des élections municipales de 2008, qui avaient consacré le “socialisme municipal” et la domination territoriale de la gauche, la situation a été renversée par une large bascule de ces villes vers la droite lors du scrutin de 2014. Gagnant Toulouse (UMP), Saint-Étienne (UMP), Angers (UMP), Reims (UMP), Caen (UMP), Tours (UMP), Limoges (UMP), Argenteuil (UMP), Amiens (UMP) et Saint-Paul (divers droite), la droite reprend 10 villes de plus de 100 000 habitants à la gauche pour en compter désormais 23, contre seulement 19 désormais pour la majorité.

Au cœur de cette large défaite, le parti socialiste parvient à préserver les villes de Metz, Strasbourg, Clermont-Ferrand. Acquises à la gauche, les villes de Paris (Anne Hidalgo), Lyon (Gérard Collomb) et Lille (Martine Aubry) restent socialistes. Grenoble, laboratoire d'une alternative de gauche, passe sous la direction d'une coalition EELV-Parti de gauche. La ville de Montpellier est gagnée par la dissidence socialiste.

  • Les villes de plus de 30 000 habitants :

Dans cette catégorie de villes (221 villes françaises comptent plus de 30 000 habitants), la droite marque également une importante percée, ne laissant à la gauche que 71 municipalités (55 pour le PS et 16 pour l'alliance front de gauche/parti communiste) contre 122 précédemment acquises à la gauche. La droite, qui n'en détenait que 99 avant les élections de 2014, en compte désormais 147, soit une augmentation de 48 villes de plus de 30 000 habitants. Une progression historique.

Grande gagnante, l'UMP est majoritaire dans 135 villes de plus de 30 000 habitants. Le centre (Modem-UDI) en détient 9 et le FN, qui n'avait aucune municipalité avant dimanche, en gagne 2 (Fréjus, 7e secteur de Marseille), auxquelles s'ajoute la ville de Béziers, prise par l'ancien président de RSF Robert Ménard, candidat soutenu par le parti d'extrême droite. Parmi les villes de plus de 30 000 habitants qui basculent à droite : Ajaccio (UMP), Anglet (UMP), Angoulême (UMP), Asnières-sur-Seine (UMP), Aubagne (UMP), Aulnay-sous-Bois (UMP), Belfort (UMP), Brive-la-Gaillarde (UMP), Châlon-sur-Saône (divers droite), Chambéry (UMP), Charleville-Mézières (UMP), Guy Lefrand (UMP), La Roche-sur-Yon (UMP), Laval (UMP), Montbéliard (UMP), Narbonne (UMP), Nevers (divers droite), Niort (UDI), Quimper (UMP), Pau (UDI-Modem), Roanne (UMP), Roubaix (UMP), Saint-Ouen (divers droite), Schiltigheim (UMP), Thionville (UMP), Tourcoing (UMP), Valence (UMP) et Villejuif (UMP).

Dans la débâcle socialiste, seules les villes d'Avignon, Douais et Lourdes, qui comptent plus de 30 000 habitants, ont basculé de la droite vers la gauche. Isolé du front de gauche, le parti communiste a perdu 7 villes de plus de 30 000 habitants sur les 28 qu'il détenait avant le scrutin de dimanche, comme le rapporte le site Regards. Des villes comme Bobigny (UDI), le Blanc-Mesnil (UMP), Saint-Ouen (UMP), bastions historiques du PC, ont ainsi basculé au profit de la droite et de l'UDI.

  • Les villes de plus de 10 000 habitants :

Symbole de la domination territoriale de la gauche, les villes de plus de 9 000 habitants – municipalités dans lesquelles la gauche représentait 55 % des conseillers municipaux avant les élections – marquent le véritable bouleversement des élections en faveur de la droite qui représente désormais 57 % des conseillers municipaux. Sur les 942 villes françaises de plus de 10 000 habitants, la gauche qui en détenait 509 en 2008 (433 pour la droite) n'en détient plus que 349. Une chute de 150 villes, qui profite à la droite et à l'extrême droite qui en détiennent désormais 583 (320 UMP, 115 UDI-Modem, 137 divers droite et 11 extrême droite) comme l'illustre l'infographie du Monde.

infographie des résultatsinfographie des résultats © Le Monde

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Valls à Matignon: un triple contresens

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Vingt-quatre heures après une déroute électorale historique (plus de 150 villes perdues par le PS), François Hollande a donc pris acte de la sanction de ses deux premières années de présidence. Les rites de la Ve République sont immuables. Institutions obligent, le président a mécaniquement sacrifié son premier ministre fusible. Jean-Marc Ayrault, renvoyé de Matignon, portera seul la responsabilité de la défaite. Autre rituel : les seules enquêtes d’opinion auront décidé de l’identité du nouveau locataire de Matignon.

Manuel VallsManuel Valls © Reuters

Manuel Valls, 51 ans, accède enfin à ce poste de premier ministre tant espéré. Il retrouve un Matignon où il avait débuté il y a vingt-cinq ans comme conseiller technique de Michel Rocard… Il reste à en expliciter le choix et les conséquences politiques lourdes qu’il entraîne. Car à ce stade, la promotion du ministre de l’intérieur apparaît comme un exact contresens par rapport aux enseignements évidents de ces deux tours de municipales. Triomphe de la démocratie d'opinion, du story-telling et de l'habileté communicationnelle, cette nomination allégera peut-être la pression subie par François Hollande. Mais ce choix et les débats qu’il va déclencher dans toute la gauche peuvent aussi offrir dans les mois qui viennent l’opportunité de vrais éclaircissements et d’une forte recomposition à gauche.

  • 1. Sanctionné lui aussi par l'électorat de gauche

Car avant-dernier de la primaire socialiste de 2011, avec 5,63 % des voix, peu populaire chez les militants socialistes, Manuel Valls est également l’un des grands sanctionnés de ces municipales. Et c'est le premier contresens de cette nomination. Celui que l’on a présenté durant des années comme l’homme fort du département de l’Essonne a été ces deux dimanches électoraux le recordman de l’abstention. En troisième position sur la liste socialiste d’Évry, préfecture du département, Manuel Valls n’aura en rien convaincu ni mobilisé l'électorat de la gauche. L’abstention au premier tour à Évry a été de 61 % ; au deuxième tour, elle est de 59 %. Et son successeur, Francis Chouat, l’emporte avec 50,55 % des voix.

De cette ville nouvelle et populaire, dont il a été maire de 2001 à 2012, Manuel Valls n’aura en rien fait un laboratoire, ni en termes de démocratie locale et d'innovation citoyenne, ni en termes de développement économique. En revanche, dans ce département englouti dans les affaires locales, où clientélisme et marchés publics suspects prospèrent, le nouveau premier ministre s’est retrouvé accroché dans plusieurs dossiers (retrouvez ici, ou encore ici nos différents articles).

Outre une abstention historique, ce scrutin municipal a été sans surprise marqué par un nouveau décrochage des quartiers populaires, de nouveau installés durablement aux marges de la vie républicaine. À la demande sociale, de justice et de lutte contre les inégalités qui s'est massivement exprimée lors de ces municipales, François Hollande répond par un message d'ordre et d'autorité que Manuel Valls a tant tenu à incarner depuis le ministère de l'intérieur. C'est le deuxième contresens de cette nomination.

  • 2. Incapable d'endiguer la montée du Front national

Il n'a échappé à aucun électeur que le « vallsisme », cocktail de discours sécuritaire et de stigmatisation des populations étrangères, mélange d'activisme et d'immobilisme réformateur, n'aura en rien endigué depuis deux ans la montée en puissance du Front national. Le FN vient d'emporter une douzaine de villes, dont une – contre les socialistes – dès le premier tour ; il compte plus de 1 200 conseillers municipaux, un résultat sans précédent.

Valls à MarseilleValls à Marseille © Reuters

Depuis la place Beauvau, Manuel Valls n'aura servi à rien dans l'indispensable lutte contre l'extrême droite. En procédant à des expulsions massives de Roms, en multipliant les déplacements spectacles à Marseille sur la sécurité, en mettant en scène un duel personnel contre Dieudonné au mépris des libertés publiques, en faisant la réclame d'une laïcité étriquée devenue machine à exclure, Valls n'aura cessé d'arpenter les chemins ouverts par Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux. Pire, il a durablement placé au cœur même du débat public des thématiques légitimant l'agenda développé par le parti d'extrême droite.

  • 3. Acteur du reniement des promesses électorales

Troisième contresens, le nouveau premier ministre n'aura cessé ces deux dernières années d'incarner les renoncements, voire les reniements des socialistes au pouvoir. D'abord en jetant au panier la promesse d'instaurer un dispositif de lutte contre les contrôles d'identité au faciès, par l'instauration de récépissé. Ensuite en renvoyant aux calendes grecques cette autre promesse emblématique : le droit de vote des étrangers aux élections locales. Enfin en se mettant en travers de toute nouvelle évolution de la loi sur la famille et en s'opposant à l'ouverture de la PMA (procréation médicalement assistée) aux couples de lesbiennes.

Un œil sur les sondages, convaincu d'une droitisation rapide de la société française, Manuel Valls aura transformé ce qui pouvait sembler à certains une position originale au sein du PS en un facteur de blocage et d'échec d'une gauche parvenue au pouvoir et aussitôt oublieuse de ses engagements et des bases de son électorat. Et ces deux dernières années, campé sur une position d'autorité, préférant stigmatiser les juges et sa collègue Christiane Taubira, rejouant ce vieux scénario écrit par Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy d'une justice laxiste contre une police républicaine, il s'est bien gardé de toute incursion sur le terrain social. Sauf lorsqu'il s'était employé à tailler en pièces la proposition de loi sur l'« amnistie sociale » visant à effacer les condamnations subies ces dernières années par des délégués syndicaux ou représentants de salariés.

Manuel Valls et Christiane TaubiraManuel Valls et Christiane Taubira © Reuters

 

  • L'hyper-Valls ou la faiblesse du hollandisme

« L'hyper-Valls ou la faiblesse du hollandisme », écrivait il y a quelques mois Lénaïg Bredoux pour mieux souligner le contraste entre l'activisme d'un ministre de l'intérieur se mêlant de tout et un couple Hollande-Ayrault fonctionnant dans la confusion, incapable de donner une lisibilité à leur action. En installant Manuel Valls à Matignon, François Hollande ne fait pas seulement la courte échelle à un communicant hors pair, ambitieux et toujours soucieux de ses seuls intérêts. Il prend le risque de devoir abandonner un peu de ces pleins pouvoirs dont bénéficie le président de la République.

Sont-ils en désaccord pour autant ? Rien ne le laisse penser, et surtout pas sur l'essentiel. Ayant toujours revendiqué des engagements de politique économique sociale libérale, ayant plaidé lors de la primaire socialiste pour une « règle d'or » budgétaire et la TVA dite sociale, Manuel Valls ne trouvera aucun mal à défendre le pacte de responsabilité engagé par Hollande et qui reprend en fait bon nombre de ses propositions (voir ici notre vidéo).

Dès dimanche soir, les ministres poids lourds du gouvernement n'avaient d'ailleurs laissé aucun doute sur la poursuite de la même politique économique. Pour Pierre Moscovici, cette débâcle municipale « est le prix du courage d'avoir engagé de grandes réformes ». Pour Michel Sapin, il était exclu d'engager « une politique de zigzags, il faut affirmer la continuité ». Même cap donc, ignorant la demande sociale qui s'est fortement exprimée dans les territoires et villes de la gauche ces 23 et 30 mars.

  • Pour quelle majorité présidentielle ?

« Si Manuel Valls est sincère politiquement, s'il n'a pas menti aux Français et qu'il défend toujours la ligne de la primaire pendant laquelle il s'est revendiqué de Tony Blair, c'est une catastrophe qui ne peut pas résoudre les problèmes des Français. L'homme n'est pas en question, mais sa politique l'est », nous déclarait dimanche soir Pascal Durand, ancien dirigeant d'Europe Écologie-Les Verts et tête de liste aux prochaines élections européennes. Les écologistes tiendront-ils cette position répétée ces dernières semaines qu'ils n'intégreront pas un gouvernement dirigé par Manuel Valls ? Ce sera le premier test de la majorité présidentielle.

Le deuxième sera le choix fait par Christiane Taubira d'être, ou non, ministre d'un Manuel Valls qu'elle n'a cessé d'affronter. Le troisième sera la réaction du parti socialiste et, surtout, de ses parlementaires. Essorés par les municipales, ils ont en perspective des élections européennes qui s'annoncent catastrophiques, un Sénat qui devrait rebasculer à droite et des élections régionales qui promettent de nouvelles défaites.

Le casting Valls sans réorientation politique majeure, sans réengagements forts faits à un électorat de gauche qui a crié dans les urnes son mécontentement, amènera-t-il quelques parlementaires socialistes et écologistes à rompre ? C'est désormais l'un des principaux enjeux de la présidence Hollande. Il peut acter de la fin d'un PS épuisé, à l'image de la défunte SFIO molletiste, et augurer ainsi d'une recomposition d'ensemble de la gauche. Mais il faudra pour cela que bon nombre d'élus socialistes refassent cet exercice oublié depuis des années : de la politique.

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Reports de voix : les raisons d'un tsunami

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Une défaite historique, une masse de statistiques électorales, un remaniement en vue, la perspective des élections européennes, cette abondance d’événements majeurs autour du résultat des élections municipales laisse peu de place à l’analyse du comportement des électeurs, dans le secret de l’isoloir. Or, au-delà des causes politiques profondes de ce raz-de-marée (151 villes de plus de 10 000 habitants perdues par la gauche, dont 10 villes de plus de 100 000  habitants), l’analyse des reports entre deux tours révèle d’importants changements dans l’attitude des électeurs. À droite ils se rassemblent, à gauche ils s’éparpillent.  

  • Droite/extrême droite : vases communicants

Les triangulaires redoutées par la droite ont finalement été fatales à de nombreux maires classés à gauche, surtout des socialistes. L’une des raisons de ce phénomène tient naturellement à leur affaiblissement, dès le premier tour, mais elle s’explique aussi par un nouveau réflexe à droite. Jusqu’à présent, les électeurs du Front national et ceux de l’UMP, ou des divers droite, vivaient leur vie derrière des cloisons presque étanches. C’est fini.

Des “échanges” informels mais concrets ont eu lieu un peu partout. Ils sont sonnants et trébuchants.

Dans les quelques villes où le Front national était le candidat le mieux placé face à la gauche, y compris lorsque celui de l’UMP restait en lice, on note un transfert de voix de droite en sa faveur. À Carpentras, le député UMP Julien Aubert perd plus de trois points qui participent à la progression du candidat Bleu Marine, Hervé de Lépinau, finalement battu par le socialiste Francis Adolphe. Même phénomène à Avignon, où l’UMP Bernard Chaussegros, troisième à l’issue du premier tour, “offre” trois points et demi au Front national Philippe Lottiaux, dans une sorte de vote utile. Autre exemple à quelques kilomètres, au Pontet, où le Front national Joris Hebrard est élu en récupérant la quasi-totalité des électeurs d’un candidat divers droite, tandis que son adversaire UMP a rassemblé les suffrages du socialiste du premier tour, qui s’était retiré pour “faire barrage”.

À Hayange, à l’issue d’une quadrangulaire, l’UMP et le PS se partagent les réserves de voix de gauche, tandis que le Front national finalement élu, Fabien Engelman, paraît avoir récupéré près de quatre points sur le candidat divers droite qui en perd le même nombre. Encore les vases communicants : le “barrage” a cédé devant l’addition d’une partie de la droite classique et de la droite extrême.

Dans la plupart des villes, l’addition des deux droites s’est produite en faveur de l’UMP, ou de l’UDI, ce qui est logique puisque les candidats de ces formations devançaient presque partout ceux du parti lepéniste. À Ajaccio, Laurent Marcangelli a été rejoint par les électeurs FN du premier tour. Même chose à Angers pour Christophe Béchu, à Argenteuil pour Georges Mothron, à Aubagne où le FN perd 9 points dans la triangulaire tandis que l’élu UMP en gagne 5 entre deux tours, à Auxerre où le copéiste Guillaume Larrivée gagne 8 points entre deux tours quand le FN laisse 9 points dans la triangulaire. Il sera finalement battu par le sortant PS…

À Caen, Joël Bruneau fait un bond de 26 points en une semaine, et bat le sortant Philippe Duron. La progression correspond à l’intégralité des voix de l’UDI (18 %) et du FN (7,5 %). Ce transfert des électeurs FN vers ceux de la droite parlementaire provoque la chute de la gauche à Argenteuil, Chambéry, Corbeil, Laval, Limoges, Quimper, Reims, Roubaix, Saint-Étienne, et ce ne sont que des exemples.

  • Parti-socialiste/gauche de la gauche : reports problématiques

La droite doit donc une partie de ses succès à une capacité de rassemblement plus grande entre les formations dites “républicaines” et le Front national. Mais elle remporte aussi des villes, notamment lorsque les scores sont serrés, quand le PS a rencontré certaines difficultés à rassembler les électeurs écologistes, communistes, Front de gauche, Parti de gauche, voire extrême gauche.

Lorsque le vase communicant entre la droite et l’extrême droite a fonctionné, et que les reports n’ont pas été parfaits à gauche, la ville a systématiquement basculé. C’est le cas des municipalités citées plus haut, Argenteuil, Saint-Étienne, ou Quimper.

Lorsque le sortant a réussi l’amalgame de toute la gauche, quelques sièges de maire sont sauvés ou conquis. Ça ne s’est pas passé à Aubagne, Caen ou Toulouse, le plus souvent parce que la participation supplémentaire a fait venir aux urnes des renforts favorables à la droite. Mais la capacité de rassemblement a fonctionné victorieusement à Auxerre, Avignon, Metz, Strasbourg… Là-bas, l’addition théorique des voix de gauche au premier tour se concrétise au second, quand elle ne s’amplifie pas…

  • Le front républicain existe encore à gauche

Une dernière observation. Elle concerne le fameux front républicain, donné pour mort par l’UMP, par la presse, et par les politologues. C’est vrai qu’il n’existe plus à droite, et qu’un front inversé est même en voie de constitution. Un front Bleu Marine et Bleu Horizon pour faire barrage à la gauche, du rose clair au rouge foncé.

Mais le front républicain anti-Front national a pourtant la vie dure à gauche, et on en trouve des traces dans les résultats du dimanche 30 mars. S’il avait disparu, Brignoles aurait un maire Front national : entre deux tours Laurent Lopez, le candidat lepéniste ne progresse que de trois points alors que Josette Pons, la gagnante UMP, fait un bond de 24 points. Le candidat socialiste avait appelé à faire barrage à l’extrême droite. Il avait fait 27 % le 23 mars !

À Cavaillon, le PS s’est maintenu mais n’a pas conservé ses voix. Plus de 4 % sont allés vers le sortant UMP, qui a été réélu.

À Forbach, l’UMP ainsi qu’un divers droite se sont maintenus dans une quadrangulaire, mais l’un a perdu 7 points, et l’autre 8. Hasard ou raison de cause à effet, le PS en a gagné 14, et le bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot, a été battu.

À Perpignan, dans le duel opposant le frontiste Louis Aliot à l’UMP Jean-Marc Pujol, les “réserves” de droite pesaient 12 points, et celles de gauche 21 (dont le PS qui avait retiré son candidat). Résultat : Aliot a gagné 10 points entre deux tours, et l’UMP 24,4. Hasard ou nécessité ?

Le front républicain n’est donc pas mort. Il existe encore dans la tête des électeurs de gauche. La vérité, c’est que l’UMP a inventé un contrat d’un nouveau style pour l’abolir tout en le perpétuant : il stipule qu’elle n’en veut plus, sauf quand elle en bénéficie.

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Comment Hollande a choisi Valls

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C’est une véritable OPA. Lundi 31 mars 2014, François Hollande a annoncé la nomination de Manuel Valls à Matignon, en remplacement de Jean-Marc Ayrault, carbonisé par la débâcle des municipales. Un choix à rebours du message envoyé par les électeurs de gauche qui ont massivement sanctionné la politique menée depuis bientôt deux ans. Mais la bulle sondagière et médiatique a fait de l’ex-ministre de l’intérieur le seul recours possible pour un président de la République pris au piège de ses propres errements.

« En votant ou en vous abstenant, vous avez exprimé votre mécontentement et votre déception. J’ai entendu votre message, il est clair », a dit d’emblée le président de la République. Parlant de « trop de lenteur », de « trop de chômage », de « trop d’impôts », de « pas assez de justice sociale » et même, diagnostic improbable, de « pas assez de simplification ». « Je n’oublie pas qui m’a fait confiance, qui m’a élu, ni pourquoi je suis dans cette responsabilité », a-t-il également promis, tout en estimant que Manuel Valls est le mieux à même d’y répondre.

« Il est temps aujourd’hui d’ouvrir une nouvelle étape. J’ai donc confié à Manuel Valls la mission de conduire le gouvernement de la France. Il en a les qualités. Ce sera un gouvernement resserré, cohérent et soudé. Un gouvernement de combat », a annoncé François Hollande, lors d’une allocution enregistrée à l’Elysée et diffusée à 20 heures.

Sur le fond, le président de la République a sans surprise confirmé l’orientation fondamentale de sa politique, celle d’une politique économique de l’offre incarnée par le pacte de responsabilité annoncé le 14 janvier dernier. « Ce sont les entreprises qui créent les emplois. (...) La première des injustices, c’est le chômage », a résumé Hollande en deux phrases que l’Elysée répète depuis des semaines comme le cœur de son analyse.

S’il n’a fait que mentionner rapidement la transition énergétique, le président a repris la proposition de Claude Bartolone d’assortir le pacte de responsabilité d’un « pacte de solidarité ». Sans beaucoup de détails quant à son contenu, hormis la promesse d’une baisse des impôts pour les ménages (comme sous Jospin!) et des cotisations payées par les salariés. Sur le front européen, Hollande a également fait le service minimum mais réutilisé une de ses expressions presque tombées en désuétude depuis dix-mois, « réorienter l’Europe ». Résultat, les deux ministres écologistes Pascal Canfin et Cécile Duflot, qui ont plaidé en vain pour une réorientation de la politique menée et pour la nomination de Bertrand Delanoë à défaut d’une reconduction d’Ayrault, ont annoncé qu’ils ne participeraient pas à une nouvelle équipe dirigée par Valls (lire notre article).

Quelques minutes auparavant, Jean-Marc Ayrault disait au revoir à ses équipes à Matignon, en train de faire leurs cartons. L’ancien maire de Nantes, choisi par Hollande avant la présidentielle, paie évidemment la débâcle historique des socialistes aux municipales qui ont perdu plus de 150 villes de plus de 10 000 habitants, dont certains bastions historiques. Les élus du PS étaient furieux et réclamaient une tête. Certains députés, en plus de Pouria Amirshahi et Barbara Romagnan, menaçaient de ne pas voter le pacte de responsabilité de Hollande si c’était l’ancien maire de Nantes qui venait le leur présenter en réunion de groupe le 8 avril.

En coulisses, l’affrontement a été violent au sein du gouvernement et a maintenu le suspense de longues heures lundi. « Tout s’est accéléré en cinq heures. On a tous été pris de court et les socialistes ont l’air de l’avoir été plus encore », dit un dirigeant écologiste. Quand le premier ministre est reçu à l’Elysée lundi matin, rien ne filtre de leur échange. Selon un proche, Hollande n’a pas dit à Ayrault le sort qu’il lui réservait. « Il semblait encore hésitant », dit-il.

Mais depuis de longs mois, plusieurs ministres importants témoignaient de leur agacement vis-à-vis de Matignon et dénonçaient l’incapacité chronique de Jean-Marc Ayrault à animer politiquement le gouvernement. « Il faut quelqu’un qui tienne l’équipe gouvernementale. Aujourd’hui, les discussions sur les grandes orientations politiques se font à l’Elysée, autour du président de la République, de façon constructive. Ce sont des réunions où il y a un vrai débat politique. Avec Ayrault, on a des discussions d’arbitrage, mais seulement en face-à-face… Il a un problème de personnalité. L’ossature d’une politique gouvernementale, ce n’est pas l’addition de dialogues en tête-à-tête », expliquait récemment Marisol Touraine, ministre sortante.

Ces derniers jours, et même dans la journée de lundi, plusieurs membres du gouvernement ont également menacé de claquer la porte si Jean-Marc Ayrault était maintenu à son poste. C’est notamment le cas d’Arnaud Montebourg qui avait rédigé une lettre de démission, au cas où. Depuis l’épisode Florange, au cours duquel il avait déjà menacé de partir en claquant la porte, l’ancien candidat à la primaire ne masquait pas sa détestation de l’ex-maire de Nantes, jugé trop faible, voire carrément nul.

Parallèlement, celui qui vantait en 2011 les vertus de la démondialisation, s’est rapproché de Manuel Valls. Tout comme le patron de l’aile gauche du PS, Benoît Hamon – Mediapart le racontait mi-mars. Vincent Peillon se disait lui aussi bien plus vallso-compatible que disposé à travailler avec Ayrault.

Entre les cabinets de François Hollande à l’Elysée et de Jean-Marc Ayrault à Matignon, les relations s’étaient fortement tendues ces derniers mois. A la fois sur la forme et sur le fond. Plusieurs conseillers du président de la République plaidaient en privé pour un remplacement du premier ministre et pour une nomination de Manuel Valls. « Il est populaire, volontaire, il incarne une ligne attendue par les Français. Il est déterminé dans sa politique et dans sa méthode. Et il est complémentaire avec François Hollande », expliquait l’un d’eux il y a un mois.

Manuel Valls sur le perron de l'Elysée avec François HollandeManuel Valls sur le perron de l'Elysée avec François Hollande © Reuters

Un des hommes forts de l’Elysée, Aquilino Morelle, est également un « ami », selon ses mots, de Manuel Valls. C’est lui qui a œuvré au rapprochement avec Arnaud Montebourg. « Ils partagent un même républicanisme intransigeant, un même volontarisme économique et un même réalisme du point de vue de la construction européenne », expliquait début mars à Mediapart le conseiller politique de Hollande.

A l’inverse, les collaborateurs de Jean-Marc Ayrault à Matignon ne se privaient plus de commentaires acerbes à l’égard de l’Elysée. C’est presque toujours le cas sous la Ve République. Mais le niveau de tension était monté jusqu’au premier ministre. En privé, l’ancien maire de Nantes s’est plusieurs fois plaint du fonctionnement de l’Elysée, et donc de celui de Hollande.

Dimanche soir, en petit comité, Ayrault s’est même « lâché sur la gouvernance du président ». « Il nous a dit que c’était difficile de faire quoi que ce soit avec cette instabilité permanente. Depuis le début, il y a un problème de fonctionnement. Hollande gère, puis lâche, puis reprend », explique un proche. « L’immense majorité des couacs étaient des couacs politiques, défend une autre proche d’Ayrault. C’étaient des désaccords exprimés par des ministres sans qu’ils soient recadrés par le président…»

Jusqu’au dernier moment, Ayrault s’est battu pour sa confirmation à Matignon. En novembre dernier, il était parvenu en tordant le bras de François Hollande sur la mise en œuvre d’une réforme fiscale. La semaine dernière, il a fait dire à son entourage qu’il fallait rééquilibrer la politique du gouvernement, sans évidemment la révolutionner, et qu’il incarnait une « ligne sociale-démocrate et pas sociale-libérale ». « Qui d’autre que Jean-Marc Ayrault peut trouver un équilibre entre toutes les composantes de la majorité ? Et faire le grand écart avec les socialistes, les écologistes et les radicaux de gauche », insistait encore un proche missionné pour délivrer la bonne parole à la presse. Ayrault s'est à plusieurs reprises confronté à Manuel Valls, sur les Roms ou sur l'expulsion de la jeune Leonarda et de sa famille.

© Reuters

D’où l’étrange déroulé de l’annonce de la démission d’Ayrault. Ce n’est que dans l’après-midi que plusieurs sources gouvernementales ont indiqué le choix de Manuel Valls, confirmé ensuite par son entourage à l’AFP, avant que Matignon, via le cabinet de Jean-Marc Ayrault, ne grille la politesse à l’Elysée. Et c’est un conseiller de Matignon qui a été remettre la lettre de démission du gouvernement à l’Elysée. « Ayrault a été démissionné », déplore un de ses amis.

Ces dernières heures ont aussi montré jusqu’à l’absurde les limites du régime présidentiel de la Ve République, renforcé par le quinquennat où les électeurs ont sanctionné le seul homme qui ne peut pas être remplacé : François Hollande. Le premier ministre, aussi critiquable soit-il, n’est qu’un fusible. Sans compter que le président de la République a choisi pour le remplacer le ministre le plus populaire, favori des sondages et de certains médias. Un soutien bruyant qui ne repose pourtant ni sur une assise à l’Assemblée nationale, ni sur un courant puissant au parti socialiste, ni sur un soutien chez les sympathisants de gauche. Lors de la primaire de 2011, Manuel Valls n’avait même pas recueilli 6% des suffrages.  

Sur le fond, le choix du ministre de l’intérieur sortant confirme que l’Elysée reste convaincu que la déroute électorale des municipales ne signe pas un démenti de sa politique. Concrètement, depuis le premier tour, deux analyses s’affrontaient au sein de l’exécutif : pour les uns (dont les proches de Manuel Valls), les électeurs avaient essentiellement sanctionné le manque de lisibilité de l’action gouvernementale, les “couacs”, et le déficit d’animation politique de Jean-Marc Ayrault, dont l’intervention catastrophique au soir du premier tour des municipales semblait le symbole.

« Pas de problème de ligne, mais un problème de forme », a expliqué en privé Yves Colmou, proche collaborateur de Valls. « Avec le choix de Valls à Matignon, Hollande répond au besoin de cohérence dans l'action gouvernementale et à la nécessité de l'énergie dans l'action », a tweeté le président de la commission des lois, le député Jean-Jacques Urvoas, « ami » revendiqué de Manuel Valls. Une partie du PS, et du cabinet de François Hollande à l’Elysée, sont aussi convaincus de la droitisation profonde de la société française à laquelle le républicanisme intransigeant voire autoritaire de Valls pourrait répondre.

Pour les autres, les plus nombreux, les électeurs ont exprimé une demande de gauche et d’écologie – c’est l’analyse faite par EELV, par Jean-Marc Ayrault, Claude Bartolone, l’aile gauche et les aubrystes. « Les citoyens ont légitimement le sentiment que ce gouvernement a renoncé à transformer la société. Qu’une oligarchie politique et économique dirige le pays et que le gouvernement n’y a pas mis fin », explique l’eurodéputé EELV Yannick Jadot. Avant d’ajouter: « Dire que les Français n’ont pas compris est insupportable. Ils ont compris que jusqu’à maintenant, le gouvernement s’était plus inquiété de convaincre le Medef de sa crédibilité que de combattre le chômage hors du logiciel libéral européen. Et le symbole Valls, ce n’est pas celui de plus de social et de plus d’écologie. » « Si c’est Valls, Hollande nous fait Guy Mollet », soupirait dès dimanche un conseiller ministériel.

Sur le papier, Valls ne dispose donc pas d’une majorité politique sur sa ligne. D’où l’idée de certains aubrystes, des proches d’Arnaud Montebourg ou même de Benoît Hamon que le nouveau premier ministre va revenir sur sa gauche en composant son gouvernement et en préparant son discours de politique générale avant le vote de confiance des députés attendu fin avril. Montebourg pourrait monter en grade, avec un ministère économique élargi au commerce extérieur, et Hamon pourrait devenir ministre d’Etat. Valls va aussi tenter de débaucher des écologistes.

« Le seul avantage de Valls, c’est qu’il n’a pas de pensée économique. Comme il ne pense rien, il va travailler avec sa majorité. Cela ne peut pas être pire que ce qu’on a fait ces deux dernières années où les députés étaient menacés de sanctions dès qu’ils étaient en désaccord », décrypte un conseiller ministériel, peu suspect d’amitié vallsiste. Selon la même source, Valls est aussi « assez intelligent pour ne pas abîmer son image » : « Sa popularité aujourd’hui est à droite. Elle va s’effondrer quand il sera premier ministre. Donc il va vouloir gagner à gauche sur la question économique. » Une prédiction partagée par les amis de Montebourg, qui parient aussi sur une plus grande association des parlementaires et un affranchissement plus net des injonctions élyséennes.

La passation des pouvoirs entre Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls est prévue mardi, avant la nomination du nouveau gouvernement mercredi pour un premier conseil des ministres jeudi.

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Valls, au risque de la fracture à gauche?

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Nomination à Matignon, déflagration à gauche. Au lendemain d’une lourde sanction dans les urnes, François Hollande a finalement décidé de se séparer de Jean-Marc Ayrault, au profit de Manuel Valls (lire notre récit ici). Une option à laquelle se préparaient depuis plusieurs jours, sans y croire vraiment, de nombreux responsables à la gauche du PS et les écologistes. Désormais, le changement de premier ministre, sans changement de cap, est une nouvelle réalité pour ceux qui se désespèrent plus ou moins silencieusement des orientations du pouvoir élu en 2012, et espèrent non moins secrètement une remise en cause du socialisme de l’offre.

Les premiers à dégainer ont été les deux ministres écologistes, Cécile Duflot et Pascal Canfin. Dans un communiqué publié quelques minutes après l’allocution élyséenne, ils font feu sur le quartier général, disent « prendre leurs responsabilités » et tirer « toutes les conséquences » de la promotion de Manuel Valls, qu’ils ont pourfendu publiquement par le passé. Pour les deux écolos, les Français attendaient « avant tout un changement de cap qui réponde à la demande de réforme, de justice, d’écologie et de modernité du pays. » Avant de préciser qu’il ne s’agit pas d’« une question de personne, mais bien d’orientation politique », en rappelant leur doute face à « la cohérence des discours et des actes » incarnée par la nomination de Valls.

« Les idées portées par le nouveau Premier ministre depuis plusieurs années, notamment lors de la primaire du parti socialiste ou comme ministre de l’intérieur ne constituent pas la réponse adéquate aux problèmes des Françaises et des Français, concluent-ils. Nous pensons qu’un nouveau cycle politique doit s’ouvrir : la construction de solutions innovantes ne pourra pas se faire dans une orthodoxie parée du masque du changement. »

Jean-Marc Ayrault, Hollande, Valls, DuflotJean-Marc Ayrault, Hollande, Valls, Duflot © Reuters

Pour autant, le futur gouvernement Valls pourrait contenir en son sein un ou plusieurs écologistes. Mais ceux-ci seraient alors nommés à titre individuel. Dans les arcanes du pouvoir, les noms de Nicolas Hulot ou Dominique Voynet ont par exemple régulièrement circulé. Un vote du conseil fédéral d’Europe écologie-Les Verts (EELV) doit trancher ce samedi la position du mouvement sur la participation gouvernementale. « Nous avons reçu beaucoup de soutiens depuis quelques jours, indique un proche de Cécile Duflot, qui a défendu jusqu’au milieu de ce lundi après-midi la nomination de Bertrand Delanoë. Une bonne majorité du parti ne votera pas la confiance au gouvernement. Après, il peut y avoir des débauchages, mais ce serait dommage qu’ils soient préférés au partenariat politique que nous défendions. Mais que Valls privilégie une méthode sarkozyste, ce ne serait pas étonnant en soi. »

Ce lundi soir, les dirigeants d’EELV ont tenu un bureau exécutif téléphonique où les oreilles ont chauffé, deux heures durant. Elargie aux eurodéputés, la réunion n’a pas été de la plus extrême des franchises, beaucoup suspectant des journalistes de faire partie de l’assistance. Pour autant, le soutien aux ministres démissionnaires semble ne pas faire débat, aux dires des participants. « Ce n’est plus une histoire de ligne rouge ! explique Nicolas Dubourg, dirigeant écolo. Hollande était au courant à l’avance des positions de nos ministres à propos de Valls et du changement de politique souhaitée. Il a fait un choix délibéré. »

Les députés socialistes, eux, semblent avoir été pris de court par l’annonce. A part les aficionados de Manuel Valls, peu ont réagi. Mais d’ores et déjà, une cinquantaine d’entre eux menace de ne pas voter la confiance si le nouveau gouvernement ne donne pas d’« inflexions » sérieuses en matière économique et européenne. Lundi soir, ces députés critiques se sont réunis à l’Assemblée nationale. Une réunion convoquée en urgence, après la déroute municipale : la « coalition du courage », assurait, avant la rencontre, Christian Paul, proche de Martine Aubry; le prélude à une « rébellion parlementaire » prophétisait Laurent Baumel, de la Gauche Populaire. Parmi eux: les aubrystes, les représentants de l’aile gauche, les “montebourgeois”, la Gauche populaire et des députés sans chapelle précise.

Très critiques sur Ayrault, ils se gardaient lundi soir de tout jugement hâtif sur le nouveau premier ministre : « Ce n’est pas une question de personnes, mais de ligne », entend-on. Pas question de tancer, du moins pas encore, les positions sur l’immigration ou les Roms de Manuel Valls, ou encore ses prises de position très sociales-libérales (favorable à la TVA sociale, opposé aux 35 heures, etc.) « Ce n’est pas parce que Valls a été social-libéral à la primaire qu’il le sera toute sa vie », plaide Pascal Cherki, proche de Benoît Hamon. Des députés assurent que la ligne droitière de Manuel Valls était surtout un moyen pour lui de se distinguer au sein du PS. Ils racontent avoir de bons rapports de travail avec Valls – Ayrault, lui, était réputé cassant et ses services désorganisés. D’autres se souviennent aussi avoir vu Manuel Valls soutenir le “non” au référendum européen en 2005. Avant de défendre avec la même vigueur le “oui” du parti. 

Benoît Hamon et François HollandeBenoît Hamon et François Hollande © Reuters

A la sortie, les 50 « courageux » restaient prudents : pas de blanc-seing automatique au nouveau gouvernement, « la confiance, ça se mérite ». Sur le fond, ils réclament une « inflexion de la ligne » sur la politique européenne, plus d’investissements, un pacte de compétitivité avec des contreparties, plus de pouvoir d’achat. Dans le texte qu’ils sont en train de rédiger, ces députés pourraient demander le dégel du point d’indice des fonctionnaires ou des efforts pour les retraités modestes. « Il est temps de retrouver le discours du Bourget », plaide Philippe Baumel, un autre proche de Martine Aubry. Les parlementaires de la majorité espèrent aussi pouvoir peser, enfin, sur la politique gouvernementale.

Autre demande : un « contrat de majorité ». « Le temps du Parlement est venu. Il faut un dialogue loyal avec le président et le premier ministre pour élaborer la feuille de route du gouvernement », affirme Christian Paul. « Tout ne peut plus être décidé par un seul homme ou par un bout de patronat et quelques syndicats », explique Pouria Amirshahi. En réalité, tous attendent surtout de voir casting gouvernental, le discours de politique générale de Manuel Valls, et la réalité de la « nouvelle étape » promise par François Hollande. Déjà, les élus de la gauche populaire, qui souhaitaient le départ de Jean-Marc Ayrault et réclamaient depuis des mois un discours « républicain » plus affirmé, ne cachent pas leur satisfaction.

Mais des voix ouvertement plus critiques se font déjà entendre. « Si la réponse au vote FN qui monte c’est “rassurez-vous on va continuer à expulser comme sous Sarkozy”, je pense qu’on s’est trompé de signal, même si Manuel Valls ne se réduit pas à cela, explique Barbara Romagnan, proche de l’aile gauche du PS. Le sujet, ce sont les classes populaires qui ne votent plus à gauche. Je me demande si, au fond, ce n’est pas une façon structurelle de ne rien changer. »

Du côté du courant de Benoît Hamon, Un monde d’avance, on ne cache pas non plus son scepticisme. « En attendant les déclarations d’intention politique, ce que je ne comprends pas, c’est le choix du périmètre gouvernemental retenu, soupire Guillaume Balas, responsable du courant. Désormais, on a un gouvernement “PS contesté + PRG”. Donc l’interprétation des résultats des municipales, c’est un rétrécissement de la majorité, autour d’un socialiste qui a fait 5,6% à la primaire, sur la ligne la plus à droite ? » Ce “passif” interroge aussi dans le camp écologiste : « Prendre un mec qui a été le dernier des socialistes à la primaire pour répondre à une crise de la représentativité, c’est étonnant… », dit ainsi un député EELV. Quant à l’attitude de Benoît Hamon, qui pourrait être nommé à la tête d’un grand ministère sous Valls, elle ne suscite pas un enthousiasme effréné chez Balas : « Il fera son choix. La sortie des Verts rend le scénario compliqué, mais c’est à lui de voir. »

« La nomination de Manuel Valls est précipitée. Je ne suis pas sûr que Valls permette de répondre aux électeurs de gauche qui ne se sont pas déplacés parce qu’ils contestent la ligne économique du gouvernement, s’étonne quant à lui Emmanuel Maurel, dirigeant de l’autre aile gauche du parti, le courant Maintenant à gauche. Ce choix est étrange. Manuel Valls a une histoire : il a défendu une ligne économique et sociale minoritaire au PS. » « Même s’il est très bien dans les sondages, il incarne l’aile droite du PS, qui n’est déjà pas très de gauche », résume Marie-Noëlle Lienemann.

Au Front de gauche, l’heure est à l’abasourdissement. Côté communiste, la perspective de ramener le PS plus à gauche s’éloigne un peu plus. « François Hollande n'a pas écouté le message des Français. A part le premier ministre, rien ne change », a déploré Pierre Laurent. Le secrétaire national du PCF voit dans la désignation de Valls « une fuite en avant, un choc pour les électeurs de gauche qui ont manifesté leur mécontentement et leur désarroi lors du scrutin municipal ». Et d’estimer que « François Hollande tourne le dos à la gauche ».

Lui comme Jean-Luc Mélenchon (et le NPA) appellent à marcher le 12 avril, contre l’austérité et, aussi, ce gouvernement, même si les mots d’ordre diffèrent toujours. L’ancien candidat à la présidentielle du Front de gauche estime ainsi qu’« une alternative éco-socialiste existe dans ce pays » et souhaite rejeter « l’imbroglio droitier Hollande/Valls ».

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Robert Ménard, la dérive de l'activiste de RSF

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C’était avant d’être élu maire, soutenu par le Front national, à Béziers. Avant de publier Vive Le Pen ! et Vive l’Algérie française !. Avant sa carrière de polémiste sur RTL et i-Télé et ses propos sur l’islam (ici ou) ou l’homosexualité (ici ou ). Jusqu’en 2008, Robert Ménard a été le secrétaire général de Reporters sans frontières, qu’il a créé en 1985 avec trois copains de Montpellier.

Le journaliste ne parlait pas des Le Pen ni d’un Béziers occupé « par des pauvres, des Maghrébins, des Gitans ». Mais il a, pendant 23 ans, défendu une conception sans frontières de la liberté d’expression, qui lui a permis ensuite de justifier le droit à s’exprimer de personnages négationnistes, antisémites et racistes. Tour d’horizon de ses années RSF.

Marion Maréchal-Le Pen venue soutenir Robert Ménard, à Béziers, le 13 décembre 2013.Marion Maréchal-Le Pen venue soutenir Robert Ménard, à Béziers, le 13 décembre 2013. © dr

L’année prochaine, Reporters sans frontières fête ses 30 ans, et cet anniversaire inquiètent déjà certains de ses membres. Comment le célébrer « sans son fondateur », qui plus est près de Béziers, ville qu'il vient de conquérir ce dimanche 30 mars avec 47% des voix dans le cadre d'une triangulaire? En public, le discours des dirigeants de l'ONG est le même : « Ménard c’est Ménard, RSF c’est RSF. » « Il a porté et incarné l’organisation pendant 23 ans. Depuis 2008, il n’y exerce plus aucune fonction et n’a plus de contact institutionnel. Il appartient au passé », tranche Christophe Deloire, actuel secrétaire général de l’organisation. Le journaliste Alain Le Gouguec, président du conseil d’administration de RSF, explique que leur « position, c’est de parler le moins possible de lui. Cela nous a beaucoup plombés. On veut qu’on cesse d’associer notre action à lui. »

Le 30 mai, la dépêche AFP, titrée sur l’« ancien de Reporters sans frontières » devenu candidat soutenu par le FN, a fait une mauvaise pub à l’organisation. « Il faut du temps pour décoller l’étiquette. Mais on ne réécrit pas le passé, je ne vais pas l’enlever de la photo comme Staline », dit Deloire, qui estime que « RSF n’est ni de gauche ni de droite » et n’a « pas à dire que c’est mal de voter FN ». Au printemps 2013, la présidence d’honneur de RSF international a tout de même été retirée « à l’unanimité » à Robert Ménard. « Il était très en colère quand il l'a appris. On n’a pas communiqué là-dessus », relate un membre de RSF.

Des anciens de l’ONG ont voulu frapper plus fort. Dans une tribune publiée dans Libération, onze ex-RSF, dont l’ancien secrétaire général Jean-François Julliard, évoquent le « naufrage » de « l’homme pour lequel (ils avaient) du respect », après s’être « accrochés à l’espoir d’un malentendu, d’une erreur de parcours ». « Chacun d’entre nous (...) combattra à sa manière tes idées d’extrême droite », écrivent-ils.

« Il a toujours détesté les gens tièdes et aimé les extrêmes. Mais il s’est engagé dans une défense sans limite de la liberté d’expression, en excusant les extrêmes, dans une spirale de radicalisation où l’on ne peut pas le suivre », estime Vincent Brossel, arrivé à RSF en 1999 et responsable du bureau Asie jusqu’en 2010 (lire notre boîte noire). « Robert, tu es devenu indéfendable, tu nous mets dans la merde, tous ces gens qui se sont battus pour toi ! » lui a lancé un ancien ami de trente ans de RSF.

« Si j’avais été soutenu par le Front de gauche, qui a soutenu les pires ennemis qu’on rencontrait au jour le jour en Chine, est-ce qu’ils auraient écrit une tribune ? », réplique aujourd’hui Robert Ménard, en affirmant à Mediapart n’avoir « aucune référence d’extrême droite, c’est une bêtise ! ».

À l’époque de Reporters sans frontières, Ménard semble loin du Front national. Il sort d’une « jeunesse rebelle », « de gauchiste », racontent ses anciens camarades. Six années à la LCR, un passage à la CFDT puis au Parti socialiste, qu’il quitte « en 1981 ». « Il parlait de ses “copains” Cohn-Bendit, Mamère, Krivine, qu’on invitait toujours à RSF d’ailleurs », se rappelle un autre ancien pilier de l’organisation, qui a « toujours considéré que Robert était un type de gauche car son univers de références, c'était à 90 % des gens de gauche ».

Jusqu’en 2007 en tout cas. Cette année-là, leur meneur leur annonce « tout fier » qu’il votera François Bayrou au premier tour. « Au second tour, il a voté Sarkozy. Il pensait qu’il allait faire une politique différente par rapport aux droits de l’homme en Chine et en Russie. Il s’est rapidement rendu compte que ce n’était pas le cas. Mais il est vite déçu, Robert. »

L’histoire racontée par le fondateur de RSF est celle d’un « malentendu avec les journalistes ». « Il y a longtemps que je n’étais plus de gauche, simplement des journalistes ne peuvent pas penser une seconde qu’on puisse défendre la liberté et les droits de l’homme si on n’est pas de gauche. » « J’ai évolué parce que je vois que le monde évolue », reconnaît-il, en refusant de se situer sur un axe gauche/droite. Il explique avoir voté Nicolas Dupont-Aignan au premier tour de 2012 tout en étant « en désaccord avec ce qu’il dit sur l’Europe ». « J’essaye de bricoler, je n’ai pas un parti avec lequel je suis d’accord. Je fais une campagne que je ne situe ni à droite, ni à gauche. »

Robert Ménard venu salue Marine Le Pen à l'aéroport de Montpellier, le 18 janvier.Robert Ménard venu salue Marine Le Pen à l'aéroport de Montpellier, le 18 janvier. © Capture d'écran d'un article du Midi Libre.

Lorsqu’on remonte le temps, d’anciens amis et collègues de RSF dressent le même portrait. Celui d’un type qui « avait des idées qui dérangent, mais pas quelqu’un d’extrême droite », affirme Vincent Brossel. « Dans les discussions, d’un seul coup il balançait un truc à l’emporte-pièce et disait : “Non mais, qu’est-ce que t’en penses ?” Il voulait susciter un débat, qu’on lui apporte la contradiction », raconte un ancien ami. « On n’a pas vu le danger. On était embarqués dans autre chose, on s’attachait à ce qui nous semblait alors l’essentiel à RSF. On a peut-être eu tort. »

Dans ces discussions, ils étaient « plusieurs à penser que c’était de la provoc, que Robert ne pensait pas ce qu’il disait. Jamais on aurait imaginé ce parcours », raconte un ancien, qui ne l’a « jamais senti attiré par le FN » : « Il ne parlait pas de Le Pen, de la religion, de l’homosexualité comme il l’a fait après RSF. Je ne me souviens que de sa justification de la peine de mort, “dans certains cas”, il citait à chaque fois Marc Dutroux. »

Si la mutation du fondateur de RSF s’est faite « graduellement », plusieurs de ses ex-camarades relèvent un « avant et un après » sa rencontre en 2000 avec sa femme Emmanuelle Duverger, juriste et catholique pratiquante. Ménard reconnaît « de l'influence » mais pas un tournant. « Quand je l'ai rencontrée, elle était chargée de l’Afrique à la Fédération internationale des droits de l’homme, c'est dire si elle était loin de moi ! » ironise-t-il. 

En 1999, Robert Ménard est arrêté par la police alors qu'il manifeste contre la visite du président chinois.En 1999, Robert Ménard est arrêté par la police alors qu'il manifeste contre la visite du président chinois. © Reuters

« Lui qui ne parlait jamais de religion est devenu très content d’accompagner à la messe leur fille, inscrite dans une école catholique. Il a basculé dans l’autre modèle de pensée. Il s’est mis à tout penser à travers le prisme de sa fille, “si ça arrivait à ma fille…” », relate un ancien de l’ONG. « Sa femme l’a encouragé à dire ce qu’il avait sur le cœur, à ouvrir la boîte », pense un ancien qui a fréquenté le couple.

La « boîte » est ouverte à l’occasion d’un premier épisode, décrit par des anciens de RSF comme un « choc en interne ». La venue dans les locaux de Reporters sans frontières du négationniste Robert Faurisson, maintes fois condamné pour avoir nié l’existence des chambres à gaz. « On s’est dit : “Ce n’est pas possible, qu’est-ce qu’il fait là?!” » se souvient cet ancien salarié présent. « Cela a donné lieu à une réunion houleuse, on lui a dit que ce n’était pas acceptable », raconte Vincent Brossel, qui évoque une « collègue d’origine juive qui l’a gardé en travers de la gorge »« Pendant une demi-journée, certains n’ont pas travaillé et menacé de se mettre en grève. Il nous a répondu “ça n’engage que moi, RSF n’y est pas mêlé”, “je dis juste que ce monsieur a le droit de s’exprimer”. »

Lorsqu’on évoque l’épisode, Robert Ménard sort de ses gonds. « C’est quatre minutes dans l’histoire de Reporters sans frontières, c’est vrai que c’est important ! Faurisson est venu à RSF, il a demandé à me voir. J’étais étonné de le voir arriver, et plus qu’ennuyé. Je me suis dit “quoi, je le laisse à la porte ou je le fais rentrer ?” Il arrive dans mon bureau, il me dit : “Vous me défendez ?”. J’ai dit : “Non, je défends votre droit à vous exprimer”. »

Le livre coécrit avec sa femme Emmanuelle Duverger, en janvier 2003.Le livre coécrit avec sa femme Emmanuelle Duverger, en janvier 2003.

L’ex-professeur des universités n’a pas débarqué complètement par hasard, mais après la publication en 2003 de La Censure des bien-pensants, dans lequel le duo Ménard-Duverger demande l’abrogation de la loi Gayssot (réprimant les actes racistes et antisémites) qu’ils considèrent comme « un texte inique, indigne d’une démocratie ».

Leur chapitre 4, intitulé « Faurisson doit pouvoir s’exprimer », s’ouvre sur ces phrases : « Les révisionnistes ont raison. Ils font l’objet d’une véritable chasse aux sorcières, victimes de ce qu’il faut bien appeler une police de la pensée, un détournement du droit. » « Que leurs affirmations soient contredites par tout ce que l’on sait aujourd’hui de la Solution finale n’est pas ici en question », précisent les auteurs, tout en dénonçant « le traitement que la justice française leur réserve », une « chasse à l’homme » destinée à « museler les inconvenants » avec les « ressorts du droit ».

« Je n’ai jamais défendu Faurisson. J’ai écrit un livre où je condamne les lois mémorielles.  Ça n’a rien à voir avec ce qu’on pense du fond », souligne Ménard qui voit dans cet ouvrage « une synthèse de ce que disait RSF ». Partisan du premier amendement de la Constitution américaine, « voltairien tout le temps », Ménard rabâche son principe : « défendre le droit de s’exprimer aux gens quel que soit leur point de vue ». Et brocarde ceux qui « sont pour la liberté d’expression, mais pour leurs amis ».

Sa vision est pourtant à géométrie variable. Dans son livre de 2003, il liste, sur 165 pages, des « censures » de « propos racistes, sexistes, négationnistes, obscènes » – des condamnations des révisionnistes à une « blague pédophile » dans le collimateur du CSA, en passant par la polémique de l’abbé Pierre lorsqu’il accuse le « lobby sioniste international », « une expression taboue », dit Ménard. Il fustige aussi « un nouvel ordre moral jusque dans la littérature et ses personnages de fiction » et une politique de « l’autruche » « dès qu’on aborde la sexualité ». En 2010, le même Ménard s’opposera à la diffusion en CM1 et CM2 d’un film d’animation visant à lutter contre l’homophobie, qui met en scène deux petits poissons tombant amoureux. « Je refuse que mes enfants voient ça (...) Oui, moi j’ai envie que mes enfants aient une sexualité hétérosexuelle », dit-il sur Paris Première (voir à 4'50) :

« Avec ce livre, non seulement on a découvert des pensées qu’on ne lui connaissait pas, mais aussi qu’on n’était professionnellement plus en phase avec lui s’il allait jusque-là pour défendre la liberté d’expression », relate un ex-RSF. Cela lui permettait de défendre tout. On ne voulait pas mettre notre énergie au service de certains personnages, lui s’est mis à les défendre, les Soral, Dieudonné, et à faire des choses sans qu’on le sache. »

Plusieurs épisodes ont ensuite interrogé ses collègues. En 2003, le fondateur de RSF s’engage à fond contre Castro jusqu’à se rapprocher d’une diaspora cubaine jugée « extrémiste » par certains de ses collègues. L’année suivante, en pleine Révolution orange, il se rend à Kiev avec l’homme d’affaires Omar Harfouch, proche du pouvoir. Il suscite une polémique en rendant visite à Ianoukovitch, premier ministre pro-russe, dont le régime autoritaire est déjà critiqué par les organisations de défense des droits de l'homme, et sans rencontrer le candidat de l'opposition, victime d’une tentative d’empoisonnement.

En 2006, son équipe découvre qu’il est parti au Liban défendre Al-Manar, la chaîne de télévision du Hezbollah, après les bombardements israéliens. « Certains programmes appelaient à tuer des juifs, c’était de l’appel au meurtre. Il nous a répondu que pour être entendu il fallait être sur la ligne de crête », se souvient l’un d’eux. Ménard, lui, répond qu’il a toujours « appliqué à la lettre la ligne de RSF – défendre quelqu’un sans partager ses opinions –, en Chine, à Cuba, partout ».

En 2007, nouveau tollé. Sur France Culture, interrogé sur le cas de l’otage Daniel Pearl, il justifie l’usage de la torture sur des proches des ravisseurs : « Je ne dirai pas qu’ils ont eu tort de le faire parce que (Marianne Pearl), elle a pensé que c’était bien de le faire, (...) sauver son mari ; elle était enceinte… pour le petit qui allait naître, tout était permis. (...) Légitimement, moi, si c’était ma fille que l’on prenait en otage, il n’y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis » (écoutez sa réponse intégrale ici).

Des limites qu’il ne posait pas non plus dans certains financements de son ONG. À l’époque, l’argent vient de la vente d’albums (distribués gratuitement par les NMPP, en partie filiale du groupe Lagardère) et de produits divers, mais aussi du milliardaire François Pinault, du laboratoire Sanofi-Avantis, et de subventions américaines – le National Endowment for Democracy (NED), un think tank de droite, le Center for a Free Cuba.

En 2004, RSF accepte un don de 10 000 euros d’Omar Harfouch, « un ami du colonel Kadhafi », concède alors Ménard, mais « aussi un ami de RSF, qui répond toujours présent lorsqu'on le sollicite ». En 2007, c’est grâce à la générosité de l'épouse de l'Émir du Qatar qu’il crée un centre pour la liberté d'information à Doha (qu’il quittera un an et demi plus tard). « Il nous a dit “c’est une opportunité qu’il faut saisir, j’ai dicté mes conditions”. Il a fini par remporter le morceau », se souvient un membre du conseil d’administration. Robert Ménard défend lui une « une approche pragmatique des choses ».

« Sa logique, c’était “on s’en fiche de qui sont les gens, s’ils veulent nous donner des moyens” », explique Vincent Brossel, qui rappelle aussi qu’« à RSF, on n’avait pas le droit de critiquer les médias ». Ce thème sera pourtant au cœur du livre de Robert Ménard, Vive Le Pen, en 2011. « Je suis pas un redresseur de torts de la presse », « mon boulot, c'est de faire sortir des gens de prison », justifiait-il à Libération en 2008. Pour faire décoller RSF, il fallait des relais médiatiques et des fonds. Alors il a « réseauté » auprès de la grande presse et ses patrons, et abandonné le volet critique des médias.

Robert Ménard lors de l'allumage de la flamme olympique en Grèce, avant les JO de Pékin de 2008.Robert Ménard lors de l'allumage de la flamme olympique en Grèce, avant les JO de Pékin de 2008. © Reuters

« Par principe, Robert parle avec tout le monde, même ceux qu’il déteste. Mais durant son mandat, cela n’a, en aucune manière influencé la ligne de RSF », explique l’un de ses amis, Olivier Basille, directeur de RSF Belgique, qui l’a aussi côtoyé à la revue Médias.

« On défendait des gens de toutes obédiences », « il n’y a pas eu de radicalisation de RSF », estiment les anciens de Reporters sans frontières, qui reconnaissent aussi l’action du maître de l'agit-prop à RSF, son « sacré tour de force » d’avoir monté cette ONG, lui le journaliste au Petit Biterrois et à Radio France Hérault. « Il a été pris de haut en arrivant avec son accent du Midi et sans parler anglais, se souvient un historique de RSF. C’était un général qui prenait la tête de ses troupes, il n’était pas derrière. Il a passé son temps à sauver des vies humaines, au péril de la sienne. En Haïti, il a failli être tué. Il a hébergé chez lui des opposants tunisiens. Dans la Tunisie de Ben Ali, il se faisait virer et des choses dégueulasses étaient écrites sur lui, “pédophile”. »

À RSF, tout le monde rappelle évidemment le coup d’éclat des JO de Pékin, en 2008. L’ONG a perturbé l’allumage de la flamme olympique et a piraté une fréquence FM. « Il a réussi une action extraordinaire le jour de la cérémonie, raconte le même ancien. Grâce à des bâtons de marche avec des émetteurs miniaturisés, on a diffusé en plein cœur de Pékin vingt minutes de messages sur la liberté d’expression. Après, il a été menacé de mort, sa famille aussi, placé sous protection policière. »

« Il s’est battu des mois pour obtenir une commission d’enquête sur l’assassinat du journaliste burkinabè Zongo », raconte Vincent Brossel. « Il a fait d’excellentes choses. Quand je voyage, je rencontre des gens qui se souviennent avec émotion ce que RSF et Robert ont fait pour eux », reconnaît Christophe Deloire. « J’ai juste permis la libération de centaines de journalistes pour lesquels un certain nombre de vos confrères n’ont pas levé le petit doigt, se félicite aujourd’hui le fondateur de RSF. Appelez Florence Aubenas, elle vous dira ce qu’on a fait pour elle ! »

Le numéro 21 de la revue Médias de 2009.Le numéro 21 de la revue Médias de 2009.

Dans ses dernières années RSF, Robert Ménard a préparé la suite. Il passe alors une grande partie de son temps à la revue Médias, sa « nouvelle danseuse », qu’il dirige avec sa femme. Le magazine ouvre ses colonnes à Jean-Marie Le PenMarine Le PenAlain SoralRenaud Camus, le théoricien du « grand remplacement »Pierre Cassen, le fondateur de Riposte laïque qui « déteste l’islam », peut-on y lire. « Il a commencé à mettre cette défense de la liberté d’expression au service d’un seul camp », estime un ancien de RSF.

« Plus jamais je n'écrirai là-dessus. Ça a été terrible par ricochet pour RSF », expliquait Ménard en 2008, s’agissant de sa défense du droit à s'exprimer des négationnistes. En réalité, le fondateur de RSF a continué, mais en dehors de l’ONG. Il s’est mis à défendre, toujours au nom du même principe, Dieudonné ou le néonazi Vincent Reynouard. À donner des conférences chez les identitaires ou au Local de Serge Ayoub, le leader d’un groupuscule d’extrême droite dissous après la mort de Clément Méric.

Il s’est entouré, dans sa campagne, de six colistiers frontistes. À son local, Rue89 a croisé le sulfureux André-Yves Beck, ancien du groupuscule Troisième Voie devenu l’idéologue de Bompard, qui s'est illustré par la censure d'ouvrages à la bibliothèque d'Orange en 1995.

Robert Ménard donne une conférence à la Traboule, local des Identitaires lyonnais, le 26 février 2013.Robert Ménard donne une conférence à la Traboule, local des Identitaires lyonnais, le 26 février 2013. © Génération identitaire Lyon

« Cette direction était prévisible, mais alors il fallait remonter très loin pour le voir », pense aujourd’hui un ancien de RSF. Dans « son côté incontrôlable », sa « gestion autocratique » et sa « personnalisation » de l’organisation, estiment certains ex-RSF, qui voient aussi dans ce parcours un retour aux sources : celles de son père, communiste et cégétiste, engagé dans l'OAS (Organisation armée secrète) pour garder l'Algérie française. Après l’indépendance, la famille quitte l'Algérie pour s'installer dans un village de l’Aveyron, à côté d'un camp de rapatriés faisant chaque matin le salut au drapeau. « Aujourd’hui, c’est la mémoire familiale qui revient », affirme un ancien ami. « Avec l’âge, il a eu un retour vers son père, décédé. Il a accepté la Légion d’honneur en 2008 pour lui », raconte un ex-RSF. Il s’est psychologiquement libéré de ce poids de l’Algérie française à en devenir border-line sur l’islam. »

Olivier Basille, lui, ne voit pas d’évolution idéologique chez son ami mais un « changement de fonction et de combat ». « Quand vous dirigez une organisation internationale, vous effacez vos propres convictions. Libéré de ce poste, vous vous exprimez, surtout lorsque vous briguez un mandat. » À ceux qui s’étonnaient de ses propos, Ménard avaient répondu, en 2011 : « On ne m’interrogeait pas sur l’homosexualité quand j’étais responsable de RSF. »

Du Front national, il en avait parlé en revanche. Dans La Censure des bien-pensants, il dénonçait l’opposition, à l'entre-deux tours de la présidentielle de 2002, au « “fascisme” qu’incarnerait le leader de l’extrême droite française », le « No pasaran » hurlé dans les rues, « nos gazettes » transformées en « tracts militants », et, en face, le « vide sidéral des propositions pour “changer la vie” ». Dix ans plus tard, c’est avec le soutien du Front national à Béziers que Robert Ménard veut « changer la vie ».

BOITE NOIRESauf mention contraire, toutes les personnes citées ont été interviewées par Mediapart. Certains anciens de RSF ont souhaité ne pas apparaître nommément étant donné leurs nouvelles activités professionnelles. Vincent Brossel, ancien pilier de l'ONG, est aujourd'hui candidat sur une liste EELV à Paris.

Contacté samedi, Hervé Deguine, que Robert Ménard présente comme celui qui a été « le plus proche » de lui pendant les années RSF, n'a pas retourné nos appels.

Nous n'avons pas pu poser toutes nos questions à Robert Ménard. Contacté vendredi, il a mis fin à l'entretien au bout de vingt minutes, après l'évocation des épisodes qui avaient suscité des remous en interne (Faurisson, la chaîne du Hezbollah). « Vous allez vous les garder vos questions, votre mauvaise foi transpire, je connais Mediapart. Vous vous foutez de ma gueule, la seule chose que vous trouvez à faire la veille des élections, c’est de revenir sur les années Reporters sans frontières, pas pour dire – parce que vous ne le direz pas –, le combat merveilleux qu’on a mené. Je sais d’avance ce que vous allez écrire. (...) Je vous le dis : je fais ce que je veux avec vous, j’ai déjà la gentillesse de vous répondre parce que je me contrefous de ce que vous écrirez. »

 

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