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Recul du gouvernement : une faute majeure

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Ceux qui sont candidats pensent d’abord aux municipales. Les plus bruyants, sur l’aile gauche du PS ou chez les écologistes considèrent que cette reculade sur le thème de la famille, survenue en plein virage sur le pacte de responsabilité, achèvera de donner au Président, et au Parti dont il émane, l’image d’un pouvoir qui cède au premier vent, à tous ses adversaires. Après le domaine socio-économique, le domaine sociétal. Après Gattaz et le Medef, la droite extrême, ou la droite réactionnaire. Les communiqués de victoire s’enchaînent dans le camp des opposants, et les incompréhensions s’accumulent chez les soutiens du Président.

D’autres sont moins pessimistes, ou plus désabusés. Ils peuvent ne pas avoir aimé le virage socio-libéral, mais ils préfèrent que Jean-Marc Ayrault « ait éteint l’incendie » avant qu’il embrase la campagne municipale. Comme dit ce candidat à la mairie, dans une ville proche de Paris : « En ce moment, la France c’est le massif de l’Esterel en plein été. Une étincelle et ça s’enflamme. Ce n’était pas la peine de traîner cette histoire de PMA qui cristallise l’insupportabilité (sic) des petites villes et des villes moyenne vis-à-vis du PS. » Un autre candidat ajoute en écho : « Le courant n’était déjà pas bon. A la moindre cristallisation, on était tous écrasés. Ce recul, c’est déplaisant mais c’est un moindre mal ».

Moindre mal ou faute définitive, la décision annoncée par Matignon, et dictée par l’Elysée, est d’autant plus cruciale  qu’elle n’est pas exceptionnelle. Elle s’ajoute en effet à d’autres renoncements. Au-delà d’un effet tactique, elle finit donc par dresser le portrait d’un Président sans caractère. Un pouvoir qui renoncerait à s’exercer. Un capitaine qui ne tiendrait pas son cap, ou qui en changerait en permanence, au gré des courants dominants, sans savoir où il va.

François Hollande a sans doute choisi de se mettre à l’abri en lâchant du lest après une manifestation, mais hélas pour lui l’histoire des reculades politiques depuis les trente dernières années ne lui laisse guère d’espoir. Elle indiquerait plutôt qu’il s’est mis dans une impasse plutôt qu’une issue de secours.

Aucun Président n’a gagné l’élection suivante après avoir été contraint de céder. Le 24 juin 1984, deux millions de personnes sont descendues dans les rues à propos de l’école privée, 850 000 selon la police, Mitterrand a remisé sa loi, et perdu les législatives deux ans plus tard.

En 1986, Jacques Chirac, Premier ministre : contestation de la loi Devaquet sur les universités. Un million de jeunes gens dans les manifestations, 150 000 selon la police, recul spectaculaire du gouvernement. Chirac laminé en 1988.

23 janvier 1994, manifestations contre l’abrogation des lois Falloux, un million de personnes selon les organisateurs, 260 000 selon la police, recul d’Edouard Balladur, battu au premier tour des présidentielles de 1995.

Faut-il encore rappeler les immenses cortèges contre le CPE. Ils ont marqué la fin du chiraquisme en mettant définitivement hors-jeu le premier ministre d’alors, Dominique de Villepin.

Toujours le même scénario. Des cortèges énormes, un pouvoir contraint de lâcher du lest, et qui croit se donner de l’air, mais qui ne se relève pas.

Avec François Hollande la dimension du recul est inversement proportionnelle à celle de la manifestation. 150 000 personnes selon les organisateurs, 80 000 selon la police, c’est modeste en comparaison des cortèges cités plus haut. Le Président de la République espère sans doute que les Français retiendront sa volonté d’apaisement. Alors que les doutes sur sa capacité à occuper la fonction continuent de s’exprimer, il prend pourtant un grand risque : celui de devenir un Président aphone. Un chef qui donne raison au premier chahut qui passe.

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