À Nice, l’IUFC (Institut universitaire de la face et du cou) a ouvert en 2011 sans avoir l’eau potable. Un comble pour un institut hospitalier de pointe doté des derniers équipements techniques et installé dans un immeuble ultramoderne de six étages qui a coûté plus de 30 millions d’euros. Deux ans après, malgré de multiples désinfections, filtrations et changements de robinetterie, il ne dispose toujours pas d’un réseau d’eau assaini. Seule l’adjonction continue de chlore permet de contenir une infection récurrente au Pseudomonas aeruginosa, bacille qui peut provoquer des pathologies mortelles chez des patients immunodéprimés.
L’administration de l’institut affirme n’avoir constaté aucune infection nosocomiale. Mais elle n’a pas jugé nécessaire d’organiser un rappel des patients qui auraient pu être exposés au bacille depuis deux ans. « Nous avons pris toutes les mesures qui devaient être prises et nous n’avons fait courir aucun risque aux patients ni au personnel », nous déclare, catégorique, Sidonie Lascols, l’administratrice de l’IUFC.
De son côté, le professeur José Santini, directeur du Centre anticancéreux Antoine-Lacassagne, qui cogère l’institut avec le CHU de Nice, vient de diffuser sur l’intranet de l’établissement un message au personnel : « L’été arrive, n’oubliez pas de boire ! » accompagné de sa photo en train de déguster un verre d’eau du robinet de l’institut. « L’eau de l’IUFC est, je le confirme, tout à fait potable, certains comportements sont eux franchement imbuvables », ajoute le professeur Santini, visant des membres du personnel qui ont dénoncé le problème.
Le message du professeur n’a pas détendu l’atmosphère. Le personnel pourrait difficilement oublier que le jour de l’ouverture, le 22 août 2011, une note d’information précisait : « Il est rappelé qu’il est strictement interdit de boire l’eau du robinet du bâtiment de l’IUFC. » Note accompagnée d’une distribution de bouteilles d’eau minérale. Quelques jours plus tard, des affichettes apposées dans le bâtiment montraient un pictogramme représentant une tête de mort, avec les mentions « Danger », « Eau non potable », « sanitaires indisponibles jusqu’à nouvel ordre ».
L’IUFC n’est pourtant pas le genre d’endroit où l’on s’attend à trouver une eau insalubre. Vitrine médicale et technologique des Alpes-Maritimes, appelé à devenir une référence dans le domaine ORL et en chirurgie maxillo-faciale, il a été inauguré très officiellement par le président du Conseil général du département, Éric Ciotti, et le maire de Nice, Christian Estrosi, qui est aussi président du conseil de surveillance du CHU. Estrosi, pour une fois, ne s’est guère exprimé. On attend toujours sa recette pour « mater » le Pseudomonas aeruginosa…
Sans qu’on puisse parler d’omerta, le dossier de l’eau à l’IUFC n’a pas fait l’objet d’une publicité exagérée. Un article publié par Nice-Matin le 21 juin 2013 (presque deux ans après l'ouverture de l'institut) a évoqué timidement une « polémique autour de l’eau », sans fournir d’éléments permettant de juger s’il y avait ou non un problème de fond.
Que l’on puisse, en France, ouvrir un centre hospitalier de pointe sans garantir l’accès à une eau potable ne semble troubler ni la direction de l’établissement, ni le maire de Nice, ni l’autorité sanitaire compétente, l’Agence régionale de santé PACA. Contactée par Mediapart, l’ARS nous a répondu, en livrant les informations au compte-gouttes, qu’elle avait été mise au courant du problème quinze jours après l’ouverture de l'établissement. L’ARS a constaté que l’eau fournie par Veolia était saine à l’arrivée et que par conséquent la contamination venait du bâtiment. Le 22 septembre 2011, l’ARS adresse un courrier à la direction de l’institut, lui demandant de « garantir l’accès à une eau conforme à la réglementation ». Et ensuite ? « La loi ne nous permet pas de mettre en œuvre des mesures coercitives », nous dit l’ARS.
Le plus ahurissant est que, d'après la chronologie que nous avons pu reconstituer, les responsables de l'IUFC ont décidé en toute connaissance de cause d’ouvrir l’institut sans s’être assurés que l’eau était exempte de contamination. L’IUFC est un GCS, un « groupement de coopération sanitaire », structure gérée en commun par le CHU de Nice et le Centre Antoine Lacassagne (CAL). L’institut a un administrateur, aujourd’hui Sidonie Lascols. En 2011 c'était le professeur François Demard, chirurgien, ancien directeur du CAL, et initiateur du projet de l'IUFC. La responsabilité de la sécurité sanitaire pour l’eau a été confiée dès le départ au CAL, dirigé par le professeur José Santini.
D'après notre enquête, un défaut dans le réseau d'eau de l'IUFC a été détecté avant l'ouverture du bâtiment. Début juin 2011, Tunzini, responsable des travaux, a fait contrôler l’arrivée d’eau du CAL, à laquelle il était prévu de raccorder le nouveau bâtiment (les deux édifices sont mitoyens, sur l’avenue de Valombrose). Le résultat a montré que l'eau à l'arrivée était conforme. C’est cette même arrivée d’eau que l’ARS contrôlera en septembre. Il a donc été vérifié deux fois que le problème venait du nouveau bâtiment et non de l’arrivée d’eau.
Le 17 juin, le professeur François Demard donne son autorisation écrite à Tunzini de se raccorder sur le Centre Lacassagne. Lors de la mise en eau du bâtiment, Tunzini détecte un manque de pression. Le problème est discuté lors d'une assemblée générale de l’IUFC tenue le 5 août 2011. La question de savoir si le raccordement était correct et conforme au permis de construire est soulevée par le CHSCT du CAL (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Si les capacités du réseau n’étaient pas suffisantes, cela pouvait expliquer le défaut de pression. Et ce dernier aurait pu favoriser l’existence de « bras morts » dans les canalisations, propices à la prolifération de bactéries.
Quelle que soit sa cause exacte, il y a donc un problème de pression d’eau avéré début août 2011, alors que le bâtiment est tout neuf. Cette anomalie grave aurait pu conduire la direction de l’établissement à retarder l’ouverture de l’IUFC pour permettre à Tunzini de revoir le réseau d’eau. C’est un autre choix qui est fait : on maintient l’ouverture à la date du 22 août et on décide d’installer un surpresseur.
Entre le 16 et le 18 août, Tunzini effectue une désinfection générale du réseau d’eau du nouveau bâtiment. Des prélèvements pour analyse sont alors réalisés par deux laboratoires, dont celui du CAL, le jeudi 18 et le vendredi 19, alors qu’il est prévu d’ouvrir le lundi suivant. Et que les résultats définitifs demandent un délai de plusieurs jours.
Pourquoi la désinfection et les examens ont-ils été réalisés aussi tard ? Explication alambiquée de l’administratrice : « Si on effectue les contrôles trop longtemps à l’avance, ils n’ont plus de sens. » On a donc ouvert sans avoir les résultats, comme l’atteste la note de service déjà citée, qui précise : « Dans l’attente des résultats de l’analyse de la potabilité de l’eau, des bouteilles d’eau sont mises à la disposition des personnels. »
Le même jour, quelques heures plus tard, les résultats démontrent la présence en plusieurs points de grandes quantités de Pseudomonas aeruginosa. Le professeur Santini adresse un courrier d’alerte au CHSCT du CAL, daté du 23 août, confirmant que le bâtiment de l’IUFC a été ouvert alors que l’eau n’était pas potable. Il indique qu’une « procédure dégradée » a été mise en place, que « la mise en service de l’unité d’hospitalisation de 14 lits du 4e étage est temporairement reportée », que « les douches des vestiaires des personnels sont condamnées », et que l’on condamne également les points d’eau où il n’y a pas de filtres. Une cellule de crise est constituée. Les jours suivants, des filtres sont installés sur un certain nombre de points d’eau et l’accès aux autres est bloqué.
Note de service diffusée à l'IUFC le 22 août 2011© DR
Pendant la mise en place de ces mesures de protection, des patients sont venus à l'IUFC en consultation. D'autres, qui étaient hospitalisés au CHU, devaient être transférés dans une unité du bâtiment IUFC située au 4e étage et comportant 14 lits. Le bâtiment possède une deuxième unité d’hospitalisation, dite de surveillance continue. L'administratrice, Sidonie Lascols, que nous avons interrogée sur ce sujet, nous a affirmé qu'aucune des deux unités n’a été ouverte les premiers jours ; aucun patient n’aurait donc été hospitalisé dans le nouveau bâtiment au moment de l’alerte.
Toutefois, selon un point chronologique réalisé le 26 septembre par le CHSCT du CAL, l’ouverture officielle du 22 août concernait trois des six étages du bâtiment : le niveau 1 (accueil), le niveau 5 (PC médical) et le niveau 4 où se trouve l’unité de 14 lits, appelée I4, qui devait accueillir des patients du CHU. D’après le même document, il a été décidé le lendemain, 23 août, « de fermer le I4 et d’hospitaliser les patients du CHU dans l’ancien service HDJ3 du CAL pour des raisons de potabilité d’eau ». Ce document semble indiquer que des patients ont été transférés du CHU à l’IUFC le lundi, et à nouveau déplacés vers le CAL le lendemain.
Un compte rendu du CHSCT du CHU de Nice du 8 septembre accrédite la même version : l’un des participants met en cause la responsabilité du CHU qui « alors qu’il venait d’emménager sur le niveau de l’hospitalisation complète, a dû procéder à un déménagement en urgence et se replier le 23 août vers le service HDJ3 du CAL ».
Nous n'avons pas pu éclaircir l'apparente contradiction entre les déclarations de l'administratrice de l'IUFC et les comptes rendus écrits des CHSCT. En revanche, il est certain que dès l'ouverture du 22 août, des patients sont venus en consultation, sans être hospitalisés, alors que les mesures de sécurité ont commencé à être mises en place le lendemain. Combien de personnes sont concernées ? Comment peut-on être sûr qu’aucun de ces patients n’a bu de l’eau du robinet ni ne s’est infecté ? Comment ont-ils été informés du problème ? Mystère.
Il faut savoir que le Pseudomonas aeruginosa, s'il provoque des infections le plus souvent bénignes chez le sujet en bonne santé, peut causer chez un patient immunodéprimé des bactériémies avec une mortalité de 35 %, ainsi que des infections respiratoires ou urinaires. Pour l’administration de l’IUFC, il est évident que si un patient avait été victime du Pseudomonas, on s’en serait rendu compte. Mais sur quoi repose cette certitude ? Il nous a été confirmé qu'aucun rappel des patients venus à l'IUFC les premiers jours n'a été effectué. Aucune liste n’a été publiée et aucune recherche systématique d’éventuels cas d’infections au Pseudomonas n’a été effectuée. Ni au début, ni ensuite.
Durant les premières semaines, le bâtiment fonctionne dans des conditions difficiles. L’infection au Pseudomonas est constatée en de multiples points. Le 5 septembre, un mail du docteur Emmanuel Chamorey, président du CLIN (comité de lutte contre les infections nosocomiales), résume la situation, sur la base des analyses concordantes du CAL et de deux laboratoires externes : « L’eau froide d’arrivée générale est conforme aux normes… Cette eau se contamine dans le bâtiment de l’IUFC dès le niveau 0 et cette contamination augmente lorsque l’on monte dans les étages. Certains échantillons sont tellement contaminés que le résultat est qualifié d’illisible. » Les résultats, écrit Chamorey, « montrent une eau impropre à la consommation et impropre pour les soins standards dans un établissement de santé ».
Tout au long des trois mois suivant l’ouverture, le bâtiment de l’IUFC est le théâtre d’une activité constante visant à assainir le réseau d’eau : poses de filtres, remplacement de robinets, désinfections qui nécessitent à chaque fois l’évacuation complète du bâtiment pendant un week-end. Pendant cette période, deux fuites d’eau se produisent dans les blocs opératoires, ouverts dès le 23 août, avec à chaque fois un risque de contamination au Pseudomonas. Là encore, on n’a aucune information sur les personnes qui ont pu être exposées.
Il faudra attendre le 14 novembre pour que les contrôles soient enfin conformes aux normes d’un établissement de santé. Les unités d’hospitalisation peuvent enfin être ouvertes. Le report de leur ouverture pendant trois mois a été ruineux pour l’établissement, et le manque à gagner pèse sur les budgets du CAL et du CHU de Nice. Pour maintenir l’eau exempte d’infection, une chloration en continu, au taux de 0,8 mg/l, est mise en place. Et des analyses sont effectuées chaque mois en plusieurs points du réseau d’eau.
La trêve sera de courte durée. D’après le compte rendu d’une réunion « eau » tenue le 15 février 2012, les prélèvements sur 19 points effectués en décembre 2011 montrent trois points non conformes à la réglementation ; en janvier 2012, sept points sont non conformes. De plus, le compte rendu fait état d’une série de dysfonctionnements : des robinets n’ont pas été remplacés, Tunzini a « abaissé unilatéralement le taux de chlore à 0,3 mg/l, sans concertation préalable », « le diagnostic de l’état du réseau d’eau suite aux désinfections chimiques répétées n’est toujours pas effectué », etc.
Le bâtiment de l'IUFC, à Nice© DR
Des mesures correctrices sont prises, mais les ennuis continuent. Mediapart a pu se procurer une grande partie des résultats d’analyses effectuées par le laboratoire du CAL. Il en ressort qu’en mai 2012, trois points sont contaminés au Pseudomonas : un lave-main dans un vestiaire hommes, un robinet dans un local de ménage, un autre dans des sanitaires du personnel. En juin, le lave-main d’une chambre recèle toujours le bacille. En juillet, trois nouveaux points sont contaminés. Et encore un en août. Puis, fin avril 2013, on relève du Pseudomonas dans la tisanerie du cinquième étage du bâtiment.
Il ne s’agit là que des résultats pour le Pseudomonas. Mais un autre critère de la potabilité de l’eau dans un hôpital concerne la « flore revivifiable », faite de bactéries contenues dans l’eau qui constituent une sorte de foyer dormant. D’après la norme en vigueur dans les établissements hospitaliers, l’eau doit contenir moins de dix unités de flore revivifiable à 36° par millilitre. Or, sur les relevés que nous avons consultés, pour la période d’avril à août 2012, on observe constamment plusieurs points de prélèvement qui ne respectent pas cette norme. En juillet, sur une trentaine de points, seuls six sont conformes à la norme et une demi-douzaine de résultats sont supérieurs à 300 unités par ml (alors que la norme est 10). De janvier à juin 2013, la flore revivifiable est encore largement au-dessus de la norme pour au moins la moitié des points de prélèvements, au nombre de 36 sur cette période.
Nous n’avons pas pu consulter les relevés de février et mars 2012, ni ceux des trois derniers mois de 2012. En dehors de ces deux périodes, les prélèvements donnent, chaque mois, plusieurs résultats non-conformes aux normes. Il est donc démontré que contrairement aux messages diffusés par le professeur José Santini et par l’administration de l’IUFC, depuis l'ouverture de l'institut, l’eau n’a été potable sur l’ensemble du réseau que pendant des périodes limitées et par le seul effet de la chloration.
Pourquoi l’IUFC a-t-il ouvert ses portes dans de telles conditions ? Comment se fait-il que les autorités sanitaires, en l'occurrence l'ARS PACA, n’aient pu empêcher une telle situation, intolérable dans un institut hospitalier de haut niveau ? Est-il acceptable qu’aucune recherche systématique des patients susceptibles d’avoir été exposés à un moment ou à un autre n’ait été entreprise ? À aucune de ces questions, nous n’avons pu obtenir de réponse.
La cause initiale du problème est tout aussi énigmatique. Y a-t-il eu une malfaçon dans les travaux ? D’après certaines sources proches du dossier, Tunzini aurait mis en garde les responsables de l’IUFC avant l’ouverture, et aurait demandé un délai pour contrôler l’ensemble du réseau d'eau. L'administratrice de l'IUFC, Sidonie Lascols, nous a indiqué que l'IUFC allait intenter une procédure contre Tunzini. Nous n’avons pas pu joindre la société pour connaître sa version.
Complication supplémentaire : les travaux n’ont pas été réalisés par Tunzini elle-même, mais par un sous-traitant, TSBI (tuyauterie soudure bâtiment industrie). Est-il possible que TSBI n'ait pas réalisé les travaux dans les règles de l'art ? Double malchance, le gérant de TSBI, Xhemshir Sallauka, est mort d’un arrêt cardiaque sur le chantier, pendant sa pause déjeuner, en janvier 2011 ; et sa société a été liquidée en juin 2011, ce qui empêche de se retourner contre elle.
Pourquoi la pression était-elle trop faible lors de la mise en eau du nouveau bâtiment ? Était-ce lié à un manque de capacité du réseau public de distribution, ou à un défaut dans le réseau interne à l'IUFC ? Comme on l'a vu plus haut, la question de savoir si le raccordement à l'arrivée d'eau du CAL était conforme au permis de construire a été soulevée. Nous avons pu nous procurer un extrait du permis de construire qui montre que le raccordement au CAL était bien prévu, mais qu’il était aussi prévu de réaliser un nouveau branchement incendie.
D’après l’attestation de desserte en eau potable, délivrée par la ville de Nice le 6 juillet 2006, « si le projet nécessite un poteau d’incendie supplémentaire, la capacité de desserte du réseau public devra être étudiée ». Nous n’avons pas trouvé trace d’une telle étude. Mais seulement un courrier de Coteba, un bureau d’études travaillant pour l’IUFC, adressé au professeur Demard et confirmant « qu’il n’existe aucune contre-indication réglementaire au raccordement de l’alimentation générale en eau potable de l’IUFC » sur celle déjà existante du Centre Antoine Lacassagne. Or, ce courrier est daté bizarrement du 14 septembre 2011, alors que le raccordement était fait depuis près de trois mois.
Par ailleurs, le compte rendu du CHSCT du CHU de Nice tenu le 8 septembre 2011 affirme qu’une réunion début août avec Veolia a permis « de s’assurer que le problème ne tenait pas à la distribution et au débit fournis par Veolia mais qu’il était interne au bâtiment et rendait nécessaire l’installation d’un surpresseur ».
La question n'est donc pas éclaircie. Dans la période récente, la direction du CAL est apparue quelque peu crispée. Au printemps dernier, elle a décidé d’externaliser son laboratoire de biologie et bactériologie – dont les analyses avaient révélé le problème au moment de l'ouverture de l'IUFC – et a licencié la biologiste qui le dirigeait depuis de longues années, le docteur Michèle Viot. En juin, le professeur Santini a décidé unilatéralement de mettre fin à la fonction de représentant du personnel non médical à l'assemblée générale de l'IUFC occupées par Michel Chevallier, délégué CGT, qui s’était exprimé publiquement sur le dossier de l’eau, notamment lors d’une émission sur France 3. En revanche, on attend toujours une mesure visant à éradiquer le Pseudomonas aeruginosa des conduites de l’IUFC.
Autre décision contestée par une partie du personnel : depuis le 5 avril 2013, l’unité d’hospitalisation de 14 lits, que l’on a eu tant de mal à ouvrir, est fermée tous les week-ends, et les patients sont transférés dans un service du Centre Antoine Lacassagne. Mesure justifiée par un souci d’économies. Les élus CGT du CHU de Nice et du CAL ont écrit à Christian Estrosi, administrateur du CHU de Nice, pour s’opposer à ce transfert et à la suppression du laboratoire. La réponse du maire de Nice évoque l’objectif d’« optimiser les ressources de la structure ». Il est certain qu’ouvrir une structure en maintenant deux étages fermés pendant trois mois, pour aboutir à une situation de fermeture hebdomadaire, témoigne d’un sens remarquable de l’optimisation…
Dernier épisode de cette saga en eau trouble : les directions du CAL et du CHU viennent d’annoncer un plan d’« arrêt de la chloration à l’IUFC » (à consulter ici). Ce plan prévoit de suspendre l’adjonction de chlore pour une durée indéterminée à partir du 10 août. Toute une série de précautions seront prises afin d’éviter le moindre accident. Mesures forcément coûteuses qui vont alourdir l’addition déjà très lourde du dossier de l’eau à l’IUFC, dont le montant se chiffre en millions d’euros.
Mais pourquoi arrêter la chloration ? Parce que les germes ont disparu ? Pas du tout. Le but de la manœuvre est au contraire… de les faire revenir ! « Ceci afin de constater la matérialité et la persistance du désordre vis-à-vis de l’entreprise Tunzini et de l’assureur Axa. » Vous avez bien lu : pour démontrer qu’il a subi un réel préjudice du fait que Tunzini lui a livré un réseau de mauvaise qualité, l’IUFC va laisser délibérément proliférer les germes qu’il a combattus sans relâche depuis deux ans, tout en niant leur existence. Ainsi va la logique administrative de notre système hospitalier, réputé l’un des meilleurs du monde. Les esprits simples, qui préfèrent l'eau claire à la solution chlorée, ne peuvent pas comprendre.
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