Une plainte avec constitution de partie civile pour « appels malveillants, violences psychologiques ou morales volontaires, et harcèlement sexuel » a été déposée jeudi, auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance de Paris : cette plainte vise Benjamin Dessange, PDG du groupe Dessange International et fils du créateur des salons de coiffure éponymes, Jacques Dessange, selon des informations obtenues par Mediapart.
La plainte a été rédigée par l’avocat Patrick Maisonneuve pour le compte d’une jeune femme, Annabel T., qui a quitté le groupe Dessange en 2013, et avait déjà déposé une plainte simple contre son employeur en septembre 2014, restée sans suite de la part du parquet de Paris. La nouvelle plainte avec constitution de partie civile doit déboucher presque automatiquement sur la désignation d'un juge d'instruction.
La plaignante, entrée dans l’entreprise en 1994, a notamment été chargée du développement des salons franchisés, puis nommée « directrice commerciale franchise export » en 2011. Selon sa plainte et des sources proches du dossier, elle aurait été victime d'un comportement déplacé, de nombreux appels téléphoniques très pressants ainsi que de SMS à caractère sexuel de la part de son PDG.
Outre des constats d’huissier reprenant les SMS reçus, Annabel T. a également joint à sa plainte des attestations de médecins qui font état d’une importante dégradation de son état de santé physique et morale pendant la période où se seraient déroulés les faits, entre 2011 et 2013, et qui perdure aujourd’hui encore, au point qu’elle a fait une tentative de suicide.
Après plusieurs arrêts de travail qu’elle attribue directement au traitement qu’elle dit avoir subi, mais qui n’ont pas fait cesser les faits de harcèlement dont elle accuse son patron, la plaignante avait finalement été licenciée avec une indemnité, en juillet 2013.
Le groupe Dessange International, dont l’existence remonte aux années 1950, compte aujourd’hui 400 salons "haut de gamme" dans 40 pays. La famille Dessange a défrayé la chronique en 2011, à l’occasion d'un violent conflit entre le père et le fils sur la marche de l'entreprise, et plus récemment lorsque Le Monde a, en février, imputé à Jacques Dessange la détention d’un compte suisse non déclaré chez HSBC.
Sollicité par Mediapart, l’avocat de la plaignante, Me Maisonneuve, n’a pas souhaité faire de déclaration.
Quant à Benjamin Dessange, joint ce vendredi au téléphone, il « conteste catégoriquement » les faits allégués. « C'est une affaire qui s'inscrit dans un contexte très compliqué de mauvaises relations avec mon père », déclare-t-il à Mediapart. Selon lui, la nouvelle plainte déposée « ne vise qu'à nuire et à faire du mal ». Benjamin Dessange indique par ailleurs avoir lui-même déposé plainte contre Annabel T., après qu'elle eut saisi le parquet de Paris une première fois en 2014.
Selon des sources informées, le groupe Dessange International a effectivement fait déposer une plainte en diffamation par l'avocat Olivier Baratelli, en octobre 2014, après qu'une lettre anonyme évoquant cette affaire ait été adressée à l'actionnaire principal et à des dirigeants du groupe.
Selon le code pénal, les appels malveillants sont passibles d'un an de prison et 15 000 euros d'amende (article 222-16), les violences psychologiques ou morales de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende (voir plus s'il y a eu préméditation, selon l'article 222-13), et le harcèlement sexuel d'une peine maximum de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende (article 222-33).
BOITE NOIRE
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