Très attendu sur la réforme des rythmes scolaires, qui a en grande partie coûté son poste à Vincent Peillon, le premier ministre Manuel Valls a annoncé dans son discours de politique générale que cette « bonne réforme » nécessiterait néanmoins un « assouplissement du cadre réglementaire ». Manuel Valls a ainsi affirmé que ces assouplissements interviendraient « après les concertations nécessaires avec les enseignants, les parents et les élus ». « J’ai entendu les remarques de bonne foi venant des élus », a-t-il pris soin d'ajouter.
Pour l'entourage du tout nouveau ministre de l'éducation nationale, Benoît Hamon, ces déclarations ne signifient nullement un recul sur cette réforme emblématique du quinquennat : « Il n'y a ni report, ni retrait du décret, ni libre choix. La réforme s'appliquera partout dès la rentrée 2014. »
À la rentrée prochaine, 85 % des communes doivent appliquer le décret Peillon, qui rétablit la semaine de quatre jours et demi en fixant un maximum de 5h30 de cours par jour. Selon le ministère de l'éducation nationale, 92 % de ces communes ont déjà déposé leur projet d'application du décret pour la rentrée prochaine, rendant toute idée d'abandon pur et simple de la réforme pour le moins improbable. Pour autant, face aux mécontentements qui se sont exprimés, tant chez les enseignants que chez les élus ou les parents d'élèves, le ministère estime nécessaire de lâcher du lest. Il pourrait y avoir localement, sans réécrire le décret Peillon, des dérogations pour permettre notamment à des organisations locales déjà expérimentées de se poursuivre.
« Je prends acte de la décision du premier ministre d'ouvrir une concertation », s'est félicité Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp FSU, majoritaire dans le premier degré. « J’attends avec impatience de rencontrer le nouveau ministre de l’éducation nationale pour qu’il nous fasse état de ses propositions parce qu'il est urgent de préparer la rentrée prochaine qui est dans cinq mois. » Selon lui, rétablir un dialogue avec tous les acteurs est nécessaire pour faire réussir la réforme : « Nous demandions depuis des mois que le ministère réunisse tout le monde autour d’une même table. Il faut arrêter de saucissonner cette réforme en menant des consultations parallèles avec chacun des acteurs », explique ce représentant syndical.
L’application du décret Peillon avait déclenché des grèves massives chez les enseignants du premier degré estimant largement que cette réforme s’était faite sans concertation et contre eux. Le syndicat majoritaire du premier degré défend donc toujours l’idée que le décret Peillon est trop rigide et qu'il devra être réécrit : « Des organisations comme à Poitiers, où un mercredi sur trois est libéré, à Munster avec deux après-midi consacrés aux activités périscolaires (en dehors des clous du décret, ndlr), voire des organisations avec quatre jours d’école par semaine mais des vacances raccourcies… doivent être possibles si elles s’inscrivent dans le cadre global d’une réforme qui vise à alléger la journée des écoliers en offrant des activités périscolaires », déclarait-il à l'issue du discours de Manuel Valls.
Comme le laisse entendre le chronobiologiste François Testu, à la tête du tout nouvel Observatoire des rythmes et des temps de vie des enfants et des jeunes, structure créée par plusieurs organisations et syndicats très favorables à la réforme Peillon, la FCPE mais aussi le SE-UNSA, le SGEN- CFDT, « une concertation, pourquoi pas ? Mais cela fait quand même six ans que l’on se concerte sur cette question... Si c'est juste pour enterrer ou encore différer la réforme, c'est inacceptable ».
Manuel Valls n'a, par ailleurs, pas dit un mot du financement de la réforme qui a sans doute coûté très cher au parti socialiste lors des municipales. Pour les maires, la question est évidemment cruciale puisque le gouvernement n'a jusqu'ici promis qu'un fond d'amorçage – 5 euros par élève et par an et 9 euros pour les communes en difficulté – pour les deux premières années. Sur ce sujet, évidemment brûlant, le ministère renvoyait mardi à des annonces ultérieures.
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