Quatre mois après s’être affrontés devant les électeurs pour la présidence du Parti radical, Rama Yade et Laurent Hénart seront de nouveau face à face le 28 octobre, cette fois-ci devant les tribunaux. Candidate malheureuse à la succession de Jean-Louis Borloo, l’ancienne secrétaire d’État de Nicolas Sarkozy a déposé le 25 septembre dernier une “assignation à jour fixe” auprès du tribunal de grande instance de Paris, pour demander l’annulation de l’élection, en raison de fraudes sur le fichier d’adhésions. Des « irrégularités » que Mediapart avait détaillé quelques jours avant le scrutin du 22 juin, que le maire centriste de Nancy avait fini par remporter en engrangeant 61 % des voix (contre 39 % pour son adversaire).
Les deux candidats étaient très exactement à 1 021 voix d’écart (sur 4 556 votants). Or, selon l’assignation que Mediapart a pu consulter, 8 689 faits d’irrégularités ont été constatés dans les fichiers du parti valoisien par la conseillère régionale d'Île-de-France. Dates de naissances erronées (« 113 personnes âgées de 114 ans » et « 36 bébés de moins de deux ans »), utilisation d’adresses mail, de numéros de téléphone portable ou d’adresses postales identiques pour plusieurs adhésions, « apparition soudaine (…) de centaine d’adhérents », règlements en liquide, paiements collectifs effectués à partir d’une même carte bancaire ou d’un même ordinateur, pour des adhérents habitant des régions différentes… En tout, « 1 104 votes » sont concernés, insiste la requérante, « soit le quart du fichier des votants ! »
« Plus grave encore, plusieurs adhérents ont fait état d’usurpation de leur identité », précise encore l’assignation, qui s’appuie également sur le constat par huissier effectué le 18 juillet au siège du Parti radical, à la demande de Rama Yade, et auquel Mediapart a également eu accès. Depuis le commencement de l’affaire, l’entourage de Laurent Hénart argue de simples « erreurs de saisie ». « C'est beaucoup plus grave que cela, accuse l'ancienne secrétaire d'État. On ne parle pas de quelques erreurs sur des dates de naissance, mais bien d'adhésions suspectes, comme celles qui ont été faites par espèces, ce qui est interdit. »
Forte du constat d’huissier qui contient également des échanges de mails entre la directrice générale du Parti radical et la personne en charge des adhésions place de Valois, Rama Yade se dit certaine du caractère intentionnel des irrégularités. D'autant qu'« il y a eu des intimidations sur le personnel, poursuit la conseillère régionale d'Île-de-France. S’en prendre au plus bas de la hiérarchie pour en faire des boucs émissaires… C’est la preuve ultime qu’ils avaient des choses à se reprocher… » Le Parti radical – et a fortiori son nouveau président, Laurent Hénart – doivent déposer leurs conclusions avant le 21 octobre.
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