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Egalité garçons-filles à l’école, comment éviter un nouvel échec ?

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Vincent Peillon l'a assuré à maintes reprises, la question de l’égalité entre filles et garçons sera « au cœur de la refondation de l’école ». Le rapport que vient de publier l’inspection générale de l’éducation nationale – L’égalité entre les filles et les garçons dans les écoles et les établissements – doit donc servir de boussole à une action publique qui, jusque-là, n’a pas obtenu de grands résultats. Comme le note en préambule le texte, les intentions affichées aujourd’hui ne sont pas si différentes de celles qui sont portées depuis trente ans sur le sujet. Or, le constat n’a pas beaucoup varié, « en témoignent les divergences de résultats scolaires entre filles et garçons, la persistance d’orientations différenciées, la fréquence de comportements voire de violences sexistes », soulignent les rapporteurs.

Reprenant et synthétisant des travaux déjà connus pour la plupart, ils rappellent que l’école, qui n’est pas hors la société, « favorise les inégalités entre filles et garçons – qu’elles tiennent aux pratiques pédagogiques, aux modes d’encouragement ou non des uns et des autres, aux possibilités que l’école laisse espérer ou non, notamment pour ce qui est de l’orientation ». Si les filles obtiennent de meilleurs résultats scolaires, elles ne les rentabilisent pas sur le marché du travail. Les « stratégies des élèves (restent) largement influencées par leur appartenance de genre ». Ainsi, les filles vont moins vers les classes préparatoires, même si elles en sont scolairement plus capables. Les garçons, eux, « payent le plus lourd tribut à l’échec et au décrochage ». Le poids des stéréotypes de genre demeure déterminant au moment de l’orientation. Dans les voies professionnelles, les filles vont massivement vers les services quand les garçons choisissent la production...

 

Vincent Peillon et Najat Vallaud Belkacem lors d'un déplacement sur le thème de l'égalité garçons-files à l'écoleVincent Peillon et Najat Vallaud Belkacem lors d'un déplacement sur le thème de l'égalité garçons-files à l'école

 

Malgré une réglementation foisonnante (arrêts, circulaires...), les progrès sur le terrain ont donc été bien minces, notent les rapporteurs. Et encore ne sont-ils pas uniquement imputables à l’école mais sans doute plus ou autant à des évolutions de la société. Par ailleurs, « tout donne à penser qu’on assiste même dans les relations quotidiennes entre les deux sexes à des régressions ».

Pourquoi un tel échec ? Comment ne pas, une fois de plus, rester au stade des grandes déclarations d’intention ?

« En dépit des volontés affichées, l’école ne s’est sans doute pas donné les moyens d’une application continue et systématique, à tous les niveaux du système d’éducation, d’une politique par ailleurs clairement définie et disposant de nombreux outils », affirme le rapport. Il détaille ainsi quelques actions locales parfois très intéressantes mais inconnues de l’ensemble du système qui, globalement, souffre de l’« absence d’un véritable pilotage national ».

Sans réelle cohérence, les actions en faveur de l’égalité entre garçons et filles sont peu efficaces. « On ne peut qu’être frappé du nombre et de la diversité des actions conduites et des acteurs impliqués à tous les niveaux, sans que cela fasse clairement sens aux yeux des élèves et souvent des personnels, et sans que ces actions soient systématiquement évaluées. »

Alors que les personnels ont été très peu formés à ces sujets, la tentation est grande d’externaliser auprès d’intervenants extérieurs (des associations le plus souvent) ces questions. Un recours à double tranchant, car « c’est au risque d’une certaine dispersion des actions, d’une possible discordance avec les projets pédagogiques », sans compter que les interventions sont parfois inégales ou maladroites et peuvent susciter le rejet. Là encore, l’absence d’évaluation précise est problématique.

Le rapport regrette également que les politiques en faveur de l’égalité se soient uniquement centrées sur les filles, délivrant par là un message ambigu : « Est-il plus dérangeant que les filles n’aillent pas en série scientifique ou que les garçons évitent la série littéraire ? Que les filles désertent les série industrielles ou les garçons les séries de service ? » s’interrogent-ils. Le travail sur les stéréotypes doit pouvoir émanciper autant les garçons.

Tout ne se passe pas non plus dans la classe. L’école doit pouvoir veiller à ce que dans les intercours, la cour de récréation, les réflexes sexistes ne reprennent pas le dessus. Comme ces cours maternelles où les espaces « jeux sportifs » sont accaparés par les garçons, quand les filles se cantonnent aux espaces « jeux calmes »

Enfin, le rapport le souligne : « La portée des politiques scolaires demeure limitée si on ne travaille pas en même temps à l’égalité professionnelle et à un fonctionnement plus égalitaire de la famille ». Même si, évidemment, sur un sujet comme celui-ci l’école ne peut pas tout, il semble cependant primordial, assure le rapport, de faire prendre conscience de son étendue à l’ensemble des acteurs du système scolaire, et ce « même s’il est difficile de reconnaître et de faire admettre dans une école pétrie des valeurs d’égalité, que celle-ci produit ou conforte des inégalités, notamment entre les sexes ». Rendre visible, à tous les niveaux, la problématique doit permettre que les intentions affichées rue de Grenelle ne se perdent pas, comme souvent, dans les sables.

« C’est donc un discours qu’il faut construire », « éduquer à l’égalité, ce n’est pas seulement actualiser des textes, relancer des dispositifs et les faire mieux connaître… C’est surtout faire classe différemment, évaluer autrement », conclut le rapport.

A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Allo, j’écoute !


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