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Ecologie : Royal inaugure ses “cent jours”

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Des formules à la pelle (« économie circulaire », « croissance verte », « écologie positive », « reconquête de la biodiversité », « mettre en mouvement les territoires »…), l’obsession d’« accélérer » le rythme des réformes, la mise en scène de soi comme ministre de premier plan devant une brochette de photographes shootant en rafale l’oratrice, tout cela en présence des directeurs de son administration, ainsi que des membres de son cabinet...

Ségolène Royal au ministère de l'écologie et de l'énergie, le 25 avril 2014 (Medde).Ségolène Royal au ministère de l'écologie et de l'énergie, le 25 avril 2014 (Medde).

Mais aussi beaucoup de flou, de réponses évasives et de renvois à des arbitrages ultérieurs : Ségolène Royal a présenté son programme ministériel vendredi 25 avril devant des journalistes que l’on n’avait jamais vu si nombreux du temps de son prédécesseur, Philippe Martin. Cette première conférence de presse clôt une semaine de réunions tous azimuts : avec le premier ministre Manuel Valls vendredi, avec les députés écologistes mercredi, les ONG jeudi. La ministre annonce un rendez-vous hebdomadaire avec les entreprises des filières dites de la croissance verte. Mardi et mercredi prochains, elle doit expliquer aux parlementaires ce qu’elle compte faire de l’écotaxe, toujours en rade, cinq mois après avoir été suspendue par Jean-Marc Ayrault. Et tenir un séminaire sur la biodiversité en début de semaine prochaine. Elle lance officiellement sa séquence des cent jours, en apparence porteuse de mille et une réformes.

Premier objectif annoncé : créer 100 000 emplois verts en trois ans, un chiffre déjà repris à son compte par sa devancière Delphine Batho après un séminaire gouvernemental, fin 2012. Comment, avec quels moyens, pourquoi pas 80 000 ou 150 000 ? Elle n’a donné aucun détail permettant d’apprécier la crédibilité de cet engagement.

Autre annonce à dimension sociale, et sujet très sensible : la préparation d’un nouveau décret sur le prix de l’électricité, pour « atteindre la modération de la hausse des tarifs, par la négociation » dans les trois ans qui viennent. Le conseil d’État ne cesse de censurer les prix de l’électricité, qui ne permettent pas de couvrir les coûts de production affichés par EDF. Le gouvernement Ayrault avait refusé d’alourdir la facture des Français à la hauteur des montants demandés (entre 10 et 17 %, voir ici notre article) sans trouver de solutions juridiques pérennes. Là non plus, Ségolène Royal n’a fourni aucune précision sur la façon dont elle comptait s’y prendre. Une conférence bancaire sur le financement de la transition écologique, organisée de concert avec Michel Sapin et Arnaud Montebourg, doit se tenir en juin.

Pour soutenir un secteur économique en plein marasme, le ministère va lancer un nouvel appel d’offres concernant les installations de solaire et de photovoltaïque de grande puissance, et devrait dévoiler les lauréats du deuxième appel d’offres pour l’éolien en mer (parcs au large du Tréport, en Seine-Maritime, et des îles d'Yeu et Noirmoutier, en Vendée) que se disputent EDF et GDF-Suez. Aussi dans les tuyaux : l’accélération du plan méthanisation, et la préparation du lancement d’un troisième appel d’offres pour l’éolien maritime.

« Principal chantier » affiché : le « nouveau modèle énergétique ». Le projet de loi de transition énergétique pourrait être examiné en commission parlementaire dès le mois de juillet. Un calendrier « audacieux », commentait ensuite un responsable d’administration, pas convaincu que le bouclage du texte permette de tenir un délai aussi rapproché. Mais la ministre n’a donné aucune indication sur le contenu de la loi, à part son souhait d’y adjoindre un volet sur l’économie circulaire, cette politique économique qui veut systématiser le recyclage des déchets de manière à récupérer tous les rebuts du système productif. En revanche, elle a souhaité que « toute nouvelle construction », à commencer par « tous les bâtiments publics », comme les écoles, soit à énergie positive, c’est-à-dire consommant peu et produisant l’énergie dont il a besoin.

À en croire la ministre, d’ici l’été, toute une série de plans doivent être mis en place ou revus : pour la rénovation thermique des logements, le tiers-financement, sur la prévention des inondations, la protection de l’atmosphère, les déchets, la voiture électrique, les réseaux intelligents, la simplification du droit de l’environnement… La stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens doit sortir des limbes « dans quelques jours ». Et une révision de la directive OGM est sur la table, dans le but d’offrir aux États membres plus de sécurité juridique pour interdire les organismes génétiquement modifiés sur leur territoire.

Ségolène Royal aura-t-elle les moyens d’être la ministre de la transition énergétique qu’elle dit vouloir être ? Elle s’est entourée d’un cabinet au profil politique (Jean-Louis Bianco, Jean-Luc Fulachier, Francis Rol-Tanguy, ancien directeur de cabinet de son prédécesseur), qui pourrait davantage peser sur la puissante administration de l’énergie qu’auparavant.

L’ombre d’un grand absent plane sur ce discours de la méthode : le dérèglement climatique. À peine évoqué en fin de présentation, et expédié en quelques mots, pour renvoyer au ministère des affaires étrangères en vue de la préparation de la conférence sur le climat de 2015. L’articulation entre diplomatie et politiques concrètes de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre reste en friche.

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