Vendredi 16 mai, en pleine assemblée générale de Total, le PDG du groupe Christophe de Margerie a été interpellé par une ingénieure opposée au permis de forage de gaz de schiste que le pétrolier possède en Argentine, dans l’aire naturelle protégée d’Auca Mahuida, une réserve d'espèces rares (voir ici). L'ONG les Amis de la Terre vient de publier un rapport très critique sur « la ruée vers les gaz et huiles de schiste en Patagonie argentine », où les forages du groupe français sont accusés de divers manquements à leurs obligations (lire ici).
La fracturation hydraulique est interdite en France depuis la loi Jacob de juillet 2011, mais pour autant, l’actualité des gaz de schiste ne cesse de se renouveler. Le 30 avril, la mission parlementaire nommée par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale pour étudier le rôle des gaz de schiste dans l’économie américaine et mondiale a rendu ses travaux. Frédéric Barbier, député (PS) du Doubs, son rapporteur, appelle au « lancement d'un petit bout de recherche » dans les sous-sols français afin de savoir quelle quantité d’hydrocarbures non conventionnels s’y trouve. De son côté, Arnaud Montebourg, le ministre de l’économie, souhaite la création d’une compagnie minière nationale, qui pourrait en théorie conduire cette recherche. Mais François Hollande a déclaré qu’« il n'y aura pas d'exploration et d'exploitation du gaz de schiste en France » le 14 juillet dernier, et n’est pas publiquement revenu sur cette position depuis. L'exécutif socialiste est en réalité ambigu : il prohibe la fracturation hydraulique mais ne s'interdit pas de forer un jour des gaz de schiste avec une autre technique, aujourd'hui inexistante.
En Allemagne, le gouvernement de coalition d'Angela Merkel s'apprête à déposer un projet de loi pour autoriser et encadrer la fracturation hydraulique. Cela pourrait concerner 80 % de son territoire.
C’est dans ce contexte que nous avons réuni quatre acteurs de ce débat. Côté pro-gaz de schiste : Renaud Lions, le nouveau directeur général de la filiale de Total consacrée aux gaz de schiste, Total Gas Shale Europe, dont c’est la toute première intervention dans les médias ; Pascal Baylocq, président du groupe de réflexion sur les hydrocarbures de roches mères pour le GEP AFTP, un groupement d'entreprises pétrolières. Et côté anti : Maryse Arditi, spécialiste en énergie pour France Nature Environnement, fédération d’associations écologistes ; Thomas Porcher, économiste et auteur du livre Le Mirage des gaz de schiste, en 2013.
Ils s’affrontent pendant une heure, lors d’un débat vidéo que nous avons enregistré à Paris le 7 mai. La discussion aborde huit thèmes principaux. Dans l’ordre, les voici :
- Les gaz de schiste sont-ils un risque pour la santé ?
- Quelles perspectives pour les gaz de schiste en France et en Europe ? (12’53)
- Quelles réelles alternatives à la fracturation hydraulique ? (23'07)
- Pollution environnementale, paysages et coûts de production (27'37)
- Gaz de schiste : combien d'emplois ? (36'25)
- À propos du film Gasland et de l'impact climatique des gaz de schiste (42'18)
- Quand vos adversaires ont-ils raison ? (56')
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