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Résultats et réactions en direct : déroute pour le PS

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Ce live est à présent terminé. Nos analyses fouillées seront publiées dans la nuit.

Selon un décompte provisoire du ministère de l'intérieur, la gauche perd au total, lors de ce second tour des élections municipales, 155 villes de plus de 9.000 habitants.

Aulnay sous bois. Le maire sortant Gérard Segura (PS) reçoit une déculottée. Bruno Beschizza est élu avec plus de 60% des suffrages.

Bobigny. Le PCF perd la ville au profit de Stéphane De Paoli (UDI) qui réunit 54% des suffrages.

Paris. Dans le 14e arrondissement, Karine Petit (PS) l'emporte avec plus de 53% des voix.

Asnières-sur-Seine. Soixante-dix voix séparent le député Sébastien Pietrasanta de l’ancien maire (UMP) Manuel Aeschlimann.

Marseille. Mennucci (PS) battu dans le premier secteur par Tian (UMP)

Blanc-Mesnil. Le maire sortant Didier Mignot (PCF) s'incline face à l'UMP Thierry Meignen (50,76%)

Cergy. Le maire sortant Jean-Paul Jeandon (PS) conserve la ville avec 51,2% des voix.

Mantes-la-Ville. le Front national bat la maire sortante socialiste

Cannes. L'UMP "filloniste" David Lisnard a annoncé dune victoire écrasante avec 30 points d'avance face à son frère ennemi UMP "copéiste" Philippe Tabarot, selon des résultats encore provisoires.

Montreuil. Le candidat du Front de Gauche, Patrice Bessac, soutenu par le PS et EELV, l'a emporté au deuxième tour avec 36,8% de voix devant Jean-Pierre Brard, qui se présentait sans étiquette et en revendique 35,39%, suivi par la dissidente socialiste Mouna Viprey et l'UMP Manon Laporte.

Colombes. La droite reprend la mairie après 6 ans de règne socialiste

Aubervilliers. Le maire sortant Jacques Salvator (PS) fait moins bien que Pascal Beaudet (45,7% des voix)

Villepinte. La maire Nelly Roland (DVG) ne recueille que 37% des voix contre 63% des voix à Martine Valleton (UMP).

Saintes (Charente-Maritime). Jean-Philippe Machon a permis à la droite de reconquérir la mairie.

Conflans sainte Honorine. La gauche perd la ville au profit de l'UMP Laurent Brosse.

Livry-Gargan. Le maire sortant Alain Calmat s'incline largement face à Pierre-Yves Martin (UMP), qui fait 56% des voix.

Bondy. La maire sortante Sylvine Thomassin (PS) conserve la ville.

Argenteuil (Val-d'Oise). Le candidat UMP Georges Mothron a été élu de justesse à la mairie face au maire socialiste sortant Philippe Doucet, qui lui avait ravi la ville en 2008.

Saint-Denis. Le maire sortant Didier Paillard (PCF) s'en sort de justesse. Il réunit 50,5% des suffrages contre 49,5% à Mathieu Hanotin

Athis Mons. Le maire sortant Garcia François (PS) s'incline face à la candidate Christine Rodier, de l'UMP.

Vaulx en Velin. Le maire sortant Bernard Genin (PCF) s'incline face à la candidate PS Hélène Geoffroy.

Grenoble. les résultats définitifs valident une très large victoire d'Eric Piolle (UG-EELV) avec 40,03% des suffrages contre seulement 27,5% à son suivant Jérôme Safar (candidat du PS).

Le Parti de gauche. "François Hollande et sa politique d’austérité sont tres lourdement sanctionnés ce soir. Pour son parti, le PS, c'est la débâcle. Il perd de très nombreuses villes dont des bastions historiques. Cette défaite est encore plus forte quand le PS a fait preuve de sectarisme en refusant toute alliance avec nos listes pour faire barrage à la droite et à l’extrême droite". (...) C’est à partir de ce vote de résistance que nous voulons oeuvrer à la refondation de la gauche. sur le partage des richesses, la relance de l’activité par l’écologie, la désobéissance à l’Union Européenne et la 6ème République. Il y a urgence. Nous pouvons bâtir une majorité alternative dans l’année à venir et les échéances politiques que sont les Européennes puis cantonales et Régionales. Le Front de Gauche doit en être le levier et Europe Ecologie Les Verts, s’il accroit sa contestation de la politique gouvernementale, son premier allié. Dans l’immédiat, le Parti de Gauche appelle à exprimer ce ras le bol de gauche dans la marche nationale unitaire du 12 avril « Maintenant ça suffit !"

Les Jeunes Socialistes "tiennent d'abord à saluer les électeurs de gauche qui se sont déplacés ce dimanche, notamment ceux qui n'étaient pas allés voter la semaine dernière. La résistance de la gauche face au Front National et à la droite à Avignon et Forbach est une bonne nouvelle pour les habitants de ces deux villes. À Perpignan, le front républicain démontre qu'il fonctionne toujours, comme à Brignolles, ce qui tord le coup à la stratégie antirépublicaine de l’UMP. Mais ces quelques satisfactions ne sauraient cacher la défaite de la famille socialiste en ce 30 mars (...) La gauche au pouvoir ne peut ignorer ce signal envoyé par les jeunes, les salariés, les habitants des quartiers populaires, et toutes celles et ceux qui ont choisi François Hollande le 6 Mai 2012. Les politiques menées par la gauche doivent répondre aux attentes de la majorité des citoyens français en termes de justice sociale, de pouvoir d’achat, d’emploi et d’égalité. (...) Nous interpellons également nos aînés sur le profond besoin de renouvellement de notre famille politique et de nos pratiques militantes pour réussir à toucher tant de citoyens qui sont aujourd’hui à l’évidence désillusionnés par la politique."

Venissieux. La maire sortante Michèle Picard (PCF) a conservé la ville en réunissant 38% des voix lors d'une quadrangulaire.

Lyon. La maire sortante Nathalie Perrin-Gilbert, qui n'avait pas l'appui du PS, l'a toutefois emporté dans le 1er arrondissement avec 44,5% des voix contre seulement 31,3% au candidat officiel du parti socialiste.

Evry. Le maire sortant Francis Chouat (PS) est réélu.

Villejuif (Val-de-Marne). L'UMP Franck Le Bohellec, à la tête d'une liste "citoyenne" bleu-rose-vert, a annonc sa victoire avec plus de 48% des suffrages, devançant la maire communiste sortante, Claudine Cordillot, et le FN Alexandre Gaborit.

Le Raincy (Seine-Saint-Denis). Le député UMP Eric Raoult, maire sortant, a été largement battu face à la liste divers droite menée par Jean-Michel Genestier, qui s'était allié à celle de Roger Bodin, ancien adjoint de M. Raoult.

Nice. Le député-maire UMP Christian Estrosi, grand favori du scrutin, a annoncé sa réélection confortable pour un deuxième mandat, sur la chaîne France 3 Côte d'Azur.

Corbeil-Essonnes. Le maire sortant Jean-Pierre Bechter (UMP), bras droit de l'ancien édile et industriel Serge Dassault, a annoncé sa réélection malgré des soupçons de fraude électorale lors de précédents scrutins qui lui ont valu une mise en examen. Selon des résultats quasi-définitifs, M. Bechter a recueilli quelque 56,5% des voix, tandis que Bruno Piriou, qui présentait une liste d'union de la gauche, a obtenu 43,5% des suffrages

Saint-Ouen. Le bastion communiste du nord de Paris, bascule à droite

Viry-Chatillon. La maire sortante Simone Mathieu (PG) s'incline face au candidat UDI Jean-Marie Vilain (65% contre 35%)

Joué les Tours. Le maire sortant Philippe Le Breton s'incline face au candidat UMP Frédéric Augis

Colomiers. La reste au PS d'extrême justesse. Karine Traval-Michelet (PS) réunit 40,6% des suffrages dans une triangulaire où la candidature EELV fait 39,3%

Sevran. Le maire sortant Stéphane Gatignon (EELV) a été réélu, avec plus de 50% des voix dans une triangulaire. Clémentine Autain (FG) a réuni 31,31% des suffrages.

Rodez. Le chef-lieu de l'Aveyron qui avait basculé à gauche en 2008, a reconduit la liste du maire socialiste Christian Teyssèdre, dans le seul département de Midi-Pyrénées présidé par un élu de droite. Cependant, à l'image d'un recul général en France, la gauche a perdu Millau et Decazeville.

Bron (Rhône). La maire sortante Annie Guillemot (PS) conserve la ville.

Paris. La gauche perd le 9e arrondissement où Delphine Burkli (UD-UMP) l'emporte face à la liste socialiste de Pauline Veron (50,36% contre 49,64%).

Marmande (Lot-et-Garonne). L'UMP Daniel Benquet, médecin généraliste de 53 ans, a été élu dimanche où il a battu le maire sortant, le socialiste Gérard Gouzes, qui détenait les clés de la mairie depuis 1983, à l'issue d'une triangulaire avec le FN.

Pontault-Combault. La maire sortante Monique Delessard (PS) est réélue avec 40% des voix dans une quadrangulaire.

Paris. Le maire sortant Jacques Boutault (EELV) est réélu avec 58% des voix dans le 2e arrondissement.

Sète. Le maire sortant François Commeinhes (UMP) est réélu avec 47% des voix dans une triangulaire.

Paris. Jérôme Coumet (PS) réélu avec 62% des voix dans le 13e

Paris. Le maire sortant Christophe Girard (PS) a été réélu d'extrême justesse dans le 4e arrondissement face au candidat UMP en réunissant 50,26% des voix au second tour.

Chelles. Le maire sortant Jean-Paul Planchou (PS), vice-président du conseil régional, a été battu de 5 points par la la liste (UD-UMP) de Brice Rabaste.

Rosny sous bois. Le maire sortant Claude Capillon (UMP) est largement réélu à (49,5% dans une quadrangulaire)

Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). Michel Veunac a réussi à maintenir dans le giron du centre, succédant au MoDem Didier Borotra.

Creil. Dans la ville, théâtre d'une triangulaire sans le FN, la liste du maire PS sortant Jean-Claude Villemain est réélue avec 40,02% des suffrages, devant la liste divers gauche de Hicham Boulhamane (34,33%) et la liste UMP menée par Michaël Sertain, qui remporte 25,65% des voix.

Noyon. Le maire sortant Patrick Deguise (PS) est réélu avec 42,38% des suffrages, devançant de 205 voix la liste de son frère aîné Gérard (UMP, 38,05%).

Jean-Marc Ayrault. "C'est une défaite pour le gouvernement. J'y prends toute ma part . Ces élections ont été marquées ont été marquées par la désaffection significative de celles et ceux qui nous ont fait confiance en mai et juin 2012. (...) Le président tirera les enseignements de ce scrutin, il le fera dans l'intérêt de la France."

Melun. Le maire sortant Gérard Millet (UMP) conserve la ville avec 52% des voix.

Paris. Le 5e arrondissement a été remporté par Florence Berthout (UD-UMP) avec 51,30% des suffrages.

Bergerac. Le sortant socialiste, Dominique Rousseau, qui avait conquis la ville en 2008, n'a recueilli que 41,31% des suffrages dans une triangulaire. A l'issue du premier tour, le maire PS (34,41%) n'a pas trouvé de terrain d'entente avec le chef de file EELV Lionel Frel (6,98%). L'ancien maire divers droite (1995-2008), Daniel Garrigue, retrouve donc le siège de maire avec 46,09% des voix.

Périgueux. Michel Moyrand, élu de justesse en 2008 face à l'ancien ministre UMP et ex-maire Xavier Darcos, mettant fin à 37 ans de règne de la droite, a été battu par une union de la droite au second tour, menée par Antoine Audi (50,71%).

Sézanne. Le maire sortant DVG Philippe Bonnotte a été confortablement réélu pour la 7e fois consécutive avec 65,98% des suffrages lors du premier tour

Vitry-le-François. Le PS parvient à conserver la ville prise à la droite en 2008, où le maire sortant Jean-Pierre Bouquet est réélu avec 47,25% devant la liste UMP de Pascal Greenhalgh (30,57%) et le FN Franck Rivière (22,18%).

Epernay. L'élection qui s'est jouée en quadrangulaire consacre la liste UDI du maire sortant Franck Leroy qui obtient 56,55% des voix devant le FN (18,14%) et deux listes DVG (17,12% et 8,19%).

Châlons-en-Champagne. L'ancien ministre UMP du logement Benoist Apparu a été élu avec 46,49% des suffrages lors d'une triangulaire qui l'opposait au jeune socialiste Rudy Namur (34,42%) et à Pascal Erre, chef de file du FN dans le département. Celui-ci enregistre un score de 19,09% en léger tassement par rapport au premier tour (20,50%).

Paris. Le maire sortant François Dagnaud (PS) est réélu avec plus de 64% des voix dans le 19e arrondissement.

Vitrolles. Le maire sortant Loïc Gachon (PS) conserve la ville, très loin (14 points) devant le candidat FN.

Paris. Rachida Dati est réélue maire du 7e arrondissement, avec plus de 55% des voix dans une triangulaire.

Amiens. Brigitte Fouré (UD-UDI) devient maire de la ville avec plus de 50% des voix dans une triangulaire.

Sedan. Le maire sortant Didier Herbillon (PS) est largement réélu (51% dans une triangulaire).

Brignoles (Var). La ville passe à droite. Josette Pons (UD-UMP) l'emporte avec 60% des suffrages face au candidat du FN.

Jean-Claude Gaudin. "Si le FN a été élu dans le 7 ème secteur, c'est parce que la gauche qui s'est maintenue au deuxième tour. C'est elle qui en porte la responsabilité".

Paris. Le maire sortant Rémi Féraud (PS) est réélu dans le 10e arrondissement.

Nancy. Laurent Hénart (UDI) s'est imposé sans difficulté en recueillant près de 53% des suffrages, dans une ville que le PS convoitait mais qui a confirmé dimanche son attachement à un centrisme municipal. Laurent Hénart est le dauphin du maire sortant André Rossinot, lequel devrait désormais conserver, après 31 ans de mandat en tant que maire, la présidence de la communauté urbaine.

Aix en Provence. La maire sortante Maryse Joissains-Masini (UMP) est largement réélue avec plus de 52% des voix dans une triangulaire

Bagnolet. Le parti socialiste s'empare de la ville, jusqu'alors communiste, grâce à la victoire de Tony Di Martino, qui recueille 35,5% des voix dans une quadrangulaire.

Lyon. Le socialiste Gérard Collomb annonce sa victoire.

Villeneuve-Saint-Georges. La liste droite-FN est battue par la maire sortante PCF

Jean-Pierre Raffarin. "L'opposition a achevé sa rénovation. La sobriété dont nous avons fait preuve pendant la campagne en a été une preuve (...) Cela a été un message d'unité".

Romans-sur-Isère. Marie-Hélène Thoraval, 47 ans, à la tête d'une liste Divers droite, détrône avec 46,30% des voix le socialiste sortant Philippe Dresin (42,79%), à l'issue d'une triangulaire avec le FN Bernard Pinet (10,90%).

Paris. Jeanne D'hauteserre (UD-UMP) est la nouvelle maire du 8e arrondissement.

Paris. Dans un arrondissement primordial, la candidate Catherine Baratti-Elbaz (UG-PS) l'emporte dans le 12e arrondissement et bat la candidate (UD-UMP) Valérie Montandon en recueillant 53% des voix.

Albertville. La candidate de droite Martine Berthet (DVD-UMP), arrivée largement en tête au premier tour, a remporté le second avec 49,95% des voix, contre 33,91% au maire sortant PS Noëlle Aznar-Molliex.

Nantes. La socialiste Johanna Rolland l'emporte avec près de 57 % des voix face à l'UMP Laurence Garnier dans l'ancien fief de Jean-Marc Ayrault qui n'avait pas connu de second tour depuis 1977, selon des résultats partiels.

Benoît Hamon dément avoir annoncé un remaniement ministériel lundi. " Pour info, je ne suis pas Président, je n'annonce pas un remaniement qui n est pas en mon pouvoir, à partir d'une info que je n'ai pas" dit-il dans un tweet

Metz. Dominique Gros, le maire sortant qui conduisait une liste PS sur laquelle figurait Aurélie Filippetti, s'est imposé avec seulement 770 voix d'avance sur son adversaire UMP Marie-Jo Zimmerman, dans cette ville où la droite nourrissait beaucoup d'espoirs de reconquête. M. Gros a recueilli 43% des suffrages, contre 41% pour Mme Zimmerman et près de 16% pour la candidate du Front national, Françoise Grolet.

Roubaix. Le maire sortant Pierre Dubois (PS) perd la ville face au candidat Guillaume Delbar (UD-UMP) qui la devance de moins de deux points (35% contre 33%).

Clermont-Ferrand. Olivier Bianchi, 43 ans, adjoint PS chargé de la culture à la mairie, a remporté à l'issue d'une triangulaire la mairie de la capitale auvergnate, qui n'aura connu, depuis 1944, que des maires socialistes.

Saint-Priest. La maire sortante Martine David (PS) perd la ville au profit de la candidate UD-UMP Gilles Gascon.

François Bayrou. "Notre pays traverse une crise profonde. (...) La somme des erreurs commises depuis des années conduit notre pays dans une impasse. Nous maires , nous avons une responsabilité particulière et répondre au plus près du terrain d'une crise qui nous dépasse".

Cogolin (Var). Le candidat du Front national, Marc-Etienne Lansade, a remporté la mairie avec 53,1% des suffrages au second tour des élections municipales. Le maire sortant, Jacques Sénéquier (DVD), est arrivé second du duel avec 46,9% des suffrages, soit 311 voix de moins que le vainqueur sur les 5.017 exprimées dans cette commune de 11.000 habitants, proche de Saint-Tropez

Hyères. Le candidat Jean-Pierre Giran (UD-UMP) emporte la mairie et succède à Jacques Politi (DVD).

Pierre Laurent. "Ce soir, le constat est grave. Il faut un changement de cap important. (...) La politique d'allégement des charges est menée depuis vingt ans. Il va bien falloir se poser la question de l'utilisation des richesses de l'entreprise".

Montpellier. Le dissident PS Philippe Saurel annonce sa victoire.

Boulogne Billancourt. Le maire sortant Pierre-Christophe Baguet (UMP) conserve la mairie en recueillant 58% des voix dans une triangulaire.

Paris. Le maire sortant Pierre Aidenbaum (PS) est réélu dans le 3e arrondissement avec 60% des suffrages.

Gap. L'UMP conserve la ville.

Alençon. Le maire sortant Joaquim Pueyo (PS) conserve d'extrême justesse la ville.

Marine Le Pen. "C'est une grande victoire pour le FN. Nous avons gagné 10 villes, 1200 à 1300 conseillers municipaux contre 60 auparavant. Nous allons démontrer ce que nous ommes capables de faire. (...) Notre objectif est totalement rempli. Désormais , le FN est un vote d'adhésion "

Cholet. Le maire sortant Gilles Bourdouleix (DVD) conserve la ville.

Toulouse. Le camp Moudenc (UMP) se déclare vainqueur.

Privas (Ardèche). Le maire sortant Yves Chastan (PS) perd très largement la ville. Michel Valla réunit 53% des voix dans une triangulaire.

Harlem Désir. "Il y a une demande de résultat, sur l'emploi surtout. (...) Les Français attendent que nous nous mettions en application notre politique. (..) le pacte de responsabilité doit entrer en application".

Soissons. La ville bascule à droite à l'issue d'une triangulaire. La liste d'union de la droite menée par Alain Crémont, déjà en tête au premier tour, devance avec 45,55% celle du maire PS sortant Patrick Day (40,34%) et la liste FN d'Emmanuel Chassagnoux (14,10%).

Bastia. Le maire sortant Emile Zuccarelli (PRG) est largement battu par Simeoni (55%)

Beauvais. La maire sortante Caroline Cayeux (UMP) conserve la ville avec 57% des voix dans une triangulaire.

Blois. Le maire sortant Marc Gricourt (PS) conserve la mairie avec près de 58% des voix.

La Ciotat. Le maire sortant Patrick Boré (UMP) conserve la mairie.

Carcassonne. Gérard Larrat, 71 ans, récupère pour la droite la mairie qu'il avait dû abandonner en 2009 après l'annulation des élections municipales pour fraude. M. Larrat, un ancien avocat d'affaires père de trois enfants, souhaitait "terminer son combat" après avoir été battu en 2009 par le député-maire PS Jean-Claude Perez, sur lequel il a pris dimanche sa revanche. Sa liste a obtenu 40,42% des voix devant celle du maire sortant, qui a recueilli 39,24% des suffrages.

Fécamp. Le PS a subi un important revers en perdant la ville. La liste de la députée socialiste Estelle Grelier a été battue, ne recueillant que 39,61% contre 52,82% à la liste UMP de Marie-Agnès Poussier-Winsback, qui était déjà arrivée en tête au 1er tour. Le FN a recueilli 12%.

Saint-Dié. La droite s'empare de la ville grâce à son candidat David Valence (UD-UDI).

Lorient. Le maire sortant Norbert Métairie (PS) conserve la ville.

Yves Jego. "Ce soir, c'est la fin de la fiction du socialisme municipal".

Pessac. La droite prend la 3e ville de l'agglomération bordelaise.

Saint-Lô. Dans la préfecture de la Manche, François Brière, 40 ans, conseiller municipal DVD d'opposition au sortant UMP François Digard, a créé la surprise en l'emportant avec 52,88% des voix, à l'issue d'une triangulaire. Ce conseiller général a été l'adjoint du maire sortant avant de claquer la porte de la majorité municipale.

Salon-de-Provence. Le maire sortant Michel Tonon (DVG) perd la mairie face à Nicolas Isnard, candidat UD-UMP.

Caen. La ville a basculé à droite, a indiqué l'UMP Joël Bruneau, tête de liste UMP-UDI, sur France Bleu Basse-Normandie.

Laval. François Zocchetto, remporte la mairie. Il s'agit d'un sénateur centriste de la Mayenne qui a été de nombreuses années conseiller municipal de sa ville natale.

Jean -Pierre Raffarin. "Je crois qu'on n'a pas eu une sanction aussi grave depuis une génération."

Rouen. Le maire sortant Yvon Robert (PS) conserve la mairie.

Le points à 21h20. Vingt-cinq villes de plus de 30.000 habitants ont déjà basculé de gauche à droite (ou au FN) au premier ou au second tour des municipales, selon les résultats définitifs dimanche vers 21H15. Il s'agit de Poissy, Clamart, Aubagne, Valence Chalon-sur-Saône, Saint-Chamond, Romans-sur-Isère, Sens, Narbonne, Niort, Laval, Evreux, La Roche-sur-Yon, Belfort, Thionville, Schiltigheim, Bar-le-Duc, Limoges, Brive-la-Gaillarde, Anglet, Reims, Maubeuge, Florange, Hénin-Beaumont, L'Hay-les-Roses.

Charleville-Mézières. Le PS Philippe Pailla perd la mairie, qui bascule à droite.

Martigues. Le maire sortant Gaby Charroux (PCF) conserve la mairie.

Schiltigheim. Le candidat UDI-UMP Jean-Marie Kutner a remporté la ville par 55,49% des voix au second tour des municipales contre 44,51% au maire sortant PS Raphaël Nisand. La troisième ville du Bas-Rhin bascule ainsi à droite, après 37 ans de gestion par la gauche.

Ségolène Royal. "Il faudra une politique de baisse d'impôts pour les classes moyennes".

Dax. La sous-préfecture et deuxième ville des Landes, qui était passée à gauche en 2008, y est restée avec la réélection du maire PS, Gabriel Bellocq, alors que plusieurs villes de ce département ont basculé à droite et que la préfecture Mont-de-Marsan y est restée.

Grenoble. Le candidat écologiste Eric Piolle, à la tête d'une liste EELV-PG, s'est emparé de la ville au détriment du PS, la liste de l'ancien candidat socialiste ayant perdu l'investiture arrivant en deuxième position, selon les instituts de sondage.

Saint-Brieuc. Le maire sortant Bruno Joncour (MoDem) conserve la mairie.

Dreux. Le maire sortant Gérard Hamel (UMP) conserve la ville.

Istres. Le maire sortant François Bernardini (DVG) conserve la mairie.

Fréjus. Le candidat du FN David Rachline recueille 45,55% des voix et l'emporte.

Tours. Jean Germain, sénateur-maire PS sortant, a reconnu sa défaite face au candidat de droite Serge Babary (UMP), dans une courte déclaration à la presse.

Saint-Nazaire. La ville reste à gauche. David Samzun est élu.

Marseille. La ministre PS Marie-Arlette Carlotti est nettement battue par le candidat UMP-UDI Bruno Gilles dans le 3e secteur , selon plusieurs instituts de sondage.

Luc (Var). La liste Front national menée par Philippe de la Grange a remporté la ville, une commune varoise de 9.500 habitants, grâce à un score de 42% au second tour. Le DVD Dominique Lain est arrivé deuxième avec 40,9%, un troisième candidat a remporté 16,1%. André Raufast, maire sortant de gauche de cette commune proche de Brignoles, s'était désisté pour le second tour.

Rodez. Le maire sortant Christian Teyssèdre (PS) conserve la mairie.

Marseille. Jean-Claude Gaudin a été réélu selon les instituts de sondage.A l'échelle de la ville, le FN est devancé par les listes du candidat socialiste Patrick Mennucci, qui perd toutefois son pari d'emporter la ville. Stéphane Ravier, la tête de liste frontiste, a obtenu 27,2% et a surtout remporté le septième secteur, selon les instituts, ce qui fera de lui le maire FN le plus important avec quelque 150.000 habitants sur les deux arrondissements concernés.

Michel Sapin. "C'est un échec. C'est une défaite nationale, des défaites locales. (...) Quel est le message? Quand on est au pouvoir, ce n'est pas pour changer de politique continuellement. Il faut maintenir la ligne"

Angoulême. Le maire sortant Philippe Lavaud (PS) perd la ville qui passe à droite. Xavier Bonnefont (UD-UMP) réunit 60% des suffrages

Nevers. Bastion socialiste depuis 43 ans, la ville est passée aux mains de la droite après le ralliement des listes UMP et UDI derrière le candidat DVG Denis Thuriot. Denis Thuriot, à la tête d'une liste DVG alliée à la droite au second tour, a été élu dimanche avec 49,80% des voix, devant le maire socialiste sortant Florent Sainte Fare Garnot (42%) et le FN Christophe Gaillard (8,2%).

Toulouse. L'ancien maire UMP Jean-Louis Moudenc reprend, de peu, au maire sortant socialiste Pierre Cohen selon les estimations des instituts de sondage.

Benoît Hamon a annoncé sur RTL un remaniement ministériel dès lundi .

Pontet. La liste FN conduite par Joris Hébrard a remporté l'élection dans une triangulaire, avec 42,62% des voix, juste devant la liste UMP (42,53%), selon des résultats officiels. Seules sept voix séparent les deux listes.

Camaret-sur-Aigues (Vaucluse). Le candidat d'extrême droite est élu.

Auxerre. Le maire sortant Guy Ferez (PS) conserve la mairie.

Echirolles. Le maire sortant Renzo Sulli (PCF) conserve sa mairie.

Chambery. Bernadette Laclais (PS) s'incline lourdement face à Michel Dantin (UD-UMP)

Aubaine. Le maire sortant Daniel Fontaine (PCF) perd lia ville au profit de l'UMP et de son candidat Gérard Gazay.

Montbeliard. Le maire sortant Jacques Hélias (PS) perd très largement la mairie au profit de l'UMP et de Marie-Noëlle Biguinet.

Besançon. Le maire sortant Jean-Louis Fousseret (PS) conserve la mairie.

Le point à 21h05. Le deuxième tour des municipales vire à la déroute majeure pour le parti socialiste. Limoges, socialiste depuis des décennies, vire à droite. Dunkerque, Saint-Etienne, Roubaix, Pau, La Roche-sur-Yon, Bastia, Belfort, Reims, Angers, Brive-la-Gaillarde etc. sont perdus. Les écologistes alliés au parti de gauche gagnent Grenoble, socialiste depuis 1995. Le Front national emporte plusieurs mairies, et réalise sa meilleure performance aux municipales: Béziers Hayange, Villers-Côterets, Fréjus, Cogolin, Beaucaire, le 7e secteur de Marseille, etc. Avignon où le FN était arrivé en tête, passe à droite. Le PS conserve Rennes et Boulogne-sur-Mer.

Strasbourg. Le maire Roland Ries (PS) serait réélu selon les instituts de sondage.

Calais. La maire sortante Natacha Bouchart (UMP) conserve la mairie.

Jean-Luc Melenchon. "Les écologistes ont une responsabilité sur la politique gouvernementale. Ce sont eux qui sont en position centrale pour exiger un changement".

Gardanne. Le maire sortant Roger Meï (PCF) conserve de toute justesse la mairie socialiste face au candidat socialiste.

Saint-Chamond. Le maire sortant Philippe Kizirian (PS) perd la mairie, largement battu par le candidat UMP Reynaud.

Najat Vallaud-Belkacem. "Il y a une défiance vis à vis des politiques. J'aurais aimé que M. Guerini soit exclu plus rapidement . Il y a aussi un doute chez les Français que les politiques puissent changer quoi que ce soit".

Poitiers. Le maire sortant Alain Claeys (PS) l'emporte.

Bayonne. Etchegaray (UD-UDI) est le nouveau maire mais la mairie reste à droite d'extrême justesse (45,4% contre 45,2% au candidat du PS)

Lille. Martine Aubry annonce sa réélection pour un troisième mandat.

Paris. La candidate socialiste Anne Hidalgo battrait sa rivale UMP Nathalie Kosciusko-Morizet selon les instituts de sondage.

Evreux. Michel Champredon (PRG) ne recueille que 36% des voix contre 52% à Guy Lefrand (UD-UMP)

Morlaix. La maire sortante Agnès Le Brun (UMP) conserve la mairie.

Valence (Drôme). Le maire sortant Alain Maurice (PS) est battu. Nicolas Daragon (UD-UMP) recueille près de 54% des voix.

Tourcoing. Michel-François Delannoy (PS) reconnaît la victoire de la droite.

Le Mans. Le maire sortant Jean-Claude Boulard (PS) conserve la ville.

Saint-Gilles. Gilbert Collard (FN) reconnaît sa défaite

Jean-Luc Melenchon. "La politique de François Hollande, son virage à droite, son alignement sur le Medef, sa soumission à l'Europe ont produit un désastre. Des années d'implantation de la gauche ont été détruites en quelques semaines. La droite se retrouve au niveau de 2008. La dynamique est incontestablement pour elle. (...) Il faut tourner la page de l'austérité (...) entrer en désobéissance européenne"

Périgueux. L'UMP reprend la ville au PS.

Thionville. Le maire sortant Bertrand Mertz (PS) s'incline devant la nouvelle maire Anne Grommerch (UD-UMP)

Bourges. La ville reste à droite. Pascal Blanc (UD-UDI) recueille 54% des voix

Roanne (Loire). La ville bascule à droite, l'UMP Yves Nicollin annonce sa victoire

Lourdes. La ville bascule avec Josette Bourdeu (UG-DVG) qui réunit 49,12% des voix. Le maire sortant Jean-Pierre Artiganave (UMP) s'incline.

Laurent Wauquiez. "C'est incontestablement une sanction de la gauche . Mais ce serait une profonde erreur de croire que la droite a une chèque en blanc. Il faut redonner envie de la droite".

Lens. Le maire sortant Sylvain Robert (PS) conserve la mairie.

Villers-Cotterêts (Aisne). Le FN Franck Briffaut a annoncé à l'AFP son élection.

Dijon. François Rebsamen annonce sa réélection.

Boulogne sur Mer. Frédéric Cuvillier (UG-PS) devient maire avec près de 55% des voix.

Roche-sur-Yon. La ville bascule à droite après 37 ans à gauche.

Annemasse. Le maire sortant Christian Dupessey (DVG) conserve la mairie.

Dunkerque. Michel Delebarre (PS) perd la ville au profit de Patrice Vergriete (DVG) selon la mairie.

Bastia. Le nationaliste Gilles Simeoni serait élu selon des instituts de sondage.

Ségolène Royal. "Une défaite soit cela assomme , soit cela réveille. (...) Beaucoup de bonnes choses ont été faites mais les Français n'ont pas compris. Il y a nécessité de reconstruction du lien démocratique"

Ajaccio. La ville bascule à droite selon les estimations des instituts de sondage

La Rochelle. Fountaine (DVG) réunit 43,68% des votants. La candidate UMP perd environ 700 voix entre le 1er et le second tour, dont un grand nombre se sont visiblement reportés sur la candidat de gauche dissident.

Cavaillon. Jean-Claude Bouchet (UMP) conserve la mairie.

Brest. François Cuillandre (PS) conserve la mairie en réunissant près de 53% des sondages.

Alain Juppé. " Je ne vois pas de vague bleue marine. Le FN a échoué à Forbach , à Avignon. En revanche, il y a de nombreux maires UMP à Pau, à Angoulême, Perigueux . (...) L'UMP a eu raison de choisir une ligne de rassemblement; ( ..) Ce qui est nécessaire ce n'est pas un remaniement ministériel mais un changement de politique . (...) Il faut vraiment changer de politique économique et sociale"

Bar-le-Duc. L'UDI Bertrand Pancher (49%) a ravi la mairie à la sortante socialiste Nelly Jacquet (39%), au terme d'une triangulaire avec le Front national, selon les résultats donnés par la préfecture.

Nîmes. Le sénateur-maire UMP Jean-Paul Fournier a été réélu largement selon les instituts de sondage.

Mulhouse. Jean Rottner (UMP) conserve la mairie avec 46% des suffrages, contre 37% à Freyburger (UG-PS)

Limoges. Le candidat Emile Lombertie (UD-UMP) réunit 45% des suffrages contre 44% au maire sortant Alain Rodet (PS)

La Rochelle. Le dissident socialiste Jean-François Fountaine élu face à la candidate officielle PS selon la mairie

Rama Yade. "La troisième force politique du pays , c'est l'UDI pas le FN. "

Avignon. La candidate PS Cécile Helle annonce sa victoire

Beaucaire (Gard). Le FN Julien Sanchez annonce son élection.

Saint-Etienne. Maurice Vincent (PS) reconnaît la victoire de l'UMP Gaël Perdriau

Cecile Duflot. "Il faut un réveil. Non seulement un sursaut mais donner horizon"

Anglet (Pyrénées-Atlantiques). La mairie socialiste bascule à droite

Forbach. Le candidat Front national, Florian Philippot, a annoncé sa défaite face au maire socialiste sortant Laurent Kalinowski, qui est, selon lui, élu.

Rennes. La socialiste Nathalie Appéré a obtenu 58,66% des suffrages au second tour, devançant largement le candidat de la droite Bruno Chavanat qui rassemble 41,34% des voix dans un contexte de très forte abstention (48,95%).

Pierre Moscovici. "C'est une défaite électorale incontestablement. Il y a un vote sanction (..)C'est le prix du courage des réformes que nous avons entreprises. (...) Nous avons entendu le besoin de plus de justice sociale".

Digne les Bains. Le divers gauche Granet (DVG)l'emporte avec 47%

Belfort. L'UMP Damien Meslot emporte la ville face au maire sortant PS selon la mairie.

Dieppe. Le maire Sébastien Jumel (PCF) conserve sa mairie

Marine Le Pen. " Les classes populaires ne comprendraient pas qu'on continue dans cette voie "

Reims. La maire sortante Adeline Hazan (PS) ne recueille que 42,76% des suffrages, battue par Robinet (UMP), qui en réunit 46,20%.

Mende. Le maire sortant Alain Bertrand (PS) conserve la mairie.

Saint-Etienne. La droite prend la ville à la gauche selon les instituts de sondage.

Najat Vallaud-Belkacem."Ces résultats sont mauvais pour la gauche. Il y a eu une dimension nationale dans ces élections municipales. Nous l'entendons"

Limoges, aux mains de la gauche depuis 1912, bascule à droite selon la préfecture

Cherbourg. Jean-Michel Houllegatte (PS) reste maire avec près de 52% des voix

Angers. la droite s'emparerait de la ville selon une estimation TNS Sofres-Sopra

Jean-François Copé. "C'est la première victoire de l'UMP depuis sa création depuis sa création. Les conditions d'une vague bleue sont là".

Hayange. Fabien Engelmann, candidat du Front national et ancien militant de la CGT, devait remporter l'élection municipale, emblématique commune du bassin sidérurgique mosellan, avec 36% des voix face à trois autres candidats, a-t-on appris auprès du maire socialiste sortant, Philippe David.

Reims. Le maire PS sortant annonce sa défaite, la ville bascule à droite

Quimper. Ludovic Jolivet (UMP) ravit la mairie à Bernard Poignant (PS)

Perpignan. L'UMP conserve la ville où Aliot (FN) serait nettement battu selon estimation Ipsos/Steria

Fréjus. Le FN l'emporterait selon les estimations des instituts de sondage

Avignon basculerait à gauche selon les estimations Ipsos/Steria

Béziers. Robert Ménard (soutenu par le FN et DLR) élu avec 47,3% des voix

Brive-La-Gaillarde bascule à droite selon la mairie

Roubaix. Le maire PS sortant annonce sa défaite, la ville bascule à droite selon son entourage

Pau. L'entourage de François Bayrou précise que le candidat centriste l'emporterait avec un score autour de 60%, face au député PS David Habib.

Estimations. Selon des estimations très alarmistes, la gauche pourrait perdre 150 villes lors de ces élections municipales

Villeneuve-sur-Lot. Le socialiste Patrick Cassany réélu maire avec 42,93% des suffrages selon la mairie

Estimations. L'UDI l'emporte à Bourges avec 53%. Amiens repasse à droite .

Pau. François Bayrou (MoDem) enlève la mairie au PS selon son entourage

Le niveau d'abstention s'orientait dimanche en fin d'après-midi vers un niveau jamais atteint pour un second tour des municipales sous la Ve République, avec un taux final estimé par les instituts de sondages entre 38 et 38,5%.

A Saint-Denis de la Réunion, la liste menée par la maire sortante Gilbert Annette (PS) l'emporte avec près de 57% des suffrages

Estimations. Selon l'Ipsos, l'abstention serait de 34,9% à Avignon, de 32,1% à Béziers, de 41,5% à Nîmes et de 41,7% à Pau.

Participation à 17h. La participation au second tour, dimanche à 17 heures, était de 52,36 %. Cette participation est moins importante qu'au premier tour, selon le ministère de l'intérieur. Elle était alors à 54,72 %. La mobilisation est l'un des enjeux majeurs de ce second tour, après le taux d'abstention record enregistré la semaine dernière (36,45 %), nettement plus parmi les sympathisants de gauche que ceux de droite. Les responsables socialistes n'ont eu de cesse, la semaine écoulée, d'appeler l'électorat de gauche à se mobiliser pour espérer limiter les dégâts.

Seules 6 455 communes sont concernées par le second tour, parmi lesquelles la plupart des grandes villes, dont plusieurs pourraient basculer dans le camp de la droite, tandis que le FN entend bien remporter quelques municipalités, dont Béziers et Fréjus. La majorité socialiste conduite par François Hollande espère limiter la casse, après un sévère revers la semaine dernière.

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Robert Ménard, la dérive accélérée de l'activiste de RSF

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C’était avant d’être élu maire, soutenu par le Front national, à Béziers. Avant de publier Vive Le Pen ! et Vive l’Algérie française !. Avant sa carrière de polémiste sur RTL et i-Télé et ses propos sur l’islam (ici ou) ou l’homosexualité (ici ou ). Jusqu’en 2008, Robert Ménard a été le secrétaire général de Reporters sans frontières, qu’il a créé en 1985 avec trois copains de Montpellier.

Le journaliste ne parlait pas des Le Pen ni d’un Béziers occupé « par des pauvres, des Maghrébins, des Gitans ». Mais il a, pendant 23 ans, défendu une conception sans frontières de la liberté d’expression, qui lui a permis ensuite de justifier le droit à s’exprimer de personnages négationnistes, antisémites et racistes. Tour d’horizon de ses années RSF.

Marion Maréchal-Le Pen venue soutenir Robert Ménard, à Béziers, le 13 décembre 2013.Marion Maréchal-Le Pen venue soutenir Robert Ménard, à Béziers, le 13 décembre 2013. © dr

L’année prochaine, Reporters sans frontières fête ses 30 ans, et cet anniversaire inquiètent déjà certains de ses membres. Comment le célébrer « sans son fondateur », qui plus est près de Béziers, ville qu'il vient de conquérir ce dimanche 30 mars avec 47% des voix dans le cadre d'une triangulaire? En public, le discours des dirigeants de l'ONG est le même : « Ménard c’est Ménard, RSF c’est RSF. » « Il a porté et incarné l’organisation pendant 23 ans. Depuis 2008, il n’y exerce plus aucune fonction et n’a plus de contact institutionnel. Il appartient au passé », tranche Christophe Deloire, actuel secrétaire général de l’organisation. Le journaliste Alain Le Gouguec, président du conseil d’administration de RSF, explique que leur « position, c’est de parler le moins possible de lui. Cela nous a beaucoup plombés. On veut qu’on cesse d’associer notre action à lui. »

Le 30 mai, la dépêche AFP, titrée sur l’« ancien de Reporters sans frontières » devenu candidat soutenu par le FN, a fait une mauvaise pub à l’organisation. « Il faut du temps pour décoller l’étiquette. Mais on ne réécrit pas le passé, je ne vais pas l’enlever de la photo comme Staline », dit Deloire, qui estime que « RSF n’est ni de gauche ni de droite » et n’a « pas à dire que c’est mal de voter FN ». Au printemps 2013, la présidence d’honneur de RSF international a tout de même été retirée « à l’unanimité » à Robert Ménard. « Il était très en colère quand il l'a appris. On n’a pas communiqué là-dessus », relate un membre de RSF.

Des anciens de l’ONG ont voulu frapper plus fort. Dans une tribune publiée dans Libération, onze ex-RSF, dont l’ancien secrétaire général Jean-François Julliard, évoquent le « naufrage » de « l’homme pour lequel (ils avaient) du respect », après s’être « accrochés à l’espoir d’un malentendu, d’une erreur de parcours ». « Chacun d’entre nous (...) combattra à sa manière tes idées d’extrême droite », écrivent-ils.

« Il a toujours détesté les gens tièdes et aimé les extrêmes. Mais il s’est engagé dans une défense sans limite de la liberté d’expression, en excusant les extrêmes, dans une spirale de radicalisation où l’on ne peut pas le suivre », estime Vincent Brossel, arrivé à RSF en 1999 et responsable du bureau Asie jusqu’en 2010 (lire notre boîte noire). « Robert, tu es devenu indéfendable, tu nous mets dans la merde, tous ces gens qui se sont battus pour toi ! » lui a lancé un ancien ami de trente ans de RSF.

« Si j’avais été soutenu par le Front de gauche, qui a soutenu les pires ennemis qu’on rencontrait au jour le jour en Chine, est-ce qu’ils auraient écrit une tribune ? », réplique aujourd’hui Robert Ménard, en affirmant à Mediapart n’avoir « aucune référence d’extrême droite, c’est une bêtise ! ».

À l’époque de Reporters sans frontières, Ménard semble loin du Front national. Il sort d’une « jeunesse rebelle », « de gauchiste », racontent ses anciens camarades. Six années à la LCR, un passage à la CFDT puis au Parti socialiste, qu’il quitte « en 1981 ». « Il parlait de ses “copains” Cohn-Bendit, Mamère, Krivine, qu’on invitait toujours à RSF d’ailleurs », se rappelle un autre ancien pilier de l’organisation, qui a « toujours considéré que Robert était un type de gauche car son univers de références, c'était à 90 % des gens de gauche ».

Jusqu’en 2007 en tout cas. Cette année-là, leur meneur leur annonce « tout fier » qu’il votera François Bayrou au premier tour. « Au second tour, il a voté Sarkozy. Il pensait qu’il allait faire une politique différente par rapport aux droits de l’homme en Chine et en Russie. Il s’est rapidement rendu compte que ce n’était pas le cas. Mais il est vite déçu, Robert. »

L’histoire racontée par le fondateur de RSF est celle d’un « malentendu avec les journalistes ». « Il y a longtemps que je n’étais plus de gauche, simplement des journalistes ne peuvent pas penser une seconde qu’on puisse défendre la liberté et les droits de l’homme si on n’est pas de gauche. » « J’ai évolué parce que je vois que le monde évolue », reconnaît-il, en refusant de se situer sur un axe gauche/droite. Il explique avoir voté Nicolas Dupont-Aignan au premier tour de 2012 tout en étant « en désaccord avec ce qu’il dit sur l’Europe ». « J’essaye de bricoler, je n’ai pas un parti avec lequel je suis d’accord. Je fais une campagne que je ne situe ni à droite, ni à gauche. »

Robert Ménard venu salue Marine Le Pen à l'aéroport de Montpellier, le 18 janvier.Robert Ménard venu salue Marine Le Pen à l'aéroport de Montpellier, le 18 janvier. © Capture d'écran d'un article du Midi Libre.

Lorsqu’on remonte le temps, d’anciens amis et collègues de RSF dressent le même portrait. Celui d’un type qui « avait des idées qui dérangent, mais pas quelqu’un d’extrême droite », affirme Vincent Brossel. « Dans les discussions, d’un seul coup il balançait un truc à l’emporte-pièce et disait : “Non mais, qu’est-ce que t’en penses ?” Il voulait susciter un débat, qu’on lui apporte la contradiction », raconte un ancien ami. « On n’a pas vu le danger. On était embarqués dans autre chose, on s’attachait à ce qui nous semblait alors l’essentiel à RSF. On a peut-être eu tort. »

Dans ces discussions, ils étaient « plusieurs à penser que c’était de la provoc, que Robert ne pensait pas ce qu’il disait. Jamais on aurait imaginé ce parcours », raconte un ancien, qui ne l’a « jamais senti attiré par le FN » : « Il ne parlait pas de Le Pen, de la religion, de l’homosexualité comme il l’a fait après RSF. Je ne me souviens que de sa justification de la peine de mort, “dans certains cas”, il citait à chaque fois Marc Dutroux. »

Si la mutation du fondateur de RSF s’est faite « graduellement », plusieurs de ses ex-camarades relèvent un « avant et un après » sa rencontre en 2000 avec sa femme Emmanuelle Duverger, juriste et catholique pratiquante. Ménard reconnaît « de l'influence » mais pas un tournant. « Quand je l'ai rencontrée, elle était chargée de l’Afrique à la Fédération internationale des droits de l’homme, c'est dire si elle était loin de moi ! » ironise-t-il. 

En 1999, Robert Ménard est arrêté par la police alors qu'il manifeste contre la visite du président chinois.En 1999, Robert Ménard est arrêté par la police alors qu'il manifeste contre la visite du président chinois. © Reuters

« Lui qui ne parlait jamais de religion est devenu très content d’accompagner à la messe leur fille, inscrite dans une école catholique. Il a basculé dans l’autre modèle de pensée. Il s’est mis à tout penser à travers le prisme de sa fille, “si ça arrivait à ma fille…” », relate un ancien de l’ONG. « Sa femme l’a encouragé à dire ce qu’il avait sur le cœur, à ouvrir la boîte », pense un ancien qui a fréquenté le couple.

La « boîte » est ouverte à l’occasion d’un premier épisode, décrit par des anciens de RSF comme un « choc en interne ». La venue dans les locaux de Reporters sans frontières du négationniste Robert Faurisson, maintes fois condamné pour avoir nié l’existence des chambres à gaz. « On s’est dit : “Ce n’est pas possible, qu’est-ce qu’il fait là?!” » se souvient cet ancien salarié présent. « Cela a donné lieu à une réunion houleuse, on lui a dit que ce n’était pas acceptable », raconte Vincent Brossel, qui évoque une « collègue d’origine juive qui l’a gardé en travers de la gorge »« Pendant une demi-journée, certains n’ont pas travaillé et menacé de se mettre en grève. Il nous a répondu “ça n’engage que moi, RSF n’y est pas mêlé”, “je dis juste que ce monsieur a le droit de s’exprimer”. »

Lorsqu’on évoque l’épisode, Robert Ménard sort de ses gonds. « C’est quatre minutes dans l’histoire de Reporters sans frontières, c’est vrai que c’est important ! Faurisson est venu à RSF, il a demandé à me voir. J’étais étonné de le voir arriver, et plus qu’ennuyé. Je me suis dit “quoi, je le laisse à la porte ou je le fais rentrer ?” Il arrive dans mon bureau, il me dit : “Vous me défendez ?”. J’ai dit : “Non, je défends votre droit à vous exprimer”. »

Le livre coécrit avec sa femme Emmanuelle Duverger, en janvier 2003.Le livre coécrit avec sa femme Emmanuelle Duverger, en janvier 2003.

L’ex-professeur des universités n’a pas débarqué complètement par hasard, mais après la publication en 2003 de La Censure des bien-pensants, dans lequel le duo Ménard-Duverger demande l’abrogation de la loi Gayssot (réprimant les actes racistes et antisémites) qu’ils considèrent comme « un texte inique, indigne d’une démocratie ».

Leur chapitre 4, intitulé « Faurisson doit pouvoir s’exprimer », s’ouvre sur ces phrases : « Les révisionnistes ont raison. Ils font l’objet d’une véritable chasse aux sorcières, victimes de ce qu’il faut bien appeler une police de la pensée, un détournement du droit. » « Que leurs affirmations soient contredites par tout ce que l’on sait aujourd’hui de la Solution finale n’est pas ici en question », précisent les auteurs, tout en dénonçant « le traitement que la justice française leur réserve », une « chasse à l’homme » destinée à « museler les inconvenants » avec les « ressorts du droit ».

« Je n’ai jamais défendu Faurisson. J’ai écrit un livre où je condamne les lois mémorielles.  Ça n’a rien à voir avec ce qu’on pense du fond », souligne Ménard qui voit dans cet ouvrage « une synthèse de ce que disait RSF ». Partisan du premier amendement de la Constitution américaine, « voltairien tout le temps », Ménard rabâche son principe : « défendre le droit de s’exprimer aux gens quel que soit leur point de vue ». Et brocarde ceux qui « sont pour la liberté d’expression, mais pour leurs amis ».

Sa vision est pourtant à géométrie variable. Dans son livre de 2003, il liste, sur 165 pages, des « censures » de « propos racistes, sexistes, négationnistes, obscènes » – des condamnations des révisionnistes à une « blague pédophile » dans le collimateur du CSA, en passant par la polémique de l’abbé Pierre lorsqu’il accuse le « lobby sioniste international », « une expression taboue », dit Ménard. Il fustige aussi « un nouvel ordre moral jusque dans la littérature et ses personnages de fiction » et une politique de « l’autruche » « dès qu’on aborde la sexualité ». En 2010, le même Ménard s’opposera à la diffusion en CM1 et CM2 d’un film d’animation visant à lutter contre l’homophobie, qui met en scène deux petits poissons tombant amoureux. « Je refuse que mes enfants voient ça (...) Oui, moi j’ai envie que mes enfants aient une sexualité hétérosexuelle », dit-il sur Paris Première (voir à 4'50) :

« Avec ce livre, non seulement on a découvert des pensées qu’on ne lui connaissait pas, mais aussi qu’on n’était professionnellement plus en phase avec lui s’il allait jusque-là pour défendre la liberté d’expression », relate un ex-RSF. Cela lui permettait de défendre tout. On ne voulait pas mettre notre énergie au service de certains personnages, lui s’est mis à les défendre, les Soral, Dieudonné, et à faire des choses sans qu’on le sache. »

Plusieurs épisodes ont ensuite interrogé ses collègues. En 2003, le fondateur de RSF s’engage à fond contre Castro jusqu’à se rapprocher d’une diaspora cubaine jugée « extrémiste » par certains de ses collègues. L’année suivante, en pleine Révolution orange, il se rend à Kiev avec l’homme d’affaires Omar Harfouch, proche du pouvoir. Il suscite une polémique en rendant visite à Ianoukovitch, premier ministre pro-russe, dont le régime autoritaire est déjà critiqué par les organisations de défense des droits de l'homme, et sans rencontrer le candidat de l'opposition, victime d’une tentative d’empoisonnement.

En 2006, son équipe découvre qu’il est parti au Liban défendre Al-Manar, la chaîne de télévision du Hezbollah, après les bombardements israéliens. « Certains programmes appelaient à tuer des juifs, c’était de l’appel au meurtre. Il nous a répondu que pour être entendu il fallait être sur la ligne de crête », se souvient l’un d’eux. Ménard, lui, répond qu’il a toujours « appliqué à la lettre la ligne de RSF – défendre quelqu’un sans partager ses opinions –, en Chine, à Cuba, partout ».

En 2007, nouveau tollé. Sur France Culture, interrogé sur le cas de l’otage Daniel Pearl, il justifie l’usage de la torture sur des proches des ravisseurs : « Je ne dirai pas qu’ils ont eu tort de le faire parce que (Marianne Pearl), elle a pensé que c’était bien de le faire, (...) sauver son mari ; elle était enceinte… pour le petit qui allait naître, tout était permis. (...) Légitimement, moi, si c’était ma fille que l’on prenait en otage, il n’y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis » (écoutez sa réponse intégrale ici).

Des limites qu’il ne posait pas non plus dans certains financements de son ONG. À l’époque, l’argent vient de la vente d’albums (distribués gratuitement par les NMPP, en partie filiale du groupe Lagardère) et de produits divers, mais aussi du milliardaire François Pinault, du laboratoire Sanofi-Avantis, et de subventions américaines – le National Endowment for Democracy (NED), un think tank de droite, le Center for a Free Cuba.

En 2004, RSF accepte un don de 10 000 euros d’Omar Harfouch, « un ami du colonel Kadhafi », concède alors Ménard, mais « aussi un ami de RSF, qui répond toujours présent lorsqu'on le sollicite ». En 2007, c’est grâce à la générosité de l'épouse de l'Émir du Qatar qu’il crée un centre pour la liberté d'information à Doha (qu’il quittera un an et demi plus tard). « Il nous a dit “c’est une opportunité qu’il faut saisir, j’ai dicté mes conditions”. Il a fini par remporter le morceau », se souvient un membre du conseil d’administration. Robert Ménard défend lui une « une approche pragmatique des choses ».

« Sa logique, c’était “on s’en fiche de qui sont les gens, s’ils veulent nous donner des moyens” », explique Vincent Brossel, qui rappelle aussi qu’« à RSF, on n’avait pas le droit de critiquer les médias ». Ce thème sera pourtant au cœur du livre de Robert Ménard, Vive Le Pen, en 2011. « Je suis pas un redresseur de torts de la presse », « mon boulot, c'est de faire sortir des gens de prison », justifiait-il à Libération en 2008. Pour faire décoller RSF, il fallait des relais médiatiques et des fonds. Alors il a « réseauté » auprès de la grande presse et ses patrons, et abandonné le volet critique des médias.

Robert Ménard lors de l'allumage de la flamme olympique en Grèce, avant les JO de Pékin de 2008.Robert Ménard lors de l'allumage de la flamme olympique en Grèce, avant les JO de Pékin de 2008. © Reuters

« Par principe, Robert parle avec tout le monde, même ceux qu’il déteste. Mais durant son mandat, cela n’a, en aucune manière influencé la ligne de RSF », explique l’un de ses amis, Olivier Basille, directeur de RSF Belgique, qui l’a aussi côtoyé à la revue Médias.

« On défendait des gens de toutes obédiences », « il n’y a pas eu de radicalisation de RSF », estiment les anciens de Reporters sans frontières, qui reconnaissent aussi l’action du maître de l'agit-prop à RSF, son « sacré tour de force » d’avoir monté cette ONG, lui le journaliste au Petit Biterrois et à Radio France Hérault. « Il a été pris de haut en arrivant avec son accent du Midi et sans parler anglais, se souvient un historique de RSF. C’était un général qui prenait la tête de ses troupes, il n’était pas derrière. Il a passé son temps à sauver des vies humaines, au péril de la sienne. En Haïti, il a failli être tué. Il a hébergé chez lui des opposants tunisiens. Dans la Tunisie de Ben Ali, il se faisait virer et des choses dégueulasses étaient écrites sur lui, “pédophile”. »

À RSF, tout le monde rappelle évidemment le coup d’éclat des JO de Pékin, en 2008. L’ONG a perturbé l’allumage de la flamme olympique et a piraté une fréquence FM. « Il a réussi une action extraordinaire le jour de la cérémonie, raconte le même ancien. Grâce à des bâtons de marche avec des émetteurs miniaturisés, on a diffusé en plein cœur de Pékin vingt minutes de messages sur la liberté d’expression. Après, il a été menacé de mort, sa famille aussi, placé sous protection policière. »

« Il s’est battu des mois pour obtenir une commission d’enquête sur l’assassinat du journaliste burkinabè Zongo », raconte Vincent Brossel. « Il a fait d’excellentes choses. Quand je voyage, je rencontre des gens qui se souviennent avec émotion ce que RSF et Robert ont fait pour eux », reconnaît Christophe Deloire. « J’ai juste permis la libération de centaines de journalistes pour lesquels un certain nombre de vos confrères n’ont pas levé le petit doigt, se félicite aujourd’hui le fondateur de RSF. Appelez Florence Aubenas, elle vous dira ce qu’on a fait pour elle ! »

Le numéro 21 de la revue Médias de 2009.Le numéro 21 de la revue Médias de 2009.

Dans ses dernières années RSF, Robert Ménard a préparé la suite. Il passe alors une grande partie de son temps à la revue Médias, sa « nouvelle danseuse », qu’il dirige avec sa femme. Le magazine ouvre ses colonnes à Jean-Marie Le PenMarine Le PenAlain SoralRenaud Camus, le théoricien du « grand remplacement »Pierre Cassen, le fondateur de Riposte laïque qui « déteste l’islam », peut-on y lire. « Il a commencé à mettre cette défense de la liberté d’expression au service d’un seul camp », estime un ancien de RSF.

« Plus jamais je n'écrirai là-dessus. Ça a été terrible par ricochet pour RSF », expliquait Ménard en 2008, s’agissant de sa défense du droit à s'exprimer des négationnistes. En réalité, le fondateur de RSF a continué, mais en dehors de l’ONG. Il s’est mis à défendre, toujours au nom du même principe, Dieudonné ou le néonazi Vincent Reynouard. À donner des conférences chez les identitaires ou au Local de Serge Ayoub, le leader d’un groupuscule d’extrême droite dissous après la mort de Clément Méric.

Il s’est entouré, dans sa campagne, de six colistiers frontistes. À son local, Rue89 a croisé le sulfureux André-Yves Beck, ancien du groupuscule Troisième Voie devenu l’idéologue de Bompard, qui s'est illustré par la censure d'ouvrages à la bibliothèque d'Orange en 1995.

Robert Ménard donne une conférence à la Traboule, local des Identitaires lyonnais, le 26 février 2013.Robert Ménard donne une conférence à la Traboule, local des Identitaires lyonnais, le 26 février 2013. © Génération identitaire Lyon

« Cette direction était prévisible, mais alors il fallait remonter très loin pour le voir », pense aujourd’hui un ancien de RSF. Dans « son côté incontrôlable », sa « gestion autocratique » et sa « personnalisation » de l’organisation, estiment certains ex-RSF, qui voient aussi dans ce parcours un retour aux sources : celles de son père, communiste et cégétiste, engagé dans l'OAS (Organisation armée secrète) pour garder l'Algérie française. Après l’indépendance, la famille quitte l'Algérie pour s'installer dans un village de l’Aveyron, à côté d'un camp de rapatriés faisant chaque matin le salut au drapeau. « Aujourd’hui, c’est la mémoire familiale qui revient », affirme un ancien ami. « Avec l’âge, il a eu un retour vers son père, décédé. Il a accepté la Légion d’honneur en 2008 pour lui », raconte un ex-RSF. Il s’est psychologiquement libéré de ce poids de l’Algérie française à en devenir border-line sur l’islam. »

Olivier Basille, lui, ne voit pas d’évolution idéologique chez son ami mais un « changement de fonction et de combat ». « Quand vous dirigez une organisation internationale, vous effacez vos propres convictions. Libéré de ce poste, vous vous exprimez, surtout lorsque vous briguez un mandat. » À ceux qui s’étonnaient de ses propos, Ménard avaient répondu, en 2011 : « On ne m’interrogeait pas sur l’homosexualité quand j’étais responsable de RSF. »

Du Front national, il en avait parlé en revanche. Dans La Censure des bien-pensants, il dénonçait l’opposition, à l'entre-deux tours de la présidentielle de 2002, au « “fascisme” qu’incarnerait le leader de l’extrême droite française », le « No pasaran » hurlé dans les rues, « nos gazettes » transformées en « tracts militants », et, en face, le « vide sidéral des propositions pour “changer la vie” ». Dix ans plus tard, c’est avec le soutien du Front national à Béziers que Robert Ménard veut « changer la vie ».

BOITE NOIRESauf mention contraire, toutes les personnes citées ont été interviewées par Mediapart. Certains anciens de RSF ont souhaité ne pas apparaître nommément étant donné leurs nouvelles activités professionnelles. Vincent Brossel, ancien pilier de l'ONG, est aujourd'hui candidat sur une liste EELV à Paris.

Contacté samedi, Hervé Deguine, que Robert Ménard présente comme celui qui a été « le plus proche » de lui pendant les années RSF, n'a pas retourné nos appels.

Nous n'avons pas pu poser toutes nos questions à Robert Ménard. Contacté vendredi, il a mis fin à l'entretien au bout de vingt minutes, après l'évocation des épisodes qui avaient suscité des remous en interne (Faurisson, la chaîne du Hezbollah). « Vous allez vous les garder vos questions, votre mauvaise foi transpire, je connais Mediapart. Vous vous foutez de ma gueule, la seule chose que vous trouvez à faire la veille des élections, c’est de revenir sur les années Reporters sans frontières, pas pour dire – parce que vous ne le direz pas –, le combat merveilleux qu’on a mené. Je sais d’avance ce que vous allez écrire. (...) Je vous le dis : je fais ce que je veux avec vous, j’ai déjà la gentillesse de vous répondre parce que je me contrefous de ce que vous écrirez. »

 

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The blow-by-blow account of a historic change in the French political landscape

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  •  Indicated times of posted reports are local time (CET).  Please scroll down to bottom for a background presentation of what is at stake in the elections.

Reporting by Michael Streeter and Graham Tearse.

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(03.00): Summary: The definitive results of the elections will be announced on Monday, and you will find them here on Mediapart. But beyond the fine detail, the picture already clear is a resounding defeat for the French Socialist Party in its first nationwide electoral test since coming to power in national government in May 2012.

The victor, in terms of gains, is the mainstream Right opposition party the UMP, along with its centre-right allies. It has managed to achieve this despite internal divisions and the heightening of corruption scandals that have dogged it over recent months.

In the category of French towns with populations of more than 30,000, and also cities with many more inhabitants, the mainstream Right at this hour controls 165, the mainstream Left 91.

The symbolic victor is the far-right Front National, which has made its biggest-ever gains in local elections. As we close down reporting tonight, the party is expected to win some 15 Town Halls around France, to be confirmed later Monday, and which is an all-time record. The party that has based its many years of campaigning as being outside of the political establishment now becomes, however small, a part of it, and its future position will now radically change as a result, notably in its ability - or not - to manage in power and to maintain its position.

The yet to be revised statistics of the French interior ministry show the overall share of the vote as follows: mainstream Right and centre-right with 45.91%, the mainstream Left (including Green parties) with 40%, the far-right with 6.48% and the far-left with 0.06%.

The abstention rate sits at 36.3%.

What are intended to be six-year elections in which voters decide who they believe are the best candidates to manage strictly local issues have become, not for the first time, a plebiscite for change at a national level.  

A government reshuffle is without any doubt due between now and Wednesday (the day when the French government cabinet meets for weekly meetings) and President François Hollande is due – according to persistent media reports – to appear on French TV channel TF1 Monday evening to announce, at least in part, the forthcoming changes to his government.

The big headline question is who will be President Hollande’s future prime minister, if indeed he jettisons Jean-Marc Ayrault. Few political observers believe Hollande is likely to make any radical change in his consensual policies as he battles with the severe social consequences of the economic crisis, with the number of jobless now running at 3.3 million (more than 4.9 million when taking part-time employed but full-time job seekers into account), and strong pressure from the business lobby for more free-market liberty, notably relief on taxes and welfare contributions.

 Any future prime minister must follow what many perceive as a fudge of both, and it is far from certain that he or she who are potential candidates to be named as the new prime minister, if they have future presidential ambitions, is ready to carry a weight which could scuttle their future.

That leaves the promise of an intriguing, and probably surpising, 48 hours ahead.

(01.00): Results: the Left have lost control of ten towns (and cities) with a population of more than 100,000.

(00.48): The result in Marseille, in which the outgoing conservative UMP party mayor Jean-Claude Gaudin was re-elected for a fourth term of office, sees the city's council made up of 61 seats for the UMP, 20 for the Front National and another 20 for the Socialist Party.

(00.42): While secretary of state Benoît Hamon backtracks on his earlier reported comments that a government reshuffle is due Monday (‘I am not the president’ he Tweets), several French media report that François Hollande is to appear for an interview on the prime time evening news programme on TV channel TF1 on Monday evening, when he is expected to announce a change of government and the name of his new prime minister. The reshuffled government is not expected to be announced in detail before Wednesday, says the political correspondent for daily Le Parisien – because Tuesday is April fools’ day.

(00.30): The Communist Party loses several towns in the Paris region to the mainstream Right, including its former bastion Saint-Ouen, Villejuif (which it held since 1925), Bobigny (which it held since 1920) and Blanc-Mesnil.

(00.27): The Front National is tipped to win a total of between 14 and 15 of these towns with a population of more than 9,000.

(00.25): Interior minister Manuel Vals announces a provisional estimate that the combined Left have lost control of 155 councils in municipalities with a population of 9,000 or more (which naturally include large towns and cities).

(00.20): Agriculture minister Stéphane Le Foll, close to François Hollande, comments: “It’s a defeat and one must by lucid about what happened. The French are waiting for results and I would like things to move more quickly. We must be capable of keeping a certain number of major objectives that we fixed and to adjust the policies that are led in order to respond to all our fellow citizens.”

He is one of a number of ministers avoiding a call for radical change in government policy (see labour minister Michel Sapin’s earlier comments), perhaps indicating already decided cosmetic changes ahead.

(00.10): Result: The Front National takes the town of Mantes-la-Ville (population 19,000), near Paris.

Monday (00.05): Defeated Paris candidate Nathalie Kosciusko-Morizet also told her supporters: “We have led an exceptional campaign, but above all I want to say to you: 'Don't be sad. We will have other battles together.'”

(23.50): Defeated Paris candidate Nathalie Kosciusko-Morizet attempted to put a brave face on her defeat. The former UMP minister said: “We have gained seats on Paris Council. This evening we have won more than 49% of the vote. I committed to this fight knowing that it was difficult.” And though she has conceded defeat to her socialist rival for Paris city hall, Anne Hidalgo, Nathalie Kosciusko-Morizet is contesting the outcome in the city's 4th arrondissement (or district), according to her team. The result there gave the socialist candidate victory by 55 votes, but the former minister’s team claim instead that their candidate in that district received 50 more votes than his rival.

(23.47): The UMP's Jean-Claude Gaudin, who easily won a fourth term as mayor of Marseille, said it was a victory for the way he had “brought together” different political strands to defeat his socialist opponent Patrick Menucci. “It was a double rejection, a rejection of President François Hollande and of Patrick Menucci,” he said. Gaudin also attacked the final days of the campaign in the city, claiming that some of the statements and leaflets issues were “odious” and “the worst I have known” in more than four decade of politics.

(23.45): One possible contender for Jean-Marc Ayrault’s job is current interior minister Manuel Valls, widely tipped as the most probable replacement as prime minister. Commenting upon the results late Sunday evening, as is the tradition for French interior ministers after every election, he said:  “We must see things face to face, the French who didn’t vote expressed a lack of trust towards the ruling powers. This question is put to all [democratic] republican [forces]. “

“During the second round, the far-left attracted 0.06% [of the vote], the Left 40%, the Right 45.91%, the unaffiliated 6.22%, and 6.84% [went] for the far-right.”

Valls then launched into a more political analysis: “The electorate expressed a keen expectation, discouragement and anger […] Tonight, the French spoke of what they are awaiting in terms of unemployment and purchasing power. But also about security.”

(23.30): With a government reshuffle on the way, Prime Minister Jean-Marc Ayrault, speaking tonight said President Hollande would "draw the lessons of this poll, he will do so in the interests of France". Whether that will be a cosmetic operation of musical chairs or a significant re-orientation of policies to appease the Left of his party remains to be seen.

(22.27): UMP senator Jean-Pierre Raffarin, who was prime minister under President Jacques Chirac, said that the Left had been “very very heavily...punished” in the vote. However former minister Laurent Wauquiez , a vice-president of the UMP, warned that it would be a “profound mistake” to think that the local election results represented a “blank cheque for the Right”.

(23.20): A clearly delighted Front National president Marine Le Pen said that winning power in a number of towns across France was only the beginning for the party. “Our aim is to show the people that we can offer a real alternative to the current system. At the moment you have a system where when one of the parties [UMP or PS] loses, the other one wins, even if they don’t deserve it. Our aim is to show there are other ways of doing it,” she told BFMTV. “And in those towns where we didn't win – and in some it was just by a few hundred votes – then we will do better next time and we will win. That is what establishing yourself locally is all about.”

(23.15): Summary:  with many results still to be confirmed, the socialists have clearly suffered a resounding defeat nationwide.

So far the far-right Front National party has tonight taken control of nine town halls which, with the party’s early victory in Hénin-Beaumont last weekend brings their tally to ten. They failed to take the southern city of Avignon, where their candidate came in poll position in last weekend's first round, and also the eastern town of Forbach, where the party's vice-president and candidate Florian Philippot had also come first-placed last weekend. Both were won by the Left.

The mainstream conservative UMP opposition party has beaten the socialists in a vast number of municipalities, and emerges as the principal beneficiary by far of the Socialist Party’s debacle.  

The socialists have suffered defeats even in towns that they have held for decades, including Angers, which they controlled for 37 years, Chambery (25 years) and, most notably, Limoges, which had been managed by the socialists since 1912. However, they have maintained control of a number of important cities and towns, including Paris, Lyon, Lille, Rennes, Le Mans, Metz, Strasbourg and Dijon.

A government reshuffle, the first since the socialists won the presidential and parliamentary elections in 2012, is now certain and will probably be announced within 48 hours, when Prime Minister Jean-Marc Ayrault is far from certain to retain his post.

(22.58): The Dordogne town of Périgueux, a former right-wing bastion which the socialists won in 2008, is retaken by an alliance of right-wing parties.

(22.50): “It is a defeat for the government, and for the [ruling] majority,” said French Prime Minister Jean-Marc Ayrault, speaking on Sunday evening. “The message is clear and must be entirely heard. The French [people] must gain back confidence. We have not sufficiently explained that the action for recovery that has been engaged since 2012 was essential for our country."

“We together carry the responsibility of this result […] We must take stock of all the questions, the demands.”

(22.35): In Paris, the head of the UMP's list in the 18th arrondissement (or district), Pierre-Yves Bournazel, said there had been a “collective failure” behind Nathalie Kosciusko-Morizet's failure to win the capital from the socialists. He insisted they would take control of Paris “one day”.

The victorious socialist candidate Anne Hidalgo, who becomes the French capital's first woman mayor, thanked her rival Nathalie Kosciusko-Morizet on Twitter for having called her to offer “republican congratulations”.

(22.30). Speaking on BFMTV, the UMP president Jean-François Copé described the results as a “stinging rejection” of the current government, and said François Hollande's administration has to make major “economic and political changes”. He added: “The French people have given us tonight a very clear message, in making us the leading party in France.” For him, the results were proof that the efforts the party had made – and were still making – to renew itself over the last two years were “bearing fruit”. Meanwhile his colleague Christian Jacob, head of the UMP's Parliamentary group of MPs, said that the government no longer enjoyed a majority in the country and were now prisoners of other parties, notably “the Greens”, referring to the EELV green alliance which is part of the government.

(22.20): Tensions are high in Fréjus, where the Front National won, and where riot police have been deployed outside their headquarters. The defeated UMP candidate Philippe Mougin blamed the far-right's win on the outgoing mayor Élie Brun, who stood on an independent right-wing ticket. Brun insisted on standing in the second round even though he was in third place behind Mougin and eventual winner David Rachline in the first round. Brun's opponents said this split the anti-FN vote. “It's because of him that the FN won,” said Mougin. “From tomorrow I will get to work trying to win back this town.”


(22.15
): Socialist culture minister Aurélie Filipetti comments: "We are in a difficult struggle to put the economic situation right, but the day-to-day [experiences] of our fellow citizens must not be ignored."

(22.12): Socialist party leader Harlem Désir comments : “There is a demand for results, especially about unemployment […] The French are waiting for us to put our political policies into action.”

(22.05): Nicolas Dupont-Aignan, president of the right-wing Gaullist party Debout La République, mocked conservative UMP candidate Nathalie Kosciusko-Morizet's failure to become mayor of Paris on a night of otherwise great successes for the Right and reverses for the socialists. “With this blue tide you really have to go some not to win Paris!” he said on Twitter.

(21.55): The unsuccessful Front National candidate at Forbach, party vice-president Florian Philpott, was upbeat about his party's fortunes despite his own defeat. “The FN has never had so many towns in its history, ” he declared.

Robert Ménard, who was elected mayor of the southern town of Béziers on a far-right ticket backed by the Front National, said his win was for the town, which had been under the control of the UMP for 19 years, not him, describing it as a “victory with no losers”. He said: “This evening Béziers has freed itself of 20 years of poor leadership. But it's a happy liberation, a positive one. It's not the victory of one party.”

(21.50): Jean-Vincent Placé, senator and a leading member of the Green alliance party EELV comments: “The message of tonight is the necessity of a [government] reshuffle […] of a total reshuffle of the policies led by François Hollande over the past 18 months. I want a major change of direction, profound, clear, net, as of tomorrow, a response to the French people who have sent the president a terrible disavowal." 

(21.40): Result: Exit polls indicate Socialists narrowly lose Toulouse to the UMP, and suggest re-election of the outgoing UMP mayor of Marseille, Jean-Claude Gaudin.

(21.36): Government reshuffle: Secretary of state Benoît Hamon announces a government reshuffle as of Monday. If this happens, it will be the first since the socialist government came to power following François Hollande's election as president in May 2012.

(21.35): Socialist labour minister Michel Sapin comments: “When I see Limoges fall to the Right I tell myself there’s a national message and a local message. It is a local defeat. It needs to be heard. But when you’re in power, it’s not a reason for changing political line.”

(21.26): Result: Socialists lose La Roche-sur-Yon, in the Vendée, after 37 years in control of the town.

(21.25): Result: Socialists lose Limoges, Anglet, Bar-le-Duc, Belfort, Brive-la-Gaillarde, Chambery, but hold on to Besançon and Auxerre.

(20.22): Radical-left Parti de Gauche leader Jean-Luc Mélenchon comments: “The policies of François Hollande, his swing to the Right, his alignment with the [French business confederation] the Medef, his submission to Europe, have produced a disaster. Years of implantation of the Left have been destroyed in a few weeks. The Right finds itself as it was [in the last municipal elections] in 2008."

(21.15): Socialists lose towns of Tours and Montbeliard.

(21.14): Result: Greens win Grenoble.

(21.11) Result: Socialist candidate Anne Hidalgo announces she has won in Paris, beating UMP candidate Nathalie Kosciusko-Morizet.

(21.10): Result: Front National take the small southern French town Le Luc (Var département).

(21.07): Early predictions suggest that the Right may have taken control of as many as 100 towns with populations of more than 100,000, according to rolling TV news station BFMTV.

(21.05): Former UMP minister (under Nicolas Sarkozy) Nadine Morano said she was happy at the failure of two leading Front National candidates to win power, in Perpignan and Forbach. “I rejoice at the defeat of Louis Aliot and Florian Philippot,” she told BFMTV. Philippot is a vice-president of the FN while Aliot is FN party president Marine Le Pen's partner as well as being a vice-president.

Meanwhile the UMP mayor of Bordeaux Alain Juppé, a former prime minister, said the results were a “very serious reverse, a slap in the face of those candidates supporting the government”. He also told TF1, referring to the Front National's political colours, that “I note first of all that there is no Navy blue tide”.

(21.00): Front National lose attempt to win Forbach, in eastern France, from socialists.

(20.58): Socialists hold on to Lille (re-election of outgoing mayor and Socialist Party figurehead Martine Aubry), but lose nearby Roubaix, which is won by joint candidature of UMP and centre-right UDI).

(20.55): Socialist Party’s Ségolène Royal, its defeated presidential candidate in 2007 and former partner of François Hollande, comments: “Lots of good things have been done, but the French have not understood. It is necessary to reconstruct the democratic connection.

(20.50): Result: Socialist Party take control of Avignon from the UMP. This was a contest the Front National had an outside chance of winning, its candidate having won the most votes of any in the first round last Sunday.

(20.45): The Right was quick to claim a comprehensive victory in the elections. The UMP president Jean-François Copé, referring to his party's colours, heralded the results as a “blue tide”. In a statement he added: “It's the UMP's first great victory in a local election”. And the UMP leader told TF1 TV that the results sent a clear signal to the ruling Socialist Party and in particular the president. “François Hollande has to change policy,” said Copé, on “tax, the fight against unemployment and insecurity”, also singling out for attack justice minister Christiane Taubira's proposed criminal law reforms which he said “will be a catastrophe” in the fight against crime. The UMP was now the “leading party in France”, he added.

The party's vice-president Brice Hortefeux, a former interior minister and longstanding friend and ally of former president Nicolas Sarkozy, also picked up on the “blue tide” theme, describing it as a result the Right had not produced “in a generation”. He told BFMTV: “Nicolas Sarkozy brought us great success at national level, now we are seeing the start at local level.”

The far-right Front National's president Marine Le Pen also claimed victory for her party which she said marked “a new stage for the FN”. According to her estimations the party would have “perhaps 1,200 municipal councillors and win control of at least six towns”. She added: “The FN has achieved the best results in its history.”

(20.36): Radical-left Parti de Gauche leader Jean-Luc Mélenchon says President François Hollande’s policies have been "a disaster".

(20.35): FN claims victory in Beaucaire, southern France.

(20.30): Result: UMP win control of Saint-Etienne from socialists.

(20.25):  “These results are bad for the Left,” comments French government’s official  spokeswoman  Najat Vallaud-Belkacem. “There was a national dimension in these elections. We hear it.”

Exit polls indicate the Front National takes Fréjus in southern France.

Result: Socialists lose control of Reims.

Result: UMP take Quimper in Brittany from socialists.

Result: The far-right Front National wins the southern town of Béziers.

(20.10) Result:  Centre-right candidate François Bayrou wins Pau from socialists.

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What's at stake:

The voting in the second round of nationwide municipal elections on Sunday, which are held every six years, will produce the final makeup of the councils of the 36,681 village-, town- and city halls spread across France, and the mayors who run them.

The first-round vote last Sunday saw some municipal councils elected outright, where candidates polled more than 50% of the vote. Notable among these was the result in the northern, former coal-mining town of Hénin-Beaumont, where the far-right Front National (FN) party gained control.

Today’s contest will decide the political colour of all other municipalities – and which include most major French towns and cities - in a contest between candidates who garnered more than 10% of the vote last weekend (but less than 50%) out of which the winners are those with a majority share of the vote, whatever that is.

The far-right saw a significant surge in support in the just less than 600 communes where it fielded candidates, and the test this Sunday is whether it can carry this support further to win a handful of crucial contests where it faces mainstream party candidates. In several of these, and where it faired poorly last Sunday, the Socialist Party has withdrawn itself from the election in favour of better-placed mainstream party candidates in a tactic to avoid splitting the vote.  

The FN is in a favourable position to win the southern towns of Béziers and Fréjus and the eastern town of Forbach. It could also take the southern city of Avignon, where it came top in first-round voting and which would represent a major symbolic victory, although the battle is tight.

The contest in Paris will see a woman mayor elected for the first time, whoever wins what is a two-horse race between Left and Right. The socialist candidate, Anne Hidalgo, is forecast to take the capital after forging an alliance this week with the Greens, which is likely to reverse her narrow second place in last Sunday’s first round result when conservative UMP party opposition candidate Nathalie Kosciusko-Morizet came in first place. However, Hidalgo’s victory is not a foregone conclusion and if she loses it would be tantamount to a political earthquake and would put an end to 13 years of socialist rule in the capital.

Meanwhile, at a national level, the Socialist Party is braced for a drubbing. Last week saw its support significantly weakened in a number of its traditional strongholds, notably Lille and Lyon.  Neither of these is likely to be lost, but the results could be uncomfortably close. That is also the case in Toulouse, where the contest is particularly tight for the outgoing socialist mayor. But beyond these, the socialists face losing control of some 150 towns around the country, amongst which a large number could be gained by the UMP (and notably Strasbourg). The maverick centre-right leader François Bayrou, standing with backing from the UMP, appeared certain to oust the socialist mayor in Pau, in south-west France.

An important factor for all parties, but more especially for the socialists, is the abstention rate. At the end of the afternoon on Sunday, this was estimated to be between 38% and 38.5%, which would be the highest abstention rate ever recorded in the 56-year existence of France’s Fifth Republic. Last weekend’s first round results saw an abstention rate of 36.45%. Amid the record unpopularity of President François Hollande and his government, the Socialist Party is struggling to mobilise its traditional supporters who are perceived to make up a large portion of those who have refrained from voting. In a damage limitation effort last week, party officials led an energetic campaign to urge its electorate to turn out today.

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Une autre politique pour conjurer la catastrophe!

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D’abord, il y a la colère ou l’exaspération ! Par-delà le décompte précis des municipalités perdues par la gauche et de celles qui ont été gagnées par la droite et par l’extrême droite, c’est avant tout cela l’enseignement majeur de ces élections municipales. Elles sont le révélateur de l'indignation d’une bonne partie du pays contre un pouvoir socialiste qui, depuis l’alternance, n’a cessé de piétiner les promesses de changement et qui, depuis le soir du premier tour, se refuse à admettre l’urgence d’un changement de cap. Cette dernière semaine, il n'a eu qu'un seul et pauvre argument de campagne, celui du Front républicain, consistant à appeler à voter pour l'UMP de Jean-François Copé – lequel Jean-François Copé restera à tout jamais célèbre pour avoir barboté dans la piscine du marchand d'armes Ziad Takieddine et pour avoir préempté nombre de thèses du Front national.

A quels autres résultats les dignitaires socialistes pouvaient-ils s’attendre ? Après tant de mensonges, tant de promesses bafouées, que pouvaient-ils escompter d'autre que ces résultats sinistres, et même souvent inquiétants ?

Durant la campagne présidentielle, le candidat socialiste François Hollande a fait entendre une petite musique de gauche qui, même si elle n’était guère enjouée ou dynamique, a au moins donné l’assurance au pays que la page des années Sarkozy serait tournée. Que la politique économique et sociale inégalitaire du président sortant serait suspendue. Que l’affairisme qui avait marqué le dernier quinquennat prendrait fin.

Si le candidat François Hollande n’a pas fait de nombreuses promesses – et surtout pas de promesses véritablement audacieuses –, il a  pourtant marqué les esprits. Ne serait-ce qu’à cause de sa célèbre phrase : « Mon ennemie, c’est la finance. » Si la formule était passablement elliptique, elle résonnait au moins comme une promesse de résistance, contre toutes les injustice générées par un capitalisme financier de plus en plus tyrannique.

On sait ce qu’il en est advenu ! Fait sans précédent dans la longue histoire de la gauche, François Hollande a tourné casaque le jour même où il a accédé au pouvoir. Pas six mois, pas deux mois, pas un mois ! Non, le jour même ! À la différence du Front populaire, qui a attendu six bons mois en 1936 pour décréter la « pause », selon la formule de Léon Blum ; à la différence aussi du gouvernement d’union de la gauche qui, en 1981, a attendu aussi un bon semestre pour annoncer « la pause dans l’annonce des réformes », selon la formule de Jacques Delors, et une bonne année avant d’engager le premier plan d’austérité ; François Hollande, lui, a négocié son « virage »… le jour même où il a accédé à l’Élysée.

Aussitôt, il a jeté à la poubelle toutes les promesses en lesquelles les électeurs de gauche avaient eu l’imprudence de croire. La grande réforme fiscale, prévoyant notamment la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG, a été enterrée ; la partition promise des banques, entre activités spéculatives et activités commerciales, s’est transformée en mascarade ; la promesse faite aux ouvriers de Florange de sauver leur site industriel a été honteusement oubliée – et le Conseil constitutionnel vient de jeter aux oubliettes ce qu'il restait de l'ersatz de protection pour les ouvriers ; la grande réforme démocratique, avec notamment l’organisation d’une justice indépendante, l’indépendance du Parquet ou encore la suppression de la Cour de justice de la République, a été enterrée...

C’est une sorte de hold-up démocratique qui est intervenu, car les électeurs ont été privés de leur victoire. Et ils en ont été privés de manière d’autant plus spectaculaire que François Hollande ne s’est pas borné à oublier quelques-unes de ses promesses de campagne. Il s’est aussi appliqué à désespérer chaque jour un peu plus les électeurs qui l’avaient porté au pouvoir en mettant en œuvre la politique du camp d’en face : la politique néolibérale défendue par l’UMP et revendiquée par le Medef.

Comme s’il n’y avait pas eu d’alternance, comme si le suffrage des électeurs ne comptait pas, François Hollande a poursuivi, dès le premier jour, la politique de rigueur salariale et budgétaire conduite auparavant par Nicolas Sarkozy. Pis que cela ! Il l’a même aggravée, en portant à 50 milliards d’euros le montant des économies budgétaires promis à Bruxelles. En clair, la promesse d’un quinquennat en deux temps – deux années d’effort, puis trois autres années pour en récolter les fruits – a très vite été balayée. Et François Hollande a fini par faire au pays une promesse radicalement différente : l’austérité à perpétuité.

François Hollande a même été piocher dans la boîte à outils des officines du patronat – l’Institut de l’entreprise et l’Institut Montaigne – pour inventer le plus scandaleux des transferts : financée en partie par le plus injuste des impôts, la TVA, la somme de 20 milliards d’euros a été apportée aux entreprises, sans la moindre contrepartie ni le moindre contrôle.

En somme, le gouvernement a mis en œuvre non pas une politique sociale-libérale, qui impose un donnant-donnant entre les entreprises et les salariés. Dans le cas présent, il n’y a pas eu de donnant-donnant : il y a juste eu un cadeau en pure perte apporté aux entreprises. Comme l’a écrit Christian Salmon (lire L’économie zombie et la politique de l’offrande), ce n’est pas même une politique de l’offre qui a été mise en œuvre, mais bien plutôt une politique… de l’offrande !

Et les 20 milliards d’euros n’ont pas suffi. Très vite, François Hollande a fait un geste de plus. Toujours dans le même sens, en faveur du patronat. Après le « choc de compétitivité », il a donc promis un « pacte de responsabilité » qui s’emboîterait à ce premier gigantesque cadeau et qui porterait au total à 30 ou 35 milliards d’euros le total des allègements de cotisations sociales ou fiscales en faveur des entreprises.

Et ce n’est pas tout ! Le gouvernement ne s’est pas contenté de poursuivre la politique économique et sociale inique de Nicolas Sarkozy. Sous la houlette de Manuel Valls, il s’est aussi appliqué à poursuivre dans ses grandes lignes la politique sécuritaire de Claude Guéant ou de Brice Hortefeux. Avec les mêmes résonances xénophobes, un jour contre les Roms, le lendemain contre « l’ennemi intérieur »

Enfin, François Hollande n’a rien fait pour sortir de cette insupportable culture monarchique française, qui a nécrosé la démocratie. « Moi, je… », « moi, je… »: tout s’est joué à l’Élysée, autour d’un président omnipotent, désordonné et cafouilleux, mais tout-puissant, décidant de tout, selon son bon plaisir. Encore et toujours, le « coup d’État permanent »…

Dans un pays rongé par un chômage qui atteint des niveaux historiques, touchant plus de 5,5 millions de personnes toutes catégories confondues, et miné par une pauvreté qui englobe désormais plus de 10 millions de personnes, sur quoi pouvaient donc déboucher de nouvelles élections, fussent-elles locales ? Il n’était guère besoin d’être un politologue chevronné pour le pressentir : sur la colère, précisément. Ou sur l’indignation.

Au soir de ce second tour des élections municipales, la question qui est posée aux dirigeants socialistes – mais tout autant, pour des raisons qui ne sont pas les mêmes, à ceux des autres composantes de la gauche ou du mouvement écologiste – est donc d’une triste évidence : fallait-il que le Front national progresse encore, pour qu’un nouveau cap soit enfin choisi ? À l’instar de Hénin-Beaumont, fallait-il que d’autres villes tombent entre les mains de l’extrême droite, avant que les dirigeants socialistes comprennent qu’ils doivent se ressaisir ? C’est l’avenir de la gauche qui est durablement menacé. Plus même que l’avenir de la gauche : c’est la République qui vacille et qui est en danger. La République, avec ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité…

Si ces questions prennent au soir de ce second tour une si forte acuité, c’est que les dirigeants socialistes ont fait mine, dans la semaine de l’entre-deux tours, de ne pas comprendre la gravité de l’alerte. Et c’est à un théâtre d’ombre proprement surréaliste auquel on a assisté.

On a ainsi appris, mercredi, à l’issue du conseil des ministres, que pour François Hollande il fallait « entendre les Français » et que la « leçon » à tirer du scrutin consisterait à « travailler au redressement du pays avec plus de force, plus de cohérence et plus de justice sociale ». Phrases creuses qui, par leur vacuité même et leur imprécision, sont terriblement inquiétantes.

Dans une authentique démocratie, où le peuple a la parole, une sanction aussi grave aurait été prise en compte. Au pays du « coup d’État permanent », le monarque républicain, aussi minoritaire soit-il dans le pays, aussi désavoué soit-il, peut décider ce que bon lui semble, contre l’avis même de tout le pays. Ainsi le permettent les institutions très anti-démocratiques issues du coup d’État à froid du général de Gaulle, en 1958, et que la gauche n’a jamais véritablement réformées : c’est celui-là même qui a été sanctionné par les électeurs qui a les pleins pouvoirs pour tirer les enseignements de la sanction. Voire… pour n’en tirer aucun enseignement, ou alors seulement cosmétique.

François Hollande décidera, seul, des enseignements à tirer de cette sanction démocratique qui le vise personnellement. Et il en décidera dans quel sens ? Tout au long de la semaine écoulée, comme dans une monarchie malade, les supputations de la cour ont été bon train, suggérant de multiples hypothèses. Avec selon les variantes, le maintien de Jean-Marc Ayrault à Matignon ou son remplacement par Manuel Valls. Mais de l’un à l’autre, quelle différence ? En termes de politique économique et sociale, aucune ! Lors des primaires socialistes, Manuel Valls est celui qui, le premier, a défendu l’idée de relever la TVA et d’engager une politique pour stimuler la compétitivité des entreprises. En quelque sorte, dans la politique néolibérale que suivent aujourd’hui les socialistes, il a joué les précurseurs.

Quant à sa politique sécuritaire ou en matière d’immigration, il a si fréquemment joué de l’emphase, marchant avec délectation sur les brisées de la droite, sous les applaudissements de certains caciques de l’UMP, jusqu’à Serge Dassault, que sa promotion à Matignon aurait des allures de provocation. A l'époque, ses camarades socialistes lui avaient fait amèrement grief de dupliquer le programme de la droite ultra-libérale.

L’autisme dans lequel semble enfermé François Hollande a d’ailleurs d’autres manifestations. Car, dans le prolongement de ces rumeurs de cour sur le nom du possible futur premier ministre – le même ou un autre encore plus marqué à droite –, on a appris les mesures que pourrait prendre le nouveau gouvernement, au lendemain d’un probable remaniement.

Le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, a ainsi lâché que des mesures fiscales « à destination des plus modestes » seraient prises dans les tout « prochains jours » tandis que la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a souligné mercredi que « l'objectif à terme est d'aller vers une baisse de la fiscalité des ménages », sans s'engager sur un quelconque calendrier.

En clair, rien de nouveau sous le soleil socialiste. Car voilà des mois, dans la foulée des vœux de fin d'année de François Hollande, que le gouvernement évoque une possible baisse de l’impôt sur le revenu, sans jamais préciser à quelle échéance. De surcroît, une baisse de l’impôt sur le revenu, même ciblée sur les tranches basses du barème, profiterait par construction aussi à toutes les autres tranches du barème, y compris aux plus riches. Et cette baisse n’aurait aucun effet sur les 50 % des Français qui n’y sont pas assujettis, et qui sont… les plus modestes !

En clair, si le gouvernement avançait vers une telle solution, ce serait toujours tourner le dos à la justice fiscale. Car une telle disposition contribuerait à démanteler encore un peu plus l’impôt sur le revenu, l’un des rares prélèvements progressifs en France avec l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Ou si l’on préfère, cela équivaudrait à prendre exactement le chemin inverse à celui que préconisait autrefois le Parti socialiste, au travers de cette fusion entre l’impôt sur le revenu et la CSG, pour refonder un impôt citoyen et progressif.

L’autre piste évoquée vise à modifier le plan d’allègement des cotisations sociales et fiscales envisagé par le gouvernement en faveur des entreprises. Jusqu’à présent, on sait que le gouvernement avait en effet prévu d’abord un allègement de 20 milliards d’euros, sous la forme d’un crédit d’impôt, baptisé « CICE », pour créer un soi-disant « choc de compétitivité ». Et, dans un deuxième temps, François Hollande avait annoncé une possible suppression des cotisations familiales payées par les employeurs, venant se cumuler aux 20 milliards d’euros. Au total, sous une forme ou sous une autre, les entreprises devaient y gagner de 30 à 35 milliards d’euros.

C’est donc cette articulation entre le « choc de compétitivité » et le « pacte de responsabilité » qui pourrait être revue, sous des modalités qui sont encore mal connues. Ce qui a filtré, c’est juste que le gouvernement maintiendrait cette enveloppe globale de 30 à 35 milliards d’euros d’allègements, mais préférerait l’utiliser au travers d’un élargissement du système de crédit d’impôt plutôt qu'au travers d’une suppression des cotisations familiales.

Mais, là encore, d’un système à l’autre, quelle différence ? Le débat sur l’efficacité supposée d’une modalité plutôt que l’autre fait peut-être rage entre quelques chapelles néolibérales, mais n’a, en vérité, aucun véritable enjeu. Car dans un cas comme dans l’autre, on sait à l’avance ce que seront les effets de ces différents dispositifs : d’abord et avant tout des effets d’aubaine pour les employeurs, mais pas ou peu d’effet en termes d’emploi ou d’investissement.

Cet aveuglement de François Hollande et de ses proches, qui veulent poursuivre dans la même direction, a d’ailleurs eu une autre traduction spectaculaire. Dans un article qui n’a pas profité de la publicité qu’il méritait, publié par Les Échos, sous le titre explicite « Sur les économies, nous ne changerons pas de cap », le ministre du travail, Michel Sapin, qui est aussi un intime de François Hollande, a dit le plus important : en dehors de quelques ajustements de détail, rien ne changera. Le plan d’austérité de 50 milliards d’euros – qui est le cœur de la politique néolibérale française, et qui plonge la France dans une situation de déflation en même temps qu’elle nourrit une explosion du chômage et de la pauvreté – n’est pas négociable. Quoi qu’en pensent les électeurs qui ont sanctionné François Hollande.

Il n’est pas besoin d’être expert budgétaire pour le comprendre : la mise en œuvre de ces 50 milliards d’euros d’économies constituerait un saccage majeur, auquel rien ne résisterait. Pas de politique de l’emploi ! Y en a-t-il seulement eu une depuis l'alternance ? Pas de politique culturelle ! Pas même de politique de refondation de l’école publique ! Pour ceux qui en douteraient, les mêmes rumeurs alimentées par Bercy sont venues confirmer ces derniers jours que même la promesse phare de François Hollande visant à créer 60 000 emplois dans l’éducation nationale d’ici la fin de son quinquennat risquait d’être passée à la broyeuse de l’austérité – ici un écho de presse qui rapporte ce que prépare le ministère du budget.

De surcroît, le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, a eu beau démentir qu’il avait proposé le gel de l’avancement automatique des fonctionnaires, l’information est avérée, comme l’a révélé une enquête de Mediapart (lire Salaires des fonctionnaires : le poker menteur de Vincent Peillon). En somme, tout se passe comme si François Hollande n’avait plus le moindre tabou : converti à une politique économique radicalement de droite, il donne le sentiment d’être indifférent à scandaliser son électorat, jusqu’aux enseignants, dont les gros bataillons ont toujours été fidèles à la gauche.

Au soir du second tour des élections municipales, c’est ce qu’il y a de plus inquiétant. Dans une véritable démocratie, les élus du peuple chercheraient sur-le-champ à prendre en compte le message des urnes. Message en l’occurrence transparent ! D’urgence, il faudrait fixer un cap nouveau ; renouer avec les promesses  de la campagne du candidat socialiste ; engager une véritable réforme fiscale pour refonder un impôt progressif ; desserrer l’étau de l’austérité et conduire une politique salariale et budgétaire plus dynamique…

Bref, il faudrait un cours nouveau. Pour conjurer la catastrophe qui se dessine. Pour refonder notre démocratie. François Hollande semble tourner le dos à cette aspiration. Alors qu’il faudrait réinventer la gauche, lui redonner une doctrine et un espoir, il s’est claquemuré dans les pouvoirs insupportables que lui confèrent les institutions de la Ve République. Seul face au peuple…

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Le PS et le pouvoir enregistrent une débâcle électorale

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Jamais sous la Vè République, un scrutin local n’aura été aussi fortement déterminé par les données nationales. Les élections municipales 2014, dont le deuxième tour s’est tenu ce dimanche 30 mars, ont pris de fait toutes les caractéristiques d’élections législatives. Ici où là, le poids des personnalités a certes encore pesé. Mais l’essentiel a bien été d’approuver ou de sanctionner les grandes lignes de la politique suivie depuis mai 2012 par l’exécutif.

Le résultat est d’une rare sévérité tant il vient démentir et punir une large partie des socialistes qui perdent plus de 155 villes de plus de 9.000 habitants. D’abord, c’est tout un argumentaire qui s’est écroulé : celui, longuement développé par les candidats socialistes, comme par le gouvernement, que les municipales ne sauraient être que «locales», scrutin à portée limitée donc.

Ensuite, c’est un cycle qui s’achève ou plutôt la fin d’un système qui est engagée par ce vote : celui d’un certain socialisme municipal qui permettait aux socialistes de dire que les seuls bilans locaux de leur gestion de collectivités territoriales devaient suffire à leur réélection. Enfin, c’est un responsable qui est sanctionné : le président de la République, et avec lui ce gouvernement, tant tout indique que le vote-sanction intervenu concerne d’abord la politique de l’exécutif.

Jean-Marc Ayrault: «C'est une défaite pour le gouvernement. J'y prends toute ma part»Jean-Marc Ayrault: «C'est une défaite pour le gouvernement. J'y prends toute ma part» © Reuters

En cela, les municipales 2014 diffèrent de deux grands précédents. 1983 fut une rude défaite pour les socialistes de Mitterrand mais une défaite atténuée par une forte mobilisation au deuxième tour et une union de la gauche encore vivante qui, par de bons reports de voix, avaient permis de limiter la casse. Rien de cela cette fois : l’abstention a encore augmenté en ce deuxième tour (38,5% après 36% au premier tour) ; les reports de voix sont médiocres voire très mauvais laissant isolés les candidats du PS.

L’autre précédent est celui de 1977, celui d’une immense vague rose qui vit le PS s’installer durablement et massivement à la tête des mairies. Ce succès ne fut pas construit seulement sur le rejet du pouvoir giscardien mais sur l’émergence d’une nouvelle génération de responsables politiques fortement portés par des dynamiques sociales et par l’union de la gauche. 2014 est un 1977 à l'envers, mais pas seulement tant les ressorts du vote sont éloignés de ces enjeux locaux. Ces municipales sanctionnent certes quelques vieux barons locaux (Michel Delebarre à Dunkerque en est un exemple) : mais leur dynamique est d’abord, voire exclusivement nationale.

Jean-Marc Ayrault, dimanche soir, et la plupart des responsables socialistes n’ont d’ailleurs pas renvoyé à quelques situations locales difficiles les enseignements de ce scrutin. «C'est une défaite pour le gouvernement. J'y prends toute ma part. Ces élections ont été marquées par la désaffection significative de celles et ceux qui nous ont fait confiance en mai et juin 2012», a reconnu sans barguigner Jean-Marc Ayrault. Le remaniement ministériel est engagé et François Hollande devrait s’exprimer rapidement. Quant au débat sur les changements politiques à engager, ils n'ont fait dimanche que timidement s'engager chez les responsables socialistes qui, tous, rappellent qu'il revient à François Hollande de choisir...

Un résultat symbolise à lui seul l’ampleur de la défaite socialiste : Limoges. Personne n’aurait imaginé la perte par le PS de ce bastion socialiste depuis 1912. Or Alain Rodet, maire sortant, est sèchement battu. Et il n’y a, dans cette défaite, pas seulement l’usure d’un baron local, en poste depuis 24 ans. Ayant perdu près de la moitié de ses voix au premier tour par rapport à son score de 2008, Alain Rodet a soudain redécouvert les vertus de l’union et de dynamiques plus large en fusionnant avec les écologistes. Trop tard. Dans une ville également lourdement frappée par le chômage, Alain Rodet a été balayé par un candidat inconnu de l‘UMP.

Mais ce n’est pas la seule configuration de la défaite. En examinant la liste des villes de plus de 30.000 habitants, le parti socialiste et le pouvoir peuvent faire le décompte : ils perdent une cinquantaine de villes. Des bastions, des villes conquises en 2008, des villes dirigées par des personnalités nationales ou non : le vote sanction est passé partout. Toulouse, quatrième ville française, Quimper, ville de Bernard Poignant, conseiller proche de Hollande, Roubaix, Reims, Belfort, Argenteuil, Asnières, Colombes, Chambéry, Angers, Caen, Ajaccio, Montbelliard, Valence, Evreux, Tours, Roanne, Saint-Etienne, Laval, Pau, Amiens, La Roche-sur-Yon, Athis-Mons, Livry Gargan.

Autre symbole de la défaite socialiste: Grenoble. La liste emmenée par l'écologiste Eric Piolle, regroupant le Front de gauche et des associations de la ville, avait créé la surprise en arrivant en tête, devant la liste socialiste, au premier tour. Le refus du candidat PS Jérôme Safar de fusionner a été durement sanctionné par les électeurs. L'écart se creuse encore puisque l'alliance conduite par les écologistes l'emporte avec 40,8 % des voix contre 27,6 % pour le socialiste.

C'est un autre enseignement du scrutin: le PS perd plusieurs villes faute d'avoir pu construire des dynamiques de rassemblement entre les deux tours. Ce fut le cas au niveau national, lorsque les responsables du PS ont appelé la semaine passée à un hypothétique front républicain contre le FN sans se soucier d'appeler les autres formations de gauche à l'union. Ce fut le cas bien souvent au niveau local, lorsque les maires sortants n'ont consenti que du bout des lèvres à recomposer leurs listes. Le résultat est la perte de plusieurs pour cause de report des voix désastreux, à Reims, à Angers, à Tours...

Le succès écologistes-Front de gauche à Grenoble, la victoire du candidat du Front de gauche Patrice Bessac à Montreuil ne doivent pas masquer les difficultés persistantes du PCF, en particulier en Ile-de-France. Les communistes perdent plusieurs fiefs, Saint-Ouen, Bagnolet, Bobigny, Villejuif. Ils sauvent d'extrême justesse Saint-Denis et préservent quelques villes en région, comme Dieppe. Mais l'affaiblissement du communisme municipal se poursuit. Ajouté en Ile-de-France à la perte de plusieurs villes conquises en 2008 par les socialistes, ce scrutin change sensiblement la couleur politique de la région Ile-de-France à un an des élections régionales.

De plus, ces pertes de municipalités vont avoir des conséquences en chaîne. Les socialistes ont d'ores et déjà perdu la direction de trois grandes communautés urbaines: à Bordeaux, à Lille et à Marseille. Si Martine Aubry est réélue, ses marges d'action seront singulièrement réduite avec la perte de la puissante communauté urbaine du Nord. Enfin, même si un comptage précis reste à faire, tout laisse penser que le Sénat, à l'issue des élections de l'automne prochain, devrait être repris par la droite.

Tout cela fait-il pour autant une «vague bleue» comme s'en est rapidement félicité le responsable de l'UMP Jean-François Copé? «Cette vague bleue est liée au fait que l'UMP, depuis deux ans, s'est reconstruite, a mobilisé énormément sur le terrain», a-t-il commenté à l'attention de ses nombreux rivaux au sein de l'UMP. Mais si la progression de la droite classique est incontestable, elle reste entravée par les conquêtes du Front national qui parvient à conquérir quatorze mairies. Comme prévu, le parti de Marine Le Pen s'enracine un peu plus dans le sud-est en emportant Beaucaire, Cogolin, Fréjus, Le Luc, Béziers, Le Pontet et la mairie du 7è arrondissement de Marseille. Outre Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, il l'emporte à Villers-Cotterêts, dans l'Aisne, à Hayange, en Moselle, à Mantes la Ville, dans les Yvelines.

Robert Ménard soutenu par le FN emporte Béziers.Robert Ménard soutenu par le FN emporte Béziers. © Reuters

Marine Le Pen pouvait triompher dimanche en revendiquant près de 1.300 conseillers municipaux, soit bien plus que l'objectif du millier qu'elle s'était fixé. C'est un résultat sans commune mesure avec celui de 2008 (80 conseillers municipaux) et supérieur à celui de 1995.  « Le Front national bouscule le duo PS et UMP. Il faut compter avec une troisième grande force», a assuré dimanche soir Marine Le Pen. Certains de ces candidats ont encore progressé entre les deux tours, bénéficiant du vote d'abstentionniste du premier tour mais surtout du vote d'électeurs de l'UMP. La consolidation du Front national, sa banalisation et la porosité grandissante avec l'électorat de la droite classique sont ainsi confirmé.

Dans ce champ de ruines, les dirigeants socialistes sont apparus dimanche soir comme tétanisés. La victoire d'Anne Hidalgo à Paris, le fait de conserver Strasbourg, Lille, Lyon, Rennes ont été éclipsés par l'inquiétude politique exprimés par tous les responsables socialistes. Il est vrai, comme l'a rappelé avec insistance le président des députés PS Bruno Le Roux, que la suite des événements ne leur appartient pas. «Il revient au président de décider de la réponse», a constaté Bruno Le Roux, interrogé sur l'équation du remaniement et sur les éventuels changements de politique. La Vè République est ainsi qui interdit aux élus du parti majoritaire de se prononcer laissant à l'appréciation du seul président les changements éventuels.

Chacun s'est donc limité à de floues suggestions. Jean-Marc Ayrault pour souligner la «nécessité de la justice sociale» tout en assurant: «Nos réformes vont porter leurs fruits». Mais le premier ministre semblait là livrer comme une déclaration testamentaire tant sa position semble intenable au vu de l'ampleur de la défaite. Pierre Moscovici, ministre de l'économie et des finances, a lui asséné quelques surréalistes élements de langage, repris avec plus de prudence par certains de ses collègues: «Cette défaite, c'est le prix du courage des réformes que nous avons entreprises», a-t-il ainsi affirmé. Benoît Hamon, représentant de l'aile gauche du PS, a voulu lui se démarquer plus nettement en soulignant l'insatisfaction sociale grandissante et en se disant déterminé «à parler pouvoir d'achat».

Mais de ce classique partage des rôles relevant des diverses sensibilités du PS, rien n'a laissé entrevoir une réponse politique à la hauteur du choc électoral subi ces deux derniers week-end. La réponse est à l'Elysée et sera donnée avant mercredi. D'ici là, le PS défait et ligoté est condamné à supputer ce que seront d'éventuelles réponses présidentielles.

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Le vote FN s'est consolidé entre les deux tours

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« Le vote FN-RBM est maintenant un vote d’adhésion », a annoncé Marine Le Pen dimanche soir au siège du Front national. C’est ce que répète la présidente du FN depuis les élections cantonales de 2011. Si l’affirmation n’était pas exacte il y a quelques années, les élections municipales des 23 et 30 mars tendent en revanche à montrer une consolidation du vote FN entre les deux tours.

Le Front national remporte onze villes, bien plus que son record de 1995 (qui était de trois mairies, et une quatrième à la partielle de 1997): Fréjus, Le Luc et Cogolin (Var), Beaucaire (Gard), Le Pontet (Vaucluse), Villers-Cotterêts (Aisne), Mantes-la-ville (Yvelines), Hayange (Moselle), Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), dans le septième secteur de Marseille et à Béziers (dans l’Hérault, où il soutenait Robert Ménard).

Le parti lepéniste a en revanche vu ses quatre têtes d’affiches battues: ses deux vice-présidents, Florian Philippot à Forbach (Moselle) et Louis Aliot à Perpignan (Pyrénées-Orientales), le député Gilbert Collard à Saint-Gilles (Gard), et, au premier tour, la liste sur laquelle figurait en dixième position l’autre députée frontiste Marion Maréchal-Le Pen, à Sorgues (Vaucluse).

Marine Le Pen a annoncé dimanche soir l’élection de « 1200 » conseillers municipaux. « Partout nous avons progressé, s’est félicitée la présidente du FN, qui y voit « une sanction massive pour le pouvoir en place », mais aussi « l’adhésion a une nouvelle politique », à « une autre manière de faire de la politique » d’électeurs qui voudraient « sortir de l’ornière UMPS ». « Nous passons à une nouvelle étape (...), il faut  désormais compter avec une troisième grande force dans notre pays », a-t-elle aussi martelé sur France 2.

Marine Le Pen le 23 mars 2014.Marine Le Pen le 23 mars 2014. © Reuters

Un premier indicateur tend à montrer une consolidation du vote FN: les scores importants du parti lepéniste vont avec une participation élevée. À Fréjus, où David Rachline gagne avec 44,5% des voix, le taux de participation est de 71,46% à la clôture des bureaux de vote (une hausse de près de trois points par rapport au premier tour). À Béziers, où Ménard l’emporte à plus de 47%, il est de 68,51 %. Au Luc, autre ville gagnée par le FN, elle est de 69,48%. Des chiffres supérieurs à la moyenne nationale (63,7%). Dans les villes où le FN était en tête du premier tour, la participation a augmenté.

Marine Le Pen et Steeve Briois à Hénin-Beaumont, dimanche.Marine Le Pen et Steeve Briois à Hénin-Beaumont, dimanche. © Reuters

Au premier tour déjà, la participation était supérieure à la moyenne nationale dans les villes où le FN décrochait ses meilleurs scores : 64,59% à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), 68,4% à Fréjus (Var), 64% à Béziers (Hérault). « Le FN est un opérateur de repolitisation. Il fait voter des gens qui, autrement, ne voteraient plus », expliquait à Mediapart, l'issue du premier tour, le chercheur Joël Gombin, doctorant en sciences politiques à l’Université de Picardie et spécialiste des votes FN.

Autre indicateur de cette consolidation: les électeurs qui se sont tournés vers lui au premier tour ne l’ont pas délaissé au second. Ils confirment au contraire leur vote. Dans ses zones fortes, le FN progresse, et ce malgré de nombreuses triangulaires ou quadrangulaires.

À Béziers, Robert Ménard, passe de 44,88% à 47,3% entre les deux tours, malgré une triangulaire avec un UMP et un divers gauche. Il gagne 1 799 voix. À Fréjus, David Rachline, qui avait recueilli 40,30% au premier tour, totalise 44,55 % au second, dans une triangulaire qui l'opposait à deux candidats de droite. À Hayange, Fabien Engelmann, l’ancien militant de la CGT, avait rassemblé 30,41 % des voix. Il conquiert la ville avec 34,7 % des voix, dans une quadrangulaire.

David Rachline remporte la ville de Fréjus (Var).David Rachline remporte la ville de Fréjus (Var). © Reuters

Dans le Var, le FN passe de 39,03 à 51,3 % à Cogolin, face au maire sortant divers droite (+698 voix), et de 36,94% à 42,02% au Luc. De 32,85 à 39,8% à Beaucaire (Gard) dans une quadrangulaire, de 34,66% à 42,62 % au Pontet (Vaucluse), également dans une triangulaire, de 32,04% à 41,53% à Villers-Cotterêts (Aisne), de 21,66% à 30,26% à Mantes-la-ville (Yvelines). À Marseille, dans le septième secteur, Stéphane Ravier, historique du FN, passe de 32,88% à 35,8%.

Florian Philippot, en campagne à Forbach le 8 octobre 2013.Florian Philippot, en campagne à Forbach le 8 octobre 2013. © Reuters

C’est aussi le cas dans les villes où le FN échoue au second tour. À Forbach (Moselle), où se présentait Florian Philippot, il se stabilise à 35,17% (contre 35,74% au premier tour). À Perpignan (Pyrénées-Orientales), Louis Aliot passe de 34,2% à 44,7 %. À Saint-Gilles (Gard), Gilbert Collard, qui avait rassemblé 42,5% au premier tour termine à 48,50%, à quelques voix de son rival.

À Tarascon (Bouches-du-Rhône), la frontiste Valérie Laupies avait recueilli 39,24% au premier tour, et 47,26% au second. Dans le Vaucluse, le FN passe de 36 % à 47,02 % à Valréas et de 29,63% à 35,02 à Avignon.

Ce phénomène s'observe aussi en dehors du pourtour méditerranéen. En Moselle, à L’Hôpital, le candidat frontiste échoue, mais gagne 271 voix: il passe de 23,98% à 32,18%. Dans le Nord, à Roubaix, le candidat frontiste perd deux points (19,31 % au premier tour, 17% au second) dans une quadrangulaire. Dans l’ouest, à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), le parti lepéniste passe de 11,28% à 12,02% entre les deux tours et gagne 144 voix. À Lorient (Morbihan), dans une quadrangulaire, la candidate frontiste perd 37 voix en passant de 14,78% à 13,78%.

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Grenoble, point de départ de l'alternative à gauche ?

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C'est la victoire qui change tout: avec 40 % des voix, les écologistes alliés au Parti de gauche emportent sans mal Grenoble, la seizième ville de France, 157.000 habitants. La ville de l’innovation et des nano-technologies, détenue par le PS Michel Destot, était jusqu’ici un des fleurons du socialisme municipal. A tel point que c’est la députée du centre-ville, Geneviève Fioraso, qui avait été choisie par François Hollande pour devenir en 2012 ministre de la recherche.

Mais depuis ce dimanche, le maire de la ville s’appelle Eric Piolle. A 41 ans, cet ingénieur entré en politique il y a quatre ans a battu facilement le PS Jérôme Safar, dauphin désigné de Michel Destot, crédité de 27,6% des voix. Associé au parti de gauche et à des collectifs citoyens très actifs dans la ville, il devient le maire de la plus grande ville écologiste de France. En plein marasme municipal du PS, le parti de gauche et les écologistes font logiquement de cette victoire la première étape d’une alternative à la gauche du parti au pouvoir, même si l’essai reste à transformer. « Le PS était coupé de la population, exerçait son pouvoir dans une tour d’ivoire. Ce soir, nous avons montré que la gauche peut porter haut le flambeau... quand elle est de gauche », se réjouit Elisa Martin, l’une des fondatrices du PG, numéro deux de la liste.

Eric Piolle, tête de liste du « rassemblement citoyen »Eric Piolle, tête de liste du « rassemblement citoyen » © M.M.

Dimanche dernier, Piolle était arrivé en tête du premier tour. Un coup de massue pour les socialistes, que les sondages donnaient largement gagnants. A tel point que Jérôme Safar s’est maintenu avec le soutien du PS grenoblois, malgré les appels à fusionner lancés par Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls.

Ces derniers jours, la campagne a été très agitée. Dans les quartiers populaires, des tracts et des SMS ciblant la population musulmane assuraient que Piolle allait interdire le hallal dans les cantines. Christiane Taubira a dû annuler un déplacement pour soutenir Eric Piolle face à la bronca des socialistes locaux, menaçant de manifester bruyamment contre sa venue. Et vendredi soir, Eric Piolle a été mystérieusement agressé alors qu’il circulait sur son vélo. 

Grenoble est l’exemple type d’une succession ratée au royaume du PS. Inquiet de la faible notoriété de son poulain, Michel Destot, qui avait décidé de passer la main, a un temps envisagé de rempiler. Premier adjoint depuis 2008, Safar, symbole de l’apparatchik socialiste, gestionnaire mais sans folie, n’était pas très connu des Grenoblois.

Mais la victoire de l’alliance rouge-verte est aussi le modèle d’une campagne exemplaire, souvent inventive, à la rencontre d'un l’électorat de centre-ville déçu par le PS et de classes populaires démobilisées. « La mobilisation était de leur côté », admettait ces derniers jours un élu socialiste, dépité.

Depuis des mois, écologistes et parti de gauche, qui entretiennent localement de très bonnes relations, avaient décidé de partir à la conquête de la ville. Tout sauf un coup de tête. A Grenoble, la tradition de la gauche alternative, qui a marqué l’histoire de la ville, est encore vivace. En 1995, ce sont des mouvements citoyens comme l’Ades, présents sur la liste Piolle, qui ont contribué à révéler l’affairisme de l’ancien maire RPR Alain Carignon. Les écologistes, qui ont gouverné entre 1995 et 2008 avec Michel Destot, avant de faire sécession, y réussissent depuis des années de très bons scores, notamment dans le centre-ville: 26,5 % aux régionales de 2010, 29 % aux européennes de 2009, un conseiller général depuis 2004 etc.

De son côté, le PG obtient de bons résultats dans les quartiers populaires. Sans le PCF, scotché par ses alliances électorales avec le PS, PG et EELV ont plutôt harmonieusement fusionné leurs programmes. Et élaboré un agenda municipal qui dénonce la « folie des grandeurs » et les grands projets de Michel Destot:  « une ville démocratique », « un bouclier social municipal », « une ville à taille humaine »

Le “rassemblement citoyen” promet les transports gratuits pour les moins de 25 ans et la remunicipalisation du gaz, de l'électricité et du chauffage. « Ça coûte 100 millions d'euros! », dénonçait pendant la campagne le socialiste Jérôme Safar. Très vite, un des premiers conseils municipaux devrait décider d’une baisse des indemnités des élus. « Ensuite, il s’agira de procéder à la baisse des tarifs de la compagnie de chauffage, puis de lancer un plan de baisse de la consommation énergétique », explique Elisa Martin, l’une des fondatrices du PG, numéro deux de la liste.

« Ce n’est pas un épiphénomène, mais une réelle tentative de reconstruction locale de la gauche, initiée par des collectifs citoyens et d’habitants, assure Raymond Avrillier, soutier des listes écolos à Grenoble – ils avaient déjà fait 19,8 % en 2001, avant de fusionner avec le PS, et 15,5% puis 22,5% en 2008, où ils s’étaient maintenus au second tour. Cette victoire a commencé avec des mobilisations sur les tarifs de chauffage, contre la rocade, la construction du grand stade, ou la fermeture du lycée Mounier ».

L'hôtel de ville de GrenobleL'hôtel de ville de Grenoble © DR

A la tête de cet attelage que nombre de socialistes locaux qualifiaient d’improbable (et il n’est pas sûr que cette alliance soit de tout repos à l’épreuve du pouvoir), on trouve Eric Piolle. Une « synthèse à moi tout seul » comme il se définit lui-même: écologiste, élevé dans une famille catho de gauche, proche du fondateur de Nouvelle Donne Pierre Larouturrou, Piolle est aussi un ancien patron. Il a dirigé une division d’Hewlett-Packard à Grenoble, qu’il a refusé de délocaliser, avant de se faire licencier en 2011. « Tous les patrons des boîtes de high-tech de la ville sont mes amis » nous expliquait-il récemment.

Ce dimanche soir, au milieu d’une déconfiture collector de la gauche municipale, Grenoble apparaît aussi aux yeux des appareils nationaux non-socialistes comme le symbole d’un message à entendre au plan national. Que ce soit une meilleure représentation de sa ligne, si ce n’est de ses postes, ou un espoir pour fonder l’alternative. Mais pour l’instant, écologistes et mélenchonistes ne livrent pas la même analyse de l’exemple grenoblois. « L’ancrage, implantation et le rassemblement qui ont payé, mais pas sur une ligne d’opposition de gauche ou de virulence », explique un proche de Cécile Duflot. « Ce succès, malgré le maintien du socialiste, démontre qu’ensemble nous pouvons réellement être majoritaire à gauche, s’enthousiasme davantage Eric Coquerel, secrétaire national du PG. C’est un espoir formidable pour l’avenir. »

Lundi dernier, lors d’une conférence de presse, Jean-Luc Mélenchon ne cachait pas sa satisfaction de voir « la ville point de départ de la Révolution » retrouver « le sens historique de la gauche ». Et d’enchaîner : « Face à un PS visiblement à bout de souffle, l’objectif est atteint pour la première fois de passer en tête de la gauche. » Avant des municipales qu’il savait difficile pour l’unité du Front de gauche, et sans davantage de certitudes sur les européennes à venir, Mélenchon espérait pouvoir prendre exemple sur « un endroit où ça craque », pour montrer que sa stratégie d’alternative n’est pas aussi saugrenue que le considère écologistes et socialistes de la gauche.

Quand on lui objecte la divergence stratégique profonde entre le PG et les écologistes, celle de la participation gouvernementale, Mélenchon préfère donner du temps au temps. « Ce qui rendra réaliste cette alternative, ce sont les résultats. Et notre état d’esprit est l’ouverture la plus absolue aux prochains scrutins. Même sur les européennes, on pourrait se retrouver au moins sur l’opposition au grand marché transatlantique… » Aux régionales, Mélenchon se verrait bien proposer l’union aux écolos dans un maximum de régions, histoire de faire progresser l’alternative au PS, mais aussi de sortir de son tête-à-tête conflictuel avec le PCF.

Côté écolo, on reste plus mesuré, mais on semble prêt à toper. « L’étiquette PS n’est plus une valeur refuge pour les électeurs, et les listes autonomes, menées par les écolos au delà de nos périmètres habituels, permettent d’amplifier à gauche, abonde un cadre écologiste. Ce sera en effet une clé des prochaines régionales. » Plus qu’un laboratoire, Grenoble est peut-être un point de départ. « Un modèle », espère Elisa Martin.

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Pourquoi NKM devait échouer

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Jusqu’au bout, elle a fait mine d’y croire. Arrivée en tête des voix au premier tour, Nathalie Kosciusko-Morizet s'est finalement inclinée ce dimanche 30 mars face à son adversaire socialiste, Anne Hidalgo. Toute la semaine durant, la candidate UMP à la mairie de Paris avait fanfaronné sur les résultats obtenus dimanche dernier. « Désormais plus que jamais, l’alternance est possible, le changement est possible, il est tout proche », s'était-elle encore convaincue le 23 mars.

© Reuters

Ce dimanche soir, NKM a enfin reconnu s'être « engagée dans ce combat (parisien) en sachant que c'était difficile », se félicitant toutefois d'avoir gagné « un certain nombre de conseillers de Paris ». L'UMP peut en effet se réjouir d'avoir fait basculer à droite le IXe arrondissement, où Delphine Bürkli (50,36 %) l'emporte face à la socialiste Pauline Véron (49,64 %). Partout ailleurs, et malgré les déclarations officiellement optimistes des soutiens de Nathalie Kosciusko-Morizet, la défaite de la droite parisienne était annoncée depuis fort longtemps.

  • Le mode de scrutin parisien

« Paris, ce n’est pas une élection, mais vingt », ne cesse de marteler Pierre Lellouche depuis le début de la campagne parisienne. Le député et conseiller UMP de Paris en a toujours été convaincu : la bataille de Paris était une « mission impossible » pour NKM. En cause : le mode de scrutin de la capitale où les arrondissements les plus peuplés sont ceux qui envoient le plus d'élus au Conseil de Paris.

Un système qui avantageait d’avance la gauche, le PS étant mieux implanté dans les arrondissements les plus pourvoyeurs d’élus. La réforme des modes de scrutin locaux adoptée en 2013, a accentué cet avantage, ajustant le nombre de conseillers à l'évolution de la population.

L’évolution de la population parisienne, c'est justement la problématique de la droite depuis près de vingt ans. Car depuis la fin des années 1990, Paris est en proie au phénomène de “gentrification” que la géographe Anne Clerval définit dans Paris sans peuple (Éd. La Découverte) comme « un embourgeoisement spécifique des quartiers populaires qui s’accompagne de la transformation du bâti et d’un quartier en général ». Or, comme le reconnaissait dès janvier à Mediapart le maire du Ier arrondissement et président du groupe UMP du conseil de Paris, Jean-François Legaret, « un décalage très grandissant » s'est créé entre les propositions de la droite et le profil de ces « nouveaux Parisiens ».

Nathalie Kosciusko-Morizet a bien essayé de casser son « image papier glacé » pour séduire cette nouvelle population. Rien n'y a fait. « Ce n’est pas parce que vous vous sapez en Zadig & Voltaire que vous plaisez aux bobos », s'amusait déjà en février le député et ancien maire socialiste du XIVe arrondissement, Pascal Cherki.

  • La défaite dans les arrondissements de « la reconquête »

Pour faire basculer la majorité parisienne, Nathalie Kosciusko-Morizet devait expressément gagner les deux arrondissements de « la reconquête » que sont le XIIe et le XIVe, qui figurent parmi les plus gros pourvoyeurs de conseillers de Paris. Mais les résultats obtenus au premier tour laissaient déjà présager la défaite de ce dimanche.

Jean-Pierre Raffarin l’avait d’ailleurs annoncé au Monde : NKM jouait « sa peau » dans le XIVe, un arrondissement « difficile », selon les propres mots de l’ancien premier ministre. « Mais si elle le gagne et qu'elle perd le global, l'honneur est sauf. » L’honneur n’est donc pas sauf ce soir. Car dans le XIVe arrondissement, la socialiste Carine Petit a largement devancé la candidate UMP à la mairie de Paris en engrangeant 53,09 % des voix (contre 46,91 % pour NKM).

Même chose dans le XIIe arrondissement, où l’UMP Valérie Montandon (46,96 %) est battue par la socialiste Catherine Baratti-Elbaz (53,04 %).

  • Dissidences et couacs de campagne

Souhaitant rompte avec les vieux démons de la droite parisienne qui se déchire depuis près de vingt ans, Nathalie Kosciusko-Morizet misait énormément sur l’union de la droite et du centre. Durant sa campagne, la candidate UMP n’a d’ailleurs cessé de mettre en avant son alliance avec le MoDem et l'UDI dès le premier tour, oubliant au passage le nombre considérable de dissidences surgies dans chaque arrondissement de la capitale, incarnées par les listes « Paris Libéré » de Charles Beigbeder.

En débarquant sur la scène parisienne, NKM avait annoncé son intention de faire le ménage en retirant de ses listes toute personne qui serait sous le coup de condamnations importantes et en écartant des personnalités comme François Lebel, maire du VIIIe arrondissement depuis 1983 et conseiller de Paris depuis 1977, en raison de son âge, mais aussi parce qu'il avait tenu des propos homophobes en octobre 2012. Ce dernier figurait finalement en dixième position sur la liste constituée par la chef de file UMP-UDI-MoDem de cet arrondissement, Jeanne d'Hauteserre.

Dans l'entre-deux tours, la candidate UMP à la mairie de Paris s'est assise sur ses derniers principes en faisant alliance avec ses ennemis d'hier : Marie-Claire Carrère-Gée dans le XIVe, mais aussi et surtout, Dominique Tibéri dans le Ve, contre lequel elle s'était pourtant farouchement opposée, mais dont les 19,43 % de suffrages réunis au premier tour ont fini par la convaincre.

La campagne de Nathalie Kosciusko-Morizet a également été marquée par bon nombre d'erreurs de communication, comme les « moments de grâce » du métro parisien ou encore les cigarettes fumées en compagnie de SDF. Mais au-delà de ces quelques ratés, la candidate UMP à la mairie de Paris s’est surtout retrouvée confrontée à des couacs de dernière minute. Ce fut notamment le cas dans le IIe arrondissement, où NKM a été contrainte de changer sa tête de liste à quelques jours du premier tour, après le dépôt d'une liste qui ne respectait pas l’accord passé entre son parti et les centristes.

Le XIIe arrondissement de Paris a également été, entre les deux tours, la scène d’un incroyablement retournement de situation. Au moment clef des alliances, Nathalie Kosciusko-Morizet avait décidé d’écarter de sa liste l’un de ses anciens adversaires à la primaire, Franck Margain, vice-président du parti chrétien démocrate (PCD) et opposant au mariage pour tous, au profit d'une fusion avec le candidat de centre-droit, Benoît Pernin. Mais la nouvelle liste du XIIe ayant été déposée avec 45 minutes de retard, Franck Margain est finalement resté de la partie.

  • Une candidate lâchée par les barons parisiens

Au sein de la droite parisienne où rien n’est simple, la candidature de NKM n’a jamais vraiment fait l’unanimité. Au départ pourtant, une poignée de barons parisiens, menée par l’ancien premier ministre François Fillon, avait signé une tribune dans Le Figaro pour soutenir la candidate à la primaire de Paris. « Nombreux sont les parisiens qui espèrent désormais un changement, écrivaient-ils en mai 2013. Une personne a créé les conditions de ce déclic. C’est Nathalie Kosciusko-Morizet. En faisant le choix de s’engager durablement pour Paris, elle a crédibilisé l’alternance en lui donnant du sens et un visage. »

Mais la lune de miel entre Nathalie Kosciusko-Morizet et les barons parisiens a fait long feu. Rapidement, ses premiers soutiens lui ont mis des bâtons dans les roues, à commencer par le député et maire UMP Claude Goasguen, réélu dès le premier tour dans le XVIe arrondissement (63,05 %). « Je suis un baron qui soutient totalement Nathalie », affirmait-il encore au Parisien début mars, ajoutant toutefois que la candidate UMP posait « problème sur un certain électorat qui la tient pour pas assez à droite », d’où sa volonté de ne pas apparaître avec elle sur ses affiches de campagne.

Détruire la Tour Montparnasse, vendre le Parc des Princes, piétonniser le centre de Paris… Les annonces intempestives formulées par NKM au cours de la campagne n’ont guère été au goût des barons parisiens qui ont fini lâcher définitivement cette candidate qui n’en faisait qu’à sa tête.

Un scénario classique, selon la conseillère régionale Géraldine Poirault-Gauvin, qui fut candidate dissidente dans le XVe arrondissement. « Ce sont toujours les mêmes personnes qui tirent les ficelles et qui nous mènent dans le ravin, confiait-elle à Mediapart en janvier. Ces espèces de barons qui sont présents dans plusieurs arrondissements de l’Ouest et qui ne veulent pas que la droite gagne. Ils veulent garder leur pouvoir pour eux seuls et tout ce qui va avec : les cabinets, les chauffeurs… Tout ce qui donne des moyens d’exister. »

« Ils prennent en général des femmes – Lagarde, Jouanno, Dati, NKM… –, s’entichent d’elles, les font désigner et finissent par leur savonner la planche pour qu’elles perdent, ajoutait-elle. Cette année, ils sont derrière NKM, tout en organisant en sous-main des listes dissidentes. »

  • Le tremplin de Paris

Le véritable enjeu de la candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet était un secret de Polichinelle : gagner Paris, pourquoi pas, mais à condition que la capitale soit un tremplin pour des ambitions plus larges. NKM a d'ailleurs commencé à évoquer son avenir, dès ce dimanche soir : « D'autres batailles s'annoncent, a-t-elle déclaré. Des batailles pour Paris, des batailles pour la France. Et ce que nous avons construit dans cette campagne, ce renouvellement que nous avons commencé, cette union que nous avons réalisée, cette dynamique que nous avons créée, c'est la base des victoires de demain. »

À l’UMP, NKM peut désormais se prévaloir d'avoir une place de choix au sein de cette jeune génération qui souhaite relever le parti de l’opposition. Mais face au duel Fillon-Copé et aux candidats à la primaire de 2016 déjà déclarés, l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy aura bien du mal à s’imposer.

Une autre issue s’offre désormais à elle : le Grand Paris. Car même si la capitale est restée à gauche, la métropole du Grand Paris, qui verra le jour au 1er janvier 2016, a toutes les chances de passer à droite. Les villes de Bobigny, Aulnay-sous-Bois, Le Blanc-Mesnil, Villepinte, Saint-Ouen ou Livry-Gargan ayant basculé à droite, la gauche perd de fait la majorité au futur conseil métropolitain.

Dimanche soir, il était encore trop tôt pour crier victoire. Prévenant qu’il faut « encore faire les comptes », le maire du Ier arrondissement et président du groupe UMP du conseil de Paris, Jean-François Legaret reconnaît toutefois que les socialistes d’Ile-de-France ont « largement du plomb dans l’aile ». « Il se sont donné beaucoup de mal pour changer la loi, mais les grandes stratégies du PS sont perturbées par les résultats du second tour », se réjouit-il.

« Ce qui est train de se passer en Ile-de-France est un séisme pour la majorité !, renchérit le sénateur et maire UMP de Pavillons-sous-Bois, Philippe Dallier. On n’aurait jamais imaginé reprendre tant de villes, il se passe vraiment quelque chose. » Quant à savoir si Nathalie Kosicusko-Morizet pourrait prendre ce que d’aucuns présentent déjà comme « le plus beau poste d’opposition en France », nul ne souhaite encore se prononcer. « L’élection est prévue pour 2016. D’ici-là, tout le monde peut faire acte de candidature », glisse seulement Dallier.

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Pascal Durand: « La majorité des socialistes vivent dans le déni »

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Les municipales signent une débâcle pour le PS. A sa gauche, les écologistes ont mieux résisté et ont même triomphé, avec le Parti de gauche, à Grenoble. « Il existe un espace politique pour une politique écologique de transition, alliée à une gauche de changement », analyse Pascal Durand, ex-secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, tête de liste écologiste pour les européennes en Île-de-France. Entretien. 

Quels enseignement tirez-vous de la victoire de la liste EELV-Parti de gauche menée par Eric Piolle à Grenoble ?

Cela prouve qu'un espace politique s'ouvre, lorsqu'on porte une campagne ouverte, qui n'a jamais été agressive et en posant les questions de fond. A la différence de la gestion traditionnelle des socialistes.

La victoire EELV/PG à Grenoble peut-elle dessiner une alternative à gauche à la politique menée par le PS ?

On n'essaie pas de construire une majorité alternative à gauche. On essaie de démontrer qu'il existe un espace politique pour une politique écologique de transition, alliée à une gauche de changement, telle que Léon Blum l'appelait de ses vœux. Une gauche qui soit un vrai réformisme de transformation, avec des solutions nouvelles, et pas une gauche d'accompagnement ou d'adaptation.

En France, il est indispensable d'ouvrir de nouvelles voies, avec les écologistes et ceux qui veulent faire bouger les lignes. Les Français ont rejeté dimanche les vieilles solutions et les vieilles recettes qui ont échoué.

Cécile Duflot et Pascal DurandCécile Duflot et Pascal Durand © Reuters

Quelle signification donnez-vous à la débâcle des socialistes au second tour ?

C'est d'abord et avant tout la sanction claire d'une politique mise en œuvre depuis deux ans et qui, pour l'essentiel, ne correspond pas aux politiques pour lesquelles ce gouvernement a été élu. Il y a bien sûr des exceptions, comme le ministère du logement (de Cécile Duflot, ndlr) ou celui de la justice (de Christiane Taubira, ndlr). Mais globalement, les Français ont dit ce soir : “Nous ne vous avons pas élus pour cela.”

Les Français ne sont pas des idiots, ils voient bien que le pays est en crise. Mais ce qu'ils ne supportent pas, et ils ont raison, c'est que les élus n'essaient de pas de mettre en œuvre des politiques nouvelles et courageuses, qui changent le réel. La majorité des socialistes vivent dans le déni en s'accrochant à de vieilles lunes, en attendant que la croissance revienne, en défendant le productivisme et en ne parlant de la compétitivité que sous l'angle du coût du travail, sans comprendre que le monde a changé.

Peut-on résumer le message des urnes en disant que les électeurs de gauche veulent une politique plus à gauche et plus écologique ?

Les électeurs ont voulu dire au gouvernement et à François Hollande que la politique menée n'est pas, à ce stade, de nature à transformer le réel. C'est une politique d'accompagnement, et c'est l'incapacité à prendre en compte les réalités du monde moderne pour reconstruire les solutions de redistribution. Il faut une vraie transformation des politiques publiques.

Le remaniement annoncé n'a aucun intérêt s'il n'est qu'un casting. Mais que doit-il contenir, s'il a lieu, comme message politique ?

Ce remaniement n'a aucun intérêt s'il n'est qu'une question de personnes et si on n'explique pas en amont quelles politiques publiques seront mises en œuvre. Il faut maintenant un contrat de gouvernement : les écologistes ne peuvent plus se contenter de paroles sur la prise en compte des questions écologistes. La question qui reste aujourd'hui est la suivante : que fait-on ensemble ? Quel changement pour la vie quotidienne des gens ? Personne n'attend un coup de baguette magique mais il faut fixer un horizon commun et s'y tenir. On a le droit d'échouer, on n'a pas le droit de ne pas tenter.

Un « contrat de gouvernement », c'est la condition que vous posez à un maintien des écologistes au gouvernement ?

Ce n'est pas à moi de dire s'il faut rester ou quitter le gouvernement, car ce doit être une décision collective. Mais je pense que nous ne parviendrons pas à créer une nouvelle dynamique dans le pays si le nouveau gouvernement ne dit pas clairement où il veut aller et s'il ne s'engage pas dans le respect de ses partenaires. Ce n'est pas possible de se rappeler l'importance des écologistes au soir d'élections. Nous devons être intégrés pour ce que nous sommes et pour ce que nous portons. Il faut donc un contrat de gouvernement clair.

Quel doit être le contenu de ce contrat de gouvernement ?

D'abord la transition énergétique. Mais cela ne veut pas seulement dire la baisse du nucléaire ; cela ne suffit pas. Il faut dire comment la France peut y parvenir. Quels moyens seront donnés aux énergies renouvelables ? Quel financement pour l'isolation des bâtiments, pour la voiture à 2L annoncée par le premier ministre, pour développer les transports en commun publics ?

Je refuse que le gouvernement, comme le fait Bernard Cazeneuve (le ministre du budget, ndlr) depuis un an et demi, réponde seulement qu'il n'a pas de marges de manœuvre. C'est faux. Il faut aller chercher l'argent dans d'autres budgets, ceux de la défense, de la dissuasion nucléaire, chez les pollueurs, pour être capable de financer une nouvelle industrie et la formation des jeunes. Ce sont des sujets vitaux.

Les choix ne doivent pas être ceux du Medef. Parce que la démarche du Medef, ce n'est pas l'intérêt général, ce sont les intérêts particuliers de quelques actionnaires. Il faut revenir à la notion de bien commun, et à la question majeure des nouvelles solidarités à construire.

Un Manuel Valls premier ministre serait-il compatible avec ce projet ?

Si Manuel Valls est sincère politiquement, s'il n'a pas menti aux Français et qu'il défend toujours la ligne de la primaire pendant laquelle il s'est revendiqué de Tony Blair, c'est une catastrophe qui ne peut pas résoudre les problèmes des Français. L'homme n'est pas en question, mais sa politique. Après, Manuel Valls a peut-être changé. S'il explique que Schröder n'est pas la solution, il peut redevenir un interlocuteur habilité.

C'est la même chose pour Arnaud Montebourg. Si c'est le Arnaud Montebourg qui nous explique qu'il faut le gaz de schiste, le nucléaire et le “made in France” à la papa, il ne pourrait pas diriger un gouvernement dans lequel les écologistes auraient une place active.

Mais j'ai compris il y a longtemps que ce sont parfois des hommes politiques de droite qui mènent des politiques de gauche, et inversement. Il ne suffit pas de regarder les étiquettes des gens mais les politiques qu'ils veulent mettre en œuvre. Et si on en revient à Manuel Valls, pour l'instant, il n'a jamais manifesté la volonté de mener la transition énergétique et écologique. Sans même parler de sa pratique de ministre de l'intérieur. J'ai toujours défendu les politiques de Christiane Taubira contre les positions conservatrices, pour ne pas dire réactionnaires, portées par Manuel Valls.

L'équation politique de la gauche au pouvoir est compliquée si elle respecte le cadre européen, notamment en matière de déficit public. Vous qui serez tête de liste aux européennes en Île-de-France, pensez-vous qu'il faut désormais renverser la table européenne et changer les critères du pacte de stabilité ?

Les cadres formels européens sont pour une part difficiles à supporter. Mais quand il a fallu les dépasser, ils l'ont été. L'Allemagne l'a fait avec les 3% de Maastricht. L'Europe l'a fait pour sauver les banques, en acceptant une intervention directe de la Banque centrale européenne.

Quand, cet hiver, le budget européen a été baissé, le président de la République François Hollande avait la capacité de ne pas céder. François Hollande devrait faire de la politique en Europe, et pas seulement de la cuisine. On a laissé la main à quelques égoïsmes nationaux, ceux de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne ou de la Pologne, sans être capable de dire l'intérêt général européen. L'Europe n'est pas un espace à rejeter, mais à reconquérir politiquement.  

BOITE NOIREL'entretien a eu lieu dimanche soir au téléphone. Il n'a pas été relu par Pascal Durand.

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La Parisienne Libérée: «C'est la faute aux abstentionnistes !»

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Faut-il attendre que les nageoires poussent aux ours blancs pour que le PS se rappelle qu'il a été élu pour faire une politique de gauche ?

Lire aussi : interdiction de filmer l'urne (billet de blog).

[en cas de problème d'affichage : dailymotion / youtube / vimeo]

C'EST LA FAUTE AUX ABSTENTIONNISTES



Paroles et musique : la Parisienne Libérée

Ils n'ont pas compris notre politi-i-i-que
N'ont pas bien saisi nos choix stratégi-i-i-ques

Sont restés au lit, ça c'est dramati-i-i-que
Sans avoir rempli leur devoir civi-i-i-que !

Si on a signé le traité budgétaire
C'est la faute aux abstentionnistes !
Si on a offert des milliards aux milliardaires
C'est la faute aux abstentionnistes !
Si on chope les Roms pendant les sorties scolaires
C'est la faute aux abstentionnistes !
Si on laisse tomber la séparation bancaire
C'est la faute aux abstentionnistes ! (bis)

Leur comportement est irresponsa-a-a-ble
De tous nos tourments ils sont les coupa-a-a-bles
Se mettent en retrait des gens respecta-a-a-bles
Pour nous mépriser, c'est insuporta-a-a-ble !


Si dans le bocage, César fait de la répression
C'est la faute aux abstentionnistes !
S'il y a tant de mamans et de papas rose bonbon
C'est la faute aux abstentionnistes !
Si pour Fessenheim faut qu'on réfléchisse d'abord
C'est la faute aux abstentionnistes !
Si la PMA... et puis quoi encore ?
C'est la faute aux abstentionnistes ! (bis)

Si l'austérité se négocie sous la table
C'est la faute aux abstentionnistes !
Si on ne parle plus qu'une novlangue imbitable
C'est la faute aux abstentionnistes !
Si ben finalement on augmente la TVA
C'est la faute aux abstentionnistes !
Et pour les retraites, qu'est-ce qu'on avait dit déjà ?
C'est la faute aux abstentionnistes ! (bis)

Les enfants gâtés du libérali-i-i-sme
Ne veulent plus chanter notre sociali-i-i-sme

Ils préfèrent bouder dans l'idéali-i-i-sme

Sans aller voter, comble d'égoï-i-i-sme !

S'il n'y a pas eu de vote extracommunautaire
C'est la faute aux abstentionnistes
 !
Si les vieux rafales font moins l'amour que la guerre
C'est la faute aux abstentionnistes !
S'il y a des fraudeurs là-haut dans les ministères
C'est la faute aux abstentionnistes !
Si on s'en bat l’œil des chômeurs et des précaires
C'est la faute aux abstentionnistes ! (bis)

S'il y a de plus en plus de monde qui dort sur le trottoir

C'est la faute aux abstentionnistes !
Si les ours blancs n'ont pas encore de nageoires
C'est la faute aux abstentionnistes !
Si mon adversaire ben finalement c'est personne
C'est la faute aux abstentionnistes !
S'il y a si peu de gens qui vont voter en falcon
C'est la faute aux abstentionnistes
 ! (bis)

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Le vote FN cartographié dans ses deux zones fortes

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Joël Gombin est doctorant en sciences politiques au CURAPP (l'Université de Picardie-Jules Verne), il étudie les électorats et votes Front national, il a beaucoup travaillé sur la région Paca et les comportements politiques des mondes agricoles. Il est aussi membre de l'Observatoire des radicalités politiques (ORAP), lancé en février, qui rassemble les chercheurs travaillant sur l'extrême droite (lire notre boîte noire).

À l'aide des résultats du premier tour des municipales, il a réalisé plusieurs cartes interactives du vote FN. La première montre le vote pour le parti de Marine Le Pen commune par commune. Elle est visible sur son site, en cliquant ici. Mais il a aussi zoomé sur deux zones fortes du Front national: le pourtour méditérranéen et le Pas-de-Calais, où se trouve Hénin-Beaumont, remportée dès le premier tour par Steeve Briois.

  • LE POURTOUR MÉDITERRANÉEN

Publiée sur Slate, cette carte interactive met en évidence le vote frontiste sur le pourtour méditerranéen. Comme le rappelle le chercheur, c'est dans trois villes du sud-est de la France que les listes d’extrême droite ont dépassé 40% des voix au premier tour, et dans nombre d'autres que le FN s'est situé entre 30% et 40%.

Le parti d’extrême droite a toujours réalisé des scores élevés en Paca (Provence-Alpes-Côte d’Azur), sa région historique, où sont élus Jean-Marie Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen. C’est ici qu’il a obtenu en 2011 puis 2013 ses deux conseillers généraux (à Brignoles dans le Var et Carpentras dans le Vaucluse) et quasiment renoué avec ses scores historiques du milieu des années 1980 (lire notre article). C’est ici aussi qu’il a gagné, au premier tour de la présidentielle de 2012, environ dix points dans chaque département par rapport à 2007, année de son trou d’air. Dans sept circonscriptions, le parti lepéniste était même devant l’UMP (lire notre article). Le Vaucluse fut, à l'issue du premier tour de la présidentielle, le premier parti frontiste (27%).

Le 23 mars, au premier tour des municipales, l'extrême droite y a à nouveau démontré sa puissance (lire nos articles ici et ). Mais elle a aussi réalisé des scores historiques plus à l'ouest, à Béziers et Perpignan. « La présence du FN est essentiellement littorale, là où les tensions foncières et sociales sont les plus fortes, et dans le delta rhodanien, terres agricoles et de petites industries en déclin », explique Joël Gombin à Slate.

Dans le Gard, on peut relever les 42,57% du député frontiste Gilbert Collard à Saint-Gilles, ou les 24,34% de Pierre Chenel à Arles (devancé par le maire sortant), ou encore les 32,61% de Jean-Louis Meizonnet à Vauvert (devancé par le divers gauche Jean Denat). Dans le département voisin, le Vaucluse, on note les 34,38% d'Hervé de Lépinau à Carpentras et les 31,6% de Philippe Lottiaux à Avignon.

Dans le Var, David Rachline rassemble 40,30% à Fréjus, Marc-Etienne Lansade 39,03% à Cogolin, où le PS a annoncé le retrait de sa liste. Laurent Lopez, avec 37,07% à Brignoles dans l'arrière-pays, arrive lui aussi en tête, après avoir remporté l'élection cantonale partielle en octobre 2013 (lire nos articles ici et ).

Joël Gombin souligne que dans l’arrière-pays rural, où le parti lepéniste « est généralement incapable de monter des listes », il réalise tout de même 27,69% à Digne-les-Bains (Alpes de Haute Provence), où la candidate arrive en tête.

Plus à l'ouest, Béziers (Hérault) et Perpignan (Pyrénées-Orientales) se démarquent avec leurs 44,88% pour Robert Ménard, soutenu par le Rassemblement bleu marine, et 33% pour Louis Aliot, le numéro deux du FN. 

  • PAS-DE-CALAIS

Autre carte intéressante publiée sur Slate, celle du Pas-de-Calais, terre de gauche où le vote FN ne cesse de progresser.

À Hénin-Beaumont, ville de 26 000 habitants du bassin minier conquise dès le premier tour, Steeve Briois, le secrétaire général du parti, recueille 50,26% des voix (lire à ce sujet notre article). Autour, d'autres villes se détachent: Mericourt (33,67%), Carvin (35,22%).

Le chercheur relève aussi des scores élevés au nord à la frontière belge à Wattrelos (25,01%), Roubaix (19,31) et Tourcoing (17,52%), et à l'extrême nord à Dunkerque (22,59%).

BOITE NOIREJoël Gombin travaille sur le Front national depuis 2004 et est membre du nouvel Observatoire des radicalités politiques (ORAP).

Il termine une thèse sur les votes FN en Paca (Configurations locales et construction sociale des électorats. Étude comparative des votes FN en région PACA, sous la direction de Patrick Lehingue et Christophe Traïni, Professeurs des Universités). Il a contribué, pour la région PACA, à l'ouvrage Le Front national. Mutations de l'extrême droite française, dirigé par Pascal Delwit (Éditions de l'Université libre de Bruxelles, 2012).

Il travaille également sur les comportements politiques des mondes agricoles et a publié, avec Pierre Mayance, Tous conservateurs ? Analyse écologique du vote de la population agricole lors de l’élection présidentielle de 2007in B. Hervieu, N. Mayer, P. Muller, F. Purseigle, J. Rémy (dir.) Les Mondes agricoles en politique, Paris, Presses de Sciences-Po, 2010. 

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Barbara Romagnan (PS): «Je ne veux pas voter le pacte de responsabilité en l'état»

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Barbara Romagnan est une jeune députée socialiste au langage atypique, proche de l'aile gauche du PS, critique sans langue de bois, mais toujours nuancée. Élue dans le Doubs en 2012, elle n’hésite pas à s’opposer au pacte budgétaire européen dès le mois d’octobre suivant, mais considère que le gouvernement a permis certaines avancées, notamment en matière de justice. Cette manière d’appartenir au parti socialiste, mais de conserver ses distances et sa liberté de parole, donne à son entretien avec Mediapart un relief particulier.

Elle admet n’avoir pas vu venir l’ampleur de la défaite du premier tour, mais souligne que « même si le résultat avait été meilleur, on pouvait exprimer quelques doutes », car il existe « un décalage entre les engagements et la politique suivie »Elle considère ainsi que « le pacte de responsabilité n’honore pas le pacte de confiance passé avec le peuple »... Et elle ajoute, « dans les conditions actuelles, je ne veux pas voter ce pacte »...

Municipales, Front national, pacte de responsabilité, élections européennes, retrouvez l’intégrale de l’entretien avec Barbara Romagnan, dans le rendez-vous d’Objections, avec Mathieu Magnaudeix et Hubert Huertas.

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Plainte contre François Lamy pour la cession d'un parking à Palaiseau

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C’est une lutte entre un élu et l’un de ses administrés. Et entre les deux, l’on ne sait plus très bien qui est le pot de terre et qui est le pot de fer. D’un côté, François Lamy, ministre délégué à la ville, ancien député (PS) et maire de Palaiseau, juriste approximatif. De l’autre, Bernard Chantebout, professeur d’université émérite (Paris V), auteur de nombreux manuels de droit public, installé rue de Paris, à Palaiseau, et opposant résolu du bétonnage. L’élu assure que l’universitaire a perdu tous ses combats. L’opposant dit qu’il a « été provoqué en tant que prof de droit ». Mais Lamy a quand même tenté de soumettre à Chantebout, en 2004, les plans d’architecte de sa future villa pour se prémunir d’un recours.

L’universitaire, lui, vient de frapper sans prévenir. Après avoir porté plainte auprès du procureur d’Évry en novembre 2013, il a déposé une plainte avec constitution civile auprès du doyen des juges d’instruction, le 22 février dernier, pour « détournement de biens publics » contre l’ancien maire, et son délégué à l’urbanisme Alain Dubois Guichard. Bernard Chantebout reproche aux élus d’avoir bradé un parking public pour favoriser une opération immobilière sur un terrain jouxtant son pavillon.

Bernard Chantebout, chez lui à Palaiseau.Bernard Chantebout, chez lui à Palaiseau. © DR

Contacté par Mediapart, le parquet d’Évry a confirmé le dépôt de cette plainte, en soulignant « qu’aucun service d’enquête n’avait été désigné » par les services du procureur dans le délai de trois mois qui lui était imparti, et que désormais, il reviendrait au doyen des juges d’instruction « de commencer l’enquête sur commission rogatoire ».

En juin dernier, le professeur a transmis son projet de plainte à François Hollande en lui signalant que son ministre de la ville se trouvait, selon lui, « engagé dans une mauvaise affaire ». Chantebout écrit qu’il avait espéré que, devenu ministre, François Lamy aurait fait retirer les « délibérations frauduleuses » prises par son conseil municipal. L’Élysée lui répond sobrement que le président « a pris connaissance de (sa) démarche ».

« C’est un litige de riverains, balaie François Lamy. Nos délibérations sont totalement légales. Une municipalité a le droit de supprimer un parking, et d’en créer un autre. Il n’y a pas de problème. Et d’ailleurs, Chantebout vient d’être débouté par le Tribunal administratif sur le même sujet. »

En décembre dernier, le Tribunal administratif de Versailles a en effet jugé que l’universitaire était hors délai pour contester une délibération prise en décembre 2008 – le recours contentieux doit s’effectuer sous deux mois. « Le tribunal a jugé que j’étais forclos, commente le professeur. En fait, je n’ai eu connaissance des délibérations qu’en 2012, après les avoir exigées en vain de la mairie. Je ne les ai obtenues que par l’entremise de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA). »

Dès 2006, Bernard Chantebout est parvenu à bloquer ce projet de construction, sur un terrain par ailleurs propriété d’un de ses cousins, en s’opposant au premier permis de construire déposé par la société Logirep. À l’époque, la mairie avait décidé de céder pour 151 000 euros son parking municipal afin de permettre à Logirep de construire en surplomb mais « en respectant les servitudes de passage et de stationnement au profit de la commune ». « L’objectif de la municipalité, c’est donner la priorité à la construction des logements sociaux », explique François Lamy. En janvier 2008, le premier permis de construire fait donc apparaître le maintien des places de stationnement. Mais en août 2010, celles-ci ont disparu du nouveau permis. Entre-temps, deux délibérations proposées par François Lamy et son adjoint, en décembre 2008, ont fait litière des servitudes, et du parking public, et ce pour le même tarif.

L'ancien parking municipal aujourd'huiL'ancien parking municipal aujourd'hui © DR

« Le parking public était purement et simplement supprimé, relève la plainte de Chantebout. Il était procédé, sans aucune contrepartie, à la vente du terrain déclassé et libéré de toute servitude. » Et surtout son prix de vente était inchangé. « En l’espèce, ce dont la commune a été dépouillée par son maire, c’est de la valeur de ses 22 places de stationnement, abandonnées gratuitement à M. Carlier – le propriétaire du terrain. Or dans le voisinage, la commune vend les places de parking dont elle est propriétaire au prix de 10 000 euros l’unité. »

La plainte de Chantebout s’appuie aussi sur les explications de François Lamy et de son délégué à l’urbanisme lors du vote de ces délibérations qui ont tout changé. Les élus soutiennent, en effet, tous les deux que « le projet n’a pas évolué », alors qu’ils font approuver une décision qui « déclasse la parcelle du domaine public », puis une autre qui la cède au prix de 151 000 euros, sans contrepartie. « C’est sans aucune équivoque possible que le maire, rédacteur de ces projets de délibérations, a détourné un bien public de l’objet auquel le conseil municipal et le commissaire enquêteur l’avaient destiné », soutient la plainte.

Un type de fraude « extrêmement rare » dont la jurisprudence administrative ne contient même pas d’exemple, selon l’universitaire. « Grâce à ces manœuvres, un bien public a été attribué à un tiers pour son seul bénéfice personnel », poursuit la plainte. Le permis de construire finalement accordé remplace le parking municipal par un parking privé et une plateforme de déchargement pour l’exploitant du commerce prévu au rez-de-chaussée. Dans un droit de réponse (communiqué à Mediapart vendredi soir) consultable ici, M. Lamy souligne que l'opération étant « malheureusement bloquée par les recours de M.Chantebout, la vente ne s'est pas réalisée et la parcelle est toujours propriété de la ville ».

Le futur bénéficiaire de l’opération, le propriétaire Pierre Carlier, assure de son côté qu’il n’a rien demandé. « Je ne suis pas responsable de cette décision, explique-t-il à Mediapart. Ça s’est passé “à l’insu de mon plein gré”. Les discussions ont eu lieu entre le maire et Logirep. » Depuis, le bailleur social est sorti du jeu, et a été récemment remplacé par un promoteur immobilier. L’ancien parking est désormais entouré de palissades. La mairie en a conservé quelques places, difficiles d’accès, mais elle a supprimé la place handicapée. Celle-là même qu’utilisait Bernard Chantebout.

BOITE NOIRENous avons rencontré M. François Lamy, dans les bureaux du ministère chargé de la ville, mardi 25 mars en fin d'après-midi. Il a néanmoins estimé que notre article "comportait quelques omissions", et il nous a adressé un droit de réponse, vendredi 28, vers 19 heures. Nous reproduisons ce texte dans le Prolonger de l'article.

Prolonger : Retrouvez toutes nos informations complémentaires sur notre site complet www.mediapart.fr.

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Municipales : la faillite des sondages

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Avant le premier tour, la ministre socialiste Marie-Arlette Carlotti se voyait déjà apporter Marseille à la gauche, « où vivent de plus en plus de bobos », disait-elle, grâce à sa victoire dans le 3e secteur. Un sondage début mars ne l’avait-il pas annoncé ? Elle a été largement battue. Quant au candidat du PS dans la ville, Patrick Mennucci, il est tombé des nues dimanche 23 mars en découvrant son score. Encore donné à 28 % par un sondage le 19 mars, il a finalement atterri à 20,77 %. Loin derrière l’UMP Jean-Claude Gaudin. Mais aussi derrière le Front national Stéphane Ravier, dont le score fut finalement bien plus élevé que ce que les enquêtes d’opinion lui prédisaient.

À Grenoble, aucun sondage n’avait non plus donné l’écologiste Éric Piolle devant le socialiste Jérôme Safar. Dimanche soir, bien des candidats socialistes, largement shootés aux sondages d’opinion, n'en sont pas revenus de la maigreur de leur score. Si bien qu’un proche de François Hollande se demande si « l’écart croquignolet entre les sondages et les résultats ne remet pas en cause le bien-fondé même de l'exercice ».

Le Dauphiné Libéré, 18 marsLe Dauphiné Libéré, 18 mars

Un recensement des sondages d’avant le premier tour dans une vingtaine de villes significatives, établi par l’Observatoire de la vie politique et parlementaire et le Cercle Colbert, démontre combien le score du PS a en général été largement surestimé, tandis que celui du Front national est quasi systématiquement sous-estimé.

Dans les enquêtes de février et de mars, sur lesquelles s’est fondé l’Observatoire, l’UMP est en général assez bien évalué. Mais le score du PS dans les enquêtes d’opinion est presque toujours bien plus haut que ce qu’il sera finalement : entre + 8 et + 9 à Marseille, + 7 à Amiens, entre + 6 et + 7 à Perpignan, + 6 à Grasse, + 5,5 à Laval, entre + 4 et + 5 à Reims, + 3,7 à Toulouse, + 2,7 à Carpentras, etc.

À l’inverse, le score du FN est très souvent bien en deçà de ce qu’il sera finalement : – 9,3 à Carpentras, entre – 8 et - – 9 pour Robert Ménard à Béziers, entre – 5 et – 6 à Perpignan et Hénin-Beaumont, entre – 3 et – 4 à Strasbourg, entre – 3 et – 6 à Reims, entre – 2,5 et – 5,5 à Avignon, entre – 2,7 et – 4,7 à Cannes, etc. À Grasse, Amiens, Aix-en-Provence, et Bourg-en-Bresse, en revanche, le score du FN est conforme.

lepoint.fr, 9 janvier 2014lepoint.fr, 9 janvier 2014

À ce constat, les sondeurs opposent des arguments connus. Ils disent qu’ils ne sont pas là pour prédire les résultats, mais approcher au plus près la réalité à un instant donné. Ils assurent que la participation est difficile à appréhender car les électeurs se décident au dernier moment – même s’ils avaient plutôt anticipé le record d’abstention observé dimanche 23 mars. Ils font valoir que les municipales sont un scrutin particulièrement compliqué pour eux, car au contraire des présidentielles les échantillons sont trop petits (en général de 500 à 600 personnes, sondées par téléphone).

Par ailleurs, ils admettent toujours avoir un problème à mesurer le Front national. « Malgré la “dédiabolisation”, il reste un vote caché », assure au Monde Frédéric Dabi, de l’Ifop. Ils assurent surtout que, pour l’essentiel, leurs résultats sont situés dans la marge d’erreur, estimée à environ 4 points quand le sondage comporte un échantillon aussi restreint. Et que ce n’est pas de leur faute si les journalistes ne signalent pas cette marge d’erreur qui relativise les données brutes.

Selon l’Observatoire des sondages, site critique qui effectue une veille permanente sur les enquêtes d’opinion, ces arguments ressassés ne lèvent pas un certain nombre de zones d’ombre méthodologiques : par exemple les recettes des instituts pour “redresser” les scores (du FN, par exemple) ou bien le fait de savoir si les sondeurs respectent les quotas permettant d’obtenir le fameux « échantillon représentatif ». Dans Libération, le chercheur Jean-Yves Dormagen pointait lui aussi la faible représentativité des échantillons.

Les sondeurs sont souvent les premiers exposés après une sanction électorale non prévue. Mais en réalité, ils ne sont pas les seuls à blâmer. En période électorale, la litanie des sondages semble constituer la trame narrative de fond de la campagne dans bien des rédactions. Grands consommateurs d’enquêtes d’opinion pendant les campagnes, de nombreux médias (télés, radios, presse écrite, certains sites internet) commentent le moindre point gagné, la moindre inversion de courbes. Alors que ces mouvements n’ont statistiquement aucune réalité et se situent souvent dans la marge d’erreur. Ils n’hésitent pas non plus à commenter (sans l’indiquer) des sondages de second tour, alors même que le premier n’a pas eu lieu. Durant toute l’année, les responsables des instituts sont contactés par les médias pour se faire les exégètes de l’air du temps, indiquer la météo de « ce que pensent les Français ». Le soir des élections, des sondeurs commentent les résultats avec les journalistes. La « surprise » des résultats passée, personne ne s'interroge sur ce qui peut l'expliquer, et rien ne change. Depuis une semaine, les enquêtes d'opinion pour le second tour ont fleuri de plus belle.

Également complices, les politiques eux-mêmes, qui vivent les yeux rivés sur les enquêtes d’opinion, jusqu’à faire de sondeurs leurs proches conseillers politiques. Par une sorte d’auto-intoxication mutuelle, un microcosme finit par se convaincre d’une réalité qui n’est pas forcément étayée. Ce fut typiquement le cas lors de la présidentielle 2002, où la quasi-totalité de l'équipe de campagne de Lionel Jospin ne voulut pas croire en la percée du Front national.

Et ce fut encore le cas cette fois-ci : comment expliquer autrement la genèse de cette incroyable fable du « scrutin avant tout local » qui ne serait pas tant que ça impacté par le désaveu du gouvernement, seriné par le PS et de nombreux sondeurs ces dernières semaines ? Certes, les électeurs dans les porte-à-porte parlaient souvent de problèmes locaux. Et ils considéraient au téléphone que oui, les élections municipales sont bien des élections locales. Mais cela ne voulait pas dire qu’ils n’avaient pas non plus envie d’exprimer leur mécontentement envers la politique du gouvernement.

« Depuis trois mois, les gens ne nous parlaient plus du tout. Cela m'avait mis la puce à l'oreille », dit un député dont la principale ville de la circonscription pourrait passer à droite dimanche 30 mars. Les faits sont têtus : de 1977 à aujourd’hui, les municipales ont presque toujours sanctionné le pouvoir en place.

BOITE NOIREDepuis sa création, Mediapart ne commente ni ne commande aucun sondage.

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A Neuilly, la maison de retraite laisse tomber les vieux

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Guy-Louis Bastien se frappe la poitrine en disant : « C’est ma très grande faute. J’ai jugé que ma mère ne pouvait plus rester seule, isolée dans son appartement à la Défense. Elle avait toute sa tête, mais de plus en plus de difficultés à se déplacer. Mes sœurs n’étaient pas d’accord, mais pour moi, cette maison de retraite, c’était la bonne solution. Ma mère a été séduite par Neuilly-sur-Seine, elle pensait qu’elle y serait bien traitée. » Léone Bastien, 101 ans, est entrée en septembre 2013 à la maison de retraite publique de Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, qui accueille 200 résidents sur deux sites (la résidence Roger Teullé et la résidence Soyer). En trois mois, Léone y a chuté trois fois, la dernière fut fatale. La nuit du 30 au 31 décembre, à 23 h 45, elle s’est levée pour aller aux toilettes, s’est pris les pieds dans le seuil à l’entrée de la salle de bains, est tombée, s’est traînée jusqu’au bouton d’alarme, mais personne n’est venu la relever. Elle est restée au sol jusqu’à 6 heures du matin : « Dans le froid, les excréments, le vomi. Cela a été un tel choc ! Elle a fait une pneumonie, elle est morte en trois semaines. Je savais que j’allais la perdre, mais pas comme ça ! »

Guy-Louis Bastien Guy-Louis Bastien © Caroline Coq-Chodorge

Guy-Louis Bastien a porté plainte car la terrible mésaventure de Léone Bastien n’est pas un accident. Le directeur de la maison de retraite, Marc Fernandes, l’admet à demi-mots : « Désormais, nous traçons les appels des malades, et nous contrôlons chaque matin que le personnel de nuit a bien répondu. » Guy-Louis Bastien dit avec des yeux ronds : « On m’a dit que le personnel devait dormir… » Et cette chute n’est pas fortuite. L’établissement a terminé en 2013 de lourds travaux qui l’on endetté, mais qui présentent « des malfaçons, reconnaît le directeur. Ces seuils ne sont pas aux normes. Je suis le premier inquiet pour les personnes âgées. C’est inadmissible dans une maison de retraite. »

Ce directeur tout neuf, qui a pris son poste il y a un peu plus d’un mois, hérite, de l’avis de toutes les parties prenantes, d’années de « laisser-aller » dans la gestion de cette maison de retraite. Croulant sous les courriers de plaintes des familles, il a décidé de mettre à leur disposition… un « registre des doléances ». Il travaille aussi sur « des procédures pérennes ».

Trois autres parents de résidents ont accepté de témoigner, mais de manière anonyme : « Mon mari me dit, ne t’énerve pas trop, cela va me retomber dessus ! » Leurs témoignages sont concordants. Ils décrivent d’autres chutes sur ce seuil de salle de bains. Certaines se sont soldées par des fractures, qui signent presque systématiquement l’entrée dans la grande dépendance – « c’est le début du drame, ma mère est dans un état lamentable, grabataire, malheureuse ». La prise en charge médicale laisse aussi à désirer, affirment les familles : les prescriptions des médecins ne sont pas toujours délivrées – « pendant tout un week-end ma mère a souffert d’une infection urinaire » –, les médicaments sont distribués à des heures très variables – « on l’a réveillée à 23 heures pour lui donner son somnifère ». La toilette quotidienne n’est pas toujours faite, surtout chez les patients les plus lourds – « mon mari, très lourd et grabataire, est lavé une fois par semaine ». Les levers des résidents peuvent être très tardifs et le coucher débute à 16 h 30 : « Pas étonnant qu’il ait des esquarres », ces plaies cutanées profondes, difficiles à guérir, qui surviennent quand les personnes restent trop longuement alitées.

Locaux inadaptés, horaires anarchiques, pertes de repères, manque de soins : il y a là de quoi rédiger un parfait « contre-guide » du maintien de l’autonomie des personnes âgées. Difficile de parler de maltraitance, mais plutôt de négligences, de défaillances dans les soins, d’une désorganisation généralisée. Le personnel est également montré du doigt, parfois durement, par les familles, qui dénoncent de « gros problème de management » mais aussi de l’« incompétence », voire de la « malveillance ». D’autres louent au contraire le « dévouement de quelques femmes et hommes remarquables, qui tiennent cette maison à bout de bras » et fustigent le « mépris social de certains grands bourgeois ».

Lutte des classes à Neuilly-sur-Seine ? « Certaines familles ne nous saluent pas. Elles sont aussi très procédurières : elles s’adressent immédiatement à la direction quand la moindre chose ne va pas, alors qu’elles pourraient nous parler. Et elles doivent comprendre qu’on ne peut satisfaire toutes les demandes des personnes âgées, parfois très exigeantes », se défend Aurélie Lefèvre, déléguée syndicale CFTC. Cela dit, elle reconnaît que « les familles ont souvent raison. Cette maison de retraite va mal. Il y a toujours eu des dysfonctionnements, mais on atteint le summum. On sait que l’établissement est endetté, qu’il faut faire des économies, mais pas sur le personnel. On est parfois deux par étage pour 24 résidents : les petits-déjeuners et les toilettes du matin, on peut les finir à 12 heures, même à 13 heures ; la nuit, il y a deux personnes pour 120 résidents. Beaucoup d’agents de service hôteliers, normalement chargés du ménage, font fonction d’aides-soignantes ».

En plus des « incidents » relatés ici, et d’autres encore, deux événements graves – des suicides – ont secoué en 2011 et 2013 la maison de retraite. Ils ont justifié une inspection de l’Agence régionale de santé, chargée de veiller à la qualité des établissements médico-sociaux. Les deux rapports d’inspection – que Mediapart s’est procurés – sont très sévères. Le premier, rédigé fin 2012, émet dix-neuf injonctions. Dix-huit sont maintenues après une phase contradictoire, faute d’argumentation « sur le fond ». Celle-ci suggère « une responsabilisation de la direction qui doit s’interroger sur son mode de management de l’établissement et sur la mise en œuvre de la réglementation », notamment les procédures de sécurité. Nouveau suicide début 2013 et nouvelle inspection : l’ARS constate que ses recommandations ont « très peu, voire pas du tout, été suivies d’effet ». Et pour cause, l'homme a tenté de se suicider quelques semaines plus tôt, et cette tentative « n'a pas été prise en compte », a même été « banalisée », constate l’ARS. Elle prend donc acte de « l’incapacité de la directrice à impulser une prise en charge de qualité et à garantir la santé, la sécurité, l’intégrité ou le bien-être physique et moral des usagers ». Ça tombe bien, la directrice part à la retraite au printemps 2013.

Mais il faudra onze mois à l’administration pour lui trouver un remplaçant ! Onze mois au cours desquels la situation s’est encore dégradée, selon la syndicaliste CFTC : « Nous ne sommes pas encadrés. Il n’y a plus de motivation, beaucoup d’absentéisme. » « Cela a pris un peu de temps, on ne remplace pas un directeur comme ça, se défend Annick Gelliot, directrice territoriale dans les Hauts-de-Seine de l’ARS. L’établissement présente des dysfonctionnements, c’est vrai, mais la situation devrait s’arranger avec le nouveau directeur. » L’agence n’est pas ici seule en cause : la nomination d’un directeur, qui appartient comme le reste du personnel à la Fonction publique hospitalière, dépend du Centre national de gestion, sous la tutelle directe du ministère de la santé.

Il y a beaucoup de monde au chevet de cette maison de retraite chancelante : l’ARS, mais aussi le conseil général, tutelle financière (qui ne nous pas accordé d’interview malgré de multiples relances), et la mairie, qui préside le conseil d’administration. L’image de la ville la plus riche de France, qui compte 25 % de plus de 65 ans, est ternie : « De la part de Neuilly, c’est inadmissible », enrage un de ses habitants, fils d’une résidente.

La mairie a un droit de regard et un « devoir d’alerte », admet Jean-Christophe Fromantin, le maire de Neuilly (réélu dès le premier tour). « Je l’ai activé dès mon arrivée à la mairie en 2008, mon prédécesseur l’avait fait avant moi. Nous avons reçu les familles, participé au financement des travaux. Mais le contrôle et la gestion des maisons de retraite, c’est le métier de l’ARS et du conseil général. Je suis en première ligne dans cette affaire, mais j’ai zéro pouvoir. Et je suis confronté à une fragmentation du système de décision, c’est très frustrant. Cette gouvernance manque de transparence, de contrôles. »

Pour les familles, c’est d’autant plus inacceptable que l’hébergement de leur proche représente un effort financier important. La retraite de Léone Bastien – 1 400 euros par mois – ne suffisait pas à couvrir le coût de la maison de retraite, qui approchait les 3 000 euros mensuels. Publique, cette maison de retraite est l’une des moins chères du département. Elle est éligible à l’aide sociale, dont bénéficient 40 % des résidents, ceux dont les ressources associées à celles de leurs conjoints et enfants sont insuffisantes pour couvrir le coût de la maison de retraite. Il est alors pris en charge par le département, qui peut ponctionner presque tous les revenus du résident, et même se rembourser sur la succession. Dans les maisons de retraite privées des Hauts-de-Seine, plus rarement éligibles à l’aide sociale, le coût mensuel est de 4 000 à 5 000 euros mensuels. Si le Conseil général affirme que l’offre de places est supérieure à la demande, cet habitant de Neuilly, qui cherche à exfiltrer sa mère de l'établissement public, assure que « dans les maisons de retraite publiques aux alentours, il y a 18 mois d’attente ».

Un projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement sera bientôt discuté au Parlement. Il prévoit 650 millions d’euros supplémentaire pour la prise en charge des personnes âgées à leur domicile (revalorisation de l’Allocation personnalisée d’autonomie, aménagement des logements, etc.). L’amélioration de la prise en charge en établissements sera abordée dans un second temps, « pas avant 2015 », regrette Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). Il rappelle que les établissements français souffrent d’un « manque de personnel : nous avons 0,55 personnel par résident, contre 0,8 en moyenne en Europe ».

Guy-Louis Bastien, 70 ans, sort meurtri de cette expérience, inquiet pour ces vieux jours et sur l’état de santé de la société : « On ne sait pas gérer le vieillissement. Avant, les générations vivaient près les unes des autres. Aujourd’hui, on vit de plus en plus vieux, mais les familles sont éclatées : mes deux enfants sont partis à l’étranger. On n'a pas le droit de laisser nos vieux comme ça, ce n’est pas digne d’un pays démocratique. »

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Emploi fictif : un élu PS de Strasbourg a fait rémunérer sa compagne par le groupe Suez

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Il est rare que les bénéficiaires d'emplois fictifs aillent voir d'eux-mêmes la justice. C'est le choix qu'a fait Natasha P., ancienne compagne d'un élu de Strasbourg, qui vient de signaler au procureur de la République « des faits susceptibles de revêtir la qualification pénale d'abus de confiance » et « de prise illégale d'intérêts », d’après un courrier du 17 mars que Mediapart a pu consulter.

Documents à l'appui, elle accuse le socialiste Christian Spiry, conseiller municipal délégué à la précarité et membre de la commission d'appel d'offres de la ville (chargée des marchés publics), de l'avoir casée chez Suez environnement en 2010-2011, alors que le groupe venait de remporter un contrat à 98 millions d'euros pour l'exploitation de la station d'épuration de la communauté urbaine de Strasbourg. « J’ai signé un contrat de consultante extérieure mais c’était un emploi fictif », confie aujourd’hui Natasha P., qui a touché 38 000 euros au minimum. En échange de quoi le groupe Suez aurait-il pu rendre un tel service ?

L’avocat de Natasha P., Paul-Henri Schach, réclame non seulement l’ouverture d’une enquête mais aussi son dépaysement « hors de l'agglomération strasbourgeoise ». Il faut dire que Christian Spiry, de nouveau candidat aux municipales sur la liste du maire sortant Roland Ries, est secrétaire de section PS à Strasbourg et membre de l'association de financement de la fédération socialiste du Bas-Rhin. Sollicité par Mediapart, le parquet a fait savoir qu’il étudiait le courrier.

Christian Spiry, élu socialiste de StrasbourgChristian Spiry, élu socialiste de Strasbourg © I-télé

À écouter Natasha P., les faits sont simples. En 2010, alors qu’elle entretient une relation avec le socialiste et occupe un emploi précaire à la CUS (communauté urbaine de Strasbourg), elle apprend que son contrat n’est pas renouvelé. Christian Spiry se démène pour la recaser au sein de la collectivité, sans succès. Au cours d’un rendez-vous au Hilton, il finit par la présenter au directeur développement du groupe Suez, Vincent Reina, un ancien lieutenant de Jean Tiberi (l’ex-maire de Paris condamné en appel dans l'affaire des “faux-électeurs”, désormais pendante devant la Cour de cassation).

« Fais-toi belle ! » lui conseille Christian Spiry. Sur son CV, la jeune femme fait valoir un BTS d’action commerciale ou des CDD à la ville comme « agent d’accueil », mais aucune expérience de consultante, encore moins dans le secteur des déchets.

À en croire Natasha P., cette entrevue se déroule « en mai 2010 », juste avant l’attribution au groupe Suez du marché de la station d’épuration strasbourgeoise – elle a été votée le 25 juin 2010 par les élus de la CUS (dont Christian Spiry), sous la forme d’une « délégation de service public ». De son côté, le conseiller socialiste jure que le rendez-vous au Hilton, « de mémoire », date « plutôt de l’automne 2010 ».

Quoi qu’il en soit, Natasha P. finit par signer un contrat avec Suez en janvier 2011, qui fixe les termes de sa mission : « Rechercher systématiquement et le plus en amont possible toutes les informations légalement disponibles sur les projets des maîtres d’ouvrage et en particulier toutes informations à l’acte de construire ou exploiter toute information légalement disponible présentant un intérêt pour l’activité de l’entreprise. » C’est alambiqué, mais il suffit d’adresser une facture à Suez tous les trois mois pour toucher 9 000 euros. Évidemment, « le consultant s’interdit de faire quelque déclaration que ce soit auprès de tiers relative à la mission », prévient la convention.

« Après la signature, j’attends qu’on me demande quelque chose, rapporte l’ex-compagne de Christian Spiry. Je guette le courrier, rien ne vient. Quand j’appelle au siège de Suez pour savoir ce que je dois faire, je n’obtiens pas de réponse. »

À l’époque, Christian Spiry se charge de déclarer sa compagne comme « auto-entrepreneuse », d’expédier les factures à Suez, de relancer quand l’argent ne tombe pas. Rapidement, le conseiller municipal réclame davantage à Vincent Reina : « Qu’en est-il du projet de création de poste (en interne, ndlr) ?  lui écrit-il à l’été 2011. Avez-vous des nouvelles ? Cela devient stressant pour ma compagne. Ne me dites pas qu’il est impossible de créer un poste administratif dans cette grande maison. Je réitère ma demande. »

L’élu fera chou blanc et le contrat de consulting ne sera pas reconduit en 2012. Mais d’après les relevés bancaires de Natasha P., 38 000 euros ont bien été versés à la jeune femme au fil de l’année 2011. Bizarrement, 18 000 euros semblent même avoir été déboursés par Suez dès l’année 2010, avant que la jeune femme ait signé sa convention, d’après un document fiscal consulté par Mediapart.

Trois ans plus tard, après leur séparation, Natasha P. va jusqu’à déclarer qu’elle reversait une partie de ses émoluments à son ex-compagnon, sans avancer de preuve à ce stade. Une assertion que ce dernier dément catégoriquement : « C’est moi qui assurais son train de vie, réplique-t-il. Certainement pas l’inverse ! Je n’ai pas touché un centime ! » Christian Spiry a de son côté déposé plainte pour vol de quelques chèques et de mobilier.

La station d'épuration de Strasbourg, exploitée par deux filiales de SuezLa station d'épuration de Strasbourg, exploitée par deux filiales de Suez © DR

Quand on l’interroge sur le caractère fictif de l’emploi occupé par Natasha P., il botte en touche. « Je ne sais pas ce qu’elle a fait, s'agace l’élu. C’est elle qui a signé le contrat, pas moi. » L’a-t-il vue travailler, seulement une fois ? « Nous ne vivions pas ensemble. »

Le socialiste reconnaît tout juste avoir « servi d’intermédiaire avec Vincent Reina », « mais je ne l’ai pas "fait embaucher", comme vous dites. Celui qui embauche, c’est l’employeur ! » Et d’ajouter : « Des démarches, j’en ai fait pour des dizaines de personnes, c’est mon quotidien d’élu. On fait des demandes, on fait des pressions, on ne va pas envoyer chier les gens ! Pourquoi imaginer des Cahuzac ou des Copé derrière chaque élu ? Vous voyez le mal partout. »

Pour sa défense, Christian Spiry, membre de la commission d’appel d’offres de la ville, affirme surtout n’avoir joué aucun rôle décisif dans l’attribution à Suez du marché relatif à la station d’épuration. « Pour une délégation de service public, ce n’est pas ma commission qui choisit l’entreprise. La procédure, c’est que le président de la communauté urbaine de Strasbourg (le socialiste Jacques Bigot, ndlr) mène les discussions. » Avec l’aide de ses services administratifs, ce dernier a bien rendu un rapport qui plaçait Suez en tête des candidatures – l’opacité du processus a toutefois été critiquée par des élus d’opposition (voir les réactions du groupe UMP ici). « Je n’ai rien à voir avec la décision, répète Christian Spiry. (Le groupe Suez) proposait le meilleur prix et les meilleures prestations. »

Le parquet de Strasbourg ne manquera pas de vérifier ce point, s’il enclenche des investigations. A minima, Christian Spiry n’a-t-il pas tiré avantage de son mandat d’élu, de son influence réelle ou supposée en matière de marchés publics ? Et ne s’est-il pas mis en situation d’être redevable vis-à-vis d’une entreprise prestataire de la ville ? Outre la station d’épuration, Suez a également signé en septembre 2010 une convention de mécénat avec la municipalité, pour 70 000 euros par an.

Sollicité par Mediapart, le groupe se garde pour l'instant de tout commentaire. « On va laisser (Natasha P.) s'exprimer et aller au bout de cette affaire, nous attendons de voir ce qu'en dira la justice », déclare un responsable de la communication de Suez.

De son côté, Vincent Reina, « actuellement en vacances à l’étranger », a la mémoire qui flanche. Il nie le caractère fictif du contrat signé avec Natasha P., concédant seulement l’avoir « rompu faute de résultats, parce que c’était totalement non productif ». Mais dans le même temps, il admet n’avoir aucun « souvenir de ce qu’elle a fait précisément » pendant un an.

À vrai dire, il n’a pas non plus de « souvenir précis » que sa consultante lui ait été présentée par Christian Spiry. Et quand on l’interroge sur les raisons de cette embauche, il louvoie : « Elle était en recherche d’emploi… Il peut y avoir des personnes qui sont sans emploi et qui peuvent mériter l’attention parce qu’humainement elles peuvent présenter des capacités qui montrent qu’elles ne sont pas si bêtes. » De toutes façons, balaye Vincent Reina, « ça n’a aucun rapport » avec le marché de la station d’épuration. 

Une fois ce dernier attribué, Christian Spiry avait été chargé, comme délégué à la précarité, de suivre l'un des volets du contrat baptisé “opération Sapins” : le groupe Suez s'est engagé à faire pousser des arbres sur les boues d'épuration pour les offrir à Noël à des familles déshéritées. « Une idée à moi ! » se félicite Christian Spiry, sans rire.

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Le Maire (UMP): «On est dans une démocratie à bout de souffle»

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Pendant un an, il est parti à la rencontre de ces Français qui se sentent « délaissés, abandonnés, méprisés, négligés ». De ce tour de France politique, le député UMP de l’Eure Bruno Le Maire a tiré un amer constat : il existe, « dans beaucoup de coins du territoire, une exaspération légitime » à laquelle la droite n’a pas su répondre. D’où, selon lui, les résultats enregistrés par le Front national au premier tour des municipales. Au nom de la « rénovation démocratique » et du non-cumul des mandats qu’il défend, il se présente aujourd’hui en dernière position de la liste de Guy Lefrand, à Évreux.

Dans un entretien à Mediapart, l’ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin (2002-2007) expose les grandes lignes du « chemin de la reconquête » de l’UMP : des victoires locales, des primaires en 2016, des débats ouverts à la société civile pour débattre « sur le fond des idées » et non « sur les personnes ». Le tout, en veillant à garder un « esprit collectif ». « Le chemin sera encore long avant de retrouver de la crédibilité aux yeux des Français », reconnaît-il.

S’il prône un renouveau de la vie politique française, l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy n’entend demander « de comptes à personne ». Pour lui, la multiplication des affaires visant l’ancien président de la République et son entourage relève de la justice et de la justice seule. Pour autant, et contrairement à bon nombre d’autres responsables UMP, il « ne demande pas de traitement de faveur pour Nicolas Sarkozy ». « En démocratie, chacun est un justiciable comme un autre. »

Jean-François Copé a refusé l’appel au Front républicain lancé par le PS pour battre le Front national au second tour des municipales. Soutenez-vous cette ligne ?

Bruno Le Maire. Je suis totalement d’accord avec la ligne de l’UMP qui, aujourd’hui, rassemble tout le monde. Je ne vous dis pas que ce sont des choses qui se décident comme ça, en cinq minutes. Si on estime qu’un parti ne peut pas rentrer dans le jeu républicain, ce parti a vocation à être dissous. Mais si on admet que tous les partis qui sont aujourd’hui sur l’échiquier politique français respectent les règles de la démocratie, alors on combat le Front national par les armes républicaines que sont les idées et les convictions.

Je préfère voir le FN accéder à quelques mairies et apporter la preuve que ses propositions ne sont pas des solutions pour les Français. Le Front national municipal sera un échec. Il n’a pas marché dans le passé, il ne marchera pas dans l’avenir.

Le Front républicain, c’est la morale à la place de la démocratie et de la politique. C’est dire que le Front national ne respecte pas les règles du jeu démocratique et donc qu’il n’est pas possible de lui laisser gagner une municipalité. Moi, je ne raisonne pas comme ça. Je combats le Front national, c’est mon adversaire, je ne voterai jamais pour lui. Mais c’est un parti qui est inscrit dans le jeu républicain.

Il n’y a rien de moins efficace que le Front républicain. Je pense même qu’il obtient des résultats inverses que ceux escomptés. Il nourrit l’idée que les solutions socialistes et les solutions UMP sont les mêmes. La démocratie, c’est la différence. Le premier responsable de la montée du Front national, c’est le Parti socialiste. Le FN est la planche de salut d’un PS en pleine déconfiture. Leur incapacité à endiguer le chômage, à répondre aux problèmes de sécurité, à avoir une politique en matière d’intégration qui soit efficace, fait le jeu du Front national.

Bruno Le Maire, le 25 mars à Paris.Bruno Le Maire, le 25 mars à Paris. © ES

Cette montée du Front national ne tient-elle pas aussi à la droitisation de l’UMP ? Au glissement de la droite républicaine vers la « droite décomplexée » de Jean-François Copé ?

La question n’est pas celle de la « droite décomplexée », mais celle de l’échec des élus : quelle prise avons-nous sur la réalité ? Voilà ce que disent les gens qui votent Front national : « Vous faites de beaux discours, vous discutez, mais vous ne changez pas notre réalité. Comment est-ce que vous faites lorsque vous êtes dans un quartier difficile, où cinq gamins perturbent la vie de tout le monde, volent la moto du voisin, cassent les carreaux, volent la dame qui vient de tirer ses billets au distributeur automatique ? »

La réponse que nous avons apportée à droite n’était pas la bonne, reconnaissons-le. Nous avons durci des textes, mais ça n’a pas suffisamment changé le quotidien des gens. Sur la récidive, par exemple, la vraie clef est d’améliorer le fonctionnement de la chaîne pénale pour qu’un jeune qui a commis un délit puisse être jugé dans les deux mois qui suivent son arrestation et sanctionné immédiatement.

Je ne supporte plus les leçons de morale données par les socialistes, alors que c’est leur incapacité à régler les problèmes des plus modestes qui nourrit le Front national. Je les en rends directement responsables. À l’UMP, nous sommes d’une clarté totale. Il n’y a pas de vote, il n’y a pas d’accord, il n’y a pas de discussion avec le FN.

Même quand François Fillon affirme en octobre 2013 que les électeurs pourraient voter pour un candidat du FN aux élections municipales, à condition qu’il soit « le moins sectaire » ?

Chacun est libre de ses propos. Le vrai débat, c’est comment nous améliorons la chaîne pénale, l’intégration, l’emploi, les perspectives pour les jeunes. Quand vous voyez ce qu’était la ville de Forbach il y a vingt ans… Aujourd’hui, toutes les houillères ont fermé, il n’y a plus d’emplois, plus de possibilité pour les enfants de réussir. Il y a une immigration massive, liée à la demande de droit d’asile, qui aboutit à ce qu’on loge aux frais de l’État un certain nombre de demandeurs d’asile, notamment du Kosovo, avec de véritables filières, parfois mafieuses.

Que propose-t-on aux habitants de Forbach ? Les représentants du Front national apportent des réponses qui sont évidemment trop simplistes. Mais les citoyens ont été déçus. La droite n’a pas fait la politique qu’ils attendaient. Ils essaient maintenant la gauche et c’est calamiteux. François Hollande a cassé la France. Je n’ai jamais vu mon pays dans cet état, jamais. Alors certains veulent essayer le Front national.

Peut-on considérer que la droite d’aujourd’hui vote FN ?

Non ! Absolument pas ! Il y a énormément d’électeurs de gauche qui votent Front national. C’est pour ça que je refuse catégoriquement qu’on fasse le moindre procès à ma famille politique sur le sujet. Forbach et Hénin-Beaumont, c’est la gauche. Pourquoi le FN y fait-il des scores si importants ? Il est fort parce que nos solutions étaient trop faibles, notre capacité à écouter les électeurs, pas assez importante.

Alain Juppé vient d’être réélu triomphalement à Bordeaux. Est-il devenu incontournable pour 2017 ?

C’est une victoire magnifique et méritée. Alain Juppé n’avait absolument pas besoin d’une victoire municipale à Bordeaux pour jouer un rôle national. Il faut que nous puissions utiliser la diversité des talents à droite dès le lendemain du second tour. Alain Juppé fait évidemment partie de ces talents, comme Xavier Bertrand ou Nathalie Kosciusko-Morizet. Ne nous précipitons pas à vouloir définir un grand chef qui prendrait le pas sur tout le monde.

Notre responsable pour la prochaine élection présidentielle sera choisi par les primaires, qui ont été voulues par 95 % des militants de l’UMP. Ne sortons pas de ce cadre-là. Ces municipales prouvent que nous pouvons gagner des victoires électorales avec un parti bien organisé et un esprit collectif. Notre chemin de reconquête est clairement tracé.

Par quoi passera ce « chemin de reconquête » ?

D’abord par des victoires aux élections municipales. C’est évidemment la clef et il faut se battre jusqu’à dimanche, parce que la reconquête nationale passera par la reconquête locale. Ensuite, il y aura un certain nombre d’autres rendez-vous électoraux (européennes, régionales, sénatoriales) que nous devrons gagner. Il faut bien que nous comprenions que subsiste, dans beaucoup de coins du territoire, une exaspération légitime à laquelle nous n’avons pas répondu. Une partie des Français se sent délaissée, abandonnée, méprisée, négligée.

Vous estimez donc que la droite gouvernementale a mené jusque-là une mauvaise politique ?

Je dis surtout que la vraie réponse au Front national, c’est d’être capable de regarder les difficultés des gens et d’y apporter des réponses très concrètes. La politique doit reprendre ses droits sur la réalité.

Les responsables politiques doivent être capables de se remettre en cause. La vie politique fonctionne comme une caste. Elle n’est pas capable de se renouveler. J’ai fait un certain nombre de propositions et je pense qu’elles sont aujourd’hui indispensables pour redonner un peu de dignité à la démocratie française.

Ça passe par le non-cumul des mandats, la réduction du nombre d’élus locaux et de parlementaires, l’obligation de démission des hauts fonctionnaires quand ils font de la politique. Pour que nous retrouvions un peu de respectabilité. Respectabilité pour les politiques, efficacité dans le fonctionnement démocratique et écoute des gens. Avec tout ça, on pourra faire baisser le Front national.

Vous êtes favorable au non-cumul des mandats et pourtant, vous avez voté contre la loi.

La politique a besoin d’actes. Tous ces élus socialistes qui ont voté comme un seul homme le non-cumul des mandats et qui se présentent aujourd’hui en tête de liste, c’est incompréhensible pour les gens. Moi, j’ai fait un choix différent : j’ai commencé par me l’appliquer à moi-même à Évreux.

Je n’ai pas voté le non-cumul parce que j’estime que cette loi est totalement insuffisante, qu’il faut aller beaucoup plus loin. Mon geste concret, c’est d’avoir déposé une proposition de loi complète.

Un an et demi après sa crise interne, l’UMP n’a toujours pas réussi à se relever. Ne désespérez-vous pas qu’elle y parvienne un jour ?

Nous avons bien progressé à ces élections municipales. Maintenant, il faut confirmer l’essai au second tour. Au-delà des succès d’Alain Juppé et de Jean-Claude Gaudin, je voudrais signaler les scores exceptionnels qui ont été faits par des jeunes de droite. Robin Réda à Juvisy, 22 ans, élu au premier tour dans une ville qui est à gauche depuis 60 ans, chapeau ! Alexandre Rassaërt, 40 % à Gisors, ville communiste depuis 37 ans. Michel Havard, qui met le maire de Lyon – soi-disant le meilleur maire de France – en ballottage pour la première fois.

Mais sur le plan national, le succès n'est pas si flagrant. Pourquoi l’UMP n’a-t-elle pas davantage bénéficié du recul du PS aux municipales ?

Il faut être lucide sur la situation de la droite en 2012. On n’a jamais été aussi faible depuis 1958. Interpréter la défaite de Nicolas Sarkozy comme le rejet d’un homme est une erreur d’analyse complète. C’est le point d’aboutissement d’un reflux de la droite, qui est engagé depuis des années et qui a commencé par les élections locales. On a perdu les villes, puis les départements, puis quasiment toutes les régions, et au bout du compte, nous avons perdu le Sénat.

Du coup, on a perdu les législatives et la présidentielle. 2012, année zéro. Tous ceux qui pensent qu’on va reconquérir le pouvoir du jour au lendemain, simplement parce que la gauche est nulle, se trompent. La nullité de la gauche profite à ceux qui n’ont jamais occupé le pouvoir et qui tiennent des propos simplistes : le Front national.

Notre reconquête sera forcément lente et difficile. Mais je suis plutôt satisfait par les résultats municipaux, parce que c’est la preuve qu’on commence à reprendre du terrain. Nous devons être capables d’avoir des idées radicalement nouvelles.

Vous faites de l’autorité l’un de vos principes forts. Or, depuis la guerre Copé/Fillon, les voix de l’UMP n’en finissent pas de dissoner. N’est-ce pas là la marque d’une crise d’autorité au sein de votre propre parti ?

La guerre des chefs a été un désastre dont nous mettons du temps à nous relever. Il faut que nous en tirions les conséquences pour nous dire que, désormais, personne ne peut prendre le moindre risque d’une nouvelle guerre des chefs.

L’autorité, ce n’est pas le culte du chef, ni celui des ordres, ni celui de quelqu’un qui va diriger tout le monde à la place des autres. L’autorité, c’est le respect, la dignité, l’exemplarité, le bon comportement. Le chemin sera encore long avant de retrouver de la crédibilité aux yeux des Français. La meilleure façon d’y parvenir, c’est de débattre sur le fond des idées, pas sur les personnes.

Mais lorsque l’UMP tente de débattre sur le fond des idées, comme ce fut le cas lors de la préparation de votre projet d’alternance, là encore, les critiques internes pleuvent.

Je souhaite que nous soyons tous moins critiques les uns vis-à-vis des autres et plus soucieux d’apporter des propositions. Il est beaucoup trop tôt pour présenter un vrai projet politique, mais il nous faut évidemment commencer à avancer des idées.

Les questions de société ont révélé de nouveaux désaccords profonds entre les différentes sensibilités de votre parti. Elles ont été écartées du projet d’alternance. L’UMP ne doit-elle pas prendre le temps de discuter de ces sujets ?

Il faut évidemment parler des sujets de société, mais il faut le faire calmement, en écoutant les uns et les autres et en faisant des propositions. Nous aurons forcément des différences sur ces sujets-là mais ce n’est pas la peine de s’invectiver ou de se critiquer.

J’ai pris, sur le mariage pour tous, une position minoritaire dans ma famille politique. Je l’assume totalement. Je pense que le mariage, et tout ce qui peut renforcer la stabilité des couples homosexuels, est une bonne chose. Je continue à défendre cette idée-là. En même temps, j’y mets une ligne rouge très claire : je suis opposé à la PMA, à la GPA et à tout ce qui donne l’impression que les enfants sont un droit.

Ne regrettez-vous pas qu’à droite, les questions de société soient aujourd’hui réduites à des caricatures telles que l’épisode du « Tous à poil ! » ?

Je regrette les polémiques sur ces sujets parce que j’estime que ce sont des sujets importants, même s’ils ne sont pas prioritaires. Pour moi, le sujet prioritaire, c’est l’emploi. Quant aux sujets de société, ce n’est pas entre nous qu’il faut en débattre, mais avec les Français. C’est ce que doit comprendre notre famille politique. Prenons le sujet de la fin de vie, un sujet douloureux que j’ai connu personnellement avec mon père. Est-ce qu’on accélère les choses ? Est-ce que le texte de Jean Leonetti est suffisant ? Est-ce qu’on rend les directives de fin de vie obligatoires, pour qu’on ne se retrouve pas dans le drame qu’on vient de connaître avec la famille Humbert ? Il faut permettre au plus grand nombre de Français de mourir dans la dignité, en ayant accès beaucoup plus largement à des unités de soins palliatifs.

Nombreux sont ceux, à l’UMP, à considérer Nicolas Sarkozy comme leur leader naturel.

Je doute que Nicolas Sarkozy se présente comme cela. Je crois au leader, je pense qu’on a besoin de quelqu’un pour pousser le pays, pour l’incarner. Mais ce leader, il sera choisi par les Français.

Les affaires se sont multipliées à droite au cours des dernières semaines, mettant en difficulté votre famille politique et faisant resurgir ses querelles internes. N’est-il pas temps d’opérer un grand ménage au sein de l’UMP, comme certains le réclament déjà dans vos propres rangs ?

Non. Respectons le fonctionnement démocratique. Je fais totalement confiance à la justice française pour déterminer ce qui est condamnable et ce qui ne l’est pas. Si, à un moment donné, quoi que ce soit est condamné par la justice, dans ce cas-là, on en tirera les conséquences politiques.

Vous ne demanderez donc pas de comptes à Jean-François Copé au sujet de l’affaire Bygmalion, comme François Fillon souhaite le faire à l’issue des municipales ?

Je ne demande de comptes à personne. C’est à la justice d’établir la vérité des faits.

Vous avez déclaré que Nicolas Sarkozy « (était) et sera toujours un atout pour (votre) famille politique ». Or, jamais sous la Ve République, un système présidentiel n’avait été autant cerné par les affaires. Est-ce vraiment là un atout pour l’UMP ?

Nicolas Sarkozy reste un atout pour l’UMP. Ce que je souhaite, c’est que la justice puisse travailler dans la sérénité. Je suis profondément choqué par cette justice faite en direct, aux yeux de tous, sans respect du secret de l’instruction.

J’ai réagi sur la tribune de Nicolas Sarkozy en disant que je comprenais son indignation et sa colère parce qu’il a droit au secret de l’instruction. Je ne demande pas de traitement de faveur pour Nicolas Sarkozy. En démocratie, chacun est un justiciable comme un autre et je ne fais aucun procès aux juges. Je dis juste que cette procédure doit se dérouler dans le secret et le silence, pour remettre de la sérénité dans le débat public.

Je suis profondément choqué de la manière dont réagit le pouvoir en place, des mensonges de Madame Taubira, de la lâcheté de François Hollande qui est responsable et garant de l’indépendance de la justice, et qui devrait, à ce titre, réagir.

Les affaires Sarkozy sur lesquelles enquêtent les juges ne vous semblent-elles pas plus importantes que le simple fait de savoir si le gouvernement était au courant des écoutes un 26 février ou un 7 mars ?

Je ne suis pas d’accord avec cela. Ce qui décrédibilise la vie politique, c’est que tout ce qui devrait être secret est sur la place publique. Le garant de la sérénité et du fonctionnement de la justice, c’est le président de la République. Or sur ce sujet, comme sur tous les autres, François Hollande est en situation d’échec complet. Il n’assume pas ses responsabilités. Il n’y a plus de chef de l’État, c’est bien là le drame.

Vous avez la sensation que Nicolas Sarkozy garantissait la sérénité de la justice lorsqu’il était au pouvoir ?

C’est un autre sujet. Les propos que Nicolas Sarkozy a pu tenir sur les juges, ce ne sont pas les miens. C’est la même chose pour le “mur des cons” du syndicat de la magistrature. Quand je vous dis qu’il est indispensable que notre vie publique retrouve de la dignité, ça concerne tout le monde.

Vous prônez une rénovation démocratique. Doit-elle passer par une révision profonde de nos institutions ?

L’urgence n’est pas dans les institutions elles-mêmes, mais dans le fonctionnement politique que nous avons dans le cadre de ces institutions. Est-ce qu’on peut garder 577 députés ? Il y a urgence à les ramener à 400. Est-ce qu’on peut garder un fonctionnement parlementaire comme celui qui existe aujourd’hui ? Non. Est-ce qu’on peut garder autant d’élus locaux ? Il est urgent de diviser par deux leur nombre.

Est-ce qu’on peut garder la structure administrative qui existe aujourd’hui avec les départements, les régions, les communes, les intercommunalités ? Impossible. Il faut fusionner les départements et les régions, ramener le nombre de régions à une dizaine pour avoir des régions qui soient de la taille des régions européennes. Est-ce qu’on peut garder cette confusion scandaleuse dans une République entre la fonction publique et la politique ? La clef de la fonction publique, c’est l’indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Je demande que tous les hauts fonctionnaires démissionnent de la fonction publique quand ils deviennent députés ou sénateurs.

Je rappelle d’ailleurs qu’en Grande-Bretagne, si vous voulez entrer à la chambre des communes et que vous êtes membre de la haute fonction publique britannique, vous devez démissionner avant de vous présenter.

Comment définiriez-vous cette rénovation démocratique ?

La rénovation démocratique, c’est imposer des règles aux responsables politiques pour avoir un fonctionnement qui soit plus digne. Remettre de la dignité dans le débat politique avec ce que j’ai déjà proposé. Le non-cumul des mandats, bien sûr, mais aussi la limitation à trois du nombre de mandats nationaux successifs. Les jeunes ont envie de s’engager en politique, ils ont soif de politique. Ce n’est pas vrai qu’ils en sont dégoûtés, ils voudraient simplement en faire eux-mêmes, mais ils en sont privés. Limitez dans la durée le nombre de mandats et interdisez le cumul, vous verrez tout d’un coup la place que cela fera aux jeunes !

Ensuite, effectivement, on pourra réfléchir à la question des institutions. Le rôle du premier ministre, l’équilibre entre le pouvoir parlementaire et le pouvoir exécutif, les prérogatives du président de la République... On est dans une démocratie à bout de souffle, dont le fonctionnement ressemble étrangement et scandaleusement à celui d’une monarchie.

BOITE NOIREL'entretien a eu lieu le mardi 25 mars. Bruno Le Maire a souhaité le relire, comme c'est le cas de l'écrasante majorité des responsables politiques. Le texte a été amendé par ses conseillers, notamment la partie concernant le leader de l'UMP.

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Urbanisme à Saint-Tropez: la justice à la recherche d’un mystérieux carnet

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Comme l’a révélé Mediapart, le parquet de Draguignan a ouvert fin janvier 2014 une information judiciaire pour trafic d’influence et recel suite à la plainte d’un propriétaire tropézien, Benno Feingold, victime d’un curieux transfert dans les années 1990 de ses droits à construire vers la propriété de son voisin, René Château. Le célèbre éditeur vidéo du cinéma français des années 1960 à 1980 était alors très en cour avec les maires de l’époque : Jean-Michel Couve (maire de 1983 à 1989, puis de 1993 à 2008 et aujourd'hui député du Var) et Alain Spada (maire de 1989 à 1993 et aujourd'hui conseiller général). Deux ennemis jurés dont la rivalité a secoué la vie du célèbre village et qui briguent aujourd’hui la mairie de Saint-Tropez sur des listes concurrentes face au maire sortant Jean-Pierre Tuveri (DVD). 

Ce n’est pas la première fois que le parquet de Draguignan est alerté sur des dysfonctionnements au sein du service de l'urbanisme de Saint-Tropez sous les différentes mandatures de Jean-Michel Couve. 

Le maire RPR avait créé lors de son premier mandat des « taches blanches », ouvrant la voie au bétonnage des espaces boisés classés au mépris de la loi Littoral (entrée en vigueur en janvier 1986). « Nous avons considéré, avec les membres de mon équipe, que sur les terrains de plus d'un ou deux hectares, je ne me souviens plus, il y avait la possibilité de réaliser ce que l'on appelle une tache blanche, c'est-à-dire de construire une maison afin que les terrains en question soient entretenus et donc protégés des incendies », justifie Jean-Michel Couve, dans un documentaire réalisé par Stéphane Bentura, diffusé le 3 septembre 2013 sur France 2. Le premier plan d’occupation des sols (POS) de Saint-Tropez, adopté en février 1987, comptait une trentaine de ces « taches blanches ». Curieusement, la préfecture du Var de l’époque, censée exercer un contrôle de légalité, n’a jamais tenté d’invalider ces incartades à la loi Littoral. Et la justice varoise ne s’est pas plus penchée sur le sujet.

Le 6 janvier 1994, Gérard Moulet, adjoint à l’urbanisme de Jean-Michel Couve de 1986 à 1989, envoie pourtant un courrier au président du tribunal correctionnel et au procureur de la République de Draguignan. Il écrit avoir « assisté à un grand nombre d’irrégularités voulues par Monsieur Couve, député-maire » et fait part d’une intervention du maire sur un dossier précis, celui de l’hôtel de luxe de La Messardière. La presse s’en fait écho, mais « Monsieur Moulet n’a jamais été entendu », indique Alain Spada, l'éphémère successeur de Couve à la mairie. De nombreux témoins se souviennent encore du temps où Gérard Moulet se répandait dans Saint-Tropez en affirmant qu'il allait « tout révéler ». Mais l’ex-adjoint à l’urbanisme effectue aujourd’hui un beau rétropédalage. « Cette lettre avait été faite sous la contrainte à un moment où je n’allais pas bien, dit-il, joint par téléphone. On a profité d’un état de faiblesse, mais tout ça n’avait aucun fondement. »

Le 27 novembre 2001, un compte-rendu d’enquête préliminaire signalant plusieurs « dysfonctionnements au sein de l’urbanisme de Saint-Tropez » atterrit sur le bureau du procureur de la République de Draguignan. C’est un ingénieur territorial expérimenté qui a donné l’alerte. Recruté un an plus tôt par Jean-Michel Couve comme chef du service de l’urbanisme, il avait été chargé d’informatiser tout le service. Mais il s’était heurté à bien des obstacles.

Dans son audition du 27 septembre 2001, l’ingénieur s’étonne de la disparition répétée de documents sensibles, comme des courriers d’avocats ou un lutin répertoriant les contentieux d’urbanisme de la commune. De même 173 déclarations d’aliéner (qui préviennent la mairie d’une vente) ont été mystérieusement enfermées dans une armoire pendant les délais de recours légaux, empêchant la mairie de préempter les bonnes affaires. Des dysfonctionnements « volontaires et malveillants » retardant son travail et surtout pouvant « entraîner des avantages indus à l’égard d’une des parties ou occulter des dysfonctionnements plus graves », souligne l’ingénieur devant le policier. Le fonctionnaire a lui-même été victime d’« actes de malveillance puisque (ses) pneus de véhicule personnels ont été régulièrement crevés depuis mon arrivée, sur le parking du port ».

Alors que les faits dénoncés sont graves, l’enquête est bâclée et son compte-rendu semble s’être perdu dans les méandres du parquet de Draguignan qui ne lui donnera aucune suite. Ce fonctionnaire territorial « était un homme d’une grande qualité, j’ai tout fait pour corriger ces dysfonctionnements », assure aujourd’hui Jean-Michel Couve. L'ingénieur, lui, a préféré quitter la mairie dans la foulée... Il refuse aujourd'hui de répondre aux questions des journalistes. Il y a quelques années, il nous expliquait être harcelé par des coups de fil menaçants. Après son dépôt de plainte pour menaces de mort répétées, les policiers lui ont, selon lui, indiqué la provenance des appels : d'abord du Var, ensuite de Paris, puis d'Afrique de l'ouest.

Le 19 novembre 2001, selon un rapport de police, Michel Canque, le président de l’association syndicale des propriétaires des parcs de Saint-Tropez, aurait adressé un courrier au procureur de la République de Draguignan pour dénoncer des « faits de corruption » au sein du service d’urbanisme. Ce dernier courrier ne semble lui non plus ne pas avoir eu de suite.

Le 10 avril 2013, c’est le préfet du Var, Laurent Cayrel qui prend sa plume pour écrire au procureur de la République de Draguignan. Il a été informé par un des avocats de M. Benno Feingold d’un «curieux» transfert de constructibilité vers la parcelle de son voisin. Dans sa lettre, le préfet fait également état d’une vieille rumeur concernant un carnet qu’aurait tenu Jean-Michel Couve «relatant les mouvements de fond des bienfaiteurs de la commune qui auraient soutenu de campagnes électorales en échange de droits à construire». Le parquet de Draguignan classe l’affaire le 20 mai 2013 pour prescription.

Ce n’est que fin janvier 2014, après une plainte de Benno Feingold et un signalement très détaillé de Jean-Pierre Tuveri, maire actuel de Saint-Tropez, qu’une information judiciaire pour trafic d'influence et recel de trafic d’influence, ainsi que délivrance indue de documents administratifs, sera ouverte. La juge d’instruction désignée, Madeleine Pfender, a également été saisie de la lettre du préfet. Voilà donc la justice sur la trace de ce mystérieux carnet que personne n’a jamais vu.

Un militant gaulliste, Daniel Vetault, aujourd’hui décédé, avait affirmé à plusieurs personnes dont l’une de ses filles, que nous avons rencontrées, avoir récupéré un jour ce carnet dans le bureau de Jean-Michel Couve. Se revendiquant ancien du Service d'Action Civique (SAC), Daniel Vetault a accompagné la carrière politique de Jean-Michel Couve, en tant que secrétaire départemental du RPR puis de l’UMP pour le Var. Créé dans les années soixante par des militants gaullistes pour lutter contre l'OAS en Algérie, le SAC a ensuite fourni des hommes de l'ombre aux partis gaullistes successifs jusqu'à sa dissolution en 1982 après la tuerie d'Auriol.

Quand Stéphane Bentura, l’un des auteurs de cet article, a rencontré Daniel Vetault en décembre 2012 au café de Paris sur le port de Saint-Tropez, ce dernier était prêt à passer devant la caméra pour tout raconter : tout d'abord la mission de son équipe d'ex SAC envoyée en 1983 par Charles Pasqua pour aider le docteur Jean-Michel Couve, poulain du dirigeant RPR Bernard Pons, à gérer la mairie de Saint-Tropez, puis à conquérir le siège de député en 1986. Pour l’anecdote, Daniel Vetault avait été très surpris découvrant le visage de celui qu’il était venu aider : le nouveau maire RPR de Saint-Tropez était un ancien militant PSU (parti socialiste unifié) que Daniel Vetault et ses hommes avaient délogé du rectorat de Marseille en 1968 !

Rendez-vous avait été pris en janvier 2013 pour l'interview. Daniel Vetault avait promis d’apporter le fameux carnet et ses mémoires qu’il venait de terminer. Mais le 24 décembre 2012, avant d’avoir pu confirmer face à la caméra, Daniel Vetault décède d’un cancer foudroyant à l’âge de 72 ans.

Restent des questions : s’agit-il d’une bombe atomique fictive, imaginée par un homme blessé par le manque de reconnaissance de son ancien leader ? Vetault décrivait assez précisément ce carnet rectangulaire, pouvant rentrer dans la poche d’une veste. S'il le dément aujourd'hui, Gérard Moulet, l'ancien adjoint à l'urbanisme de Couve durant sa première mandature, nous avait lui aussi, il y a quelques années, parlé du carnet entre les mains de Daniel Vetault.

En février 2013, un mois après la mort de Daniel Vetault, Jean-Michel Couve, interrogé sur ce carnet dans le cadre du documentaire pour France 2, avait démenti. Il avait toutefois reconnu regretter ne pas avoir su reconnaître Daniel Vetault «à sa juste valeur». Contacté le 28 mars 2014, il parle d’une «rumeur assez inopportune à deux jours des élections». «Je n’ai jamais dérogé aux lois sur le financement des campagnes électorales et je n’ai jamais réalisé de contreparties pour des gens qui nous auraient soutenu, assure-t-il. Pourtant en 21 ans (à la mairie, ndlr), j’ai délivré beaucoup de permis et j’ai eu beaucoup de pressions.» Quant à Vetault, «il n’était pas du tout un ancien du SAC et ce n’est pas du tout Pasqua qui l’a envoyé, c’était un petit commerçant de Cogolin qui est venu m’aider, puis qui a voulu régler des comptes».

En 2011, en froid avec le député Jean-Michel Couve, Daniel Vetault avait soutenu la candidature dissidente du maire de Sainte-Maxime, Vincent Morisse. «Cette histoire de carnet a toujours plané, mais elle reste un mystère», dit ce dernier. «M. Vetault ne se serait pas servi de quoi que ce soit pour nuire à qui que ce soit, il voulait que les choses se remportent à la loyale, sur le terrain des idées», assure Vincent Morisse. Depuis, c'est la justice qui cherche, entre autres, le fameux carnet.

Mais le cœur de l'enquête judiciaire reste sur les échanges entre René Château et les maires successifs de Saint-Tropez. Craignant que des documents disparaissent, le maire sortant Jean-Pierre Tuveri a récemment missionné un huissier pour «répertorier et mettre à la disposition de la justice les documents concernant M. Château et M. Feingold», nous indique-t-il. Parmi ces archives, des annotations manuscrites montrent qu’Alain Spada, jusqu'ici apparu comme le «chevalier blanc» du village contre le bétonnage, pourrait avoir lui aussi avantagé certaines de ses connaissances.

Comment par exemple expliquer que Benno Feingold n’ait jamais pu construire sur son terrain de la presqu’île de Saint-Tropez, acheté en 1987 avec des droits à construire de 250 m2, alors qu’autour de lui les villas poussaient comme des champignons ? Parfois même les pieds dans l’eau, au mépris de la loi Littoral (entrée en vigueur en 1986).  

Interrogé, Alain Spada, maire de Saint-Tropez 1989 à 1993, affirme n’avoir fait que suivre les instructions des services de l’Etat (qui à l’époque assistaient les communes dans l’élaboration de leurs documents d’urbanisme) et avoir refusé les permis de construire déposés par Benno Feingold «car la loi littoral ne le permet pas».

Deux notes manuscrites retrouvées dans les archives de la mairie de Saint-Tropez montrent pourtant que celle ci est bien intervenue en 1990 auprès de l’ex DDE (direction départementale de l’équipement) pour bloquer le permis de construire de Benno Feingold, alors que l’avis de services de l’Etat était au départ favorable. Le 30 octobre 1989, tampon du ministère de l’urbanisme à l’appui, l’architecte des bâtiments de France du Var (ABF) valide le projet de construction d’une villa avec parkings.

Le 12 décembre 1989 sur la feuille d’étude du permis de construire de la DDE, il inscrit « AF » (avis favorable). Lequel se transforme subitement en « AD » (avis défavorable) le 20 février 1990. Que s’est-il passé entretemps ? Le 8 février 1990, une note, sur un papier à en-tête du service urbanisme avec le cachet de la mairie, a tout simplement demandé à la DDE de «reprendre l'arrêté du PC (permis de construire, ndlr) en avis défavorable». Et une deuxième note, qui sommeillait elle aussi dans les archives de la mairie, indique : «En attente, renvoyé arrêté en (sic) refaire en défavorable le 08.02.1990 à la DDE Ste Maxime ». Note à laquelle a été retrouvée agrafée la carte de visite de… René Château, décidément très bien introduit à la mairie.  Dans le plan d’occupation des sols de 1992 (préparé par la mairie Spada et qui ne sera jamais validé pour cause d'élections), repris par le POS de Jean-Michel Couve en 1997, les droits à constructibilité de Benno Feingold disparaitront, pour réapparaitre sur le terrain de son voisin  René Château.

«Je n’ai jamais eu de relations avec M. Château, si ce n’est mauvaises», balaie Jean-Michel Couve. Dans un fax envoyé le 16 juin 1993, René Château le remerciait pourtant « infiniment » de « l’entretien qu('il a) bien voulu (lui) accorder à l’Assemblée nationale, au sujet de la SCI du Soleil (mitoyen à (sa) propriété), quant aux suites que vous entendez donner aux prétentions bétonifères (sic) de son propriétaire, Beno Feingold (sic)» «Je serais complètement fou d’avoir écrit un truc pareil, répond Jean-Michel Couve (à côté de la plaque). D'ailleurs René Château a fait un recours en faux en écriture.»

Si Jean-Michel Couve dément toute contrepartie à cette décision favorable pour René Château, Alain Spada, du bout des lèvres, finit par reconnaitre un financement d’une ou plusieurs de ses campagnes.  «En 2011, peut-être en 2004, il a fait un chèque pour ma campagne, nous a-t-il affirmé le 3 mars 2014. Mais il n’y a pas eu d’enveloppe.» Impossible de vérifier auprès de la commission nationale de contrôle des comptes de campagne à laquelle la loi française interdit de divulguer la liste des donateurs.

BOITE NOIREJournaliste indépendant, Stéphane Bentura a réalisé le documentaire «Saint-Tropez, l'histoire secrète d'un petit port de pêche» pour l'émission Infrarouge sur France 2. Dans ce film, il notamment interviewé Jean-Michel Couve, qui a pu répondre sur les soupçons planant autour de sa gestion de la mairie de Saint-Tropez. Après sa diffusion le 3 septembre 2013, Jean-Michel Couve a déposé plainte pour diffamation avec constitution de partie civile le 29 novembre 2013 contre «les auteurs des propos, l'auteur de l'émission et contre le directeur de publication de la chaine de télévision France Télévisions».

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50% de nucléaire en 2025: l'Etat parle de fermer vingt réacteurs

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Pour la première fois depuis l’élection de François Hollande, l’État évoque officiellement la fermeture d’une vingtaine de réacteurs nucléaires d’ici 2025. Pas en commentaire "off", pas en confidence de fin de réunion. Mais face à la représentation nationale, en l’occurrence devant la commission d’enquête parlementaire sur les coûts de la filière nucléaire.

Entendu mercredi 26 mars par les députés François Brottes et Denis Baupin, Laurent Michel, à la tête de la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), a expliqué que dans l’hypothèse de 50 % de nucléaire en 2025, il faudrait fermer « une vingtaine de réacteurs ». Voir ici la vidéo de cette audition (écouter Laurent Michel à partir de la 56e minute).

Jamais son administration ne s’était exprimée sur ce sujet. Et depuis mai 2012, personne du côté de l’État ne s’était aventuré à quantifier ce que pouvait représenter l’objectif de François Hollande de réduire de 25 % la part du nucléaire dans la production d’électricité.

En 2013, les six mois de débat national sur la transition énergétique se sont déroulés sans qu’à aucun moment la DGEC ne présente de scénario d’évolution de la demande d’électricité prenant en compte la promesse présidentielle. Interrogés sur le futur “mix électrique” lors des groupes de travail préparatoires à la loi sur la transition énergétique, les hauts fonctionnaires de la DGEC avaient toujours répondu que l’arbitrage n’était pas décidé.

Depuis des mois, cette ambiguïté nourrit une bataille politique intense au sein du gouvernement, entre d’un côté les écologistes et Philippe Martin, le ministre de l’écologie et de l’énergie, et de l’autre, Arnaud Montebourg, chargé du "redressement productif" à Bercy.

Elle est aussi au cœur des batailles en coulisses qui secouent le gouvernement dans cet entre-deux tours des municipales, avant un remaniement imminent. Forts de leur succès au premier tour des municipales, alors que le Parti socialiste a subi une déroute qui devrait se confirmer dimanche dans les urnes, les écologistes ont tenté ces derniers jours de pousser leur avantage. Pour obtenir un troisième ministre, mais surtout réorienter la ligne du gouvernement. Ce qui passe, entre autres, par un “verdissement” du  projet de loi de transition énergétique en cours de préparation, dont une des principales dispositions est justement d’acter l’objectif de 50 % de nucléaire en 2025. La loi doit être présentée en juin en conseil des ministres. Et c'est justement Laurent Michel, le patron de la DGEC, qui est chargé de la rédiger.

Devant les parlementaires, Laurent Michel a détaillé son calcul : la puissance électrique installée en nucléaire atteint aujourd’hui 63 gigawatts (GW). Si la part de l’atome est abaissée à 50 %, la capacité de production doit aussi se réduire : « entre 36 et 43 gigawatts » seraient « nécessaires » dans cette hypothèse. C’est un changement radical par rapport à ce que la DGEC envisageait il y a trois ans, comme en témoigne le tableau ci-dessous, sur les prévisions d’évolution des besoins du pays : 66,3 GW d’électricité nucléaire en 2020 et 2030. Soit, le parc actuel (y compris Fessenheim), complété de l’EPR en construction à Flamanville (1 600 MW), plus de celui un temps prévu à Penly, plus d’autres tranches encore.


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À l’inverse de ses anciennes prévisions, l’administration prévoit désormais une baisse très importante de la consommation d’électricité dans les logements et le tertiaire (adieu au chauffage électrique) ainsi que dans l’industrie, d’environ 120 terrawattheures (TWh) d’ici 2030. Et une hausse par ailleurs, liée à la croissance économique, à la démographie et aux nouveaux usages (technologies de l’information et de la communication notamment) : « On part sur un scénario d’évolution de la demande électrique relativement modéré », a ajouté le responsable de la DGEC, pour qui « on va même probablement vers une baisse » si les transferts d’usages (la montée en charge des voitures électriques, par exemple) tardent à se faire. C’est l’inverse de ce que claironne Henri Proglio, le PDG d’EDF, qui affirme s’attendre à une hausse de 1 % chaque année.

Même si les arbitrages ministériels n’ont pas été rendus publiquement, personne n’imagine que Laurent Michel, haut fonctionnaire chevronné, puisse s’exprimer aussi précisément sur un sujet si sensible sans feu vert politique au plus haut niveau.

Faut-il pour autant y voir une réponse du pouvoir aux coups de pressions des écologistes ? Mardi, Cécile Duflot a fait savoir qu’elle ne pourrait pas figurer dans un gouvernement dirigé par Manuel Valls. Une prise de position appréciée par Jean-Marc Ayrault, qui compte bien rester à son poste malgré la défaite des municipales. En face, Arnaud Montebourg, bête noire des écologistes, milite ouvertement pour un changement de premier ministre et ne cache pas sa très grande réticence sur les 50 % de nucléaire d’ici 2025. Interrogé récemment sur le sujet par Mediapart, il expliquait « Je n'ai pas l'idéologie des chiffres. » Une façon polie d'exprimer son hostilité. 

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A Saint-Denis, le PCF n’en a pas fini avec les socialistes

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Fin de campagne épique à l’ombre de la Basilique. Au marché de Saint-Denis ce vendredi, communistes et socialistes achèvent enfin plus de huit mois de campagne à fond de train. Des jeunes militants du maire sortant, le PCF Didier Paillard, plient le matériel et déambulent autour des halles en chantant : « Adieu Mathieu, adieu Mathieu, adieuuuu ». Peu avant, ils s’étaient frottés avec des militants de Mathieu Hanotin, le jeune député PS qui, après la cantonale en 2010 et la législative de 2012, poursuit sa blitzkrieg contre le bastion communiste. Sans heurts, les violences constatées entre les deux camps en 2012 n'ont pas resurgi, aux dires des deux camps. Mais la campagne, lancée dès septembre dernier (lire notre reportage à l'époque), n'en fut pas moins active pour autant.

« Je n’avais jamais vu une campagne aussi intense, juge Dominique Sanchez, responsable du Journal de Saint-Denis (municipal mais indépendant). Hanotin a durci son discours et a clivé les débats contre la municipalité sortante. Il y a eu 200, 300 mecs mobilisés de chaque côté, les uns avec des écharpes roses, les autres avec des K-way… Et beaucoup, beaucoup de tracts, de meetings, de porte-à-porte. Les affiches ont été collées et recollées sans cesse… »

Sur le marché de Saint-Denis, le 28 mars 2014Sur le marché de Saint-Denis, le 28 mars 2014 © Nicolas Serve

Pour autant, la participation n’a pas suivi, et comme régulièrement depuis une trentaine d’années, Saint-Denis fait partie des villes les plus abstentionnistes d’Île-de-France (58,16 %). Mais à l’inverse du reste du « 9-3 », la droite s’effondre (deux candidats en dessous de 10 %) et le candidat PS n’a pas perdu dès le premier tour face à un maire communiste. Et il se dit même « confiant » dans la réussite de sa conquête.

Avec six points de retard sur Didier Paillard (34,3 % contre 40,2 %), Hanotin aurait pourtant de quoi s’inquiéter. D’autant que l’ancien socialiste Georges Sali (opposant historique, ayant fondé le Parti socialiste de gauche – PSG –, après son exclusion du PS, pour dissidence face à Hanotin) a choisi de fusionner sa liste qui a recueilli 7,7 % avec celle des communistes. Pourtant, Sali a été un « opposant résolu » pendant cinq ans, après avoir été adjoint de Braouezec et Paillard. « L’accord avec le PCF était le souhait très largement majoritaire des membres de la liste », justifie-t-il, avant de confier : « Je passe mon temps à argumenter depuis. » Sur le marché de Saint-Denis, à l’abri des halles, on le croise en train de s'y exercer, dix minutes durant, avec une de ses électrices, désorientée. Avec succès.

« Il n’y a aucune illusion à se faire sur Mathieu Hanotin, je ne crois pas du tout à la sincérité de son engagement », explique-t-il. Il lui reproche tout autant de soutenir la politique gouvernementale et de n’être qu’un récent habitant de la ville. Le candidat socialiste a eu beau lui proposer un siège de plus que Paillard (8 au lieu de 7), rien n’y a fait. « Quand la rancœur domine, on ne fait que des conneries », déplore Hanotin, conscient que « s’il y avait eu alliance, on gagnait à coup sûr ». Un point de vue que partage Georges Sali, sourire en coin.

Il tient toutefois à préciser : « Les communistes ont accepté de faire des efforts pour améliorer la ville, tout en conservant son caractère populaire. Plus de sécurité, plus de propreté, plus de rationalisation des services publics municipaux. » Et surtout, ajoute-t-il, « ils ont compris qu’il fallait arrêter de se barricader dans leur mairie. De toute façon, ils n’ont plus le choix. Sinon, les prochaines fois, ça ne passera pas… »

Dans son bureau au quatrième étage de l’hôtel de ville, Didier Paillard a « tiré plusieurs leçons de sa campagne », et notamment de sa soixantaine de réunions d’appartement. Il dit avoir pris conscience que le communisme municipal est devenu « trop distant ». « Les gens veulent plus voir le maire, mais le village est grand », sourit-il. Il dit vouloir désormais « davantage d'élus en lien avec des quartiers, plutôt qu’avec des délégations », ou « faire émerger des coopérateurs de quartier, pour construire une meilleure disponibilité vis-à-vis des habitants ».

Didier Paillard, le 28 mars 2014, à Saint-DenisDidier Paillard, le 28 mars 2014, à Saint-Denis © Nicolas Serve

Durant la campagne, le municipalisme communiste a su renouer avec ses réseaux dans les quartiers les plus populaires, où il avait perdu beaucoup d’audience lors des derniers scrutins, au profit de Hanotin. Au premier tour, avec une très faible participation, Paillard est repassé en tête dans ces bureaux de vote. « On a retrouvé nos voix. Pas lui », résume Stéphane Peu. Selon l’adjoint de Paillard, et président de l’office HLM de l’agglo Plaine-commune, le contexte national n’y serait pas étranger. « J’ai été frappé dans les porte-à-porte par les inquiétudes des gens liées à l’austérité. Le gel des APL (aides pour le logement - ndlr) est revenu très souvent dans les discussions. »

Ce jeudi en fin de journée, le maire vient à la rencontre d’une association de femmes du quartier des Francs-Moisins. Face à un public plutôt conquis, mais qu’il convient de mobiliser, Paillard promet de « construire une nouvelle complicité » avec la population, et appelle son auditoire à « être intransigeant pour que nous ne nous enfermions pas dans une tour d’ivoire ».

Son adversaire, il l’évoque à travers Hollande ou le Grand-Paris, quand il remarque que « rien n’a changé depuis l’élection du président et du député », autrement nommés « les deux H ». Il évoque aussi son « combat » pour que « les populations ne soient pas rejetées plus loin », ce qui serait la marque de « la métropole voulue par Claude Bartolone », à laquelle il oppose son ambition de construire 1 200 logements sociaux par an désormais (contre 1 000 actuellement). Quand un habitant se plaint de « TF1 et M6, à cause de qui nous serons toujours considérés par les employeurs comme des brigands », une co-listière de Paillard rebondit : « C’est aussi ce que disent les socialistes dans leur propagande… Pensez à ce qui va se passer si Hanotin passe. » 

Militant du PCF, le 28 mars 2014, à Saint-DenisMilitant du PCF, le 28 mars 2014, à Saint-Denis © Nicolas Serve

Le ralliement de Georges Sali a rassuré Paillard et les siens. Même si celui-ci a toutefois préféré ne pas figurer sur la liste communiste (« pour ne pas donner le sentiment d’aller à la soupe, et puis au bout de 25 ans, je commence à en avoir marre d’être élu municipal »), et que la fusion a entraîné un léger accroc avec la mise à l’écart des candidats du parti de gauche (PG), dont le poids est faible dans la ville mais qui ont appelé à voter blanc. « Ils ont voulu jouer au bras de fer, alors qu’il ne restait que quelques minutes pour déposer la liste, soupire un cadre communiste. Ils ont joué aux cons… mais la fédération du PG 93 nous soutient. » « Et puis, ici, c’est nous qui occupons le terrain idéologique du PG », fait remarquer Sali.

Désormais, les communistes peuvent espérer compter sur ses 7,7 %, et plus seulement sur les 3 % des listes d’extrême gauche. De quoi atténuer l’inquiétude de se retrouver dans un duel, et non plus une triangulaire avec la droite, où les voix de l’UMP et du centre se reporteraient massivement sur Hanotin.

Même si le poids de la droite ne représente plus que 13 % cette fois-ci, un score bien plus bas que les 20-22 % habituels aux précédents scrutins, cela pourrait permettre au challenger socialiste de créer la surprise. « Il en a déjà siphonné le maximum dès le premier tour, veut croire Stéphane Peu, adjoint de Paillard. Ceux qui ont quand même voté UMP ne sont pas prêts à voter PS cette fois-ci… » Lui non plus n’a pas goûté la « campagne droitière de Hanotin » : « L’insécurité, la drogue, la saleté, les Roms… On ne fait pas campagne sur le dénigrement d’une ville. »

La mairie de Saint-DenisLa mairie de Saint-Denis © Nicolas Serve

« Pour gagner, j’ai besoin de 50 % des voix de la droite. Plus d’une majorité de celles des électeurs de Sali, qui sont fondamentalement pour un changement de majorité municipale. » Au pied d’un immeuble dans le quartier Pleyel, Mathieu Hanotin justifie le bien-fondé de son optimisme à toute épreuve. Et assume sa rupture avec la municipalité sortante. Désormais, il est le moins amoché des « Barto boys » en pleine déconfiture séquano-dionysienne (lire notre article).

En prenant Saint-Denis, troisième ville d’Île-de-France avec 106 000 habitants, il est le seul à pouvoir atténuer l'échec de l’offensive rose sur la banlieue rouge du président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, parrain-baron du « 9-3 ». Seul face à tous les autres partis de gauche, qui soutiennent Paillard, ce membre du courant Hamon n’a pas franchement réalisé une campagne façon “gauche du PS”.

Mathieu Hanotin, à Saint-Denis, le 28 mars 2014Mathieu Hanotin, à Saint-Denis, le 28 mars 2014 © Nicolas Serve

« J’assume de parler à tout le monde, rétorque-t-il. Je ne me cache pas, j’affiche le logo PS, mais je ne vais pas avoir honte de parler aux électeurs de droite. Ils font partie des 60 % qui n’ont pas voté Paillard au premier tour, parce qu’ils veulent que ça change. L’élection municipale déploie des ressorts différents des législatives. C’est du local, c’est un programme. » Il balaye critiques et reproches ayant suivi ses accusations d’inscriptions frauduleuses de 80 Roms par la municipalité. « J’ai écrit un seul texte là-dessus, où je ne stigmatise absolument pas les Roms, mais où je parle de la fraude électorale, évacue-t-il. Cette polémique a duré une semaine, sur six mois de campagne… » Son « Saint-Denis bashing », dont le taxent les communistes, n’est à ses yeux qu’un diagnostic. « Le scandale, est-ce de dénoncer la situation déplorable de la ville, ou d’avoir créé cette situation ? »

Si Hanotin n’est plus en tête dans les quartiers populaires des Francs-Moisins et Floréal, par rapport à la législative de 2012, il confirme son implantation dans le centre-ville, le quartier Gare et dans le quartier résidentiel de Pleyel. Sa campagne a impressionné localement. « C’était “à l’américaine”, souffle le journaliste Dominique Sanchez. Il tape dans les mains en arrivant dans un meeting, les militants ont des panneaux, des boudins pour applaudir… » « En campagne, il faut bien faire les choses, avec de belles lumières, une ambiance sympathique, assume Hanotin. Mais ça permet de parler politique et d’être écouté. Ce n’est pas le meeting du maire, où certes la bouffe est gratos et la buvette bon marché, mais où seuls les deux premiers rangs sont attentifs… »

Militant PS, sur le marché de Saint-Denis, le 28 mars 2014Militant PS, sur le marché de Saint-Denis, le 28 mars 2014 © Nicolas Serve

Malgré ses airs de jeune loup et ses certitudes, le candidat socialiste semble avoir convaincu quant à l’épaisseur de son cuir. « Il se la donne », glisse ainsi Didier Paillard, au volant, quand il croise son adversaire en train de tracter en plein milieu des Francs-Moisins, seul. Cyril, un militant socialiste dionysien, avoue être bluffé par « Mathieu » : « Il a créé une dynamique. De son proche entourage des débuts, il a su fédérer énormément de militants de tous milieux sociaux, de toutes couleurs, de tous âges… » Dominique Sanchez opine : « Qu’il gagne ou qu’il perde, Hanotin a vraiment installé le PS dans la ville. »

En porte-à-porte dans le quartier Pleyel, au milieu des “appartements pour classes moyennes”, le député de 35 ans s’adapte à tous les publics, et cite souvent les rapports de la Cour des comptes critiquant la gestion municipale. Il prend le temps pour convaincre, puis charge chaque convaincu de convaincre les voisins absents. En l’espace de dix minutes, il parvient à retourner deux électeurs hostiles, l’un de l’UMP, l’autre sympathisant socialiste ulcéré.

Au premier, « frustré de ne pas avoir de candidat au second tour », il emporte la mise en ne lâchant jamais le morceau (« Voter blanc, c’est voter Paillard »), et en promettant de « mettre le nez dans les comptes ». Au second, « homme de gauche » désireux « de punir les socialistes », il emporte la mise en ne lâchant jamais le morceau (« Vous en faites pas, la claque, on l’a bien reçue, mais si vous voulez en remettre une, il y a les européennes »), et en promettant « de faire passer ce message de mécontentement en interne au PS ». Il ajoute : « Mais si vous m’élisez, vous me renforcerez pour être entendu. »

BOITE NOIREToutes les personnes citées dans ce reportage ont été rencontrées à Saint-Denis, les 27 et 28 mars.

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