L’UMP comptait sur eux pour remporter les municipales. Elle devra désormais compter avec eux pour se reconstruire. Christophe Béchu à Angers, Arnaud Robinet à Reims, Gérald Darmanin à Tourcoing, Xavier Bonnefont à Angoulême, Laurent Marcangeli à Ajaccio… Leurs noms sont encore méconnus du grand public et pourtant, ces jeunes élus sont devenus il y a quinze jours les nouveaux chouchous des ténors de la droite qui lorgnent la présidentielle de 2017 et tentent de se constituer d’ici là un vivier de fidèles.
Ils sont une petite trentaine. Ont moins de 40 ans. Et ont créé la surprise les 23 et 30 mars derniers, en faisant basculer des villes ancrées à gauche depuis plusieurs années. Loin des querelles intestines de leur parti qu’ils disent regarder « d’un œil consterné », ils souhaitent dépoussiérer l’UMP, en s’affranchissant de l’héritage de leurs aînés et en profitant de leur connaissance du terrain pour porter de nouvelles idées sur le plan national.
Sur les quelque 175 villes de plus de 9 000 habitants récemment passées à droite, 109 communes ont été conquises par des personnalités issues du premier parti de l’opposition (auxquelles s’ajoutent 41 villes remportées par des candidats Divers droite, 22 UDI, 3 MoDem et 1 Nouveau Centre). La liste des maires UMP fraîchement élus confirme la faiblesse du renouvellement de la vie politique française en matière de parité, puisque seules 15 femmes y figurent (pour 94 hommes). En revanche, la “vague bleue” a fait émerger un nombre important de jeunes responsables politiques, 58,72 % d’entre eux ayant moins de 50 ans.
Qui sont ces nouvelles figures de l’UMP ? Plusieurs d’entre elles ont d’abord écumé les bancs de la fac de droit avant de se lancer en politique (Laurent Marcangeli, 33 ans, à Ajaccio ; Florence Portelli, 35 ans, à Taverny ; Laurent Brosse, 28 ans, à Conflans-Sainte-Honorine…). D’autres sont issues du privé (Jean-Didier Berger, 34 ans, à Clamart ; Ugo Pezzetta, 39 ans, à la Ferté-sous-Jouarre…). D’autres encore collaboraient dans l’ombre de personnalités politiques de premier plan (Brice Rabaste, 32 ans, à Chelles, chef de cabinet de Jean-François Copé ; Grégoire de Lasteyrie, 29 ans, à Palaiseau, passé par le cabinet de Nathalie Kosciusko-Morizet à l’écologie).
À l’exception de quelques-uns, ces nouveaux élus ont derrière eux plusieurs années de militantisme. Les premiers tracts qu’ils ont distribués étaient estampillés RPR ou UDF. À la création de l’UMP en 2002, ils ont suivi Nicolas Sarkozy et ses promesses d'ouverture. La plupart d’entre eux étaient déjà largement rompus à la chose politique avant de s’installer dans leur fauteuil de maire. En témoigne le parcours du nouvel édile d’Angers, Christophe Béchu, 39 ans, dont le CV n’a rien à envier aux baronnies locales : adjoint au maire d’Avrillé (1998-2008), président du conseil général de Maine-et-Loire (depuis 2004), conseiller régional des Pays de la Loire (2010-2011), député européen (2009-2011), sénateur de Maine-et-Loire (depuis 2011)…
La liste des nouveaux maires UMP de moins de 40 ans compte également un certain nombre de députés, dont certains élus pour la première fois en 2012. Ils ont choisi de s’engager pour un mandat local, en sachant déjà qu’ils devraient choisir entre la mairie et le Parlement à compter de 2017, date à laquelle s’appliquera la loi sur le non-cumul des mandats. Laurent Marcangeli fait partie des cinq députés UMP ayant voté en faveur du texte. « Je ne me représenterai pas aux législatives de 2017 », tranche-t-il.
Soutien de Jean-François Copé, mais n’appartenant à « aucune chapelle », le nouvel édile d’Ajaccio (Corse-du-Sud) est fier d’avoir « fait mentir tous les sondages » en battant celui qui dirigeait la ville depuis 2001, Simon Renucci (Corse, social-démocrate, apparenté PS). Encarté au RPR à l’âge de 17 ans, secrétaire national de l’UMP depuis 2013, il souhaite désormais rester implanté en Corse et « apporter (sa) contribution » à la vie de son parti grâce à sa « vision du terrain ».
Les députés Gérald Darmanin – nouveau maire de Tourcoing (Nord) – et Arnaud Robinet – qui a remporté Reims (Marne) – ont quant à eux voté contre le non-cumul des mandats. « Les propositions de loi ont un impact direct sur la vie des collectivités, il me semble donc nécessaire d’avoir un mandat local et un mandat national. Mais si la loi doit être appliquée, je garderai la mairie », promet aujourd’hui Robinet. Darmanin a lui aussi expliqué sur son blog qu’il choisirait, le cas échéant, son mandat de maire.
Benjamin des députés UMP, ancien collaborateur de Christian Vanneste et de David Douillet, désormais membre de la “team XB” (pour Xavier Bertrand), Gérald Darmanin a voté contre le non-cumul des mandats parce qu'il jugeait le texte trop peu ambitieux. Lui plaide pour un changement plus profond des pratiques politiques, prônant notamment le non-cumul des mandats dans le temps, qu’il considère comme « le contraire du renouvellement ».
Un discours qui aura su séduire les électeurs, mais qui ne convainc guère au sein de son propre camp. « Les jeunes députés comme Darmanin sont comme tous les autres, regrette l’un de ses collègues parlementaires UMP, sous couvert de “off”. Sitôt élus à l’Assemblée, ils se sont empressés d’aller conquérir une ville. Tout ce qu’ils veulent, c’est le pouvoir. J’ai hâte de voir ce qu’ils feront en 2017… Ils espèrent tous devenir ministres. Je vois mal comment ils y arriveront sans mandat national. »
Courtisés par les candidats à la primaire de 2016, qui ont surchargé leurs agendas pour venir les soutenir lors des municipales, les nouveaux maires UMP sont également suivis de très près par Nicolas Sarkozy. L’ancien président de la République a ainsi multiplié les coups de fil de félicitations à l’issue du second tour. « Ça ne vous dérange pas qu'on nous écoute ? », aurait-il lancé à certains en guise d’introduction, rapporte Le Parisien.
« Il m’a appelé pour me féliciter et me dire de ne pas changer », se réjouit le nouvel édile de Saint-Étienne (Loire), Gaël Perdriau, qui ne cache pas sa fierté d’avoir été personnellement convié à rencontrer « prochainement » Sarkozy dans ses bureaux parisiens. « J’ai évidemment accepté ! J’ai toujours fait campagne pour lui. Je le trouve franc, direct, courageux », s’enthousiasme-t-il, avant de nuancer son propos : « Après, je ne sais pas si l'on peut faire du neuf avec du vieux… » Plusieurs nouveaux maires UMP ont confirmé à Mediapart avoir été invités à participer, dans les semaines à venir, à des déjeuners collectifs organisés rue de Miromesnil, en compagnie d'autres jeunes élus et de l'ancien président.
En attendant que les rencontres informelles et les coups de fil intéressés se transforment en propositions concrètes, les jeunes élus répètent à l’envi que seul leur mandat local compte. Une grande carrière nationale ? Plus tard. Peut-être. « On est encore loin de tout ça », souffle Laurent Marcangeli. « Le terrain, c’est la force de la nouvelle génération, souligne Grégoire de Lasteyrie, 29 ans, qui a détrôné l’ancien ministre de la ville, François Lamy, à Palaiseau (Essonne). À la veille du premier tour des municipales, on avait frappé à 95 % des portes de Palaiseau. Contrairement à nos adversaires socialistes, nous avions un programme très concret, sans esprit partisan. C’est ce qui a marché. »
Le nouvel édile de Ouistreham (Calvados), Romain Bail, 29 ans, a lui aussi axé sa campagne « sur l’intérêt général et non sur l’intérêt partisan ». « J’ai défendu des sujets de gauche comme la réforme des rythmes scolaires, à condition qu’elle ne ressemble pas à ce que propose le gouvernement », indique cet ancien professeur d’histoire-géo, qui a commencé à militer à l’âge de 16 ans. « Je n’ai pas du tout fait une campagne UMP, surenchérit Florence Portelli, devenue à 35 ans la nouvelle maire de Taverny (Val-d’Oise), qui a basculé à droite après vingt-cinq années de gauche au pouvoir. 66 % des gens de ma liste n’étaient pas encartés. Sans faire ma Ségolène Royal, on peut dire que j’ai tout misé sur la démocratie participative ! »
Robin Reda tient le même discours. À 22 ans, cet étudiant à Sciences-Po vient d’être élu à Juvisy-sur-Orge (Essonne), devenant ainsi le plus jeune maire de France. « Dans mon cas, ce n’est pas l’UMP qui a gagné, mais le rassemblement, explique-t-il. Ma victoire tient beaucoup aux militants de terrain et aux cadres locaux. » Qu’importe si Jean-François Copé a tenté de récupérer à son profit la “vague bleue” des municipales en déclarant au Monde qu’il voyait là « une belle reconnaissance de sa légitimité ». « C’est normal qu’il en fasse la promotion, mais il ne peut pas s’octroyer ce travail », glisse l’élu.
« Copé a fait son travail de chef, mais hormis le soutien de quelques caciques du parti, l’UMP n’a pas franchement aidé la nouvelle génération, poursuit Romain Bail. C’est fini le temps où l'on nous soutenait financièrement. » Et pour cause : « Les caisses sont vides… » Sans surprise, seul le chef de cabinet du patron de l'UMP, Brice Rabaste, élu à Chelles (Seine-et-Marne), défend celui qui l'a formé en politique et qu'il « suivra partout ». « On peut mettre le renouvellement au crédit de Copé qui a tout fait pour soutenir la nouvelle génération, sans regarder qui était fillonniste ou copéiste », dit-il.
Malgré une conjoncture nationale favorable due au rejet de la politique gouvernementale, la grande majorité des élus interrogés par Mediapart ont tout de même choisi de se distinguer de leur parti pour mener campagne. Embourbée dans les affaires et les querelles d’ego, l’UMP n’avait guère meilleure presse auprès des électeurs.
« J’ai voulu faire une campagne locale, sans aucun leader, indique le député et maire de Reims, Arnaud Robinet. J’ai affiché l’étiquette UMP pendant toute la campagne parce que je ne souhaitais pas mentir, mais je ne voulais en aucun cas participer à la guerre des chefs. » La nouvelle génération ne mâche pas ses mots dès lors qu’il s’agit d’évoquer les séquelles provoquées par la crise interne survenue fin 2012, lors de l’élection pour la présidence de l'UMP. « Je regarde les querelles de l’UMP avec une certaine exaspération, reconnaît l’édile de Saint-Étienne, Gaël Perdriau. Tout le travail que nous faisons sur le terrain est mis à mal par les petites phrases des uns et des autres. C’est un vrai manque de respect vis-à-vis des militants. »
Laurent Marcangeli fustige lui aussi cette « guéguerre permanente » qui « a un peu nui au lancement de la campagne ». « Les électeurs nous disaient qu’on ne s’en sortirait jamais, raconte le député et maire d’Ajaccio. Ils nous ressortaient la vieille rengaine de “la droite la plus bête du monde”… » Également interpellé sur le sujet à maintes reprises, Robin Reda est sorti des municipales « renforcé par une conviction : les électeurs attendent vraiment le renouvellement ».
Aucune figure de la nouvelle génération ne semble aujourd’hui pressée de rejoindre officiellement l’une des nombreuses écuries que compte l’UMP. En revanche, tous esquissent déjà leurs préférences en vue de la primaire de 2016, dont beaucoup défendent le principe. « La primaire, c’est moderne ! Il faut vivre avec son temps, argue l’édile d’Angoulême (Charente), Xavier Bonnefont, 34 ans. Cela permettra à de nouvelles figures d’émerger. »
Arnaud Robinet, qui se revendique – comme son collègue parlementaire Gérald Darmanin – de la “team XB”, plaide lui aussi en faveur d’un scrutin interne, à condition que celui-ci soit « rapidement organisé ». Dans le cas contraire, le député et maire de Reims craint que le processus ne continue de « brouiller les cartes » et que « chacun (ne) joue sa petite musique de son côté », ajoutant ainsi de la cacophonie à la cacophonie. Quant à savoir quelle figure de l’UMP serait aujourd’hui la plus à même de conduire le parti pour la présidentielle de 2017, les jeunes élus restent très prudents.
Les noms de Bruno Le Maire, Laurent Wauquiez et Nathalie Kosciusko-Morizet sont davantage cités que ceux de Jean-François Copé et François Fillon, acteurs principaux du « triste spectacle » joué fin 2012. « Ils sont tous les deux hors course pour 2017 parce qu’ils se sont trop mal comportés », assure le maire de Ouistreham, Romain Bail, qui dit se reconnaître davantage dans « la ligne de Juppé, celle d’une droite républicaine ». « Ils ont plongé l’UMP dans une guerre d’apparatchiks dignes d’autres temps chez les socialistes. Ces deux guignols ont réussi à saboter en une heure tout notre travail de terrain. »
Reste la question du retour de Nicolas Sarkozy, dont Grégoire de Lasteyrie rappelle qu’il « continue à avoir énormément de relais dans le parti ». « La perspective de son retour suscite un espoir chez les militants », affirme le nouveau maire de Palaiseau. « Nous aurons besoin de tous les talents de l’UMP et Nicolas Sarkozy en fait partie », élude l’édile d’Angoulême, Xavier Bonnefont. « Dans tous les cas, je suivrai le choix de Copé », ajoute Brice Rabaste, chef de cabinet du patron de l'UMP et maire de Chelles, sans préciser les intentions de son mentor. Mais parmi les jeunes élus, certains se font beaucoup plus critiques vis-à-vis de l’ancien président de la République.
« Je ne suis pas convaincu que nous ayons besoin d’un “Nicolas Sarkozy le sauveur”, lance le maire de Ouistreham, Romain Bail. Il n’y a pas encore de leader à l’UMP et je trouve dommage qu’il joue là-dessus. Cela nous garde dans un atermoiement attentiste qui n’est pas bon. Si j’étais Sarkozy, je m’occuperais de bien autre chose que des Français. Il s’en est occupé pendant 5 ans et ils ne l’ont pas reconduit. Il faut passer à autre chose maintenant. »
S’il revient pour de bon, « Nicolas Sarkozy devra changer d’entourage », explique de son côté Arnaud Robinet. Le député et maire de Reims en est convaincu : l’ex-président de la République « ne peut pas repartir avec ceux qui l’ont accompagné en 2012, tous ces protagonistes qui ont essayé de droitiser l’UMP et qui se sont cramés vis-à-vis des Français ». L’élu fait partie de ceux qui auraient préféré que le parti procède à un « droit d’inventaire » à l’issue des législatives de 2012. « Maintenant, c’est trop tard, on a trop attendu », déplore-t-il, suivi sur ce point par la maire de Taverny, Florence Portelli, qui « regrette » que l’UMP n’ait pas su « se remettre en question » : « J’ai de grands moments de solitude assez régulièrement… »
Le maire de Ouistreham continue à se revendiquer « sarkozyste », mais ne cache pas avoir lui aussi été « gêné » par certains « changements survenus à la fin du mandat » de Nicolas Sarkozy. « J’ai pris ma carte à l’UMP en 2002 et depuis je n’ai jamais quitté le navire, souligne cet ancien professeur. Cela m’a parfois amené à défendre des idées indéfendables. »
La ligne adoptée par l'ancien président de la République à compter de 2010 et du fameux discours de Grenoble ne choque pas tout le monde. « La droitisation, ça n'existe pas », garantit l'édile de Saint-Étienne, Gaël Perdriau. « Je ne peux pas critiquer cette ligne car c'était une période très particulière, le pays était en crise », ajoute celui de Chelles, le copéiste Brice Rabaste.
Outre ces deux exemples, la plupart des jeunes élus interrogés par Mediapart affichent toutefois leur malaise quant à la droitisation opérée par l’UMP et à la stratégie élaborée par l’ancien conseiller officieux de Sarkozy, Patrick Buisson, durant la présidentielle de 2012. S’ils se reconnaissent toujours dans « les valeurs de la droite », ils avouent toutefois avoir perdu le fil de la ligne adoptée par le parti depuis bientôt cinq ans. « Tout ce qui est excessif est vain, indique Laurent Marcangeli. Ceux qui essaient de courir après certaines thèses doivent faire attention à ce qu’ils font. Les électeurs préfèrent toujours l’original à la copie. »
Se réclamant « gaulliste et patriote », le député et maire d’Ajaccio plaide pour un recentrage de l’UMP. « Le parti doit se réorienter, se retrouver, se rechercher, esquisse également Arnaud Robinet. Il faut mener un partenariat très fort avec nos partenaires centristes. L’avenir se situe au centre droit. » À ce propos, Laurent Marcangeli, comme l’édile de Taverny Florence Portelli, regrette que la voix de l’opposition ne soit portée médiatiquement que par quelques-uns, « qui ne sont pas élus et ne représentent qu’une vision partielle du parti ».
Dans le viseur des nouveaux maires : Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, les fondateurs de la Droite forte, l’aile droite de l’UMP. Régulièrement invités par les médias, tous deux incarnent dans l’esprit collectif “la jeunesse” du parti et de facto son avenir. Au grand dam de « ceux qui préfèrent le terrain aux plateaux de télévision ». « Nous ne sommes pas la face cachée, car nous sommes très connus localement, poursuit le député et maire d’Ajaccio. Mais les médias devraient nous appeler plus souvent s’ils veulent donner une image fidèle de l’UMP. »
Le succès des jeunes élus aux municipales rebat certes un peu les cartes. Mais Arnaud Robinet veut « prendre la victoire avec humilité ». « Au vu des taux d’abstention et des résultats obtenus par le FN, il n’y a vraiment pas de quoi fanfaronner, affirme le député et maire de Reims. Ces résultats appellent surtout à une autre façon de faire de la politique. »
Exercer le pouvoir, mais autrement. Telle est l’ambition de la nouvelle génération de l’UMP. « Nous pouvons peser en amenant un autre style, affirme le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau. Cela passe par un contact permanent avec les gens. Ce que nous vivons sur le terrain doit alimenter le projet de notre parti pour la France. » Alors que « la droite ne jure pour l’heure que par des calculs destinés à récupérer des électeurs », selon l’édile de Juvisy-sur-Orge Robin Reda, les jeunes maires entendent doter l’UMP d’un « fond idéologique » solide, directement inspiré de leur expérience locale.
D’autres, à l’instar de Romain Bail, s’aventurent encore plus loin. « Les gens n’en peuvent plus des donneurs de leçons, explique le maire de Ouistreham. Le manque de transparence, le cumul des mandats, les privilèges… Ça suffit ! Nous devons rompre avec ces vieilles méthodes. Il faut repenser tout le système des institutions françaises. » Forts de leur succès et de la courtisanerie de leurs aînés, les nouveaux maires entendent bien imposer leur voix et leurs idées. « Les ténors de l’UMP ne pourront pas se passer de nous, assure Robin Reda. Ils devront prendre en compte cette envie de renouvellement qui s’est exprimée aux municipales et s’adapter à ce que nous leur remontons du terrain. »
« Si l'on me demande mon avis, je le donnerai bien volontiers », surenchérit le député et maire d’Ajaccio Laurent Marcangeli, avant d’ajouter : « Enfin, si l'on ne me le demande pas, je le donnerai quand même. » Un point de vue partagé par Arnaud Robinet qui estime que « le poids politique » de la nouvelle génération « peut inciter (leurs) aînés à se calmer ». Le député et maire de Reims met toutefois ses petits camarades en garde : « Attention à ne pas allumer une autre guerre en se lançant dans un conflit générationnel ! »
BOITE NOIRESauf mention contraire, toutes les personnes citées dans cet article ont été interrogées par téléphone entre les 11 et 18 avril. Pour dresser la liste des communes de plus de 9 000 habitants qui ont basculé de gauche à droite, j'ai utilisé les données recensées par Francetvinfo.fr, que j'ai complétées sur l’âge, le sexe et les mandats précédents ou en cours. Dans de rares cas, je n'ai pas trouvé l’âge des élus. Il se peut aussi que certains mandats déjà effectués m'aient échappé.
A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : La Russie veut surveiller ses élèves sur Internet