Comment convaincre le noyau dur de l’UMP que Sarkozy doit être écarté au profit de Bruno Le Maire, tout en soutenant que le projet n’est pas d’en finir avec lui ? C’est la quadrature du cercle imposée aux concurrents de l’ancien président et à leurs soutiens. Une espèce de mission impossible qui s’entend tout au long de l’entretien de Franck Riester, député UMP de Seine-et-Marne, avec la rédaction de Mediapart.
Cette étrange élection interne est à la fois réelle et virtuelle. Réelle car elle aura bien lieu, le 29 novembre, avec trois candidats et un corps électoral uniquement composé des militants encartés. Mais le retour officiel de Nicolas Sarkozy prouve bien que ce scrutin de 2014 n’est que l’étape formelle vers la présidentielle de 2017, qui peut dépendre elle-même de la primaire de 2016…
Si bien que plus personne ne sait de quel vote on parle, et que les non-dits sont plus décisifs que les déclarations. Nicolas Sarkozy est naturellement revenu pour verrouiller sa candidature présidentielle en s’emparant de l’UMP, mais ne peut pas le dire sans déclencher l’opposition d’Alain Juppé ou François Fillon. Il fait donc mine de s’opposer à Bruno Le Maire et Hervé Mariton, mais en pensant à autre chose, notamment à changer le nom du parti et à « le rénover du sol au plafond », ce qui revient à proposer une forme d’amnistie sur l’affaire Bygmalion, sur le mode « On efface tout et on recommence »…
Quant à Bruno le Maire et à Franck Riester, leur but est de faire le plus gros score possible à la présidence de l’UMP, donc de gêner objectivement, ou d’abattre, les projets de Sarkozy pour 2017, tout en soutenant que le seul objet de l’élection est de rendre à la droite un parti transparent et en ordre de marche.
C'est une sorte de jeu de dupes, dont personne n’est dupe, mais où chacun fait l’innocent pour ne pas effaroucher les trois électorats visés : celui de novembre 2014 est clairement droitier, réputé sarkozyste, et ne supporterait pas d’entendre des propos trop définitifs sur l’ancien président. Du coup tous ses adversaires, sauf Mariton peut-être, se refusent à l’attaquer frontalement. Le deuxième électorat est celui de la primaire ouverte de 2016 (si elle a lieu), et cet électorat serait plus centriste et “modéré”, donc porté vers Juppé. Le troisième est celui de 2017, donc l’électorat de la France, et il serait opposé au retour de Sarkozy.
Dans cette confusion, Franck Riester est à la fois catégorique et prudent. « Il faut une bouffée d’oxygène, et Nicolas Sarkozy il nous fait du Sarkozy comme on l’a vu depuis 10 ans. Il nous faut un homme neuf. »
Mais sur Bygmalion, pas un mot plus haut que l’autre, sauf un hommage à la justice et aux juges, et un commentaire en passant : « Si la stratégie de Nicolas Sarkozy était de revenir pour se mettre à l’abri, c’est une mauvaise stratégie. Ça n’empêchera pas la justice de faire son travail. Et moi je leur fais confiance, aux juges. »
Dans la troisième partie de l’entretien, Franck Riester revient aussi sur le mariage pour tous, la PMA, la GPA et la “Manif pour tous”. Atypique à l’UMP, il déplore que des élus de droite y aient participé, car « ce n’est pas notre rôle de débattre dans la rue, nous devons le faire au Parlement ». Il souhaite que la procréation médicale assistée soit ouverte à toutes les femmes, donc aux femmes homosexuelles. Mais il est farouchement opposé à la gestation pour autrui.
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