Dans la continuité du travail effectué par Les Pieds sur Terre sur l’extrême droite, et en partenariat avec Mediapart, nous nous concentrons cette année sur deux territoires emblématiques de l’installation du FN dans le paysage politique français. Chaque mois, nous nous rendrons alternativement à Fréjus et Villers-Cotterêts pour raconter concrètement comment les choses se passent.
A Fréjus, dans le Var, plus grosse prise du FN lors des municipales de mars 2014, la municipalité a décidé de réduire les subventions des centres sociaux. Mais au fait, à quoi sert un centre social ?
Reportage : Rémi Douat - Réalisation : Marie-Laure Ciboulet
Chanson de fin : Lazaretto par Jack White - Album : Lazaretto (2014) (Label : XL Recordings).
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En mars, l’extrême droite a remporté 14 mairies, dont 11 étiquetées Front national. Des municipalités dans le sud-est et le pourtour méditerranéen, terres historiques du parti, mais pas seulement. Des villes dans l’est, le nord et même en Île-de-France. Quelle politique municipale les frontistes, soucieux d’afficher une crédibilité pour 2017, mettent-ils en place ? Mediapart a décidé de suivre de près ces villes, en recensant au quotidien les mesures, nominations, décisions des nouveaux maires, dans un grand observatoire FN-Scope.
Pourquoi suivre les villes FN à la loupe ? Le parti lepéniste est parvenu à se hisser à 18 % des suffrages à l’élection présidentielle de 2012, et à 25 % aux européennes de juin. Avec, depuis quarante ans, un discours fondé sur l’échec de la gauche et de la droite, alternativement au pouvoir. Alors que les politiques du PS et de l’UMP sont quotidiennement passées au crible dans la presse, on ne dispose pas, depuis les gestions catastrophiques des quatre villes frontistes à la fin des années 1990, d’illustrations et de bilans du Front national au pouvoir.
Pour comprendre les rouages de la machine FN et raconter comment l’on vit dans une commune à l’étiquette frontiste, Mediapart a décidé de s’associer avec l’émission de France Culture Les Pieds sur Terre.
Nous avons choisi de nous intéresser en profondeur à deux villes : Fréjus (Var) et Villers-Cotterêts (Aisne). La première est la plus grande ville FN avec 53 000 habitants, dirigée par une figure montante du parti, David Rachline, 26 ans dont déjà 11 passés au Front national. S’y mêlent plusieurs enjeux : la réduction de 67 % des subventions de trois centres sociaux, le dossier brûlant de la construction de la mosquée dans le quartier populaire de La Gabelle, mais aussi les rapports ambigus avec l’ancien maire UMP, condamné pour prise illégale d'intérêts, et la gestion clientéliste de la municipalité sortante.
La seconde municipalité (10 000 habitants) est au cœur du premier département frontiste, l’Aisne. Dans ces terres rurales et périurbaines, le FN s’enracine plus qu’ailleurs. Il y a obtenu plus de 40 % des voix aux élections européennes, le double de l’UMP et trente points de plus que le PS. Indicateurs socio-économiques dans le rouge, affaiblissement du maillage territorial, disparition des services publics : l’Aisne est moins médiatisée que le Pas-de-Calais, mais le FN y possède une base électorale forte en bénéficiant d’une gauche moins bien implantée.
Dès son élection, le maire, Franck Briffaut, un ancien sous-officier parachutiste, adhérent historique du FN et patron de la fédération de l’Aisne, a attisé les tensions. Refus de célébrer la journée commémorative de l'abolition de l'esclavage, suppressions des subventions à la CGT et à la fédération de parents d'élèves FCPE (classée à gauche), augmentation des tarifs de la cantine pour les plus pauvres.
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