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Mediapart, Mélenchon et Poutine: quelques mises au point

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Un « orage », mot prisé par Jean-Luc Mélenchon, pire, une tempête a déferlé sur Mediapart ces derniers jours. En cause, cet article explicitement présenté comme un « parti pris », et signé de nos confrères Fabrice Arfi et Antoine Perraud : Jean-Luc Mélenchon joue à saute-cadavre. Était visé dans cet article un texte de Jean-Luc Mélenchon, posté sur son blog, et titré : « Poutine a-t-il tué le cacique eltsinien Boris Nemtsov ? ». Les auteurs y expliquaient comment, dans ce cas précis, « une vision fanatique, des œillères dogmatiques, des réflexes pavloviens, privent M. Mélenchon de toute morale, éthique et politique ».

Cet article polémique – c'est le principe des « partis pris » de Mediapart – répondait à la virulente dénonciation faite par le fondateur du Parti de gauche de Boris Nemtsov, l'opposant russe assassiné le 27 février, et « des flots d’encens aussitôt offerts par tous les médias ». Il a déclenché quelques scandales en chaîne chez certains de nos abonnés. Près de 2 500 commentaires, une dizaine de billets de blogs, des critiques devenant accusations puis invectives, des plongées dans les biographies réelles ou supposées de nos deux confrères, des mails privés incendiaires, des menaces de désabonnement brandies et relayées : c'est donc bel et bien l'intégralité du « magasin d'armement » qui a été utilisé en quelques heures, les bataillons montés au front utilisant toutes les tactiques imaginables pour faire rendre gorge à nos deux amis sacrilèges.

Sacrilège car c'est bien le plus difficile des obstacles, le phénomène de croyance, que nous voilà sommés de surmonter. Aussi cet article ne vise-t-il nullement à convaincre les adeptes de la foi mais à expliciter à tous nos lecteurs intéressés par ces débats et les questions qu'ils soulèvent ce que sont les règles de Mediapart, le contrat de lecture, donc le contrat de confiance que nous vous proposons depuis maintenant sept années.

Journal numérique, Mediapart est un journal totalement participatif. Cela signifie bien plus que le fait que nos lecteurs peuvent alimenter leur blog et commenter chacun des articles, en pleine liberté et dans le seul respect de notre charte de modération. Cela signifie autrement plus que le fait que cette « participation » des lecteurs est aussi financière (votre abonnement, notre exclusive ressource) et permet ainsi de construire et garantir l'indépendance de Mediapart.

Ce participatif, c'est la liberté d'expression de chacun de nos abonnés, c'est aussi celle de chacun de nos journalistes. L'une alimente l'autre, et réciproquement. Depuis sept ans, l'expérience nous a appris que nous pouvions d'autant plus librement écrire et exprimer des points de vue atypiques, dérangeants, surprenants voire scandaleux pour une partie de notre lectorat, qu'il pourrait aussitôt porter la contradiction, s'inscrire en contre, démentir, argumenter. Liberté des lecteurs, liberté des journalistes sont les deux faces de Mediapart. Nous sommes là au cœur de ce qui fait l'intérêt de Mediapart : un journal pluriel, pluraliste, contradictoire et de débat, très loin d'une presse militante qui préfère trop souvent les œillères au débat, le dogme à la contradiction, l'étriqué et le politiquement correct aux questions qui dérangent.

Il faut bien prendre la mesure de cette révolution numérique et de ses conséquences éditoriales. La mission première de Mediapart est de produire et révéler des informations d'intérêt général. Mais un journal numérique est aussi un dialogue ininterrompu entre ses journalistes et ses lecteurs. Et Mediapart se doit aussi de vouloir éclairer, selon son tempérament et ses engagements fondamentaux, les principaux aspects du débat public. Il est donc parfois de s'inscrire en contre face à telle ou telle personnalité du champ politique.

Nous ne l'avons pas seulement fait avec constance au sujet de Nicolas Sarkozy. D'autres responsables politiques ont été également visés par nos « partis pris », vivement mis en cause pour leurs déclarations ou leurs politiques. Quelques exemples :

Exemples choisis pour ces quelques lecteurs qui, à travers cet article décrié, ont tôt fait de nous classer comme « sous-marin » du parti socialiste. Vieille et risible accusation pour tous ceux qui connaissent Mediapart. Nous avons toujours farouchement défendu notre indépendance à l'égard de tout parti, de tout responsable, de tout candidat ou élu. Outre un journalisme indépendant et de qualité, Mediapart ne porte, dans la diversité de ses journalistes et de ses tempéraments, que deux engagements : le premier est pour une modernisation radicale de notre système de représentation politique ; le second est en faveur de tous les combats visant à inscrire une égalité réelle dans la société française.

Jean-Luc Mélenchon, responsable politique de premier plan, connaît Mediapart et ses règles. Nous l'avons régulièrement invité (entretien écrit, entretien vidéo, live), lui ainsi que ses proches (Martine Billard, ici, en janvier, Éric Coquerel, ici, le mois dernier). Attentif à toutes les évolutions, recompositions, débats dans les gauches françaises, appelant de nos vœux une dynamique de rassemblement ancrée dans les nouvelles réalités sociales de notre pays, nous n'avons cessé de suivre de près les activités du Front de gauche et nous n'avons cessé d'interpeller Mélenchon sur ses pratiques politiques, son vocabulaire de « rupture », ses offensives régulières contre les journalistes.

Voilà pour la méthode, pour nos règles, pour ce contrat de confiance. Mediapart n'est pas un journal partisan, militant, organe central de tel ou tel, parti, homme politique ou groupe de lecteurs. Il est un journal numérique d'information dont le pluralisme est alimenté par ses journalistes et par ses lecteurs. Maintenant, venons-en au fond.

Fabrice Arfi et Antoine Perraud ont signé ce fameux « parti pris ». Même si nous n'avons pas fait de pointage, beaucoup d'autres journalistes de la rédaction l'ont approuvé. Car nous sommes une large majorité à penser qu'en publiant ce texte sur son blog, Jean-Luc Mélenchon commet une faute éthique et une erreur politique. Ce fut en tout cas ce qui s'est dit lors de notre réunion de rédaction quotidienne, réunion au cours de laquelle a été acté que nos deux confrères écriraient ce billet.

Passons sur la faute éthique qui consiste à passer par pertes et profits, ou à ravaler au rang d'anecdote, l'assassinat de l'« illustrissime inconnu » Boris Nemtsov, « cacique de l'ère Eltsine ». Depuis 2000, une douzaine de personnalités politiques de premier plan – parlementaires, chefs de parti –, d'avocats, de journalistes ont été assassinés. Quelques exécutants ont été arrêtés, condamnés parfois. Jamais les commanditaires de ces assassinats n'ont été identifiés quand, chaque fois, les cercles du pouvoir ont été suspectés. Faut-il s'habituer à l'élimination physique d'opposants ou en faire un simple folklore moscovite ? Dans un pays où l'État de droit n'existe pas, où la justice est aux ordres, où des hommes sont massacrés dans les commissariats (l'affaire Magnitski), ils sont pourtant des centaines, voire des milliers, à continuer à se battre pour faire respecter leurs droits et leurs libertés.

Si Jean-Luc Mélenchon ne connaissait visiblement pas Boris Nemtsov, tous les Russes intéressés par le débat public l'identifiaient parfaitement. Et sa notoriété n'était pas due aux seuls errements de la période Eltsine, dont il ne fut d'ailleurs pas la pire illustration (il a été, par exemple, l'un de ceux qui dénoncèrent les privatisations entre amis). Il demeurait, quoi qu'on en pense, une voix forte et un relais pour tous ceux qui, au quotidien, dans leurs villes et villages, tentent de construire une Russie libérée de l'emprise des oligarques, des services secrets et des militaires.

Nos lecteurs intéressés par ces nouvelles voix dissidentes en Russie découvriront sans doute avec intérêt un livre coédité en partenariat avec Mediapart par plusieurs associations de défense des droits de l'homme (Amnesty, Fédération internationale des droits de l'homme, Association des chrétiens contre la torture, Russie Libertés, Reporters sans frontières, Inter-LGBT). Titré Les Autres Visages de la Russie, ce livre qui paraît le 22 mars présente justement ces figures inconnues de la contestation, engagée là dans des combats écologiques, ailleurs dans des luttes contre la corruption, ailleurs encore dans des initiatives citoyennes que ne renierait nullement Jean-Luc Mélenchon. C'est d'ailleurs un livre né du Club de Mediapart, puisque plusieurs des textes publiés l'avaient été initialement sur Mediapart lors des jeux Olympiques de Sotchi (à découvrir ici).

La méconnaissance de la Russie par Jean-Luc Mélenchon ne s'arrête pas au cas Nemtsov, « caricaturalement acquis aux ennemis de la Russie », écrit-il, commettant là un amalgame de plus. Il lui est aussi aisé de stipendier Alexeï Navalny, principale figure de l'opposition démocratique aujourd'hui, ravalé au rang de « leader libéral-xénophobe ultra violent, raciste et antisémite ». Il le fut certes dans sa jeunesse, comme le fut d'ailleurs Edouard Limonov, fondateur du parti national bolchévique et alors proche de l'idéologue Alexandre Douguine, qui mêle extrême droite et eurasisme et a aujourd'hui l'oreille du Kremlin.

Mais c'est faire fi des chemins sinueux de la politique russe et de ses nombreux reclassements que de résumer Navalny à cette identité politique. Aujourd'hui cible principale du pouvoir (il vient d'être condamné à de la prison pour avoir distribué des tracts), Navalny est aussi celui qui a conduit les grandes manifestations démocratiques de l'hiver 2011-2012 (les plus grandes mobilisations depuis la perestroïka des années 1980) pour protester contre la fraude électorale et la confiscation du pays par le système oligarchique renforcé par Poutine.

Ignorant toujours de la Russie, Jean-Luc Mélenchon balaie à tort ce qui est pourtant au cœur de la relation entre les Russes et le régime construit par Vladimir Poutine. Car il n'y a pas que les assassinats ; il y a le soupçon récurrent du crime de masse sur lequel aurait pu se fonder ce régime. La campagne de terreur de septembre 1999 reste une plaie à vif tant la question est terrible : les services russes ont-ils organisé la série d'attentats (explosions d'immeubles à Moscou et en régions) qui ont fait 293 morts et 651 blessés en moins d'un mois ? Ces attentats sans précédent allaient motiver le déclenchement de la deuxième guerre de Tchétchénie par Poutine, alors un parfait inconnu tout juste nommé premier ministre, puis faciliter son accession à la présidence en mars 2001.

Alexandre Litvinenko, ancien agent du FSB devenu opposant à Poutine, mort empoisonné par du polonium.Alexandre Litvinenko, ancien agent du FSB devenu opposant à Poutine, mort empoisonné par du polonium. © (dr)

Officiellement, les attentats furent commis par les rebelles tchétchènes. Rien ne l'a jamais démontré. En revanche, il a été largement documenté comment une équipe du FSB (ex-KGB) fut surprise par la police locale, le 22 septembre 1999, en train de bourrer d'explosifs un immeuble de Riazan, une ville située à une centaine de kilomètres de Moscou. « Exercice antiterroriste », fut-il répondu après plusieurs heures de cafouillage au sommet du pouvoir. Beaucoup de ceux qui dévoilèrent des informations jetant le soupçon sur les services russes ont été depuis assassinés ou ont trouvé la mort dans des conditions mystérieuses. C'est le cas des députés Sergueï Iouchenkov et Iouri Chekotchikin, de l'ancien agent du FSB Litvinenko, de l'oligarque Boris Bérézovski, sans parler de la journaliste Anna Politkovskaïa, également cible du pouvoir pour ses écrits sur la Tchétchénie.

C'est dans ce contexte pour le moins particulier d'un régime russe hanté de fantômes, de manipulations et de violences d'État que Jean-Luc Mélenchon se croit autorisé à distribuer bruyamment bons et mauvais points. Avec une cible et une seule : « l'Empire nord-américain » et ses visées expansionnistes. Cette obsession l'amène à débuter son texte par une fausse information : « Les USA viennent de débarquer en Ukraine 600 hommes de la 173e brigade aéroportée des États-Unis. » Ce qui est inexact.

Dans le cadre d'un partenariat avec plusieurs pays européens et d'un accord passé avec le pouvoir ukrainien, les États-Unis pourraient envoyer environ 300 instructeurs pour former des éléments de la garde nationale ukrainienne (lire ici et également ici), tout comme le font les Polonais. Ce déploiement n'a pas commencé (il demeure indexé aux négociations diplomatiques) et « le débarquement de la troupe régulière des USA » évoqué par Jean-Luc Mélenchon n'existe pas à ce jour. En revanche, le responsable du parti de gauche se garde de citer Ben Hodges, le responsable de l'armée américaine en Europe. Ce dernier expliquait cette probable mission de formation en estimant à « 12 000 le nombre de soldats russes engagés aux côtés des séparatistes » dans l'est de l'Ukraine, à 29 000 hommes l'effectif russe stationné en Crimée et à 50 000 le nombre de soldats à la frontière russe (lire ici).

« Face aux provocateurs nord-américains », conclut Jean-Luc Mélenchon, « tout repose donc à présent sur le sang-froid de Vladimir Poutine et des dirigeants russes. Pas de guerre ! » C'est un stupéfiant renversement de perspectives. Légitimant au passage le référendum massivement truqué qui a habillé l'annexion de la Crimée par la Russie, en violation de tous les traités qui organisent la paix et la sécurité en Europe (dont le mémorandum de Budapest signé en 1994 et qui garantissait l'intégrité territoriale de l'Ukraine), le dirigeant du parti de gauche fait de Vladimir Poutine le garant de la paix contre « les nazis de Kiev » (il n'y a pas de nazi dans le gouvernement ukrainien et l'extrême droite a été éliminée lors des dernières élections, lire notre article ici).

Igor Strelkov, ancien de l'armée russe, ultranationaliste, a combattu en Tchétchénie.Igor Strelkov, ancien de l'armée russe, ultranationaliste, a combattu en Tchétchénie. © Novorossia

Ignorant de la Russie, Jean-Luc Mélenchon l'est également de l'est de l'Ukraine et de la guerre qui y fait rage, menée par des chefs séparatistes dont un grand nombre sont... des Russes, passés par l'armée ou les services secrets de Moscou. Illustration la plus parlante : Igor Strelkov, ancien militaire russe, combattant dans les forces spéciales en Tchétchénie de 1999 à 2005, où il fut accusé d'exactions multiples par l'association Memorial (pour en savoir plus lire ici).

Quant à l'implication directe de l'armée russe dans les combats, elle n'est pas seulement documentée par les « États-uniens », l'Otan ou les « criminels de Kiev » mais surtout par le comité des mères de soldats en Russie qui tient un inventaire minutieux des engagements et départs de soldats russes en Ukraine, ainsi que par une multitude d'associations russes dans les régions. Et c'est une compilation de toutes ces informations, avec d'autres révélations annoncées, que s'apprêtait justement à rendre publique Boris Nemtsov avant d'être assassiné.

« La guerre serait un désastre dont l’Europe ne se relèverait pas avant des décennies. Les USA doivent rentrer chez eux », conclut Jean-Luc Mélenchon. On ne peut qu'approuver cette inquiétude face à un conflit qui menace de dégénérer à grande échelle. Encore faut-il se donner les moyens politiques de le prévenir. C'est-à-dire désigner clairement les fauteurs de guerre. En l'occurrence non pas « les USA » mais le régime russe qui, après avoir saboté méthodiquement la révolution orange de 2004, s'emploie à désintégrer l'Ukraine depuis l'émergence de ce qui fut durant les premiers mois une immense révolution citoyenne contre les corrompus, les dictateurs et les kleptocrates. Bref contre tous ceux que Jean-Luc Mélenchon dit combattre et auprès desquels – au terme d'un ahurissant exercice politique –, il se retrouve aujourd'hui.

Un dernier mot, ou plutôt une nouvelle redite. Mediapart n'est pas plus un « agent actif de l'impérialisme américain », comme nous en accusent de chers lecteurs, qu'un défenseur de l'Otan et d'une vision atlantiste de la géopolitique. Je renvoie ces détracteurs à nos innombrables articles écrits pour dénoncer les stratégies d'élargissement de l'Otan en Europe, son interventionnisme comme gendarme de l'Occident, par exemple en Libye (une intervention militaire que Jean-Luc Mélenchon a soutenue...). L'essentiel de nos articles depuis 2008 peut être retrouvé dans cette synthèse qui, par ailleurs, fait le point sur notre couverture de l'Ukraine et plus largement des affaires internationales les plus sensibles : Mediapart et l'Ukraine: quelques mises au point.

Informer, et d'autant plus dans une époque comme la nôtre, inédite et incertaine, ce ne peut être se satisfaire d'automatismes de pensée ou de réflexes idéologiques. C'est au contraire affronter le réel dans sa complexité, sans impasse ni aveuglement. Et, par exemple, pouvoir à la fois critiquer les responsabilités européennes dans la crise ukrainienne (lire ici notre article) tout étant lucide sur le régime poutinien, son idéologie conservatrice, sa radicalisation identitaire (notre entretien ici), ses liens assumés jusqu'au financement avec l'extrême droite européenne (notre dossier à lire ici), etc. Croire qu'il suffit de penser politiquement juste – ou d'être convaincu que c'est le cas – pour informer vrai, c'est assurément s'éloigner des lucidités, y compris douloureuses, sans lesquelles il n'est pas d'émancipation collective.

Nos lecteurs les plus anciens s'en souviennent sans doute, et pour certains en avaient été surpris : c'est déjà ce que nous avions franchement rappelé à Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne présidentielle de 2012, pendant le « live » qui lui fut consacré. Revisitant les nombreuses occasions manquées qui, aujourd'hui, pèsent sur l'avenir de la gauche française, Edwy Plenel s'était chargé de lui remémorer combien elles remontaient à cette époque mitterrandienne dont il se refusait à faire le nécessaire inventaire. Époque marquée, s'agissant du parti socialiste, par de vives tensions entre journalisme indépendant et pouvoir politique. Revisionné, cet échange illustre, au-delà des polémiques éphémères, ce qui est ici en jeu : la reconnaissance ou la défiance vis-à-vis d'une presse qui oblige y compris ses plus fidèles lecteurs à penser contre eux-mêmes, contre leur camp, leur parti, leurs dirigeants, en portant la plume dans la plaie par ses informations les plus complètes et les plus honnêtes possible.

 

A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : SteamOS pousse les jeux à venir sous Linux


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