Les hommes ne naissent décidément pas tous égaux. Et les inégalités remontent avant la naissance, selon une étude de la DREES publiée la semaine dernière, qui constate que le suivi prénatal des femmes enceintes ne compense pas les inégalités socio-démographiques existantes.
En 2010, date de la réalisation de l’étude, les naissances d’enfants prématurés sont deux fois moins importantes parmi les femmes cadres que parmi les ouvrières ou les personnels de service (3,7 % contre respectivement 6,1 % et 7,9 %). Pire, les inégalités s’accroissent : depuis 2003, « la part de prématurés a baissé parmi les femmes cadres alors qu’elle a augmenté parmi les femmes ouvrières ou employées comme personnels de service ».
La différence est également « flagrante » en termes de niveau d’études : 7 % d’enfants prématurés parmi les femmes ayant un diplôme niveau collège, contre 5 % parmi les bachelières. La tendance à l’augmentation des écarts est la même en ce qui concerne les « enfants de petit poids à la naissance » (moins de 2,5 kilos).
Les fragilités des populations défavorisées s’expliquent : grossesses à des âges plus précoces ; plus grand nombre de femmes seules, sans emploi, ayant des conditions de travail défavorables, consommatrices de tabac…
Mais un suivi médical régulier – des consultations à l’hôpital, les échographies – est censé réduire ces inégalités. Or, « cela ne s’améliore pas », explique Lucie Gonzalez, l’une des auteurs de l’étude de la DREES. « Bien davantage de femmes jeunes ou de classes sociales défavorisées ont un suivi insuffisant » en dépit de normes précisément édictées par la Haute autorité de santé : une consultation au premier trimestre, six autres consultations à partir du 4e mois, ainsi que des examens biologiques et des informations précises sur les effets du tabac, de l’alcool, de la drogue ou encore de certaines pathologies.
Dans les faits, toutes les femmes n’ont pas recours à ces sept visites. D’abord parce que de plus en plus de femmes ne déclarent pas leur grossesse au cours des quatorze premières semaines, condition pourtant nécessaire à la prise en charge de certaines consultations et autres examens. C'est le cas de 7,8 % des femmes en 2010 contre seulement 4,9 % en 2003.
Parmi ces déclarations tardives, on recense 15 % des femmes sans emploi, contre 4 % de celles qui en ont un. 17 % des femmes de nationalité étrangère ne comptabilisent pas les sept visites traditionnelles, contre 6 % des Françaises.
De même, la Sécurité sociale rembourse huit séances de préparation à la naissance. Pour un 1er enfant, 92 % des cadres les suivent, contre 40 % des femmes sans profession.
Dans l’ensemble, les femmes célibataires, les jeunes, les sans-emploi, les étrangères restent nettement moins informées des risques d’infections, des nécessaires vaccins à effectuer ou encore des risques de diabète gestationnel…
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