À Fréjus (Var), on ne peut plus lire Libération à la médiathèque. La mairie FN n'a pas renouvelé l'abonnement au quotidien le 31 décembre. Interrogé par Mediapart, le cabinet du maire explique qu’il en sera de même avec Le Figaro fin avril. La médiathèque ne conserve que Var Matin, quotidien local, et Le Monde.
Contacté, le directeur général des services, Philippe Lottiaux, explique ce choix par « la situation financière de la ville », et des « restrictions budgétaires » dans « un ensemble des services ». « C'est le cas pour le marché public des périodiques acquis par la médiathèque. Cela a entraîné certaines interruptions d'abonnement. Effectués en fonction du coût et du taux de consultation. Ceci s'inscrit dans un contexte où les informations circulent de plus en plus via internet et où l'on note depuis quelques temps une baisse sensible des consultations de périodiques », justifie-t-il.
Philippe Lottiaux reconnaît que « l'abonnement à Libération qui prenait fin le 31 décembre n'a ainsi pas été renouvelé ». Il affirme qu'« il en est de même de l'abonnement au Figaro qui prend fin au 30 avril de cette année ».
David Rachline veut-il tenir à l’écart certains médias nationaux ? En septembre, le maire avait sacrifié l’un des centres sociaux de la ville en mettant en cause « des positions à caractère politique contre l'actuelle équipe municipale » de l'association. Il reprochait à la directrice du centre ses propos tenus « dans deux articles de la presse nationale », notamment dans Libération où elle évoquait la baisse importante des subventions aux centres sociaux fréjusiens et ses « conséquences dramatiques » (lire notre article).
Dans ses villes comme au niveau national, le Front national n’hésite pas à faire un tri sélectif dans les médias, autorisant certains journalistes et refoulant d'autres de ses événements (lire notre article). C’est particulièrement le cas à Fréjus. Fin septembre, un journaliste de France Info s'était vu interdire l'accès à une réunion de conseil de quartier, pourtant publique. Une consigne du maire que lui avait confirmée le chef de cabinet de David Rachline : « La presse locale est autorisée, pas la presse nationale. » D'après le récit du journaliste de France Info, le maire ne souhaitait pas que ses adjoints apparaissent dans les médias, et il « déclin(ait) pour eux les demandes d’interview ».
En mars, un journaliste de L’Express dont les enquêtes sur le passé sulfureux de David Rachline avaient déplu au nouveau maire, s’était vu, le soir de la victoire du FN, en mars, refuser l’accès à la conférence de presse.
Sollicité, le maire n'a pas répondu à nos questions (lire notre boîte noire).
BOITE NOIREMediapart a sollicité le maire et son cabinet depuis le 5 janvier. Le collaborateur de David Rachline nous a d'abord répondu qu'il ne voyait pas l'intérêt d'un article sur l'interruption de l'abonnement à Libération. Dix jours plus tard, le directeur général des services de la ville, Philippe Lottiaux, nous répond qu'il s'agit de « restrictions budgétaires », et que ce choix touchera en fait également le Figaro à partir de mai.
David Rachline n'a lui pas répondu à nos sollicitations.
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