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A Calais, des policiers filmés en train de frapper des migrants

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Après avoir vaincu les flots en Méditerranée, ils sont battus par les forces de l'ordre sur le territoire français. L'association Calais Migrant Solidarity a diffusé mardi 12 mai 2015 une vidéo qui montre des policiers brutalisant des migrants à Calais. Les images, selon l'association, ont été filmées le 5 mai tout au long de la journée. Les violences ont eu lieu sur la branche d'autoroute menant au port ferry de la ville. Les fonctionnaires de police poussent violemment, font tomber, frappent avec leurs pieds et poursuivent des exilés qui étaient parvenus à entrer et à se cacher dans des camions, dans l'espoir de passer clandestinement en Grande-Bretagne. On voit des CRS projeter des gaz lacrymogènes et on les entend hurler : « Dégage, dégage ! » Plusieurs personnes sont basculées par-dessus les glissières de sécurité.

L'Inspection générale de la police nationale a été saisie ; le Défenseur des droits, Jacques Toubon, s'est emparé de l'affaire. « Ce sont juste quelques exemples du quotidien : l’ordinaire de la brutalité policière à l’encontre des candidats au passage entre Calais et l’Angleterre, qui tentent de se dissimuler dans les camions », indique l'association. De fait, les violences policières à l'encontre des migrants sont récurrentes dans cette ville ainsi que sur le littoral. « Il faut replacer (ces images) dans le contexte. Ce jour-là n'était pas une journée ordinaire. Il y avait à peu près 2 000 camions sur le secteur entre le tunnel et le port », explique de son côté Gilles Debove, du syndicat Unité SGP-Police-FO sur France Info. « Il faut savoir aussi que les migrants, on leur demande de partir. Eh bien ils ne veulent pas... », ajoute-t-il.

Cette vidéo a été tournée le lendemain d'une visite officielle du ministre de l'intérieur à Calais, au cours de laquelle Bernard Cazeneuve a indiqué vouloir encourager ces étrangers en transit – Érythréens, Soudanais, Somaliens et Syriens pour la plupart – à demander l'asile en France. Certains d'entre eux arrivent directement de Lampedusa ou de Sicile, en Italie, où ils ont débarqué après avoir subi les angoisses de la traversée en Méditerranée et les violences des trafiquants en Libye. Quelques-uns ont survécu aux dangers du désert du Sinaï où des mafias tentent de les prendre en otage.

« Trop de migrants qui pourraient bénéficier de l'asile en France hésitent encore » à le faire, avait-il observé. « Nous devons leur faire comprendre clairement que l'asile en France est la meilleure chance pour eux », avait-il ajouté. Mais les conditions de vie qui leur sont réservées, entre le campement sauvage sur lequel ils s'installent la nuit à un kilomètre du nouveau centre d'accueil de jour et le harcèlement quasi quotidien des forces de l'ordre, ne sont pas de nature à les inciter à rester.

Interrogé sur de précédents cas documentés de violences, le ministre avait répondu qu'il s'agissait d'allégations non prouvées. Le comportement des fonctionnaires de police doit être « exemplaire ». « S'il ne l'est pas, il doit y avoir des sanctions », avait-il affirmé. Bernard Cazeneuve s'était rendu sur le bidonville à l'écart de la ville, ainsi que dans le centre de jour Jules-Ferry, récemment ouvert, où les exilés peuvent recevoir un repas, prendre une douche, recharger leur portable et se faire soigner. Le ministre avait ensuite visité les locaux de la police aux frontières, en passant par la rocade menant au tunnel sous la Manche, laquelle est doublée d'une barrière en cours de construction, en partie financée par les Britanniques, pour empêcher les migrants de passer.

Les rapports d'ONG et les alertes du Défenseur des droits s'accumulent sur ce dossier. Encore récemment, le 20 janvier, Human Rights Watch (HRW) dénonçait les « exactions » commises par les forces de l’ordre. Les abus décrits à partir d'une quarantaine d'entretiens approfondis comprenaient des passages à tabac et des attaques au gaz lacrymogène alors que les victimes marchaient dans la rue ou se cachaient dans des camions. Certains migrants ont eu des membres cassés. Les destructions des lieux de vie, longtemps éparpillés partout dans la région, sont aussi d'une rare violence. En réponse aux accusations de HRW, le ministère de l'intérieur avait regretté que l'association « n’ait pas pris la peine de vérifier les allégations dont elle fait état ». Dès 2012, l'ex-Défenseur des droits, Dominique Baudis, avait conclu, après enquête, que les faits étaient « avérés ».

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