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Les explications divergentes du FN sur son refus d'accréditer Mediapart et Le Petit Journal

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Le Front national a refusé d'accréditer Mediapart et « le Petit Journal » de Canal Plus à son congrès, qui se tiendra à Lyon les 29 et 30 novembre, comme l'a rapporté l'AFP lundi 24 novembre.

Voici l'email reçu par Mediapart lundi, où le parti explique ce refus à Mediapart :

Une source au FN a confirmé à l'AFP que Mediapart n’était pas accrédité, en justifiant : « Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde. » Pourtant, le site d'information Streetpress est, lui, parvenu à s'accréditer mardi (demande envoyée lundi), comme il l'a signalé en publiant la confirmation reçue du directeur du service de presse du FN, Alain Vizier :

Le vice-président du FN, Florian Philippot, a donné une tout autre explication de ce refus d'accréditer les deux médias, lundi soir, sur i-Télé : « Ce n'est pas nouveau... On accepte au congrès du Front national les militants du Front national et les médias, on n'accepte pas les militants des autres partis. Ce sont des militants, il faut l'assumer. En tout cas, ce sont des militants anti-Front national (... ) Ce ne sont pas des médias, ce ne sont pas des journalistes. »

Sur Twitter, il a ensuite ironisé sur ce refus, expliquant que notre journaliste « pourra profiter d'un agréable week-end de congés ».

La présidente du FN, elle, livre encore une autre explication : sur Twitter, lundi soir, elle se défend de vouloir écarter certains médias, tout en évoquant des « médias hostiles », parmi lesquels elle place l'Agence France-Presse (AFP) :

De son côté, Éric Domard, son conseiller spécial et conseiller aux sports, par ailleurs membre du bureau politique du parti, évoque ceci :

 

« On fera comme d'habitude. On parlera quand même du congrès du Front national lundi dans Le Petit Journal », a commenté lundi soir Yann Barthès, qui présente « le Petit Journal ».

« Par nos enquêtes, tant sur les liens de Marine Le Pen avec les ultras de l’extrême droite qu’avec nos révélations sur le financement du FN par une banque russe, on vient gêner la grande entreprise de communication de Marine Le Pen », a réagi François Bonnet, le directeur éditorial de Mediapart, interrogé lundi soir par l'AFP, regrettant que l’accès de notre média à des rendez-vous FN ait été refusé « trois fois en un an ».

Le Front national refuse régulièrement à Canal Plus et Mediapart l’accès à ses événements. La chaîne – et notamment « le Petit Journal » –, ont cassé plusieurs plans com’ de Marine Le Pen. Lors de la campagne municipale par exemple, les équipes de Yann Barthès n'ont pu accéder à une conférence de presse du candidat FN aux municipales d'Avignon, entraînant un boycott général des journalistes qui, ce jour-là, a contraint le FN à revenir sur sa décision. Même exclusion quelques semaines plus tard, lors d'un discours de Marine Le Pen pour ses vœux à la presse. La présidente du mouvement avait alors expliqué que « certains médias sont dans un combat politique, ils en assument les conséquences ».

Depuis la campagne de 2012, les journalistes de Mediapart sont systématiquement refoulés des événements du Front national, une date qui correspond également à une accélération de notre travail d'enquête sur le sujet. À la convention du FN à Lille, en février 2012 (lire notre article; au meeting du Zénith, à Paris, en mars 2012 ; en avril 2014, lors d’une réunion militante d’Aymeric Chauprade, puis lors d’une conférence de presse de Marine Le Pen sur les européennes – malgré l’invitation de notre journaliste par le directeur de communication du candidat Chauprade (lire l’article du figaro.fr).

En septembre, Mediapart avait pu accéder normalement à l’Université d’été des jeunes FN à Fréjus, le samedi matin, avant de s’en voir refuser l’accès dans l’après-midi. En conséquence, plusieurs journalistes (dont l'AFP, Le Monde, L’Opinion, L’Humanité, Le Ravi, Le Canard enchaîné, RFI) avaient décidé de boycotter les travaux de l’après-midi.

Outre Canal Plus et Mediapart, le Front national refuse aussi ponctuellement l'accès à ses événements à d'autres journalistes, notamment dans ses villes : exemples avec France Info et L'Express à Fréjus ; Le Ravi au Pontet, ou encore un photographe de l'AFP, qui n'avait pas reçu l'aval de la direction du FN pour assister à une conférence de presse, en décembre 2012.

En mai dernier, Aymeric Chauprade, conseiller international de Marine Le Pen, avait diffusé un communiqué ciblant violemment notre confrère de l'AFP après un article qui lui avait déplu. Il y qualifiait le journaliste de « petit Vychinski » et « (se) demand(ait) ce qu’il aurait pu être à d’autres heures bien plus sombres de notre histoire… ».

Après l'éviction de Mediapart de l'université du FNJ, en septembre, Marine Le Pen avait expliqué : « Mediapart a organisé toute une série de débats pendant la présidentielle. Ils ont dit clairement dans un texte : "Nous inviterons tous les candidats à la présidentielle sauf Marine Le Pen." S’ils invitent tout le monde sauf moi, moi j’invite tous les journalistes sauf Mediapart (...). En faisant ça, Mediapart rompt avec la déontologie journalistique. » « Marine Le Pen n’a toujours pas compris qu’en démocratie une presse est libre et doit être autorisée à couvrir les partis avec les choix éditoriaux des médias et non les siens », a rappelé François Bonnet lundi. De fait, Mediapart avait invité pendant la campagne présidentielle quatre candidats en tout et pour tout, représentant « l'alternance démocratique et sociale » (titre de notre émission live).

Wallerand de Saint-Just, l'avocat du FN, a précisé à l'AFP que le parti ou ses dirigeants avaient depuis la création de Mediapart engagé « deux ou trois plaintes » contre notre site d’information. Me Emmanuel Tordjman, l'avocat de Mediapart, a précisé à l’AFP n’avoir connaissance que de deux plaintes. La première était une plainte du FN contre un « billet de blog mis en ligne par Mediapart, gagnée en septembre 2012 » par Mediapart. La seconde, engagée par Marine Le Pen et son compagnon Louis Aliot pour diffamation à cause d’un article qui accusait la présidente du parti de « conflit d’intérêts » au Parlement européen, a été perdue le 13 novembre par les deux dirigeants frontistes, qui peuvent faire appel.

A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Pourquoi quitter Facebook?


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