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Le PS est d'ores et déjà effacé de plusieurs départements

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Content d'avoir évité le pire, le Parti socialiste est plus sonné qu'il ne veut le dire par son score de dimanche qui le ramène aux basses eaux électorales des années 1990. De ce fait, il affiche des ambitions modestes pour dimanche. Selon son secrétaire national aux élections, Christophe Borgel, il sauverait « assurément une vingtaine » de conseils généraux. Le PS, qui en détient 60 (sur 100) aujourd'hui, s'attend donc à perdre le contrôle de près de 40 départements. Ce serait un très gros échec. Avant le premier tour, les responsables de la majorité estimaient qu'au-delà de 20 à 25 départements perdus, l'échec serait majeur. Bizarrement, il n'est plus question de cette jauge désormais.

Avant le décompte final de dimanche prochain, date du second tour, qui sonnera l'heure des grandes manœuvres dans la majorité, il y a d'ores et déjà une certitude : le PS perd en influence dans des pans entiers du territoire. Et dans certains départements, il ne participera qu'à quelques seconds tours ou y assistera en spectateur. Au risque de disparaître de plusieurs assemblées départementales.

Que l'on prenne les cartes des résultats par département ou par canton, publiées par exemple par Libération, le constat est cruel pour le PS. Il devient clairement minoritaire dans tout le tiers nord-est du pays, à l'exception des centres urbains, où se trouvent souvent les seuls cantons qui le placent en tête. Et ses zones de force électorale, dans l'ouest, le sud-ouest, le centre et le sud des Alpes, s'érodent.

Dans onze départements, la plupart très à droite, le PS et ses alliés (estampillés "union de la gauche" pour ce scrutin) réalisent moins de 10 % des suffrages exprimés. C'est-à-dire moins de 5 % des inscrits alors qu'un électeur sur deux n'a pas voté : Aube, Alpes-Maritimes, Vosges, Eure-et-Loir, Haute-Corse, Haut-Rhin, Haute-Savoie, Jura, Lozère, Manche et Mayotte. Ce sont aussi, bien souvent, les départements où son score chute le plus depuis la présidentielle 2012.

D'autres résultats symbolisent la désaffection électorale du PS. Dans le Nord, département tenu par le PS depuis 1998, le PS est éliminé de 27 cantons sur 41. Il n'est en tête que dans quatre cantons de Lille, la ville de Martine Aubry, dont celui où se présente le ministre de la jeunesse et ses sports Patrick Kanner, l'ex-président du département. En Corrèze, département rural et chiraquien, mais que François Hollande présida jusqu'en 2012, le PS n'est en tête que dans un seul canton, celui de Tulle, où se présente son conseiller Bernard Combes. Des présidents sortants de conseils généraux socialistes sont balayés dès le premier tour : Jean-Louis Destans (Eure), Yves Rome (Oise), Rachel Mazuir (Ain), Alain Cottalorda (Isère). Troisième d'une triangulaire, le président sortant du conseil général de l'Aisne, Yves Daudigny, s'est retiré et appelle à voter UMP contre le FN.  

Dans certains conseils départementaux, le PS n'aura dimanche que quelques élus. Dans d'autres, il pourrait même disparaître de l'assemblée départementale.

Dans l'Eure, le PS, qui tenait le département, n'est qualifié que dans trois cantons. « Entre les municipales de l’an dernier et les départementales, c’est quinze ans de travail militant foutu en l’air au napalm. Il faut tout reconstruire », se désole un responsable local du PS.

Dans l'Eure-et-Loir voisin, le PS n’arrive en tête nulle part. La gauche au conseil général (six PS, trois divers gauche, 1 PRG) n’est en mesure de se maintenir au second tour que dans six d’entre eux, dont deux cantons de Chartres. Mais elle se retrouve en ballottage défavorable partout. Elle pourrait « ne sauver aucun de ses dix sièges dans une semaine » selon L'Écho Républicain. « Trois de nos élus ont été éliminés dès le premier tour à quelques dizaines de voix près, c'est rageant, déplore le premier fédéral du PS, Jean-Jacques Chatel. On peut avoir de zéro à six binômes élus. Mais sans mobilisation massive, on sera dans la fourchette basse. »

Premier fédéral PS de l'Aube, où la gauche est très faible, Olivier Girardin sonne déjà le tocsin. « La gauche au conseil général, c'est fini. On n'a plus rien. » Avec moins de 5 % des voix, le PS est laminé, qualifié nulle part. Comme ses alliés communistes et verts (six sièges au total pour la gauche dans le conseil général sortant). En binôme avec une candidate UDI, le divers gauche Marc Bret peut espérer l'emporter à Troyes. Mais cet ancien socialiste fait aujourd'hui partie de l'équipe municipale du maire UMP de Troyes François Baroin. Bref, « la gauche n'est plus là, rumine Girardin. Zéro plus zéro: la tête à Toto. »

La Champagne ressemble de plus en plus pour le PS à une terre de mission : il ne surnage qu'à Reims et Châlons-en-Champagne, les villes. La Haute-Marne, où un binôme FN a été élu dès le premier tour, est également citée par Christophe Borgel, le secrétaire national du PS, parmi les possibles futurs déserts socialistes. « Il pourrait quand même nous passer un coup de fil, s'agace le premier fédéral du PS, Georges Voirnesson. On a nos chances à Langres. » Le PS, arrivé en tête, y affronte le Front national. Tout dépendra des rapports de force des deux candidats divers droite éliminés. Dans trois autre cantons, Voirnesson estime que la gauche rassemblée a ses chances.

En Moselle, vieille terre ouvrière où les bastions de gauche se réduisent comme peau de chagrin, le FN fait un carton et le PS ne sort en tête que dans le centre de Metz.

Dans l'Yonne, où le FN est qualifié dans 19 cantons sur 20, le PS n'est en tête que dans un seul (à Auxerre). « On peut avoir de zéro à huit élus », calcule le socialiste Nicolas Soret, lui-même engagé dans un mano à mano serré face au FN à Joigny.

Dans le Haut-Rhin, c'est en revanche déjà acquis : il n'y aura aucun élu de gauche. Les binômes de gauche ont été éliminés dans dix cantons, y compris à Mulhouse. Dans le onzième, il est en ballottage défavorable. « Le PS rayé de la carte du Haut-Rhin », commente L'Alsace. De quoi rassurer les tenants du concordat en vigueur en Alsace : il y a quelques jours, un élu PS du conseil général avait décroché le crucifix du conseil général. Si c'était un coup de com' électoral, ça n'a pas marché.

En Haute-Savoie, fief de droite, le gain d'un siège par la gauche semble improbable. Le PS et EELV, qui ont passé un accord, ne sont en course que dans 4 cantons sur 17 – le FN est qualifié dans 10 cantons sur 17.

Ce sera aussi très difficile dans les Vosges. La gauche ne se maintient que dans cinq cantons sur 17, tandis que la droite a déjà trois élus au premier tour et que le FN, qualifié dans douze cantons, vise une victoire.

Dans le sud-est, le PS, et la gauche en général, est également en voie de disparition avancée. Dans le Var, où le FN est en tête dans tous les cantons (avec déjà deux élus à Fréjus), il affrontera l'UMP dans vingt cantons sur vingt-deux. Le PS vise la victoire dans les deux cantons où il affronte le FN : il aurait alors quatre élus, deux fois moins qu'actuellement. Dans le Vaucluse, qui devrait tomber dimanche dans l'escarcelle du FN, le PS n'a plus qu'à placer son espoir dans quelques triangulaires victorieuses face à l'extrême droite. Dans les Alpes-Maritimes, un seul binôme socialiste reste en lice. Le PCF pourrait aussi gagner un canton.

Christophe Borgel, le secrétaire national du PS, n'aime pas trop qu'on lui dise que le PS va « disparaître » de certains départements. « Ce n'est pas parce que nous n'avons pas d'élus que nous disparaîtrons, dit-il. Il reste des militants, des fédérations, des cadres, la bataille politique pour reconquérir notre électorat s’y poursuivra. » 

Dans certains endroits où il réduit son influence électorale en voix et en suffrages exprimés, le PS pourrait d'ailleurs cacher en partie sa défaite. D'abord parce que les triangulaires face au FN devraient lui permettre de l'emporter face à l'UMP dans des dizaines de cantons. Par ailleurs, c'est désormais un binôme homme-femme qui est élu : un canton remporté équivaut donc à deux sièges gagnés. Çà et là, le parti socialiste, même décimé, pourrait se retrouver avec le même nombre d'élus que dans l'assemblée sortante. Cet artifice mathématique pourra être utilisé après le vote comme argument de communication, mais cela ne changera rien à l'état de coma avancé du parti au pouvoir.

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