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Recul du PS, surplace de l'UMP : la preuve par les chiffres

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La multitude des cas particuliers et des villes emblématiques empêche souvent de dégager les grandes tendances du premier tour, lors des élections municipales. Paris et Lyon avaient caché la forêt des échecs du PS en 2001, et cette année la victoire au premier tour de Steeve Briois à Hénin-Beaumont, de même que les scores du FN à Béziers ou Forbach, ont créé la sensation mais ne disent pas tout de cette élection locale de portée nationale.

Derrière l’événement majeur que constitue l’enracinement des candidats de Marine Le Pen, souvent inconnus quelques semaines avant le scrutin, d’autres fractures sautent aux yeux à l’analyse. Elles concernent l’ampleur du reflux des sortants socialistes, et la performance moyenne, ou médiocre, de l’UMP et de l’opposition parlementaire en général.

Nous avons analysé les glissements de voix de 2008 à 2014 dans environ soixante-dix villes de France, petites, moyennes ou grandes, réparties sur l’ensemble du territoire. Le recul du PS y est impressionnant, et n’est pas compensé à gauche par les performances des écologistes, du Parti de gauche ou du Front de gauche, qui résistent assez bien à ce qui ressemble à une vague brune, mais de manière ponctuelle et localisée, sans inverser la tendance au niveau national. 


LE PS ENTRE RECUL ET DÉROUTE

Mises bout à bout, dans les villes de notre échantillon, les pertes du PS donnent un certain vertige. Saint-Étienne : - 2 points ; Valence : -2 ; Reims : - 3,8 ; Annemasse : -6,3 ; Quimper : -8 ; Perpignan : -8,5 ; Colombes : -8,9 ; Aix-en-Provence : -9,4 ; Auxerre : -9,6…

Les affaissements supérieurs à dix points sont encore plus préoccupants pour la rue de Solférino :

Rodez : -10 ; Rennes : -11 ; Lille : -11 ; Dijon : -12 ; Strasbourg : -12 ; Mont-de-Marsan : -12 ; Clamart : -14 ; Chambéry : -14 ; Laval : -15 ; Angers : -15,5 ; Brignoles : -16 ; Caen : -17 ; Grenoble : -17 ; Tours -19...

Ce ne sont là que des exemples et ces pourcentages en baisse ne sont pas les plus marqués. Les plus spectaculaires concernent Liévin (-20), Nantes (-21, un chiffre à nuancer avec le bon score des écologistes qui dépassent les 14 %, et l’éparpillement des listes à gauche), Aulnay (-21), Orléans (-21), Limoges (-26), Roubaix (-27)...

 

LE SURPLACE DE LA DROITE PARLEMENTAIRE

La logique voudrait que les pertes socialistes se soient transformées en gain pour le principal parti d’opposition. C’est loin d’être le cas dans ce premier tour des élections municipales, et l’enthousiasme du président de l’UMP Jean-François Copé, dimanche soir, tenait plutôt de la méthode Coué que de la magie Copé.

Qu’on en juge avec ces comparatifs de 2008 à 2014, dans les mêmes villes que plus haut, en soulignant que les résultats de 2008 avaient été mauvais pour la droite parlementaire. On est donc parti du sous-sol pour ne pas aller très haut, voire pour descendre encore plus bas.

Dans les communes de notre échantillon, la droite classique, UMP le plus souvent, a gagné 11,6 points à Auxerre, 2,6 à Nancy, 13 à Nanterre, 10 à Chambéry, 14 à Rodez, 19 à Clamart, 10 à Rennes...

Mais dans la plupart de ces villes, il n’y avait pas de liste FN, et ceci explique cela. Ailleurs, plus le FN est fort, et plus l’UMP, ainsi que l’ensemble de la droite, piétine ou comptabilise des pertes.

À Roubaix, où le PS perd 27 points, l’UMP ne gagne qu’un peu plus de deux points, alors que le Front national en conquiert plus de 10. À Orléans 4,2 points (FN à 10), à Tours 0,4 (FN à 13), à Mulhouse 1,8 (FN à 21), à Clermont-Ferrand à peine 2 points de mieux (FN à 12,3), à Limoges où le PS perd le quart de son pourcentage l’UMP n’augmente le sien que de 3 points. À Lille, en dépit du reflux important de Martine Aubry, l’UMP ne dépasse pas son (mauvais) score de 2008 avec une "poussée" de 1,2 point, à Quimper aucune augmentation, à Aix-en-Provence la maire sortante Maryse Joissains avait le sentiment d’avoir renversé des montagnes après avoir gagné un peu plus de 3 points entre deux élections…

Et encore s’agit-il au moins de gains, certes faibles, mais de gains quand même. Que dire des pertes, qui sont les plus nombreuses : Montpellier : -3,4 (+8,6 pour le FN) ; Strasbourg : -1 (+10,9 pour le FN) ; Toulouse : -4,6 (FN +8) ; Nantes : -5 (FN +8) ; Dijon : -8 (FN +12) ; Bourges : -5 (FN +13) ; Perpignan : -9,3 (FN +21) ; Grenoble : -7,2 (FN +12) Brignoles : -19 (FN +37,5) ; Fréjus : droites à -26,3 (FN, +27,5) ; Carpentras : -17 (FN +12,5) ; Hayange : -20 (FN +30) ; Aubagne : -11 (FN +12)...

Il apparaît clairement que le score de la droite parlementaire est étroitement corrélé à celui du Front national dans les presque six cents villes où celui-ci a pu présenter des listes.

La leçon de ces chiffres est double.

Elle s’adresse à la gauche qui pourrait essuyer le revers le plus lourd de son histoire en matière d’élections locales, depuis plus de quarante ans. Cette gauche a un chef, qui siège à l’Élysée, et c’est à lui d’enregistrer le message, et d’y répondre au plus vite.

Mais les chiffres accablent tout autant l’état-major de la droite parlementaire. Ils démontrent à quel point la droitisation inspirée par le célèbre Patrick Buisson, et mise en place par le non moins fameux Nicolas Sarkozy (suivi par Jean-François Copé), a obtenu le contraire de ce qu’elle escomptait. Non seulement les électeurs ont rejeté l’ancien président en 2012, mais ils ont ressuscité le Front national dans la foulée, une extrême droite quasiment rayée de la carte en 2007 et 2008, et réimplantée six ans plus tard dans les conseils municipaux.

Tout le monde sait, depuis des lustres, que les Français préfèrent l’original à la copie, mais l’UMP court toujours. Au vu du premier tour, elle n'est pas près de le rattraper.

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