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François Hollande : silence radio sur France Inter

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Sur le fond, cherchez l’info…

Le chômage : « Il y a une responsabilité. Celle que j’assume. » Déjà dit.

La loi Macron ? « C'est une loi pour le siècle prochain. C'est une loi de liberté et une loi de progrès. » Déjà entendu.

La croissance ? « Si la croissance est un peu supérieure » en 2015 à la prévision officielle de 1 %, « cela ira à la réduction des déficits ». Pas nouveau.

L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes : « Quand les recours seront épuisés, le projet sera lancé. » Manuel Valls l’a dit en décembre.

Sur l’ensemble des sujets, le président de la République est revenu sur des informations déjà connues et maintes fois commentées, avec ici et là des bémols ou des dièses. Une nuance étonnante à propos de la loi Macron, présentée comme essentielle mais dont il dit : « Ce n’est pas la loi du siècle. » Et un flou encombré à propos de la fermeture de Fessenheim, qu’il n’annonce pas clairement tout en maintenant qu’une centrale nucléaire sera fermée.

La nouveauté, si nouveauté il y a, tient plutôt à une certaine manière de se projeter dans l’avenir en brossant un autoportrait conquérant, par petites touches. Celui d’un président tout à sa tâche, qui n’écarte pas d’être candidat pour les présidentielles de 2017, qui y pense même en nouant sa cravate, mais qui soutient qu’il n’y pense pas…

Ainsi, lorsqu’il assume la responsabilité de la hausse du chômage, il ajoute ce commentaire : « Je ne vais pas dire que le chômage est la faute des étrangers, de la crise. » C’est une manière de se présenter comme le garant de l’unité, en se positionnant à gauche. Ainsi, lorsqu’il lance : « Nous verrons bien, à la fin, si j’ai pris le bon chemin ». C’est une façon de mettre en garde ceux qui seraient tentés, notamment dans son camp, de tenir Hollande pour mort politiquement…

Au fond, le seul message de ce patchwork radiophonique se résume à un rappel : je suis là !

Il s’agissait pour l’Élysée d’accélérer une séquence de communication reprise depuis quelques semaines par les médias : François Hollande pète la forme, il est confiant, il n’est jamais meilleur que lorsqu’il a le dos au mur.

À l’appui de cette “positive attitude”, des perspectives économiques qui seraient moins mauvaises que prévu, et lui donneraient un peu d’air, ainsi qu’un frémissement dans les sondages. Peu importe si, comme disait Pierre Dac, « la prévision est difficile, surtout lorsqu’elle concerne l’avenir », et si les conjoncturistes se sont trompés cent fois. Et peu importe si la progression dans les sondages est une correction purement mécanique : Hollande était tombé trop bas pour ne pas monter ensuite, comme Nicolas Sarkozy l’a fait en son temps à la veille d’être battu. Faudra-t-il céder à l’extase quand il atteindra 30 % d’opinions positives, ce qui arrivera un jour ou l’autre ?

Mais peu importent enfin les tendances lourdes, et le discours qui ne se renouvelle pas, la campagne de l’Élysée a cette fois du répondant, et elle succède, dans les mêmes médias, à la longue séquence du Hollande "bashing". La capacité collective d’émerveillement des médias est décidément à la hauteur de l’ardeur à la lapidation. Le retour en forme de François Hollande est annoncé partout, et c’est vrai que le président, porté par cette rumeur, s’est montré combatif et plutôt à son affaire.

Si bien que la clé du discours de ce lundi n’est pas ce qu’a dit le patron, mais le ramdam organisé autour de son propos. Ce sont les éditions spéciales destinées à disséquer les annonces d’un message sans annonce. Comme le résume la première phrase de l’éditorial écrit par Vincent Daniel sur France TV Info, juste après l’émission : « Une rentrée médiatique en fanfare pour reconquérir l’opinion… » En fanfare ! L’observation est juste, mais qui donc est la fanfare dans cette opération, sinon les médias eux-mêmes ?

Et ce constat, qui n’est pas neuf, remonte à une longue tradition de déférence de la presse française vis-à-vis du président de la République. Il renvoie à l’organisation même de ces rendez-vous périodiques du chef de l’État avec l’opinion. Cet homme est traité à part. Il est un événement en soi. Lorsqu’un média, une télé, une radio, annonce, rouge de plaisir comme un récipiendaire de la Légion d’honneur, qu’il “invite” le président dans l’une de ses émissions, c’est naturellement le président qui s’est invité lui-même, en choisissant son canal et son moment.

Par bonheur, le temps de la voix de la France est révolu et, la plupart du temps, les confrères ne se gênent pas pour interpeller leur invité, mais les médias font bel et bien partie du plan média : un coup Europe 1, un coup RMC Info, un coup Inter, un coup France 2, un coup TF1… Le propos n’est pas ce que dit le président, c’est qu’il se montre. Il s’ensuit, quand le discours n’a pas de contenu, comme ce lundi, un sentiment de fiction. L’émission est annoncée comme un moment politique majeur, et se réduit à une présence. “Il” était là.

C’est sûr, François Hollande était dans les studios, pour franchir le Rubicon du nouvel an. Il est venu, tout le monde l’a vu, et ça ne changera rien à ses victoires, ni à ses déroutes.         

             

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