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La villa Balkany au Maroc a coûté 2,75 millions d'euros

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Le palais des “Mille et une Nuits” dont les époux Balkany ont fait leur cocon ensoleillé à Marrakech depuis plusieurs années a coûté à l’achat pas moins de 2,75 millions d’euros (hors travaux et droits d’enregistrement), d’après des actes officiels marocains obtenus par Mediapart. La justice soupçonne aujourd'hui le député et maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany (UMP), et sa femme Isabelle, qui est aussi sa première adjointe, d'être les propriétaires cachés de cette demeure par le biais de sociétés logées dans des paradis fiscaux.

Mais officiellement, les Balkany ne sont propriétaires de rien. C’est tout le problème pour les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption de Nanterre, chargés par les juges Renaud Van Ruymbeke et Patricia Simon d’une enquête pour « blanchiment de fraude fiscale » visant le patrimoine réputé occulte des deux élus des Hauts-de-Seine. Outre cette luxueuse demeure nichée au cœur de la palmeraie de Marrakech, ce patrimoine comporterait également une villa sur l'île de Saint-Martin, dans les Antilles.

Les Balkany, Patrick et Isabelle.Les Balkany, Patrick et Isabelle. © Reuters

L’acquisition de la villa “Dar Gyucy” à Marrakech, vendue par un pharmacien, a été scellée à l’étude du notaire Mohamed El-Jazouli, le 8 janvier 2010. D’après les actes de notaire obtenus par Mediapart au Maroc, la vente de la villa Balkany s’est faite en deux temps. Primo : la cession, pour 2 millions d’euros, d’un hectare comportant la villa et une maison de gardien. Secundo : l’acquisition, pour 750 000 euros, d’un hectare supplémentaire sur lequel les nouveaux propriétaires se sont engagés à construire des « locaux à usage d’habitation ainsi que leurs dépendances ». Soit un total de 2,75 millions d’euros auxquels il faut ajouter des droits d’enregistrement et des frais de notaire pouvant atteindre jusqu’à 10 % du prix d’achat du bien.

D’après le notaire qui a supervisé la vente, le paiement a été réglé par « virements de l’étranger ». De France ? « Je ne peux pas en dire plus. Il y a le secret professionnel. Ne me mettez pas dans l’embarras », a répondu Me El Jazouli.

Dans son étude, les choses ont été faites proprement. C’est-à-dire sans que le nom des Balkany apparaisse dans aucun document déposé à l’étude. Formellement, la vente a donc eu lieu entre un particulier – le pharmacien – et une société civile immobilière marocaine, la SCI “Dar Gyucy”, administrée par une femme de paille suisse, Diana Brush, dont Mediapart a déjà parlé (voir ici).

Cette femme n’est, en quelque sorte, pas tout à fait elle-même. Employée de la société fiduciaire Gestrust SA, basée à Genève, Diana Brush a pour profession de représenter les intérêts cachés de personnes souhaitant la discrétion dans leurs affaires. Chez Gestrust SA, on utilise un langage plus fleuri pour dire la même chose : il est ainsi question, selon le site internet de la société, de « résoudre des situations originales et stimulantes » en offrant aux clients des « solutions utiles à la gestion et à la propriété de leurs biens personnels ».

Dans l’affaire de la villa Balkany, Diana Brush ne détient en réalité que 1 % des parts de la SCI “Dar Gyucy” à Marrakech, les 99 % restants étant la propriété d’une société domiciliée au Panama, Haydridge Investments Group Corp. À la tête de cette société-écran, on retrouve un certain Marc Angst, le président de Gestrust SA, et donc employeur de… Diana Brush. Soit un exemple parfait de maquillage de l’identité réelle des bénéficiaires du patrimoine détenu par toutes ces coquilles vides.

De tels montages offshore ont notamment pour objectif de rendre la tâche ardue pour des enquêteurs qui chercheraient à en remonter le fil. Afin d'y voir plus clair, la justice française va logiquement devoir solliciter une entraide avec la Suisse pour tenter de découvrir qui se cache derrière Gestrust SA et aussi envoyer une commission rogatoire internationale au Panama pour en faire de même avec la société Haydrige. Les réponses à de telles demandes – quand il y en a – peuvent prendre des mois.

En attendant, plusieurs éléments objectifs permettent de lier les Balkany à la villa de Marrakech. D’abord, l’assiduité des époux de Levallois sur place, où, d’après plusieurs témoins, ils sont comme chez eux, recevant à tour de bras leurs meilleurs amis, notamment les Sarkozy, d'après plusieurs médias. Ensuite, le nom de la villa : “Dar Gyucy”, qui sonne comme la superposition phonétique des prénoms des deux petits-enfants du couple Balkany, Gyula et Lucie. Enfin, la livraison par bateau en mars 2013, à la villa de Marrakech, de mille kilos de meubles achetés dans la boutique de décoration parisienne Bertrand Prestige, fréquentée par les Balkany et fondée par des intimes du couple.

La dernière fois que Mediapart a tenté d’interroger les Balkany sur cette affaire, leur avocat, Me Grégoire Lafarge, a menacé le journal de poursuites judiciaires. « Mes clients, précisait-il, n’ont aucune réponse ou commentaire à faire à vos demandes incessantes, sauf à dire que ces procédés confinent au harcèlement et constituent une immixtion permanente dans leur vie privée. » C’est aussi valable pour les juges ?

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