C’était un des désaccords entre Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls. Le remaniement a tout chamboulé. Le nouveau premier ministre a décidé de remettre à plat la politique d’intégration fixée par son prédécesseur, et la nomination d’un délégué interministériel dédié est reportée de plusieurs mois.
« Nous travaillons à préciser la feuille de route avant toute nomination d’un délégué interministériel », confirme Matignon, sans plus de commentaires. Celle-ci était pourtant imminente en mars et une des dernières décisions de Jean-Marc Ayrault, premier ministre, avait été de publier le décret créant cette nouvelle fonction. A l’époque, le nom de son candidat avait même fuité : il s’agissait d’Olivier Noblecourt, élu municipal à Grenoble.
Sauf qu’entretemps, il a été directeur de campagne de Jérôme Safar, le candidat PS défait par une alliance conduite par Europe Ecologie-Les Verts, et que le premier ministre a changé. Résultat, Olivier Noblecourt n’est plus dans la course. Il a rejoint le cabinet de Najat Vallaud-Belkacem, dont le ministère englobe désormais la politique de la ville.
Mais Manuel Valls ne manque pas de candidats, comme Naïma Charaï, conseillère régionale PS d’Aquitaine et actuelle présidente de l’Acsé, l’agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances, ou Kamel Chibli, proche de Ségolène Royal et actuel conseiller du président du Sénat Jean-Pierre Bel. Ils doivent être reçus à Matignon – certains l’ont déjà été –. Aucune décision n’est attendue avant septembre.
« Manuel Valls pense qu’il faut préciser la ligne politique du gouvernement sur ce sujet, avant de mettre en place une organisation administrative », explique un ancien conseiller du gouvernement. Avant d’ajouter : « La question c’est l’orientation politique, et le niveau d’ambition. »
Une nouvelle feuille de route est en cours d’élaboration à Matignon, sous la houlette de la conseillère intégration de Manuel Valls, Fadela Benrabia. Quand elle était place Beauvau, elle avait déjà participé aux rapports commandés par l'ancien premier ministre.
Du temps de Jean-Marc Ayrault, le premier ministre, et son ministre de l’intérieur s’étaient à plusieurs reprises affrontés sur l’intégration. Valls n’avait guère caché son profond mécontentement après la polémique suscitée (et lancée par Le Figaro) sur les rapports commandés par Ayrault, et publiés tels quels sur le site de Matignon.
Ils s’étaient également opposés sur les mesures à prendre – le premier ministre d’alors s’inscrivait dans une conception assez traditionnelle au PS de l’intégration (loin d’être radical, il assumait un « humanisme typique de l’Ouest », dixit un de ses proches) quand son futur successeur revendiquait une vision de la République très laïcarde, où la lutte contre les communautarismes ou les « replis identitaires » fait figure de priorité (voir par exemple la vidéo ci-dessous).
Cette opposition avait provoqué de profonds amendements dans le projet du gouvernement et Valls l’avait emporté sur de nombreux points, grâce au soutien de l’Elysée. « Même l’encouragement à l’enseignement de l’arabe à l’école avait disparu ! », rappelle un conseiller du gouvernement. « La frilosité et la fébrilité du président de la République faisaient que les marges de manœuvre étaient très étroites », rappelle un ex du cabinet Ayrault. Et ce n’est pas le score du FN aux européennes qui aura apaisé François Hollande et Manuel Valls.
A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : FSlint, supprimer efficacement les doublons sur votre disque dur