« L’effet Le Pen, il n’y en aura pas ! Je ne crains pas grand-chose, je suis bien ancré, j’ai été cinq fois élu, je suis connu, je rends des services. » Interrogé par Mediapart lors des législatives de 2012, le patron de la fédération UMP du Vaucluse Jean-Michel Ferrand, élu et réélu à Carpentras depuis 1986, se disait « pas inquiet du tout ». Quelques jours plus tard, la benjamine Le Pen s’emparait de son siège avec plus de six points d’avance.
Premier département frontiste lors de la dernière présidentielle (27 %), le Vaucluse a offert au parti lepéniste son conseiller général en 2011 et l'un de ses deux députés en 2012. Au premier tour des municipales, l’extrême droite y a à nouveau démontré sa puissance : près de 60 % à Orange, plus de 49 % à Bollène, plus de 36 % à Valréas, 29,6 % à Avignon, 34,37 % à Carpentras, 35,67 % à Cavaillon, 33,8 % à Sorgues. Face à lui, la droite, divisée et sans leader local, peine à survivre.
« C’est difficile d’avoir l’étiquette UMP aujourd’hui », concède un jeune candidat du parti, pour qui « le problème, c’est qu’elle est peuplée d’octogénaires qui coulent et entraînent les autres, qui sont réélus depuis des années, grâce à un système où les gens votaient comme un seul homme. »
Le Front national a toujours réalisé des scores importants en Provence-Alpes-Côte d’Azur, sa région historique, mais c’est dans le Vaucluse que la concurrence des droites et la perméabilité des électorats sont les plus fortes. Le FN y bénéficie d’un terreau fertile. Ici, le vote extrême droite « est le résultat d’une combinaison de facteurs sociaux favorables, d’un département entre ruralité et urbanisation de petites villes, d’une forte paupérisation dans le nord du Vaucluse », analyse Joël Gombin, doctorant en sciences politiques à l'université de Picardie, spécialiste des votes FN en Paca.
« Le Vaucluse est le 8e département le plus pauvre », rappelle un élu UMP de Cavaillon, qui déplore que sa ville, « l’une des plus riches du département », soit devenue « l’une des plus pauvres », et marquée par un « refus identitaire » envers « les enfants des immigrés venus travailler dans les champs dans les années 1960 ».
Pour Joël Gombin, l’« enracinement de longue date » de l’extrême droite s’explique aussi par « une faiblesse des partis politiques, des réseaux militants et d’encadrement, notamment à droite ». « Le FN prospère par défaut, face à la défaite des appareils PS et UMP », déplore l'élu de Cavaillon, qui souligne que « cela concerne désormais toutes les villes ». Le départ d'une génération entière UMP a laissé de l’espace à une extrême droite plus dynamique : le fondateur de la droite populaire Thierry Mariani a déserté la 4e circonscription, remportée par l’ex-FN Jacques Bompard ; la maire sortante d’Avignon Marie-Josée Roig a quitté la scène politique, le député Jean-Michel Ferrand a été battu à Carpentras.
Plusieurs élus font campagne sur leur implantation et contre le parachutage de Parisiens comme Ferrand face à Maréchal-Le Pen, qu'il qualifiait de « candidate folklorique » « de Paris » « qui ne connaît pas le Vaucluse ». Ce « discours d’autochtonie trouve ses limites », selon Joël Gombin. « Ces élus ignorent la circulation démographique assez forte dans ces territoires. Ils ne s’adressent pas à tout le monde quand le FN, lui, ne s’interdit pas de parler à une population plus large et tient un discours très national. »
Le chercheur estime aussi que la « stratégie de la droite populaire », très présente localement, a « légitimé des discours et thèmes du FN », tout en se retournant contre l’UMP en 2012 : « L’effet, c’est que l’électorat a préféré l’original à la copie. »« Dans les cas où la droite est atomisée ou bien mène une campagne aussi à droite que le FN, celui-ci termine devant. Pour l’UMP, la seule solution est de se recentrer. »
Cette succession de défaites a depuis amené l’UMP à réfléchir. Un conseiller général résume la situation : « La droite est en train de se tuer. On ne s’est pas renouvelé, on n’a pas travaillé. L’extrême droite nous force à la recomposition. La droite ne “couche” plus avec le FN, car cela n’a pas marché, mais maintient les contacts au cas où. » En témoigne le vote du conseil général sur le redécoupage des cantons. Des UMP se sont étonnés de voir les trois élus d’extrême droite voter avec eux, permettant d’égaliser à douze voix contre douze. « Qui les avait appelés ? » s'interroge l'un d'eux.
Pour s’en sortir, les UMP n’optent plus pour des alliances partisanes avec le FN, malgré les appels du pied du parti, mais pour deux autres stratégies : la carte de l’hyper-proximité et de la dépolitisation, ou bien le passage à l’extrême droite, au nom de l’« union des droites » prônée par Bompard. Tour d’horizon de quatre cas de figures emblématiques.
- CAVAILLON ET SORGUES : la stratégie de l'effacement
Dans certaines villes, les élus UMP ne sauvent leur siège qu’en mettant leur étiquette dans leur poche. À Sorgues (18 000 habitants), l’UMP Thierry Lagneau a été réélu au premier tour, dix-huit points devant la liste FN où figuraient Marion Maréchal-Le Pen et un ex-adjoint de la majorité UMP. Dans le sud du département, à Cavaillon (25 000 habitants), le sortant UMP Jean-Claude Bouchet est arrivé en tête, avec 41,58 % des voix, talonné par la liste frontiste de Thibault de la Tocnaye (35,67 %).
« Les deux qui s’en sortent à droite, ce sont ceux qui ont fait une campagne locale », souligne Jean-Christophe Ozil, directeur de cabinet de Bouchet. À l’inverse, « ceux qui ont fait venir des leaders nationaux ou ministres se sont effondrés », dit-il en citant le candidat EELV à Cavaillon et celui de l'UMP à Avignon.
Fin tacticien, ancien collaborateur de Juppé et ex-directeur de cabinet de Marie-Josée Roig à Avignon, Jean-Christophe Ozil a dépolitisé la campagne de son champion. « On a localisé cette élection car c’est un scrutin municipal ! Une ville ne se gère pas sur des slogans nationaux. On choisit un homme, une équipe. Notre discours, c’est de dire : “Notre sensibilité, vous la connaissez, c’est l’UMP, mais on n’affiche pas le logo car notre légitimité n’est pas celle des partis parisiens mais de notre ville” », explique-t-il.
Une méthode gagnante qu'il avait déjà appliquée à Avignon : « Face à Élisabeth Guigou en 2001, Roig disait : “Moi je suis locale, je ne me bats pas contre une ministre socialiste”. C’est ce qu’on fait aujourd’hui avec Bouchet. » Sur son site de candidat, Bouchet a tout bonnement effacé toute référence à l'UMP et opté pour la couleur orange.
Face au FN, il « ne croi(t) pas » à la stratégie de droitisation de l’UMP, « à la droite populaire, la droite forte, le rassemblement bleu lavande et à tous ces Guillaume Peltier » car « imiter, ce n’est pas gagner, c’est donner du crédit à l’extrême droite ». Et à ce titre, « beaucoup de conneries ont été faites dans le Vaucluse », selon lui.
À l'écouter, son candidat en aurait tiré les leçons, notamment en quittant la droite populaire, « beaucoup trop clivante », alors que « le gaullisme, c’est le rassemblement ». Un recentrage après la claque de 2012 ? « C'est plutôt la question de se battre sur nos valeurs. Aux législatives, Jean-Claude Bouchet a été élu en citant Clemenceau. Aux municipales, son discours, ce sont les chiffres : la délinquance a baissé de 42 % en quatre ans », raconte Ozil.
Lui, qui fut conseiller régional du Languedoc-Roussillon dans la majorité de Jacques Blanc (élu avec les voix frontistes – lire notre boîte noire), estime que la stratégie de la diabolisation du FN est inefficace : « Les gens ne veulent pas qu’on se batte “contre” le Front national, mais qu'on défende nos idées. Quand Olivier Py propose de délocaliser le festival à Avignon si le FN passe, c'est complètement idiot. »
Entre le premier tour des législatives de 2012 et dimanche, le FN a tout de même progressé de 467 voix et de 3,6 points. Avec un candidat – membre historique du parti et ancien fidèle de Bruno Gollnisch – loin d’incarner la stratégie de « dédiabolisation » voulue par Marine Le Pen. « Ils ont volontairement envoyé un mauvais candidat. Ils ne veulent pas gagner trop de villes et surtout ne pas faire d’ombre à Marion Maréchal-Le Pen dans la fédération », estime un élu UMP de Cavaillon.
Malgré cela, le candidat frontiste a su trouver des soutiens à droite. Comme Christophe Lombard, conseiller municipal et ancien patron départemental du Nouveau Centre, devenu le président de son comité de soutien :
En 2008, Lombard avait fait alliance avec le PS aux municipales, mais en mai 2012, c'est de Jacques Bompard qu'il s'est rapproché, en signant une charte qui appelait au « rassemblement nécessaire et concret de toutes les droites et du centre dont la France a besoin ». Cet été encore, il fustigeait le « tourisme électoral » du candidat frontiste, « qui arrive à Cavaillon après s'être présenté à Avignon à maintes reprises ». Si l’ex-centriste a fait marche arrière, c’est parce que le maire d'Orange a joué les intermédiaires. « Il m'a conseillé de contacter Thibaut. (...) J'ai rencontré un chef d'entreprise, un homme de conviction et de valeurs », a-t-il justifié. Bompard a d'ailleurs lui-même traversé le département pour venir soutenir le candidat du FN (voir les images).
- AVIGNON ET VALRÉAS : le naufrage de la droite
À Avignon, détenue par la droite depuis 1995, l’UMP connaît une véritable déroute. Son candidat, Bernard Chaussegros, s’est effondré dimanche à la troisième place avec moins de 21 % des voix. Le FN, jusqu’à présent contenu dans cette ville, est arrivé en tête avec 29,63 %, talonné par la socialiste. Ils sont nombreux à droite à s'étonner du « score de folie » d'un candidat frontiste « venu deux fois à Avignon ». Philippe Lottiaux, ancien collaborateur de Balkany, n'avait pas caché qu'il connaissait la ville « pas plus que d'autres » et habitait toujours Levallois. Mais il a reçu un soutien important des Le Pen.
Tout l'inverse du candidat UMP. Désigné en janvier 2013 par la maire sortante, l’inamovible Marie-Josée Roig, Chaussegros a trouvé à son arrivée une droite locale en lambeaux et affronté de nombreuses dissidences. En octobre, c’est Roig elle-même qui doit renoncer à être sa numéro deux après la révélation de l’emploi fictif de son fils. Début mars, le candidat perd une dizaine de colistiers.
L’ancien directeur de cabinet de Roig, Jean-Christophe Ozil, explique cette « vraie surprise » du premier tour par « un an de bordel et de divisions à droite ». « Il y a eu une mauvaise transmission de témoin », « un candidat qui n’a pas fait une bonne campagne et pas avec la bonne équipe », « qui n’a pas utilisé sa plus-value de petit nouveau » et a nationalisé l’élection « en faisant venir Pécresse, Copé, Lefebvre ». À cela, un élu UMP du département ajoute « un climat de fin de règne et les affaires de la droite ».
Parallèlement, Chaussegros doit affronter une liste frontiste où figurent plusieurs déçus de l'UMP, dont deux adjoints de l’équipe sortante. « Ils ont la soixantaine, plus d’espoir de continuer nulle part et veulent un dernier mandat. Le RBM (Rassemblement bleu marine, ndlr) leur offre la possibilité d’exister et de conserver Avignon à droite car pour eux Chaussegros est nul et va perdre », décrypte un ancien élu avignonnais UMP. Lui ne voit « aucune idéologie » dans ces ralliements au FN, qui « attire les gens qui veulent une place ou une ascension ».
Ils ne sont pas les seuls à regarder vers l'extrême droite. En octobre, Frédéric Rogier, un autre ex-adjoint UMP entré en dissidence, avait rencontré Jean-Marie Le Pen pour obtenir le soutien du RBM, comme Robert Ménard à Béziers. « Il n'y a qu’un Béziers en France », lui a rétorqué le fondateur du FN.
À Avignon, comme dans d'autres villes de Paca, c'est le glissement de militants et sympathisants de droite vers le FN qui inquiète. « Certains ont franchi le Rubicon, ils disent que Chaussegros est nul et qu’ils voteront pour le RBM. Dans le sud-est, notamment le Vaucluse et le Gard, une grande partie des militants UMP sont prêts à une alliance avec le FN “si on veut battre la gauche” », explique l'ex-élu avignonnais, qui évoque un « effet Canada dry ». « C’est le retour de manivelle. Sarkozy avait beaucoup promis, il a représenté un espoir pour beaucoup de militants, qui ont été déçus et se disent désormais que l’espoir sera peut-être plus à droite. » Ce pas vers l’extrême droite serait d’autant plus possible selon lui que « le FN de Marine Le Pen s’est donné une image adoucie qui a rassuré une partie de l’électorat de droite ».
Ancien adjoint de Roig entré en dissidence, aujourd’hui collaborateur du sénateur UMP Alain Milon, Michel Bissière se dit lui aussi « très inquiet pour l’avenir de la ville étant donné la stratégie sur le terrain de l’UMP », qui a « suscité un transfert important de militants vers le FN ». Comme d’autres, il note « l’échec » de la stratégie de la droite populaire et constate « que ceux qu’on voit le plus à l’UMP, les Le Maire, Wauquiez, NKM, ont des propos plus recentrés ».
Ce qu'il manque à l'UMP, c’est « un leader local », expliquent en chœur plusieurs UMP, en évoquant le vide laissé par les retraits de plusieurs ténors locaux. C'est le cas de Thierry Mariani, élu pendant plus de vingt ans à Valréas, une petite ville de 9 000 habitants à la pointe nord du Vaucluse. Au premier tour, le FN y est arrivé en tête avec plus de 36 %, tandis que l’UMP a terminé troisième avec 17,2 %. Ici aussi la droite est divisée : la liste divers droite a rassemblé près de 22 %.
- ORANGE ET BOLLÈNE : l’empire de l’ex-FN Bompard
Dans le nord du département, ce sont les Bompard qui tiennent les rênes. Non plus avec l’étiquette du FN, dont le député et maire d’Orange a été exclu en 2005, mais avec celle de la Ligue du sud, sa propre formation. Jacques Bompard a été réélu à près de 60 % au premier tour, pour un quatrième mandat. À Bollène, à quelques kilomètres, sa femme Marie-Claude a manqué de peu sa réélection et arrive en tête avec plus de 49 %. Les Bompard ont aussi parachuté le fils cadet Yann pour soutenir une liste à Lapalud.
Dans ce « laboratoire », Bompard se vante d'avoir fait « le rassemblement de toutes les droites ». En se présentant sous l’étiquette « Union de la droite et du centre » aux législatives, il a réussi à faire signer une charte à plusieurs personnalités politiques, du centre à l'extrême droite. « Il leur dit : “Nous sommes le seul rempart au FN”, rapporte un conseiller général UMP, qui s'inquiète de l'influence des Bompard dans le nord du Vaucluse. Depuis le départ de Mariani, il n’y a plus un seul maire de droite dans cette circonscription. »
Selon lui, on trouve deux catégories parmi les ex-UMP : « Ceux qui passent chez Bompard », comme Louis Driey, maire de Piolenc depuis 1995, devenu son suppléant, et « ceux qui ne sont pas officiellement avec lui, mais qui collaborent et font du Bompard sans le dire, comme Louis Biscarrat (qui brigue un cinquième mandat avec sa liste "Jonquières d’abord", ndlr) ou d’Alain Rochebonne (tête de liste de "Courthézon Avant tout", ndlr) ». « Beaucoup d’élus évacuent complètement l'UMP. Ils savent que, sans voix de gauche, ils ne seront pas élus au second tour. Leur cocktail gagnant, c’est l’hyper-proximité et la carte “je suis maire, au-dessus des partis, je cours les associations boulistes” », poursuit-il.
Mais parallèlement, Bompard joue un jeu astucieux avec Marion Maréchal-Le Pen. « FN et Ligue du sud réalisent des frappes chirurgicales », estime le même élu. L'objectif : tenter de s'emparer d'une première intercommunalité, celle d'Orange et Sorgues. À la clé, une manne financière – une capacité d’embauches, de distributions de subventions, d’investissements –, et la maîtrise des grands électeurs en vue des sénatoriales.
- CARPENTRAS : les démarchages de Marion Maréchal-Le Pen
À Carpentras, tombée entre les mains des socialistes en 2008 après une quadrangulaire, les lignes sont mouvantes entre droite et extrême droite. Ici, le duo Bompard-Maréchal-Le Pen a déjà commencé à réorganiser les droites. Le candidat du Rassemblement bleu marine n’est autre qu’Hervé de Lépinau, numéro deux de la Ligue du sud mais aussi suppléant de la députée FN. Il s’était rallié aux législatives en échange de la tête de liste frontiste aux municipales. Avec 34,37 %, Lépinau a talonné dimanche le candidat socialiste (37,32 %) et écrasé l’UMP Julien Aubert (16,63 %).
Énarque de 35 ans élu député en 2012 après le retrait de la candidate frontiste, Julien Aubert a créé un “rassemblement bleu lavande” « avec la croix du RPR », pour concurrencer le FN. « Gaulliste », « eurosceptique », il veut ainsi « faire réfléchir les gens. On leur dit : “Est-ce que vous voulez un maire “rassemblement bleu marine” ou “bleu lavande”? Le RBM est une phase d’entrée vers le FN ».
Jusque dans son propre camp, certains l'accusent de proposer un « FN light ». « C’est un ovni, paradoxal, il se présente comme gaulliste mais il va jusqu’à l’extrême limite de la droite », commente un élu UMP. « Ce sont ces thèses proches du FN qui l’ont perdu, les gens préfèrent l’original à la copie », estime son adversaire Jean-Luc Becker, dissident divers droite soutenu par l'UDI. « À chaque fois que le FN touche un mot, on ne peut plus y toucher. Ils ont bougé la clôture, je la remets et je dis : “Je n’ai pas peur” », répond Aubert.
Éliminé au premier tour, Becker a perdu les deux tiers de ses voix de 2008, « ponctionnées par le FN ». Il n’a appelé à voter pour aucun candidat. Mais selon un UMP de Carpentras, ses partisans et lui feraient « voter discrètement pour le Rassemblement bleu marine » en expliquant « que voter pour Julien Aubert ne sert à rien » : « Pendant la campagne, il a eu une neutralité bienveillante à l’égard du candidat RBM, des contacts ont été établis entre des colistiers des deux listes, certains penchent vers le FN. »
Le Canard enchaîné avait rapporté un déjeuner entre Maréchal-Le Pen et Becker, démenti par l’intéressé. Début mars, interrogé par LCP, il avait tenu des propos ambigus en annonçant « des alliances entre la droite républicaine et la droite intelligente » (voir la vidéo à 2’50). « L’idée, c’était de dire que quand la droite s’allie avec le FN, elle gagne, et pas l’UMP », estime l’UMP cité plus haut. Ce que réfute Jean-Luc Becker à Mediapart : « Je parlais de l’UMP, jamais je ne m’allierai avec le RBM. Si l’UMP avait eu une chance de gagner, j'aurais appelé à voter pour eux. Ce n’est pas le cas, j’ai laissé les électeurs libres. Comment voulez-vous prendre position entre le PS et le RBM ? »
Un conseiller général UMP du Vaucluse voit dans cette recomposition départementale le résultat du démarchage de Marion Maréchal-Le Pen auprès des candidats de droite et maires. « Elle fait la tournée des maires et leur dit :“Vous faites du bon boulot. Je n’ai pas vocation à vous mettre quelqu’un dans les pattes. Entendons-nous, prenez deux ou trois personnes de chez nous”. Même chez des maires de gauche ! » s’étonne cet élu, qui souligne la popularité de la benjamine Le Pen : « Ici, c’est cinq minutes d’attente pour la toucher, lui faire la bise, signer des autographes. »
À Apt, par exemple, elle aurait tenté, par un intermédiaire, de nouer une alliance avec la candidate UMP, qui a décliné la demande. Résultat : fin octobre, la députée annonçait le lancement d’une liste frontiste dans cette commune de 12 000 habitants. « Demain, s’ils prennent l’intercommunalité ou qu’ils font basculer le département, on va devoir faire avec eux », estime ce conseiller général.
BOITE NOIRESauf mention contraire, toutes les personnes citées ont été interrogées par Mediapart. En pleines municipales, une partie des élus et collaborateurs UMP cités n'ont accepté de témoigner des difficultés de leur parti dans le Vaucluse que sous couvert d'anonymat.
Contacté, Jean-Michel Ferrand, le président de la fédération UMP départementale, n'a pas retourné notre appel.
Jean-Christophe Ozil fut conseiller régional RPR du Languedoc-Roussillon dans la majorité de Jacques Blanc, réélu président du conseil régional en 1998, avec les 13 voix du FN, face à Georges Frêche. Il n'acceptera aucune vice-présidence et démissionnera lors de l'élection présidentielle de 2002, jugeant sa position « moralement intenable et politiquement ingérable ».
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