José Bové a participé avec Daniel Cohn-Bendit à la création d’Europe Écologie, en 2009. Un mouvement qui n’était pas un parti, et qui avait l’ambition de rassembler, au nom de la transition énergétique, tous ceux qui travaillent sur le terrain.
Six ans plus tard, il enrage de voir Europe Écologie se diviser : « Il y a une bataille absolument mortifère à Europe Écologie entre ceux qui, derrière Jean-Vincent Placé, veulent coûte que coûte et par opportunisme entrer au gouvernement sans aucun contrat, et de l'autre côté un certain nombre de gens, avec Cécile Duflot, qui sont maintenant prêts à entrer en opposition dans une espèce de front complètement invraisemblable, avec Jean-Luc Mélenchon qui a soutenu les pires positions à l'international et qui insulte Dany en permanence. C'est un gauchisme complètement absurde. L'écologie n'a rien à voir avec ça. Il faut construire à partir du terrain. Il faut refonder l'écologie avec des gens qui viennent des associations, des gens qui viennent des quartiers, des gens qui bougent, des gens qui font des choses, mais sortir de ce jeu politicard. Le dégoût de la politique, le dégoût des appareils amènent à ce qu'on est en train de voir au niveau électoral : l'abstention et le vote Front national. C’est la conséquence logique de la pratique politique en cours depuis des années. »
Le retour à l’écologie concrète, José Bové le pratique en lançant une bataille qui fait penser à sa lutte contre les OGM. Dans son livre L’Alimentation en otage, coécrit avec le journaliste Gilles Luneau, le député européen dénonce l’industrie agroalimentaire, concentrée en un petit nombre de groupes qui détiennent une part énorme de ce que nous mangeons tous les jours. Nestlé représente par exemple deux mille marques (au hasard Buitoni, Perrier, Bolino, Quezac, Herta, Flanby, Nespresso…).
Or, dans cet univers fermé qui fabrique en laboratoire des poules sans plumes pour résister à la chaleur, des poulets à quatre pattes, des porcs sans gras, des jaunes d’œuf sans blanc, des blancs sans jaune, de la viande qui pousse, et de la viande sans viande, une nouvelle tendance apparaît : la “novel food”. Une nourriture artificielle qui fait appel à la nanotechnologie, qui consiste à introduire dans les aliments des particules infiniment petites, les nanoparticules, rigoureusement invisibles à l’œil nu. Certaines d’entre elles, comme le dioxyde de titane, étiqueté E171 et destiné à rendre les produits plus blancs et plus brillants, pourraient être cancérigènes.
D’où l’appel au boycott de José Bové, qui évoque une nouvelle affaire de l’amiante : « J’appelle au boycott de ces produits. Faisons plier les industriels. Qu'ils retirent ces substances. C’est peut-être une bombe à retardement sanitaire. On a des matériaux qui peuvent pénétrer tous les tissus, avec des particules très fines. C’est un cri d'alerte qui a été lancé depuis des années : pourquoi a-t-on mis sur le marché ces nanoparticules, sans mesurer les conséquences sanitaires ? Et dans les usines qui les produisent, quelles sont les conséquences pour les personnes qui y travaillent, et pourquoi l’État, droite et gauche confondues, a-t-il mis des millions et des millions d’euros dans le développement de ces nanoparticules ? »
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