Quantcast
Channel: Mediapart - France
Viewing all articles
Browse latest Browse all 2562

Taubira, budget de la défense : l'étrange clairon de l'UMP

$
0
0

C'est comme une seconde nature. L'UMP s’est attaquée, une fois encore, à la personne de Christiane Taubira. À son identité. Le Front national ayant tiré la première salve, Copé, Guaino, et d’autres, ont cru bon d’en rajouter parce que la ministre n’avait pas chanté la Marseillaise lors d’une cérémonie... Décidément, articuler l’hymne national est devenu une espèce de passeport pour les Français “issus de la diversité”, comme on dit, c’est-à-dire pour les Noirs et les Arabes. Ainsi, sur les stades, nul ne notera que tel ou tel “Gaulois” a gardé les lèvres closes au moment des hymnes, mais qu’un visage moins pâle reste impassible ou concentré, et l’affaire prend aussitôt des proportions nationales, ou plutôt Front national.

Même chose au gouvernement… Lors des cérémonies célébrant l’abolition de l’esclavage, le 10 mai, Benoît Hamon, ministre de l’éducation nationale, a pu se recueillir en entendant la Marseillaise, sans la chanter, et personne ne lui a demandé de sortir ses papiers. Mais pas Christiane Taubira… Elle, elle aurait dû la marteler à la face de la France et des télévisions. Elle aurait dû faire ses preuves de bonne Française, et tant pis si depuis lors des internautes ont diffusé des dizaines d’images où elle chantait l’hymne sacré, en d’autres occasions. Mais c’est ainsi : de même que les femmes sont tenues de “faire leurs preuves” pour avoir la même carrière que leurs égaux les hommes, les membres de “la diversité” ont le devoir de prouver à chaque instant le patriotisme qui va de soi pour les Français moins colorés.

L’UMP pourra jouer sur les mots, expliquer que ce n’est pas le silence qui disqualifie la ministre guyanaise, mais ce qu’elle a dit à propos du “karaoké d’estrade”, le fait est là : le plus grand parti d’opposition a choisi, encore une fois, d’emboîter le pas de l’extrême droite, en marchant au même endroit, et sur la même matière, sans doute parce que ça porte chance.  

Moins odorante, mais aussi démesurée, la sortie à succès de Xavier Bertrand à propos du budget de la défense. Toute la France est mise au pain sec par le plan d’économie du gouvernement, qui porte sur cinquante milliards, l’UMP veut même aller beaucoup plus loin, jusqu’à cent vingt milliards, mais Xavier Bertrand est stupéfait que les armées puissent être atteintes par ce zèle assainisseur ! Les salaires des “fonctionnaires” (donc celui des militaires…) peuvent bien être “gelés” depuis 2010 et jusqu’en 2017, les retraites peuvent subir le même sort, la pauvreté peut menacer ou accabler des millions d’hommes et de femmes, passe encore, mais à l’idée que cette austérité puisse atteindre les canons, l’UMP sort son fusil !

C’est qu’il faut avoir « le courage » d’imiter l’exemple allemand, répète le discours libéral. Le courage s’arrête sans doute aux portes des casernes : selon les chiffres de l’Otan, nous consacrons 2,25 % de notre PIB aux dépenses militaires, quand notre grand voisin se contente de 1,3 % du sien…

Mais ne cédons pas à la caricature… Il existe à l’UMP une voix plus modérée, et qui gagne en influence. Il s’agit de celle d’Alain Juppé, qui ne manque pas une occasion de rappeler ses camarades au calme, de leur faire la leçon, voire de leur tirer les oreilles, comme il vient de le faire avec Henri Guaino, à propos de l’Europe.

Il y a dix jours, en commentant la vente d’Alstom, Alain Juppé a par exemple démontré sa modestie, et son sens de la nuance. Il parlait d’Arnaud Montebourg : « Nous avons le plus contre-productif des ministres économiques », a-t-il jugé, en concluant ainsi : « Il vitupère aujourd'hui contre le P-DG d'Alstom après avoir fait le procès de celui de PSA et ordonné à celui de Mittal de partir. Son attitude est désespérante. »

Il faut dire que, question espoir, Juppé dispose de l’expérience, et du recul. En 1995, alors premier ministre, il avait tenté de privatiser Thomson pour le franc symbolique, en soutenant, à la télévision, que l’entreprise ne valait rien. Trois ans plus tard, Thomson entrait en Bourse, au prix de vingt et un milliards...           

 

A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Actualité du 15/05/2014


Viewing all articles
Browse latest Browse all 2562

Trending Articles