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Insécurité : l'échec des fanfarons

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C’est reparti. Il a suffi de quelques chiffres pour qu’une bataille mécanique et rituelle oppose la droite façon Sarkozy à la gauche modèle Manuel Valls, sur le thème éternel de l’insécurité. Constat : la polémique est aussi furieuse que systématique. Signe particulier : elle oppose des gagneurs qui ont perdu toutes leurs batailles, mais qui brandissent quand même le V de la victoire pour dénoncer leur adversaire.

Donc l’ONDRP, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, vient de publier les chiffres des crimes et délits constatés par les gendarmes et les policiers, et comme d’habitude depuis quinze ans, ces résultats invitent à la modestie. Ils ne sont pas très bons, voire mauvais par endroits : cette année, par exemple, les cambriolages ou les vols à la tire continuent d’augmenter.

Le ministre de l’intérieur peut toujours mettre en avant une certaine baisse des violences urbaines, et la stagnation des violences aux personnes, ces statistiques font tache parce qu’elles prennent à revers un certain style de communication. À force d’occuper le terrain médiatique en se présentant comme le King de la lutte contre les voleurs, les truands, les trafiquants, les criminels, Manuel Valls aura du mal à justifier des résultats en demi-teinte. Quand on promet la grosse caisse, on a l’air un peu bête en jouant du triangle.

Du coup les sarkozystes, habités par la certitude que la sécurité publique est leur domaine d’excellence, se sentent pousser les ailes qu’ils ont perdues depuis longtemps. « M. Valls est en passe de devenir le pire ministre de l’intérieur depuis une dizaine d’années », s’est écrié Christian Jacob, le patron du groupe parlementaire UMP à l’Assemblée nationale. Il faut dire que sa mâle assurance s’appuie sur le bilan d’une lignée de ministres de son parti.

Claude Guéant s’était vanté de résultats flatteurs pour l’année 2011. Hélas pour lui, le journal le Monde avait publié deux notes internes intimant l’ordre aux gendarmes et policiers de « viser à un bilan favorable ». Comment ? En évitant d’enregistrer certaines plaintes de victimes. Faute d’avoir obtenu le beau temps, le ministre avait truqué le bulletin météo.

Brice Hortefeux, l’homme qui monte le plus fort au créneau contre Manuel Valls, n’avait pas fait davantage dans la dentelle. Confronté à de mauvais chiffres sur les violences faites aux personnes, les cambriolages, et les vols à main armée, il avait mis en avant, en 2009, une baisse générale de 1,4 % censée représenter le septième recul consécutif de la délinquance depuis 2002. Une baisse imaginaire, puisque cette année-là la délinquance était repartie à la hausse.

D’ailleurs, l’évocation d’une baisse depuis 2002 était elle-même sujette à caution. Certes, Michèle Alliot-Marie avait garanti un recul de presque un point, mais l’ONRDP l’avait contredite dans la foulée, en parlant d’une nette augmentation. Quant à Nicolas Sarkozy quand il occupait la place Beauvau, il s’était multiplié en opérations coups de poing et caméras, en Kärcher et flashball, mais les violences aux personnes avaient grimpé de plus de 5 % sous son ministère à poigne.

Les déboires de Manuel Valls ne sont donc pas une nouveauté, et sont même un bégaiement de l’histoire. Ils rappellent simplement que les questions de sécurité sont infiniment plus complexes à gérer que les raids médiatiques sur le lieu des faits divers, et qu’elles anéantissent à tous les coups les effets de style des Zorro de circonstance. D’ailleurs, l’un est KO et l’autre est dans les vapes, mais rien à faire, l’hôpital sarkozien se fout de la charité, façon Manuel Valls.

    

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