Donc, la déroute des socialistes aux élections municipales n’est pas liée aux mesures que le gouvernement a prises ou n’a pas prises, mais « à l’écart entre ce qui a été fait et la perception qu’en ont les Français ». C’est le nouveau porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, qui le disait encore dimanche à France Inter et au journal le Parisien.
Autrement dit, le tandem Hollande/Ayrault a pris de bonnes mesures depuis deux ans, mais n’a pas su trouver les mots. La parade est classique, mais Stéphane Le Foll prend un chemin redoutable. Tous les gouvernements mis en échec lors d’élections intercalaires ont dégainé cet argument du défaut de pédagogie. Et tous ont été chassés aux législatives ou aux présidentielles suivantes.
C’est très simple : depuis Raymond Barre, c’est-à-dire depuis quarante ans de plans d’austérité et de discours en appelant aux sacrifices, aucun gouvernement ne s’est jamais trompé de chemin. Ils ont tous été battus, Giscard en 1981, Mitterrand en 1986, Chirac en 1988, Mitterrand en 1993, Balladur en 1995, Chirac en 1997, Jospin en 2002, le chiraquisme en 2007, Sarkozy en 2012, tous, au nom des mêmes préceptes (les Français qui s’appauvrissent vivraient au-dessus de leurs moyens !), mais ils sont sûrs d’avoir raison.
Si le peuple n’approuve pas, ce n’est pas parce qu’il condamne des politiques qu’il ressent comme cousines, ou sœurs jumelles, c’est parce qu’il n’a rien compris ! Ce qui manque depuis quarante ans n’est pas le savoir-faire mais le faire savoir. Comme ses prédécesseurs, ce pouvoir a fait tout juste mais n’a pas été compris !
S’il s’était bien expliqué, les électeurs auraient admis que le discours du Bourget, qui appelait la gauche à résister à la finance, se transformerait en reculs successifs. Si Ayrault avait su trouver les mots, les Français auraient aimé que le refus d’augmenter la TVA devienne, dès l’été 2012, une mesure d’augmentation. Si le Président avait été pédagogue, l’opinion aurait applaudi quand l’objectif d’inverser la courbe du chômage n’a pas été atteint. Si l’Élysée avait su s’y prendre, le peuple n’aurait pas remarqué que la promesse de ne pas parapher le Traité européen avait été suivie, dès les premières semaines du quinquennat, d’une signature en rase campagne…
Et la loi sur la famille retirée sur la pression de quelques dizaines de milliers d’irréductibles ? Un problème de pédagogie ! Et le pacte de responsabilité, sorti sans prévenir de derrière les fagots ? Une affaire de communication ! Et le plan d’économie de cinquante milliards, qui équivaudra, à tous les niveaux, à des baisses d’allocations, ou de subventions ? Une simple affaire d’explication !
L’équipe de Manuel Valls ne va donc rien changer, puisque la ligne est bonne, et que ce n’est pas elle qui vient d’être rejetée ; elle va mieux la défendre, en évitant les couacs, et les Français seront rassurés.
Peut-être auront-ils l’impression de recevoir de moins en moins, et de payer de plus en plus d’impôts. Effet d’optique ! Stéphane Le Foll leur expliquera que c’est une affaire de “Perception”…
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