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Frédéric Chatillon, proche de Marine Le Pen, a été mis en examen

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Frédéric Chatillon, un proche de Marine Le Pen, a été mis en examen le 23 janvier pour « faux et usage de faux », « escroquerie », « abus de bien social » et « blanchiment d’abus de bien social », révèle Le Monde ce jeudi. M. Chatillon a passé 48 heures en garde à vue. Sa société de communication Riwal, devenue le principal prestataire du Front national, réalise le matériel électoral du FN et fabrique les kits de campagne destinés aux candidats du parti.

Cette mise en examen intervient dans le cadre de l’information judiciaire déclenchée par un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP), et ouverte en avril 2014 sur des soupçons de « faux et usage de faux » et d’« escroquerie en bande organisée ». Cette enquête, qui concerne le financement des campagnes électorales du Front national pour les cantonales de 2011 et les législatives de 2012, avait été élargie en septembre à la présidentielle de 2012 et à de possibles faits d’« abus de biens sociaux » et de « blanchiment en bande organisée », à la suite d’un réquisitoire supplétif délivré par le parquet de Paris.

Les juges Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi s'intéressent au rôle joué par Riwal, la société de communication de Frédéric Chatillon, et Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen. Ils se penchent sur le système de prêts accordés aux candidats FN et de vente de kits de campagne par le micro-parti (lire nos enquêtes ci-dessous). Jeanne a prêté 450 000 euros pour la campagne au taux exceptionnellement élevé de 7 % et empoché 19 000 euros d'intérêts au passage. Comme Mediapart l'avait expliqué, des conventions de prêt pourraient avoir été falsifiées ou antidatées. En 2012, Jeanne, dont le trésorier Axel Loustau est un très proche de Chatillon, affichait 9 millions d'euros de recettes. 

Frédéric Chatillon accompagnant Marine Le Pen lors de son voyage en Italie, le 22 octobre 2011.Frédéric Chatillon accompagnant Marine Le Pen lors de son voyage en Italie, le 22 octobre 2011. © Capture d'écran d'un documentaire de Canal Plus.

Interrogée par l'AFP, Marine Le Pen a affirmé jeudi qu'elle n'était « pas concernée juridiquement » par cette mise en examen. « Je n'ai pas été auditionnée. Je ne sais absolument pas de quoi retourne cette affaire. Elle ne me concerne pas juridiquement. » « Évidemment, je ne vais pas vous dire que je ne connais pas Frédéric, et que je ne connais pas la manière dont s'est mis en œuvre, de manière légale, le financement des différents candidats par l'intermédiaire de Jeanne, que Riwal était le prestataire des kits de campagne des candidats, mais sur le fond, cette procédure, qui date d'un certain nombre d'années, a été à nouveau validée par la commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques (CNCCFP) qui a remboursé l'intégralité des candidats aux municipales », a-t-elle assuré.

« Enfin ! Ça fait des mois qu'il y a une enquête qui se prive de l'encadrement, du contrôle nécessaire. Il va enfin pouvoir avoir accès au dossier, savoir quels sont les motifs, et apporter des explications, a réagi la présidente du FN concernant la mise en examen de Frédéric Chatillon en particulier. Pour l'instant, on a lu tout et n'importe quoi dans la presse, je pense que c'est plus sain que le respect des procédures s'effectue en permettant, si vous voulez, le respect des droits de la défense. »

En avril 2014, elle avait réagi à l'ouverture de cette information judiciaire sur Twitter : « Enquêtes, informations judiciaires, perquisitions, le pouvoir socialiste ne manque pas d'imagination face à son opposition politique. » Avant d'ajouter : « Tout cela se terminera comme à chaque fois par un non-lieu ou une relaxe dans quelques mois, mais la calomnie aura rempli son rôle. »

À l'automne, des proches de Frédéric Chatillon avaient expliqué à Mediapart qu'il était allé « se mettre au vert » à Rome, où il a lancé Riwal Italie, et qu'il ne devait « pas rentrer à Paris avant 2017 ». Vieil ami de Marine Le Pen, président du Groupe Union Défense (GUD), une organisation étudiante d'extrême droite radicale, dans les années 1990, M. Chatillon est aussi un soutien du régime de Bachar al-Assad. Il avait fait, en 2011, l’objet d’un signalement Tracfin et d’une enquête confiée à la brigade financière sur des fonds reçus du régime syrien. L'enquête avait été close en avril 2012, sans provoquer de poursuites judiciaires (lire nos enquêtes ici et ).

Retrouvez l'ensemble de nos articles sur l'argent des Le Pen et sur Frédéric Chatillon ci-dessous :

Outre les cantonales de 2011 et les législatives de 2012, l’information judiciaire qui vise le micro-parti de Marine Le Pen a été élargie à la campagne présidentielle de la présidente du FN. L'enquête porte sur le système de prêts accordés aux candidats FN et de vente de kits de campagne. D’après nos informations, des conventions de prêt pourraient avoir été falsifiées ou antidatées.

En amont de la présidentielle de 2017, un petit cercle fermé s'active pour Marine Le Pen, loin de l’agitation du siège du Front national et des caméras. On y trouve son micro-parti, Jeanne, mais aussi des prestataires liés à la nébuleuse des anciens du GUD qui travaillent pour le FN et pour ses villes.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur le fonctionnement de Jeanne, le micro-parti au service de Marine Le Pen, qui affichait 9,5 millions d'euros de recettes en 2012. La justice a été saisie par la Commission des comptes de campagne et des financements politiques.

Le micro-parti de la patronne du FN, lancé fin 2010, a encaissé plus de 9 millions d'euros en 2012, selon les informations de Mediapart. Quasiment dépourvu d'adhérents, ce parti de poche fait travailler la société d'un conseiller officieux de Marine Le Pen, l'ancien responsable du GUD, Frédéric Chatillon.

Trésorier de Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, jusqu’en mars 2012, Olivier Duguet a été condamné en juin 2012 à six mois de prison avec sursis dans une affaire d'escroquerie au préjudice de Pôle emploi dont le montant s'élève à plus de 100 000 euros.

Marine Le Pen a confié à la galaxie des anciens du GUD, groupuscule étudiant d'extrême droite radicale, de nombreux postes financiers, leur conférant la haute main sur la trésorerie du parti. Au centre de cette nébuleuse : Frédéric Chatillon, dont la société a perçu 1,6 million d'euros pendant la campagne présidentielle, d'après des documents consultés par Mediapart.

Le Front national a obtenu plusieurs prêts russes, et a transmis à Moscou une demande portant sur des besoins financiers estimés à 40 millions d’euros, d'ici à 2017. Le parti d'extrême droite a mobilisé une galaxie d'intermédiaires et d'oligarques.

Les déclarations de patrimoine de Jean-Marie Le Pen sont entre les mains des investigateurs de la brigade financière. D'après des informations obtenues par Mediapart, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire après un signalement en novembre dernier de la Commission pour la transparence financière de la vie politique. L'autorité indépendante ne s'expliquait pas l'enrichissement de l'eurodéputé.

L'équipe de Marine Le Pen a envisagé de contester la décision de la commission chargée de contrôler les comptes de campagne des candidats à la présidentielle. En cause déjà : les intérêts du prêt de Jeanne à Marine Le Pen. La candidate y a finalement renoncé.

Les comptes du micro-parti de Jean-Marie Le Pen ont été déclarés « non conformes » par la Commission chargée des financements politiques (en même temps que ceux de Michèle Alliot-Marie). Le « parti de poche » du président d’honneur du Front national aurait tout bêtement expédié son dossier « hors délai ».

Farouchement opposée à une intervention militaire en Syrie, Marine Le Pen s'est toujours refusée à condamner le régime syrien. Dans son parti comme dans son entourage, ils sont plusieurs à soutenir publiquement Bachar al-Assad. Certains travaillent même avec le régime.

Proche de Marine Le Pen et prestataire de services de sa campagne 2012, Frédéric Chatillon a fait l’objet d’un signalement Tracfin et d’une enquête confiée à la brigade financière sur des fonds reçus du régime syrien. L’enquête a été close en avril. Il dénonce « une opération politique ».

L’ancien trésorier du micro-parti de Jean-Marie Le Pen, l’éditeur Jean-Pierre Mouchard, a utilisé les services de plusieurs sociétés offshore. Le même homme avait ouvert en 1981 un compte suisse à l’UBS pour Le Pen. À Mediapart, Marine Le Pen et son père justifient l’ouverture du compte par « un emprunt souscrit » à la banque suisse.

Nos articles sur Frédéric Chatillon et Axel Loustau :

Successeur d'Aymeric Chauprade à la tête du FN au parlement européen, adhérent historique, Édouard Ferrand émerge depuis deux ans parmi les fidèles de Marine Le Pen. Il s'est aussi rapproché de la nébuleuse des anciens du GUD autour de Frédéric Chatillon.

Le 22 novembre, le GUD organise à Paris un « congrès européen » des groupuscules néofascistes avec pour invités d’honneur les Grecs d’Aube dorée. Co-organisateurs de l’événement, les Italiens de CasaPound se sont mis au service du réseau de Frédéric Chatillon, conseiller officieux de Marine Le Pen, qui vient de s’installer à Rome.

Dans une attestation détaillée, un ex-militant du GUD raconte la « haine maladive des juifs » de Frédéric Chatillon, ancien leader de cette organisation, devenu conseiller officieux de Marine Le Pen et prestataire du FN : liens avec Robert Faurisson et Dieudonné, dîners « hommages » à Hitler, « soirées "pyjamas rayés" », connexions avec le régime syrien.

Dans un livre, le journaliste Frédéric Haziza assimilait Frédéric Chatillon aux « néonazis » et au « négationnisme ». Le conseiller officieux et vieil ami de Marine Le Pen a été débouté de sa demande de supprimer plusieurs extraits de l'ouvrage.

Axel Loustau, ancien du GUD et président de Vendôme Sécurité, prestataire de service du FN, a été interpellé lors d'affrontements avec la police et de violences contre les journalistes en marge du rassemblement contre le mariage pour tous.

Et notre ebook, L'Argent des Le Pen, qui rassemble les enquêtes de Mediapart consacrées aux finances 
des Le Pen et de leur parti.

A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Liberté, éga… oups!


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