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Le trésorier du microparti de Marine Le Pen a été mis en examen

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Selon nos informations, l'homme d'affaires Axel Loustau, trésorier de Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, a été mis en examen le 17 mars pour « escroqueries » dans le cadre de l'enquête sur le financement des élections législatives de 2012. Une information confirmée à Mediapart par le parquet de Paris, ce vendredi.

Cette mise en examen est le dernier développement de l’information judiciaire déclenchée par un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP), et ouverte en avril 2014 sur des soupçons de « faux et usage de faux » et d’« escroquerie en bande organisée ». Cette enquête, qui concerne le financement des campagnes électorales du Front national pour les cantonales de 2011 et les législatives de 2012, avait été élargie en septembre à la présidentielle de 2012 et à de possibles faits d’« abus de biens sociaux » et de « blanchiment en bande organisée », à la suite d’un réquisitoire supplétif délivré par le parquet de Paris.

Les juges Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi s'intéressent au rôle joué par Riwal, la société de communication de Frédéric Chatillon – prestataire principal du FN qui a lui-même été mis en examen le 23 janvier dans le cadre de cette enquête –, et Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen. Fondée en 2010, Jeanne est devenue la pièce maîtresse du dispositif électoral du FN, offrant via Riwal des « kits électoraux » et des crédits aux candidats FN, avec le feu vert de l’état-major frontiste (lire notre dossier). Les enquêteurs se penchent sur ce système de prêts accordés aux candidats et de vente de kits de campagne par le micro-parti.

Jeanne a prêté 450 000 euros pour la campagne présidentielle de 2012 au taux exceptionnellement élevé de 7 % et empoché 19 000 euros d'intérêts au passage. Aux élections législatives, l'association a proposé aux candidats frontistes un prêt de 16 500 euros au taux de 6,5 %. Comme Mediapart l'avait expliqué, des conventions de prêt pourraient avoir été falsifiées ou antidatées. En 2012, l'association de financement était la quatrième formation politique en termes de rentrées financières, avec 9,6 millions d'euros, devant le Front national.

Le 14 novembre dernier, comme nous l'avions raconté, les enquêteurs avaient perquisitionné les bureaux des sociétés d'Axel Loustau, place Léon-Deubel, dans le XVIe arrondissement de Paris, sur commission rogatoire des juges Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi.

L'enquête a révélé des flux financiers suspects entre les sociétés de sécurité détenues par M. Loustau et Riwal. De même, d’importants retraits en espèces sur le compte de Riwal ont été notés. Pour justifier de ces flux, des conventions de prêt ont été remises aux policiers. Selon nos informations, Riwal aurait encaissé 7 millions d’euros de l’association de financement frontiste entre avril 2012 et janvier 2014.

Marine Le Pen avec Frédéric Chatillon et Axel Loustau (à droite), en novembre 2013, à Paris. Dossier Figaro Magazine (mai 2014).Marine Le Pen avec Frédéric Chatillon et Axel Loustau (à droite), en novembre 2013, à Paris. Dossier Figaro Magazine (mai 2014). © Julien Muguet / IP3 Press / MaxPPP

Axel Loustau, 44 ans, est un très proche de Frédéric Chatillon, avec qui il a milité au GUD (Groupe Union Défense), une organisation étudiante d'extrême droite radicale, dans les années 1990. Patron d’une galaxie d’entreprises de sécurité héritée de son père, M. Loustau est, depuis mars 2012, le trésorier de Jeanne, et l'un des actionnaires de Riwal, prestataire de services de l’association de financement.

Axel Loustau (au centre) dans la manifestation « Jour de colère », le 26 janvier 2014, à Paris.Axel Loustau (au centre) dans la manifestation « Jour de colère », le 26 janvier 2014, à Paris. © M.T. / Mediapart

Candidat FN aux législatives de 1997, il apparaît régulièrement dans des manifestations de l'extrême droite la plus radicale, à Paris : au traditionnel défilé du 9 mai ; au « Jour de colère », mobilisation ponctuée de slogans antisémites, en janvier 2014 ; ou encore à une manifestation des identitaires, en octobre 2010, où il était venu surveiller la nouvelle génération du GUD. Il a été interpellé en avril 2013 dans les débordements en marge de manifestations contre le mariage pour tous, aux Invalides, à Paris. Il s'est aussi illustré par l'intimidation de journalistes (lire ici et  ou encore là).

Sollicité par Mediapart vendredi après-midi, Axel Loustau n'a pour l'instant pas retourné notre appel.

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