Très affaiblie au lendemain d'un premier tour sanction pour la politique du gouvernement socialiste, la gauche a subi une véritable déroute dimanche 30 mars au soir du second tour des élections municipales. La droite, qui enregistre la victoire la plus importante aux municipales sous la Ve République, a remporté 155 villes de plus de 9 000 habitants, parmi lesquelles 68 villes de plus de 30 000 habitants et 10 villes de plus de 100 000 habitants. Un résultat qui permet à l'opposition de devenir majoritaire dans tout le pays. Tour d'horizon.
- Les villes de plus de 100 000 habitants :
Les villes de plus de 100 000 habitants ont basculé au profit de la droite, offrant à l'opposition la majorité dans les grandes villes du pays. Au nombre de 42, ces municipalités étaient majoritairement à gauche avant le deuxième tour, le parti socialiste en dirigeant 29 avec ses alliés, et la droite seulement 13.
Héritage des élections municipales de 2008, qui avaient consacré le “socialisme municipal” et la domination territoriale de la gauche, la situation a été renversée par une large bascule de ces villes vers la droite lors du scrutin de 2014. Gagnant Toulouse (UMP), Saint-Étienne (UMP), Angers (UMP), Reims (UMP), Caen (UMP), Tours (UMP), Limoges (UMP), Argenteuil (UMP), Amiens (UMP) et Saint-Paul (divers droite), la droite reprend 10 villes de plus de 100 000 habitants à la gauche pour en compter désormais 23, contre seulement 19 désormais pour la majorité.
Au cœur de cette large défaite, le parti socialiste parvient à préserver les villes de Metz, Strasbourg, Clermont-Ferrand. Acquises à la gauche, les villes de Paris (Anne Hidalgo), Lyon (Gérard Collomb) et Lille (Martine Aubry) restent socialistes. Grenoble, laboratoire d'une alternative de gauche, passe sous la direction d'une coalition EELV-Parti de gauche. La ville de Montpellier est gagnée par la dissidence socialiste.
- Les villes de plus de 30 000 habitants :
Dans cette catégorie de villes (221 villes françaises comptent plus de 30 000 habitants), la droite marque également une importante percée, ne laissant à la gauche que 71 municipalités (55 pour le PS et 16 pour l'alliance front de gauche/parti communiste) contre 122 précédemment acquises à la gauche. La droite, qui n'en détenait que 99 avant les élections de 2014, en compte désormais 147, soit une augmentation de 48 villes de plus de 30 000 habitants. Une progression historique.
Grande gagnante, l'UMP est majoritaire dans 135 villes de plus de 30 000 habitants. Le centre (Modem-UDI) en détient 9 et le FN, qui n'avait aucune municipalité avant dimanche, en gagne 2 (Fréjus, 7e secteur de Marseille), auxquelles s'ajoute la ville de Béziers, prise par l'ancien président de RSF Robert Ménard, candidat soutenu par le parti d'extrême droite. Parmi les villes de plus de 30 000 habitants qui basculent à droite : Ajaccio (UMP), Anglet (UMP), Angoulême (UMP), Asnières-sur-Seine (UMP), Aubagne (UMP), Aulnay-sous-Bois (UMP), Belfort (UMP), Brive-la-Gaillarde (UMP), Châlon-sur-Saône (divers droite), Chambéry (UMP), Charleville-Mézières (UMP), Guy Lefrand (UMP), La Roche-sur-Yon (UMP), Laval (UMP), Montbéliard (UMP), Narbonne (UMP), Nevers (divers droite), Niort (UDI), Quimper (UMP), Pau (UDI-Modem), Roanne (UMP), Roubaix (UMP), Saint-Ouen (divers droite), Schiltigheim (UMP), Thionville (UMP), Tourcoing (UMP), Valence (UMP) et Villejuif (UMP).
Dans la débâcle socialiste, seules les villes d'Avignon, Douais et Lourdes, qui comptent plus de 30 000 habitants, ont basculé de la droite vers la gauche. Isolé du front de gauche, le parti communiste a perdu 7 villes de plus de 30 000 habitants sur les 28 qu'il détenait avant le scrutin de dimanche, comme le rapporte le site Regards. Des villes comme Bobigny (UDI), le Blanc-Mesnil (UMP), Saint-Ouen (UMP), bastions historiques du PC, ont ainsi basculé au profit de la droite et de l'UDI.
- Les villes de plus de 10 000 habitants :
Symbole de la domination territoriale de la gauche, les villes de plus de 9 000 habitants – municipalités dans lesquelles la gauche représentait 55 % des conseillers municipaux avant les élections – marquent le véritable bouleversement des élections en faveur de la droite qui représente désormais 57 % des conseillers municipaux. Sur les 942 villes françaises de plus de 10 000 habitants, la gauche qui en détenait 509 en 2008 (433 pour la droite) n'en détient plus que 349. Une chute de 150 villes, qui profite à la droite et à l'extrême droite qui en détiennent désormais 583 (320 UMP, 115 UDI-Modem, 137 divers droite et 11 extrême droite) comme l'illustre l'infographie du Monde.
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