Entrée en politique en 1984 chez les Verts, devenue présidente du conseil régional Nord-Pas-de-Calais en 1992, sénatrice en 2001, réélue en 2011, présidente de la commission de la culture, Marie-Christine Blandin est la première grande notable de l’écologie politique. Une carrière derrière elle ! Quand on le lui fait remarquer, elle le conteste. La suite de l’entretien lui donne tort et raison. Oui, son expérience est longue. Mais non, elle n’a pas perdu son allant de débutante, ni son franc-parler.
D’entrée de jeu, elle pose le décor : à propos d’Europe Écologie dont elle a démissionné en juillet dernier. « L’écologie politique a toute sa pertinence mais elle n’arrive pas à s’organiser parce qu’elle a renoncé à ses valeurs de "politique autrement". Y en a qui cumulent, y en a qui louvoient dans les couloirs pour avoir des postes, la com' l’emporte sur le fond. »
La phrase est impitoyable, mais aussitôt nuancée par un autre jugement, encore plus dur : « Cette politique autrement, plus fraîche, plus désirable, que les écologistes n’ont pas su inventer, on peut leur en vouloir, mais elle est dans l'univers impitoyable d’une République fabriquée pour les cumulards, pour les gens qui construisent des carrières »...
Le reste est du même tonneau. Les lobbies qui gravitent au Sénat ? « Ils sont présents, et quelquefois on voit des rapports où vous avez l’impression que ce sont les fabricants de pesticides qui tiennent la plume. » Par quel moyen ? « Cela touche au vécu quotidien des notables qui fréquentent les cercles parlementaires. Ils vont au restaurant, en déplacement, à l’invitation des semenciers, des fabricants de pesticides, d’OGM, c’est là que circulent les connivences. » Des connivences qui ne concernent pas que les sénateurs. Marie-Christine Blandin parle aussi des lobbies de l’Assemblée…
À propos de ses dossiers, et du travail que peut réussir un parlementaire : « On vit dans le mépris du Parlement, et le basculement du Sénat à gauche n’a rien changé du tout. Dans notre République, faire un projet de loi qui concerne plusieurs ministres, c’est mission impossible. »
Dimanche ont lieu les élections sénatoriales, avec la victoire très probable de la droite. Marie-Christine Blandin, élue il y a trois ans, n’est pas directement concernée puisque son mandat court jusqu'en 2017, mais elle jure qu’elle n’ira pas au-delà. À propos du mode de scrutin, qui consiste à faire élire de grands notables par d'autres notables, elle a ces mots définitifs : « Des gens qui ont la responsabilité de grandes collectivités financent des gens d’autres collectivités, qui vont voter pour eux. C’est un vrai problème de la démocratie. C’est un conflit d’intérêts ! »
A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Pourquoi Yahoo est contraint de livrer des données personnelles à la NSA