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Face aux affaires, l'UMP se divise entre omerta et grand ménage

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« Il faut faire le ménage à l’UMP ! », lâche un filloniste à Mediapart. Vendredi, après les rebondissements en cascade de différentes affaires touchant la droite – dont les dernières révélations quant au placement sur écoute de l’ancien président de la République et de deux de ses anciens ministres, Claude Guéant et Brice Hortefeux –, l’UMP est sonnée.

À deux semaines des municipales, de nombreux candidats s’inquiètent. Certains élus réclament une opération mains propres dans le parti et un président par intérim, tandis que d’autres préfèrent repousser le grand ménage après le second tour. Et du côté des copéistes et sarkozystes, on oscille entre le silence total et le « circulez, il n’y a rien à voir ».

Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy.Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy. © Reuters / Philippe Wojazer

« Tout ce que je demande, c’est qu’on nous mette un président qui n’a pas de casseroles aux fesses ! Le maire de Bordeaux (Alain Juppé – ndlr) ou un autre », s’exclame un député filloniste. « Avec les nouveaux articles, les gens commencent à se poser des questions, y compris des copéistes », rapporte cet élu qui « n’en peu(t) plus ». « J’ai eu des parlementaires au téléphone, on leur dit “il faut se taire”, mais trop c’est trop ! Je me retiens, mais je ne me retrouve plus dans cette UMP. Les langues sont en train de se délier. Dans deux ou trois jours, ça va péter ! », promet-il.

« Ce matin, on est tous désemparés par la tourmente dans laquelle se trouve l’UMP, raconte le sénateur de Haute-Savoie Pierre Hérisson, autre parlementaire filloniste. Pour ce membre fondateur de l'UMP, « ce n’est même plus une question de personnes, tout cela porte atteinte au parti ». L'élu se plaint de n'obtenir « aucune réponse aux questions posées à Copé ». Il a peu goûté aux annonces du président de l'UMP lundi : « Annoncer la mise sous scellés de la comptabilité de l’UMP est une énorme maladresse, et cela aurait mérité une discussion collégiale. »

Cette semaine, le bureau politique a été annulé. Lors du précédent, la veille de la sortie du Point, les révélations de l'hebdomadaire sur Jean-François Copé n'ont pas été évoquées. « Ça vous ennuierait qu’on parle des municipales? », avait alors lancé un parlementaire. « À quinze jours des municipales, on est aux abrisCeux qui sont candidats ont envie que tout cela se règle cette semaine », explique Pierre Hérisson.

Les regards se tournent notamment vers Marseille, où l'UMP Jean-Paul Gaudin ne peut pas se permettre de perdre un seul arrondissement. Le sénateur, qui avait déjà demandé une direction collégiale lors de la crise interne de 2012, réclame aujourd'hui « un président par intérim avant le premier tour des municipales ».

« Sans présumer des décisions de justice à venir, il est urgent de redonner de la crédibilité à l’UMP. Si nous étions aux États-Unis ou en Angleterre, Copé aurait démissionné en 24 heures. Il serait bon de s’en inspirer pour une fois. » Après un accord préalable entre Fillon et Copé, les adhérents de l'UMP s'étaient largement prononcés, en juin 2013, pour le maintien de Copé à la tête de leur parti jusqu'en novembre 2015.

Pour Pierre Hérisson, « ceux qui sont attaqués doivent se mettre en retrait pour préparer leur défense : Copé ne peut pas être le porte-parole du parti, alors qu’il est lui-même au centre des questions aujourd’hui ; il faut changer la tête de liste Nord-Ouest aux européennes, Jérôme Lavrilleux (directeur de cabinet de Jean-François Copé – ndlr) »

La nouvelle affaire qui menace Sarkozy laisse les fillonistes perplexes. « Ah ben bravo... Il vaut mieux vider la grande lessiveuse », réagit le sénateur, lorsqu’on lui apprend les révélations du Monde. Pour un député filloniste, « au-delà des affaires », « si l'on repart avec Sarkozy on est morts. Il est trop clivant, il ne passera jamais le second tour. 80 % des militants UMP ne font pas 50 % de la population française ! ».

Mais qui pourrait assurer l'intérim réclamé par certains ? « Antoine Rufenacht (proche de Jacques Chirac et superviseur de la primaire UMP à Paris – ndlr) a les qualités requises, estime Pierre Hérisson. Mais si Alain Juppé dit oui, il ne faut pas hésiter. C’est l’homme idéal. » « Les deux qui tirent leur épingle du jeu, ce sont Fillon, qui a tout intérêt à rester en dehors de cela et garder une stature présidentielle, et Juppé », estime un autre filloniste.

Ce parlementaire se réjouit que l’ancien premier ministre de Sarkozy ait « enfin compris qu’il fallait aller sur le terrain » face à Jean-François Copé, qui « réussit à verrouiller toutes les fédérations ». Sans pour autant citer de noms, le député UMP Pierre Lellouche estime pour sa part que seuls « les vrais gaullistes, ceux qui se réfèrent encore aux vraies valeurs, vont être confortés avec ces histoires ».

Un juppéiste glisse que le problème de la présidence de l'UMP n'a pas commencé avec les récentes affaires. Selon lui, Jean-François Copé ne lâchera pas davantage les rênes du parti avant novembre 2015 qu'il ne l'a fait au plus fort de la crise interne de 2012. « Tout le monde réclame un débat. On parle, mais personne ne propose de véritables solutions », ajoute-t-il.

La plupart des candidats aux municipales le reconnaissent : faire campagne dans un tel climat n'est pas une sinécure. « Tout le monde est abasourdi, confie Pierre Lellouche. Ça fait beaucoup en une semaine… Il est clair que tout ça va renforcer l’abstention à droite aussi. »

« Tout le monde a compris qu’il y a un grand besoin d’une explication de gravure, mais le moment n’est pas venu, ajoute-t-il. L’opposition va mal. Il y a un problème d’organisation et de légitimité idéologique, mais tout cela ne va pas être tranché à deux semaines des municipales. Cela fait juste un an et demi que je demande un droit d’inventaire. Ce qui avait été fait après les législatives était bâclé. »

« Chaque chose en son temps », tempère le député UMP Hervé Mariton, peu enclin à répondre aux questions de Mediapart sur le sujet. « Je suis en campagne et je m’occupe uniquement de ça. Il n’y a pas de raison que ce qui se passe nous fasse du bien », concède-t-il seulement.

« Je ne suis pas copéiste, mais tout ce qui affaiblit Copé nous affaiblit collectivement à l’UMP ! On doit faire bloc », rappelait mercredi à Mediapart la sarkozyste Aurore Bergé, tête de liste à Magny-les-Hameaux (Yvelines) et conseillère politique de l’UMP. Le sujet, c’est les municipales. Si l'on veut gagner 2017, cela passe d’abord par 2014 » (lire notre article).

Les campagnes municipales fournissent une occasion en or à plusieurs ténors de droite soucieux de ne pas être associés à ce marasme :

© Twitter @FrançoisFillon
© Twitter / @alain juppe
© Twitter @vpecresse
© Twitter @laurentwaquiez

En déplacement à La Réunion, Bruno Le Maire n'a pas retourné nos appels cette semaine. Sur Twitter, l'ancien ministre de Sarkozy n'a posté que les détails de sa visite :

© Twitter / @Bruno_LeMaire

Autre grand silencieux parmi les quadras de l'UMP, François Baroin. Quant aux copéistes, ils ne sont guère plus bavards. Mediapart a bien cherché à joindre les soutiens historiques du patron de l'UMP, mais rares sont ceux à nous avoir rappelés depuis une semaine. « Les grands dignitaires de Copé au Sénat – Jean-Pierre Raffarin, Jean-Claude Gaudin et Jean-Claude Carle –, on ne les entend plus !, relève le sénateur UMP Pierre Hérisson. Avant, ils tweetaient, désormais ils sont silencieux ! » « Je m’étonne que certains qui se revendiquent très copéistes ne montent pas au créneau pour défendre Copé », notait aussi Aurore Bergé.

Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy peuvent tout de même encore compter sur quelques fidèles soutiens, à l’image de Camille Bedin, secrétaire générale adjointe de l'UMP et candidate aux municipales à Nanterre (Hauts-de-Seine). « Notre parti n’a pas du tout besoin de nettoyage, à part peut-être pour ceux qui en parlent, assure-t-elle. On donne beaucoup trop d’importance à quelque chose qui n’a aucune réalité sur le terrain. » « Totalement concentrée sur (sa) campagne », Camille Bedin explique n’avoir eu aucun retour négatif sur Copé, Sarkozy ou l’UMP.

« Les gens sont choqués par les pratiques de Buisson, mais ça s’arrête là. » Jugeant « inopportune » l’éventualité d’un débat et d’une réorganisation en interne à l’issue des municipales, elle tient à préciser que le parti « est en bonne marche » : « Certains ont décidé que Copé ne devait pas terminer son mandat et font tout pour, mais c’est sans compter sa popularité au sein de l’UMP, la stabilité de sa gestion et le projet qu’il bâtit. On travaille et ça fonctionne ! » Quant à savoir si la nouvelle affaire Sarkozy pourrait contrarier les envies de retour de ce dernier, Camille Bedin répond par la négative, estimant que l'ancien président de la République « est très solide » et qu’« il en faudra plus que ça » pour le déstabiliser.

Sous couvert de « off », un sarkozyste reconnaît que le véritable enjeu de l’UMP n’est pas celui des primaires de 2016, mais bien celui de la nouvelle élection du président du parti. « Il y aura une coalition pour faire battre Copé », assure-t-il, avant d’expliquer que le patron de l’UMP souffre d’un « délit de sale de gueule » : « Il n’est pas aimé par l’establishment. On a d’abord dit de lui qu’il était trop pressé, trop libéral, trop atlantiste. Ensuite, on l’a traité de brigand et de tricheur. Et maintenant, on le taxe de voleur. »

Interrogé par Public Sénat au sujet de la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy, le député et maire UMP de Levallois-Perret Patrick Balkany, lui-même visé par plusieurs affaires, s’est contenté d’évoquer « une déviance de l’État, de la justice ». Les députés Thierry Mariani et Bernard Debré ont tous deux parlé d’« acharnement » contre l’ancien président de la République, pointant du doigt la responsabilité de « certains magistrats » et du gouvernement.

Même discours du côté de l’ancienne ministre et candidate aux élections européennes, Nadine Morano. La trésorière de l'Association des amis de Nicolas Sarkozy est montée au créneau sur Twitter :

© Twitter / @nadine_morano

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