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A Paris, « l'espoir Syriza » requinque une opposition de gauche fragilisée

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La vie politique reprend, à Japy. Ce lundi, les gauches ont fait tréteaux communs dans ce gymnase, haut lieu historique de la gauche parisienne. Dans une salle aux deux tiers pleine, c'est un noyau militant de plus de 500 personnes qui s'est retrouvé pour soutenir Syriza, la formation de gauche radicale aux portes du pouvoir en Grèce. Une façon de remettre le pied à l'étrier, pour une gauche fragilisée après le choc des attentats de Paris, et dans le flou quant aux conséquences à en tirer pour l'avenir. « Ça fait du bien de retrouver le sourire », entend-on à plusieurs reprises. Des militants et des élus confient avoir été très marqués par les événements, d'autres redoutent qu'ils entraînent de nouvelles fractures à gauche ou, pire, de nouvelles impuissances. On s'interroge, aussi, sur le bien-fondé des restrictions de liberté en temps de « guerre contre le terrorisme », ou encore sur la possibilité d'une synthèse laïque et antiraciste, « entre SOS-Racisme et Rokhaya Diallo ».

Au départ organisée par le Front de gauche et Attac, la soirée s'est élargie aux écologistes d'EELV, à Nouvelle donne et à l'aile gauche du PS. Après avoir chacun cherché son Charlie (lire notre article), les responsables de la gauche de gauche espèrent trouver un second souffle dans « l'espoir Syriza », une expression maintes fois répétée à la tribune.

Meeting de soutien à Syriza au gymnase Japy, le 19 janvier, à ParisMeeting de soutien à Syriza au gymnase Japy, le 19 janvier, à Paris © S.A

Pour les intervenants, une victoire en Grèce serait « un moment de libération pour l'Europe tout entière », estime Susan George d'Attac, qui espère voir Alexis Tsipras « dénoncer la dette odieuse et illégitime ». Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, souhaite quant à lui que Syriza puisse « gouverner à partir de son programme et non des injonctions des banques et des engagements passés avec la troïka ». Même souci pour Pierre Larrouturou, co-président de Nouvelle donne, qui rappelle que « si la Grèce avait le même taux d'emprunt que la France, elle serait en excédent budgétaire ! ».

Ultime orateur de la soirée, Giorgos Katrougalos, député de Syriza, a confirmé l'intention de son parti d'« assainir le système politique grec corrompu et clientéliste, de restaurer le Smic, de rétablir une couverture santé digne de ce nom, de rétablir le courant pour tout le monde, d'abolir la dérégulation du droit du travail, de promouvoir de nouvelles institutions de démocratie directe ». Au plan européen, il a dit vouloir convaincre de « la nécessité de mutualiser la dette, car l'Europe ne peut pas vivre coupée en deux, entre créditeurs et débiteurs ».

Auparavant, Jean-Luc Mélenchon a tenu en éveil l'assistance en imaginant que cette « page qui va se tourner, celle du martyre des peuples pris à la gorge », puisse se transformer en « grand élan qui va permettre de renverser la table à Athènes, à Madrid, à Paris ! ». Et à ceux qui feraient remarquer que le Front de gauche ne connaît pas la même dynamique que son cousin athénien, il rétorque : « J'ai connu Tsipras quand il n'était qu'à 3 %. Puis quand il a connu une scission avec ceux qui voulaient rejoindre le Pasok au gouvernement… » Enfin, il a ciblé les sociaux-démocrates qui rallient la victoire de la gauche de gauche hellène : « Puisque Syriza serait une variable de la social-démocratie, faites le gel de la dette, faites la réforme fiscale, faites la gratuité de la santé et de l'électricité, comme dans leur programme ! Désormais, on va pouvoir parler brut en Europe ! »

Clémentine Autain s'est voulue mieux intentionnée avec les invités socialistes (l'économiste Liêm Hoang-Ngoc a pris la parole, les députés Pascal Cherki et Pouria Amirshahi ou la présidente du MJS étaient aussi dans la salle), en appelant à une alternative « rouge-vert-rose vif ». « Il faut éviter les écueils de l'union au forceps d'une gauche d'entre-soi et de jouissance de la marginalité, a-t-elle soutenu. Il faut être attentif aux mouvements qui émergent. Il nous faut savoir allier les fondamentaux du mouvement ouvrier et les nouveaux militantismes féministes, écologistes et antiracistes. »

Pour le PS, ou plutôt son aile gauche (la direction du parti n'a pas été conviée, mais a appuyé la participation), Guillaume Balas a marché sur des œufs, mais a finalement été applaudi par une salle peu habituée à la communion avec les socialistes. L'eurodéputé et responsable du courant Un monde d'avance (proche de Benoît Hamon, lire ici notre entretien) a ainsi décrit sa progressive aisance à se retrouver derrière Syriza : « Il est temps de croire aux mots que nous utilisons, j'ai fait campagne et été élu avec l'idée que l'austérité de Bruxelles n'est pas la solution, puis on m'a dit qu'on n'avait pas le choix, qu'on était minoritaire et donc allié avec nos adversaires… » Avant de conclure, malicieux : « Suis-je plus proche de ceux avec qui je suis allié au niveau européen, ou de ceux qui disent ce que je racontais en campagne ? »

L'ancienne ministre du logement Cécile Duflot (EELV) a elle aussi profité du micro pour envoyer un message unitaire plus explicite aux autres forces politiques : « J'ai le sentiment d'être à ma place ici, au milieu de vous, ensemble comme les Verts grecs espèrent la victoire de Syriza. » L'écologiste explique son adhésion à la gauche radicale par la façon dont elle a quitté le gouvernement : « Parce que nous en avons eu assez de prendre des leçons de responsabilité de la part d'irresponsables. » Dans le même temps, elle a insisté sur la nécessité d'une « réorientation nette et vigoureuse de la construction européenne, car l'Europe est l'espace réel pour réguler le marché ou lutter contre la fraude fiscale ». Duflot a aussi dit souhaiter la victoire de Podemos en Espagne, et a lancé : « Cela nous met nous-mêmes au défi de forger une voie pour l'espoir dans notre pays. Il y aura des débats entre nous, mais ce projet nouveau devra aboutir. »

A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Installer un serveur Mumble sur Debian


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