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Bygmalion: les mis en examen de l'UMP ont interdiction de rencontrer Sarkozy et Copé

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Les uns après les autres, ils défilent devant les juges. Après les responsables de Bygmalion, trois anciens cadres de l'UMP ont été mis en examen, à leur tour, samedi 4 octobre. L'information judiciaire, ouverte sur des soupçons de « faux et usage de faux »« abus de confiance » et « tentative d'escroquerie » en lien avec la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, s’accélère.

Éric Cesari, surnommé « l'oeil de Sarko » à l'UMP, l'ex-directrice financière du parti, Fabienne Liadzé, et son ancien directeur de la communication, Pierre Chassat, qui avaient été interpellé jeudi, ont désormais interdiction de rencontrer Jean-François Copé, l'ancien président de l'UMP, et Nicolas Sarkozy, selon les termes de leur contrôle judiciaire.

Qui a su et décidé quoi ? Dans un procès-verbal de synthèse cité par Le Monde, les enquêteurs de l’Office central anti-corruption de Nanterre écrivaient dès juin dernier : « Les responsables de Event et Cie (filiale de Bygmalion chargée des meetings – ndlr), de l'UMP et de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy semblent inextricablement liés les uns aux autres. » Mediapart passe tous les principaux protagonistes de l'affaire en revue.

  • Guy Alvès, cofondateur de Bygmalion, mis en examen pour « complicité de faux et usage de faux »
Guy AlvèsGuy Alvès © i>Télé

C’est l’homme par lequel l’affaire des fausses factures à l’UMP est devenue l’affaire du compte Sarkozy. Le cofondateur de Bygmalion s’est d’abord retrouvé bien seul, début mai, quand Libération a révélé que sa société avait adressé des millions d’euros de fausses factures à l’UMP en 2012, sous le prétexte de conventions fictives (Mediapart les a publiées ici). Acculé, ce proche de Jean-François Copé a alors contre-attaqué par la voix de son avocat, Me Patrick Maisonneuve, en révélant en direct à la télévision que ce stratagème illégal avait en réalité servi à régler à Bygmalion toute une série de frais de meeting organisés au bénéfice du seul candidat Sarkozy pendant la présidentielle.

Lancé dans une surenchère de réunions publiques pharaoniques, le président-candidat risquait en effet d’exploser le plafond des dépenses légales en 2012, fixé à 22,5 millions d’euros. Il a donc été décidé de dissimuler la majeure partie de ses frais de meetings. Comme Mediapart l’a révélé, seuls 4,3 millions d’euros de prestations d'Event & Cie ont ainsi été déclarés dans le compte de Nicolas Sarkozy, outrageusement maquillé, contre 21,2 millions d’euros véritablement engagés. La différence (d’environ 17 millions d’euros) a été prise en charge par l’UMP dans le plus grand secret, au mépris des lois.

Pour s’expliquer, sinon se dédouaner, Guy Alvès a résumé ainsi l’histoire aux enquêteurs : « Le choix était soit d'accepter, soit de couler ma société, alors que je n'avais fait que mon travail. J'étais pris au piège. » 

En juillet dernier, sa société a finalement été placée en liquidation judiciaire. D’après une comptabilité interne (que Mediapart a pu consulter), Event & Cie avait en 2012 retiré 4,9 millions d’euros (hors taxes) de la campagne présidentielle, avant déduction des charges internes. Cette année-là, la filiale arborait un résultat avant impôts de 4,66 millions d’euros (soit une marge de 23,1 %) et de 3,07 millions après impôts.

Le scénario décrit par Guy Alvès va désormais être vérifié point par point par les juges d’instruction, euro par euro, pour s’assurer que sa version n’est pas amputée d’une réalité plus dérangeante encore : une partie du pactole engrangé par Bygmalion n’aurait-elle pas alimenté une caisse noire politique ? Cette hypothèse est en effet distillée depuis l’été dernier par les concurrents de Jean-François Copé, président du parti à l’époque des faits. Ces derniers soulignent que Guy Alvès fut son directeur de cabinet de 2004 à 2007, avant d’endosser le rôle de trésorier de son micro-parti personnel, Génération France. Les deux hommes ont désormais interdiction de se voir.

  • Bastien Millot, cofondateur de Bygmalion, mis en examen pour « complicité de faux et usage de faux »
Bastien MillotBastien Millot © DR

Il dit qu’il n'a « strictement rien à se reprocher », pour la simple et bonne raison qu’il n’a eu « aucune responsabilité » dans la campagne de 2012. À écouter Bastien Millot, les enquêteurs qui tentent d’établir la chaîne des responsabilités cherchent du mauvais côté en s’intéressant à son cas. « Certains responsables, non des moindres, de la campagne présidentielle de 2012 essaient de se draper dans la posture d’une victime alors même qu’ils le font sans doute un peu grossièrement et un peu rapidement », a-t-il soufflé à la presse le 1er octobre, à l’issue de sa garde à vue.

Ce proche de Jean-François Copé, qu’il a suivi dans tous ses cabinets, a quitté ses mandats sociaux à Bygmalion le 31 août 2013 et endossé la robe d'avocat au printemps dernier. Déjà mis en examen en avril pour « recel de favoritisme » aux dépens de France Télévisions, où il a occupé différents postes de 2005 à 2010, Bastien Millot avait déjà été condamné, voilà quelques années, pour « détournement de fonds publics, complicité de faux et complicité d’usage de faux », comme l’a raconté Mediapart.

S’il se défend d’avoir joué un rôle quelconque dans la campagne de Nicolas Sarkozy, Bastien Milllot aura en tout cas décroché de miraculeux contrats pour sa société auprès du groupe UMP de l’Assemblée nationale (tenu par les copéistes) : Bygmalion a en effet siphonné 4,5 millions d'euros des caisses du groupe entre 2008 et 2012 (voir nos articles ici et ).

  • Franck Attal, directeur général adjoint d’Event & Cie, mis en examen pour « faux et usage de faux »
Franck AttalFranck Attal © Le Raffut

C’est l’opérationnel d’Event & Cie, celui qui décrit le mieux l’emballement de la campagne de Nicolas Sarkozy, l’improvisation, la frénésie, les caprices. Lui qui s’est chargé d’engager son réalisateur télé hors de prix, de commander des wagons de drapeaux ou de « booker » des salles à la dernière seconde. Pour le meeting qu’il a orchestré à Toulouse, par exemple, Franck Attal a livré pour 900 000 euros de prestations (contre 183 000 euros seulement inscrits dans le compte de campagne du candidat). Pour Clermont-Ferrand, 623 000 euros (pour 155 000 dans le compte), etc.

Devant les enquêteurs, Franck Attal a raconté comment – et surtout quand – la décision de maquiller le compte de Nicolas Sarkozy avait été prise, dans son souvenir : « (J’ai) rencontré, début avril, à l’UMP, Fabienne Liadzé (directrice financière du parti), Jérôme Lavrilleux (directeur de campagne adjoint du candidat Sarkozy) et Éric Cesari (directeur général de l’UMP) à ce sujet. Et c’est là qu’ils me disent que le rythme des meetings va encore s’accélérer, mais qu’il y a un problème d’ordre financier lié au plafond de campagne qui va être complètement dépassé. (…) Jérôme (…) me demande de faire des fausses factures. J’ai l’impression que tous les participants à cette réunion sont piégés. À partir de ce moment-là, le comptable chez nous, Matthieu Fay, s’est organisé avec Fabienne Liadzé. »

Dans cette affaire, la chronologie des faits est capitale. Car depuis le début, Jérôme Lavrilleux affirme, lui, que c’est seulement au lendemain de la présidentielle, au moment où il a fallu déposer le compte de campagne du candidat UMP, qu’a été prise la décision de le truquer. Une version légèrement plus compatible avec l’idée que Nicolas Sarkozy, alors “retiré” de la vie politique, ait pu être tenu dans l’ignorance.

  • Matthieu Fay, le comptable de Bygmalion, placé en garde à vue

La “petite main”, priée d’exécuter dans la coulisse le plan décidé par ses supérieurs et l’UMP, a été licenciée en mai dernier. C’est Matthieu Fay qui a conçu les tableaux Excel (récupérés par Mediapart) dotés de plusieurs colonnes pour chaque meeting de Nicolas Sarkozy : une pour le prix officiellement facturé au candidat ; une autre archivant le prix réel.

Aux enquêteurs, Matthieu Fay a raconté comment toutes ces pièces comptables bidonnées, relatives à la campagne, avaient été envoyées « à l’UMP par porteur après le second tour ». Lui chiffre le coût réel des prestations apportées par Event au candidat Sarkozy à 18,9 millions d’euros (pour 4,3 inscrits au compte de campagne).

  • Jérôme Lavrilleux, directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012
Jérôme LavrilleuxJérôme Lavrilleux © Reuters

Fin mai, dans une longue intervention sur BFM-TV, l'ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé a soudain reconnu, en pleurs, la mise en place d’un système de fausse facturation. Mais il dédouanait explicitement son mentor, de même que Nicolas Sarkozy : « J'ai fait part, à plusieurs personnes, de mon sentiment que l'on aurait du mal à boucler tout ça (les factures des meetings – ndlr). Je précise que je n'en ai pas fait part à Nicolas Sarkozy ou à Jean-François Copé. »

Aux enquêteurs, qui lui ont demandé en juin si le président-candidat était informé du montage, Jérôme Lavrilleux a redit n’avoir « jamais évoqué ce sujet avec Nicolas Sarkozy » et qu’« à (son) avis, il est impossible qu'il en ait été informé ».

Mais lorsqu’ils lui demandent si le candidat était informé de l'état général des dépenses de sa campagne, le copéiste répond qu’il « n'en (a) aucune idée ». Il explique que le décision de mettre en place une double comptabilité a été prise avec quatre autres responsables de l'UMP et de Bygmalion : le directeur général de l'UMP Éric Cesari, la directrice financière du parti, Fabienne Liadzé, Franck Attal et le directeur de campagne, Guillaume Lambert.

En détaillant le fonctionnement des réunions stratégiques de campagne, auxquelles participait Sarkozy, Jérôme Lavrilleux sous-entend que Guillaume Lambert a très bien pu faire remonter l'information au président-candidat lors de leurs rendez-vous quotidiens : « Cette organisation en forme de sablier faisait que tout le monde partait du principe que ce que nous disait Guillaume Lambert venait de la réunion stratégique et que ce que nous disions à Guillaume Lambert allait remonter à la réunion stratégique », a-t-il confié aux enquêteurs.

Concernant Jean-François Copé en revanche, Jérôme Lavrilleux, devenu eurodéputé mais suspendu de l'UMP, n'a jamais changé sa version d'un iota. Il ne « l’(a) pas informé » car son « travail » de directeur de cabinet « était de protéger son patron ».

  • Guillaume Lambert, directeur de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012
Nicolas Sarkozy et Guillaume LambertNicolas Sarkozy et Guillaume Lambert © Reuters

Si Jérôme Lavrilleux laisse entendre que Guillaume Lambert a forcément été mis au courant de la fraude, ce dernier nie en bloc. Dans un courrier adressé au procureur de Paris le 12 juin dernier, que Mediapart a pu consulter, Guillaume Lambert, désormais préfet de Lozère, livre sa version des faits : « Je n’ai jamais été informé par quiconque d’un tel arrangement, pas plus que je ne l’ai sollicité, ni accepté. »

Il affirme que Jérôme Lavrilleux n’a d’ailleurs « attiré (son) attention sur la question de la maîtrise des dépenses qu’à une seule reprise », le 28 avril 2012, quelques heures avant le meeting de Clermont-Ferrand. « JFC [Jean-François Copé] ne vient pas à Clermont, il y est allé la semaine dernière, lui écrivait alors Jérôme Lavrilleux. Louer et équiper un deuxième hall est une question de coût. Nous n'avons plus d'argent. JFC en a parlé au PR [président de la République]. »

Ce texto pourrait suggérer que Nicolas Sarkozy était informé des questions financières. Mais Guillaume Lambert lui fait dire tout autre chose : « Ce message signifie qu’aucune autre demande que celles budgétées ne pouvait être ordonnée. » En clair, qu’il a fait le nécessaire pour le plafond des dépenses légales soit respecté, jusqu’au bout.

  • Nicolas Sarkozy, le candidat
Nicolas SarkozyNicolas Sarkozy © Reuters

Interrogé sur France 2 le 21 septembre, Nicolas Sarkozy a affirmé avoir « appris le nom de Bygmalion longtemps après la campagne présidentielle ». Ce qu’il a répété dans Le Figaro Magazine le 2 octobre. Plusieurs éléments mettent à mal cette réponse. D’abord les déclarations, ce jeudi, de François Fillon, qui affirme qu’il avait « souvent entendu parler de Bygmalion » et « souvent vu que Bygmalion était une entreprise qui travaillait régulièrement avec l’UMP », alors même qu’il « n’étai(t) pas associé à l’organisation de la campagne de 2012 ». « (Nicolas Sarkozy) connaissait forcément les protagonistes. C’était connu de tous ! », a également expliqué Rachida Dati jeudi, en contredisant malgré elle l’ex-président.

Par ailleurs, selon Le Monde, Nicolas Sarkozy a été informé de l'emballement des dépenses par Pierre Godet, l’expert-comptable de sa campagne. Dans une note rédigée le 26 avril 2012, celui-ci a en effet mis en garde le « candidat Nicolas Sarkozy » sur « les conséquences extrêmement graves d'un éventuel dépassement du plafond des dépenses électorales ».

Mais cette note n’informe pas le président-candidat des montants réels des dépenses. Pierre Godet y donne le chiffre des frais prévisionnels ou engagés à la date du premier tour, 18 399 000 euros : « Ce montant est supérieur à celui budgété dernièrement (16 243 000 euros) et au plafond des dépenses requises pour le premier tour (16 851 000 euros) », prévient l’expert-comptable, appelant à la retenue. Or d'après nos calculs, les seules dépenses liées aux meetings organisés par Event & Cie s’élevaient déjà à plus de 16 millions d’euros au soir du premier tour !

Nicolas Sarkozy pourrait en tout cas être entendu par les juges. Un élément le laisse penser, comme le souligne L’Express : le contrôle judiciaire imposé aux trois personnes mises en examen dans le cadre de l'affaire Bygmalion leur interdit tout contact avec l'ancien président de la République.

  • Philippe Briand, le trésorier de la campagne
Nathalie Kosciusko-Morizet et Philippe BriandNathalie Kosciusko-Morizet et Philippe Briand © Reuters

Ce député UMP, patron d’une grosse société privée, a été choisi comme trésorier par Nicolas Sarkozy en février 2012 – « Nicolas m’a dit : “Toi au moins, je suis sûr que tu me prendras pas d’argent !” ». En mai dernier, quand l’affaire explose, il dit « tomber de sa chaise », puis « tomber de l’armoire ».

« Dans les factures de meeting qu’on me présente à l’époque, je suis déjà 40 % au-dessus de François Hollande ! », rappelle Philippe Briand pour expliquer qu’il ait pu ne rien soupçonner. « Avec Dominique Dord (le trésorier du parti jusque fin 2012), on va former le club des ploucs, à qui on dit jamais rien ! », se marre le député UMP, qui compte bien assurer aux juges, quand ils le convoqueront, que lui n’a rien vu ni rien entendu.

À l’en croire, pendant la campagne, Philippe Briand s’est contenté de « signer les parapheurs que lui apportait l’expert-comptable ». « Il y avait un ordonnateur des dépenses et un payeur. Moi, j’étais le payeur et c’est Guillaume Lambert (le directeur de campagne) qui m’envoyait les factures, a-t-il expliqué à Mediapart. Lui aussi qui commandait les meetings, même si je pense qu’il avait concédé cette tâche à Jérôme Lavrilleux. » Le trésorier jure qu’il a tout découvert le même jour que les Français.

  • Jean-François Copé, ancien président de l’UMP
Jean-François CopéJean-François Copé © Reuters

Entre les révélations approximatives du Point en février et sa démission en juin, le discours de Jean-François Copé a bien varié. « C’est un coup monté de manière absolument ignoble, c’est un tissu de mensonges », a d’abord expliqué le président de l’UMP en février, en dénonçant « une campagne de presse haineuse » et une « chasse à l’homme ».

Après des révélations plus précises de Libération le 14 mai dernier, Jean-François Copé a esquissé une nouvelle ligne de défense : il n’a jamais eu connaissance du système de fausses factures, mais il a « des interrogations » depuis les révélations du quotidien (voir la vidéo). Au 20 heures de TF1, le soir de sa démission, il accuse finalement ses « collaborateurs » d'avoir « abusé de (sa) confiance »

  • Éric Cesari, ancien directeur général de l'UMP, mis en examen pour « faux et usage de faux » et « abus de confiance »
Eric CesariEric Cesari © DR

C’est le fantôme de l’affaire Bygmalion. Mis en examen le 4 octobre pour « faux et usage de faux » et « abus de confiance », l’ancien directeur général de l’UMP, en procédure de licenciement pour faute grave depuis mi-juillet, est resté très discret depuis le début de l’affaire. À peine a-t-il juré à L’Express n’avoir « participé à aucune réunion consacrée aux comptes de campagne », contrairement à ce qu’ont affirmé Jérôme Lavrilleux et Franck Attal. « La seule fois où j'ai été saisi des problèmes financiers de l'UMP, c'est au moment de la démission du trésorier Dominique Dord, en juillet 2012 », a encore assuré Cesari, avant de préciser qu’il ne pouvait pas « donner d’ordre de paiement ».

Son nom, suivi de sa signature, est pourtant le seul à apparaître sur des devis de fausses conventions envoyés par Event & Cie à l’UMP, selon Libération. L’ancien trésorier du parti, Dominique Dord, avait d’ailleurs affirmé dès le mois de mai que chaque signature de chèque nécessitait la validation de quatre supérieurs du parti, parmi lesquels Cesari lui-même. Une version que Jérôme Lavrilleux a confirmée face aux enquêteurs le 17 juin : sur les ordres d’engagement des dépenses, « il y avait donc les visas le cas échéant du chef de service, du directeur du service concerné, de la directrice des ressources (Fabienne Liadzé), du directeur général des services (Éric Cesari) et du directeur de cabinet, c'est-à-dire moi-même, s’est rappelé l’ancien directeur adjoint de la campagne de Sarkozy. Éric Cesari validait en dernier ressort, au niveau administratif, la demande ».

Biberonné aux réseaux Pasqua des Hauts-de-Seine, cet élu de Courbevoie surnommé « l’œil de Moscou » de Nicolas Sarkozy, est depuis toujours l'un des fidèles exécutants des manœuvres politiques de l'ancien chef d'État, qui l’avait décoré de la Légion d’honneur en 2010. Les juges lui ont désormais interdit de le voir. « Tout le monde savait qu’il gardait les clefs de la maison pour Sarkozy, confiait un ancien salarié de la rue de Vaugirard à Mediapart, en juin dernier. Il se rendait régulièrement à l’Élysée pour prendre les ordres, y compris durant la campagne présidentielle. Il n’aurait jamais pris une décision importante sans en informer Sarkozy au préalable. »

  • Fabienne Liadzé, ancienne directrice administrative et financière de l'UMP, mise en examen pour « faux et usage de faux » et « abus de confiance »
Fabienne LiadzéFabienne Liadzé © DR

Recrutée à l’UMP par Éric Woerth en qualité de directrice des ressources humaines, Fabienne Liadzé avait été propulsée directrice administrative et financière (DAF) par Jean-François Copé, avant d’être écartée par la direction transitoire du parti en juillet dernier pour faute grave. Élue conseillère municipale d’Issy-les-Moulineaux en mars dernier sur la liste du député et maire UDI André Santini, elle a été mise en examen le 4 octobre pour « faux et usage de faux » et « abus de confiance ». Face aux enquêteurs, Jérôme Lavrilleux l’avait désignée comme l’une des deux personnes – avec Éric Cesari – en charge de la validation des ordres de dépenses de l’UMP.

« Fin mai 2012, je crois, Éric Cesari et Fabienne Liadzé sont venus me voir dans mon bureau à l'UMP, à l'issue d'une réunion qu'ils ont tenue avec Guillaume Lambert et Franck Attal, pour parler des comptes de la campagne. Ils m'ont indiqué alors qu'il était impossible de mettre toutes les dépenses dans les comptes de campagne et qu'il faudrait donc ventiler les surplus sur le compte de l'UMP », a encore indiqué l’ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé durant son audition.

  • Pierre Chassat, l'ancien directeur de la communication de l’UMP, mis en examen pour « faux et usage de faux » et « abus de confiance »
Pierre ChassatPierre Chassat © DR

Placé en garde à vue à l'office central de lutte anticorruption à Nanterre le 2 octobre, l'ancien directeur de la communication de l’UMP était également l’adjoint de Jérôme Lavrilleux au cabinet de Jean-François Copé, avant d’être visé par une procédure de licenciement pour faute grave en juillet dernier.

Diplômé de Sciences-Po Paris, il connaît bien les fondateurs de Bygmalion pour avoir travaillé à leurs côtés dans les deux cabinets des ministères occupés par Copé entre 2002 et 2007 (relations avec le parlement et budget). Ce “Copé's boy” est également adjoint de Patrick Balkany, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

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