Après un an de psychodrame et de valse-hésitation des communes autour de la réforme des rythmes scolaires, c’est un peu l’heure de vérité. Dans quelques jours un peu moins d’un quart des élèves, 22,3 %, – 20% des établissements – vont passer à la semaine de quatre jours et demi. Chaque commune, au travers d’un projet éducatif territorial, a dû trancher en mars dernier pour ou contre l’application de la réforme dès cette rentrée.
Le décret sur les rythmes prévoyant un allègement de la journée – maximum 5 heures 30 –, mais aussi une pause déjeuner de 1 heures 30 au minimum pour suivre les recommandations de la plupart des chronobiologistes qui prônaient dans l’ensemble une réforme encore plus radicale, a laissé aux collectivités le choix de leur organisation.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y aura pas, loin de là, de modèle uniforme. Selon les calculs du SNUipp, qui faisait ce mardi sa conférence de presse de rentrée, 43 % des écoles optant pour la réforme ont choisi de terminer la classe à 15 heures 45 et à 11 heures 30 le mercredi. Ce modèle n'est pas trop compliqué à mettre en place, mais il ne libère qu’un temps quotidien de 45 minutes pour des activités périscolaires et ne permet pas vraiment d’organiser des activités périscolaires de qualité. C’est le choix de beaucoup de petites communes, mais aussi de grandes villes comme Nantes.
10 % des écoles – Paris plus quelques petites villes – ont, elles, opté pour le modèle suivant : deux journées de 6 heures (en violation du décret, donc !) et deux journées avec seulement une heure trente de cours l’après midi suivie d’une heure trente d’activités périscolaires. Cette organisation a plutôt été plébiscitée là où un important tissu associatif et culturel permettait d’organiser des activités périscolaires variées.
5 % des écoles ont souhaité allonger la matinée des élèves, qui durera trois heures trente pour pouvoir alléger l’après midi à une heure quarante-cinq de cours.
Enfin, près de 29 % des écoles sont dans des modèles tellement variés (certaines communes ne commenceront les cours qu’à 9 heures, comme à Génos, dans les Hautes-Pyrénées, d’autres auront une pause méridienne de 2 heures 30, etc.) qu’il est impossible de les regrouper dans un même ensemble.
Pour certaines villes, comme Paris, les activités périscolaires étaient déjà très développées et l’application de la réforme correspond à une montée en puissance de ce qui existait déjà. Pour d’autres, il a fallu mettre en place ce nouveau service. Sport, théâtre, cirque, musique, parcours culturels… La palette d’activités proposées est large, mais très variable d’une commune à l’autre. Certaines ne proposent, selon le SNUipp que de la simple garderie.
« Nous observons de véritables inégalités dans l’offre périscolaire en terme de contenu, d’encadrement des élèves et de coût pour les familles », a souligné Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp. Sur le plan de l’encadrement, là encore, une multitude de situations existent. Les encadrants sur ce nouveau temps périscolaire seront, selon les villes et les écoles, soit des éducateurs, soit des enseignants en heures supplémentaires, soit des retraités bénévoles. En maternelles, les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) seront souvent réquisitionnés avec au final peu de changement pour les élèves.
Alors que le ministre s’était engagé à ce que les nouvelles activités proposées soient gratuites pour les familles, les communes, qui les financent, n’ont pas toutes suivi cette recommandation. Certaines proposeront un paiement modique, 50 centimes à 1,50 euro par jour selon le quotient familial, mais qui pour certaines familles pourrait être dissuasif. D’autres ont mis en place un forfait à l’année ou au mois. À Dompierre en Charente-Maritime, les familles aux plus hauts revenus devront par exemple s’acquitter de 30 euros par mois.
« Le ministre a fait de l’offre périscolaire la vitrine de cette réforme, aujourd’hui elle en est le talon d’Achille », a expliqué Sébastien Sihr, rappelant une fois de plus les fortes inégalités entre communes. Pour juger du bénéfice pour les élèves de l'application de cette réforme, le secrétaire général du SNUipp a estimé qu'il était encore trop tôt pour faire un bilan et a donné rendez-vous en décembre prochain.
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