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Européennes : Wauquiez et Guaino s'adjoignent des soutiens très droitiers

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« Laurent Wauquiez a des positionnements individuels parce que populistes. » Jeudi 24 avril, lors du lancement devant la presse de la campagne UMP pour les élections européennes, Jean-François Copé a balayé d’une phrase la polémique suscitée par le député et maire du Puy-en-Velay depuis la sortie de son livre Europe, il faut tout changer (Éd. Odile Jacob), dans lequel il défend notamment le retour à l’Europe des six.

« Wauquiez est complètement isolé sur cette question », a renchéri l’eurodéputé Alain Lamassoure, ajoutant que l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino – qui avait vivement critiqué le choix de sa candidature pour conduire la liste UMP en Île-de-France – n’était « d'accord qu'avec la pensée unique d'Henri Guaino ». Isolés Laurent Wauquiez et Henri Guaino ? Pas tant que ça.

Pour montrer à leurs collègues de l’opposition qu’ils ne sont pas les seuls à plaider pour une remise en cause profonde de la politique européenne, les deux députés ont publié dans Le Figaro du 25 avril une tribune cosignée par 39 parlementaires. « Chaque parlementaire à intérêt à taire ses différences durant cette campagne, voulait croire un secrétaire adjoint de l’UMP il y a encore quelques jours. Personne ne veut en rajouter. Nous devons rester unis coûte que coûte. »

Henri Guaino et Laurent WauquiezHenri Guaino et Laurent Wauquiez © Reuters

Pourtant, 31 députés, 5 sénateurs et un parlementaire européen (Jean Roatta) ont choisi de soutenir officiellement Laurent Wauquiez et Henri Guaino, se positionnant de facto contre la ligne adoptée par leur parti en vue des européennes. Qui sont ces élus qui ont décidé de casser l’unité de façade de l’UMP ? Le journaliste Laurent Boissieu analyse sur son blog les votes européens des députés-signataires et conclut que seuls cinq d’entre eux « peuvent véritablement être considérés comme souverainistes, c’est-à-dire qu’ils n’ont jamais voté en faveur de l’actuelle construction européenne ».

Plus qu’un véritable rassemblement d’eurosceptiques, la liste des cosignataires ressemble surtout à une coalition de circonstance, comprenant une majorité de fillonistes, des soutiens de Laurent Wauquiez et des proches d’Henri Guaino, auxquels se sont greffées quelques figures issues de l’aile droite de l’UMP. Sans surprise, on y retrouve 22 des 55 signataires de la motion Droite sociale, groupe lancé en 2010 par le député et maire du Puy-en-Velay. 

« Je fais partie de la Droite sociale, je suis fidèle à Laurent Wauquiez et je suis d’accord avec tout ce qu’il dit », indique le sénateur de Haute-Savoie Pierre Hérisson, qui en profite pour souligner le peu de légitimité qu'il accorde à Jean-François Copé : « Je considère que le vrai patron de l’UMP, c’est François Fillon. » Qu’importe si l’ex-premier ministre fait aujourd’hui front commun avec son ancien adversaire à la présidence de l'UMP contre les propositions de Wauquiez sur l’Europe : 17 des 73 députés qui avaient rejoint, fin 2012, son groupe parlementaire RUMP – créé en pleine crise interne – ont paraphé la tribune du Figaro.

Le député et maire de Tourcoing, Gérald Darmanin, figure aussi parmi la liste des signataires. « J’ai été approché par Henri Guaino dont je partage l’engagement eurosceptique, explique ce proche de Xavier Bertrand qui fut par le passé collaborateur de Christian Vanneste et David Douillet. Les élites de notre parti ont toujours été euro-béates. Nous avons des dirigeants mondialisés qui ne vivent pas la même chose que le peuple. »

Et le jeune élu de développer « un exemple concret » : « Tourcoing (où il vient d’être élu maire après 25 années de gauche au pouvoir) est juste à côté de la Belgique où il n’y a pas un seul camp de Roms alors que nous, nous en avons deux, dit-il. Je préférerais que l’Europe donne de l’argent à Tourcoing plutôt qu’à la Bulgarie ou à la Roumanie qui ne s’occupent pas de leurs populations. Personne ne se satisfait de cette situation : ni les Tourquennois ni les Roms qui ne sont pas accueillis dans des conditions acceptables. »

La question de l’immigration, « thème majeur » de la campagne UMP pour les européennes de mai selon les propres mots d’Alain Lamassoure, se retrouve bien évidemment dans la tribune initiée par Laurent Wauquiez et Henri Guaino. « La libre circulation poussée à l’excès qui interdit tout contrôle des déplacements à l’intérieur de l’Europe pouvant mettre en péril la cohésion de nos sociétés et qui va jusqu’à mettre en concurrence, sur notre sol, nos salariés avec des salariés qui supportent trois fois moins de charges sociales, ça ne peut plus durer », peut-on lire dans le texte.

Outre les fillonistes, les membres de la Droite sociale et les proches d’Henri Guaino, cette tribune compte également parmi ses signataires sept élus issus de la Droite populaire, collectif situé à l’aile droite de l’UMP et créé en 2010 pour faire « barrage » au Front national. Parmi eux, le député des Yvelines Jacques Myard, friand amateur de remarques sexistes et grand habitué du Machoscope de Mediapart, ainsi que le député des Alpes-Maritimes Lionnel Luca qui ne souhaite pas commenter son engagement aux côtés de Laurent Wauquiez et Henri Guaino. « Ça ne m’intéresse pas, se contente-t-il de répondre. Vous savez, des tribunes, on en signe tellement… »

Thierry Mariani, député des Français établis hors de France et leader de la Droite populaire, partage « 90 % des idées du texte », mais a toutefois refusé de le signer pour ne pas perturber l’unité de l’UMP. « Je ne pouvais pas signer une tribune initiée par un homme qui a clairement dit qu'il ne voterait pas UMP, s’est-il justifié auprès du Lab. Même si je suis sur la même ligne, je me sens tout de même plus proche de l'UMP que du Front national. »

Au-delà des membres de la Droite populaire, plusieurs cosignataires font partie d’un noyau très conservateur qui porte les couleurs de l'UMP. C’est notamment le cas du député de l’Ain Xavier Breton, l’un des leaders de l’Entente parlementaire pour la famille, qui était largement monté au créneau durant les discussions sur le mariage pour tous. On trouve également six des vingt députés qui avaient déposé, en pleine affaire Cahuzac, une proposition de loi mettant en place un dispositif d'amnistie fiscale visant à rapatrier des capitaux placés illégalement à l'étranger.

Enfin, la liste des soutiens de Laurent Wauquiez et Henri Guaino compte deux parlementaires connus pour avoir soutenu le régime de Ben Ali en Tunisie (Dino Cinieri et Didier Quentin), ainsi que le député des Hauts-de-Seine, Patrick Ollier, dont les amitiés libyennes avaient été révélées par Mediapart en février 2011.

A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Pixlr


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