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A Troyes, le PS subit une nouvelle déroute

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Le calvaire électoral du PS continue. Le parti socialiste a été éliminé dimanche 7 décembre au premier tour de la législative partielle organisée à Troyes, dans la troisième circonscription de l'Aube. La législative partielle avait été provoquée par l'élection au Sénat, fin septembre, du maire de Troyes et député François Baroin, qui a dû laisser son siège à l'Assemblée nationale. 

Dimanche soir, c'est l'UMP qui est arrivée largement en tête (consulter les résultats définitifs sur le site de la préfecture). Gérard Menuel, adjoint aux finances de la mairie de Troyes, suppléant historique de François Baroin, a viré en tête avec 40,76 % des suffrages exprimés. C'est quasiment le score de François Baroin en 2012. Le Front national Bruno Subtil gagne 10 points par rapport au score de la candidate frontiste de 2012. Il passe de 17,79 % à 27,64 % des suffrages exprimés, se qualifiant ainsi pour le second tour.

La gauche du PS, elle, se maintient. Le Front de gauche, qui a fait campagne contre la « politique d’austérité » du gouvernement, améliore même légèrement son score de 2012 (7,46 % contre 7,18 % pour le communiste Pierre Mathieu). EELV, parti seul cette fois, obtient 4,47 %. Si l'on ajoute le score de Dominique Deharbe, qui figurait en juin dernier sur la liste Nouvelle Donne aux européennes dans le Grand Est, la gauche du PS totalise 14,4 % des voix. Quasiment le score du candidat PS. « Il n'y a pas de vote massif pour le Front de gauche et EELV », nuance la porte-parole du PS, Juliette Méadel.

Le scrutin est surtout marqué par une abstention record de 75,37 %. Concrètement, seul un électeur sur 4 s'est déplacé – 16 000 suffrages exprimés sur 66 000 électeurs inscrits. Difficile donc de tirer des leçons définitives de ce vote. Mais le ratio par parti des suffrages exprimés entre 2012 et 2014 prouve bien la désaffection de l'électorat socialiste. D'après nos calculs, le PS perd ainsi les quatre cinquièmes de ses électeurs par rapport à 2012 (2 315 contre 10 900). L'UMP et le Front de gauche arrivent à retrouver respectivement 41 et 43 % de leurs électeurs. Le FN perd lui aussi des électeurs, mais il parvient dans un contexte de forte abstention à retrouver 65 % de ses électeurs (4 355 contre 6 733 en 2012).

Le PS savait la tâche difficile dans cette circonscription du nord-ouest du département, marquée à droite, dont François Baroin était député depuis 1993. « Je me doutais que j'allais être éliminé au premier tour, admet le candidat socialiste Olivier Girardin, questionné ce lundi par Mediapart. Mais je ne m'attendais pas à un score aussi bas pour moi, ni à un taux d'abstention aussi haut. » Avec 14,69 % des voix, le candidat socialiste (photo) réalise en effet un piètre score.

Olivier Girardin, le candidat socialisteOlivier Girardin, le candidat socialiste © DR

En 2012, la socialiste Lorette Joly, alors soutenue par les écologistes, avait réuni 28,79 % des voix (cliquer ici pour afficher les résultats de 2012). Un score honorable – François Baroin l'avait finalement emporté de treize points au deuxième tour. En deux ans, le PS a donc divisé son score par deux.

Pour le parti au pouvoir, éliminé ces derniers mois au premier tour de plusieurs législatives partielles (à Valenciennes, dans l'Oise, ou encore à Villeneuve-sur-Lot), il s'agit d'un sévère avertissement avant des élections départementales et régionales (en mars et décembre 2015), qui s'annoncent terribles. Et une nouvelle législative partielle à haut risque, les 1er et 8 février, dans la circonscription de Pierre Moscovici. L'ancien ministre de l'économie de François Hollande a dû abandonner son siège de député après avoir été nommé à la Commission européenne. Dans son fief de Montbéliard (Doubs), le PS pourrait bien être à nouveau éliminé au premier tour.

Dans l'Aube, Girardin n'est pas un inconnu : premier fédéral du PS, maire de la troisième ville du département (La Chapelle-Saint-Luc), il préside aussi le groupe socialiste à la région Champagne-Ardenne. Mais sa notoriété locale n'a rien changé. Dans sa ville, le candidat PS ne totalise que 38 % des voix, quelques mois à peine après avoir été réélu maire.

Selon ce représentant local de l'aile gauche du PS, proche de Benoît Hamon, le désastre politique actuel est à peu près total. « On est passé d'une logique de déception, de désenchantement à une logique de désespérance armée, dit-il. La population considère que les politiques en général, et ceux qui sont au pouvoir en particulier, ne veulent plus rien faire pour eux. Il n'y a aucun cap, aucun sens donné à ce que nous faisons. » Pour lui, la crise concerne d'abord le PS qu'il considère « déjà mort », alors que le parti vient de conclure ses états généraux (lire notre article) et se prépare à un congrès agité en juin 2015 à Poitiers. « Le PS, c'est la SFIO de la fin des années 50. Le plus grave, c'est que la gauche aussi est en train de mourir. »

Le site du quotidien l'Est-Eclair, ce lundi 8 décembreLe site du quotidien l'Est-Eclair, ce lundi 8 décembre © capture d'écran lest-eclair.fr

À l'entendre, la crise politique est très profonde. « Gauche, droite, FN, les gens nous mettent tous dans le même sac. Ils sont totalement déconnectés du système politique. Quant aux élus, ils sont déconnectés des préoccupations de leurs électeurs et vivent dans un monde éthéré. Aucun des dirigeants de Solférino ne m'a appelé pendant la campagne, obnubilés qu'ils sont par le congrès à venir. La vérité, c'est que les hommes politiques n'ont plus de pouvoir et ça fait flipper tous les élus. » Vendredi, deux jours avant le vote, Manuel Valls a quand même pris le temps de décrocher son téléphone. Olivier Girardin lui a parlé de la morosité générale, du rejet grandissant de l'Europe dans la population ou encore des modalités du décret sur la pénibilité qui inquiète des petits patrons.

À Solférino, la porte-parole du PS, Juliette Méadel, admet que « le FN fait un gros score ». Elle reconnaît que le PS est dans une phase électorale « difficile ». Mais elle met aussi ce mauvais score sur le compte de la « très grosse abstention » et de la « division à gauche ». « Tout le monde doit être rassemblé, y compris au PS », dit-elle. Une façon de reprendre l'argument du premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis qui a souhaité dimanche un futur congrès du PS sans « motions de censure ».

En attendant, le PS appelle « clairement à battre le FN au second tour. Il faut faire front contre le Front », assure Méadel. Olivier Girardin, « petit-fils d'une immigrée italienne arrivée en France en 1923 », a déjà appelé à voter UMP dimanche prochain. « J'ai des principes, je m'y tiens, et tant pis si on me dit que ça renforce l'"UMPS". Les aventures politiques comme le FN, on sait comment ça commence, jamais comment ça finit. »

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