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Le « ni-ni » de Nicolas Sarkozy est d'abord un déni

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« Ni PS ni Front national », c'est la doctrine officielle de l'ancien président et d'une partie de l'UMP dans l’élection partielle du Doubs. Doctrine qu'il a d'ailleurs répétée ce mardi devant les députés UMP. Elle consiste à refuser le « Front républicain », c'est-à-dire l'alliance de la droite et du PS (ou de toute force de gauche) pour faire barrage à l'extrême droite.

Nicolas SarkozyNicolas Sarkozy © Reuters

Le problème, c'est que cette posture se présente comme une attitude politique mais qu'elle en est la négation. La politique consiste à choisir. Le « ni-ni » revient à s'en laver les mains. Ni vraiment Ponce, ni tout à fait Pilate, la préférence de Sarkozy ressemble d'abord à une descente aux abris.  

Car en matière de second tour l'UMP ne refuse rien, sauf de dire sa préférence. Elle ne rejette ni le PS ni le Front national. Sa stratégie tient plutôt du « avec-avec ». Avec le PS pour obtenir les sièges, et avec le FN pour ne pas faire fuir les voix, ou pour les attirer. Lors des treize partielles précédentes, comme lors de la présidentielle de 2002, ce silence était d'or. Il rapportait : le candidat de droite a toujours battu l'extrême droite grâce aux voix d'une gauche éliminée au premier tour. À la quatorzième consultation, celle du Doubs, ce ni-ni s’est transformé en une ceinture de plomb...

Henri Guaino pourra toujours batailler en affirmant que « le Front républicain est une folie », et Bruno Le Maire aura beau durcir le ton en vue des primaires, en soutenant, comme un politicien à l'ancienne, que « le Front républicain est une manière de se défausser », cette infinie délicatesse, et cette prudence de vieux Sioux des années 1980 ne transformera pas un cul-de-sac en solution.

Car, au-delà des questions morales, et au-delà des jugements sur la nature du Front national, le ni-ni dissimule en fait une double impasse et une double contradiction.

La première est institutionnelle, et elle est extraordinaire. Elle touche à la source même du dilemme que le ni-ni essaie de dépasser. Pourquoi ce choix obligatoire entre deux partis, au second tour d'une élection, quand on est éliminé ? Parce que le mode de scrutin, le scrutin majoritaire, l'impose comme un corset en cas d’abstention massive. Avec lui, comme dit l'adage, « au premier tour on choisit, au second on élimine ». C’est la règle. Et c'est cette règle implacable, à laquelle l'UMP s'accroche comme à la prunelle de ses yeux, que l'UMP essaie quand même de contourner. L'UMP refuse d'éliminer ! Autant dire qu'elle aspire au scrutin proportionnel qu'elle rejette bec et ongles. Avec la proportionnelle, l'UMP n'aurait à choisir ni le PS ni le FN. Elle aurait fait son pourcentage et son problème serait réglé.

La seconde impasse concerne l'UMP elle-même, dans son identité. Ce parti est un assemblage qui tire à hue et à dia. On y trouve, c'est une évidence hurlante, des Kosciusko-Morizet ou des Juppé qui rejettent toute alliance avec la famille Le Pen, et face à eux des Peltier, des Didier, des Mariani, et bien sûr des Sarkozy ou des Copé, poussés par un noyau de militants enfiévrés, qui ne sont pas effarouchés par des emprunts, des passerelles, ou carrément des alliances, avec Marine Le Pen.

Ainsi, l'UMP adresse moins son ni-ni au PS ou au Front national qu'aux deux pôles de sa contradiction. Son refus de choisir est d'abord une manière de rassurer son centre (avec le refus du FN) et de caresser sa droite (avec le refus du PS), comme s'il suffisait d'une formule verbale pour éviter l’écueil de la réalité.

Or la réalité, c’est que le ni-ni est d'abord un déni. Il s'est désintégré avec la déclaration d’Alain Juppé qui votera pour le PS, et il explosera dimanche, encore plus radicalement. L'un des deux « ni » l'emportera, forcément : si le PS est élu, c'est qu'une partie des électeurs de droite aura mangé la consigne en choisissant de faire barrage, et le chef de l'UMP aura une drôle de mine. Et si la candidate du Front national est élue, c'est que les noces de la droite et de l'extrême droite auront été consacrées.

Dans ce cas, le chef en répondra.

BOITE NOIREUne précision importante. La phrase "La loi de la gravitation est dure mais c'est la loi" n'est pas de moi mais de l'un de mes maîtres : Georges Brassens, dans sa chanson Venus Callipyge. Je vous laisse déguster ce texte. Une histoire de rotondités qui nous reposera des absurdités, et dont le dernier vers nous ramène au seul sujet qui vaille : "Gloire à celui qui dit toute la vérité"...

BRASSENS PAROLES ET MUSIQUES

 Vénus callipyge

Que jamais l'art abstrait, qui sévit maintenant,
N'enlève à vos attraits ce volume étonnant.
Au temps où les faux culs sont la majorité,
Gloire à celui qui dit toute la vérité !

1
Votre dos perd son nom avec si bonne grâce,
Qu'on ne peut s'empêcher de lui donner raison.
Que ne suis-je madame un poète de race,
Pour dire à sa louange un immortel blason.
Pour dire à sa louange un immortel blason.

2
En le voyant passer, j'en eus la chair de poule,
Enfin, je vins au monde et, depuis, je lui voue
Un culte véritable et, quand je perds aux boules,
En embrassant Fanny, je ne pense qu'à vous
En embrassant Fanny, je ne pense qu'à vous

3
Pour obtenir, madame, un galbe de cet ordre
Vous devez torturer les gens de votre entour
Donnez aux couturiers bien du fil à retordre
Et vous devez crever votre dame d'atour.
Et vous devez crever votre dame d'atour.

4
C'est le duc de Bordeaux qui s'en va, tête basse,
Car il, ressemble au mien comme deux gouttes d'eau
S'il ressemblait au vôtre on dirait, quand il passe
"C'est un joli garçon que le duc de Bordeaux !"
"C'est un joli garçon que le duc de Bordeaux !"

5
Ne faites aucun cas des jaloux qui professent
Que vous avez placé votre orgueil un peu bas
Que vous présumez, trop, en somme de vos fesses
Et surtout, par faveur, ne vous asseyez pas
Et surtout, par faveur, ne vous asseyez pas

6
Laissez les raconter qu'en sortant de calèche
La brise a fait voler votre robe et qu'on vit,
Écrite dans un coeur transpercé d'une flèche
Cette expression triviale : "A julot pour la vie"
Cette expression triviale : "A julot pour la vie"

7
Laissez les dire encore qu'à la cour d'Angleterre,
Faisant la révérence aux souverains Anglois
Vous êtes, patatras ! tombée assise à terre:
La loi de la pesanteur est dure, mais c'est la loi
La loi de la pesanteur est dure, mais c'est la loi

8
Nul ne peut aujourd'hui trépasser sans voir Naples
A l'assaut des chefs-d'oeuvre ils veulent tous courir !
Mes ambitions à moi sont bien plus raisonnables:
Voir votre académie, madame, et puis mourir
Voir votre académie, madame, et puis mourir

Que jamais l'art abstrait, qui sévit maintenant,
N'enlève à vos attraits ce volume étonnant.
Au temps où les faux culs sont la majorité,
Gloire à celui qui dit toute la vérité !

 

A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Mettre à jour le microcode de son CPU sous Debian


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