Nicolas Sarkozy n’est pas la seule personnalité emportée dans la tourmente des affaires qui ait eu l’idée de se procurer un téléphone secret, pour essayer d’échapper à la vigilance des policiers et des magistrats chargés d’enquêtes le concernant. Selon nos informations, l’actuelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a eu recours au même stratagème, mais sans pour autant user d’une identité d’emprunt.
Dans le cas de Nicolas Sarkozy, l’affaire a défrayé la chronique, et on en connaît maintenant tous les détails. C’est en effet son conseil, Me Thierry Herzog, qui a acquis à Nice un téléphone pour l’ex-chef de l’État, dans l’espoir que les conversations qu’ils auraient entre eux pourraient échapper à la vigilance de la police judiciaire, dans l’hypothèse où ils auraient été placés sur écoutes. Or, on sait ce qu’il en est advenu. Même si ledit téléphone avait été acheté non pas sous l’identité de Nicolas Sarkozy mais sous celle d’un certain Paul Bismuth – lequel Paul Bismuth n’a pas porté plainte mais n’a guère apprécié cette usurpation d’identité comme il l’a confié à ITélé (voir la vidéo ci-dessous) –, la police judiciaire a eu connaissance du subterfuge et a placé aussi sur écoutes ce discret téléphone.
Et c’est grâce à ces écoutes sur ce téléphone secret qu’elle a eu connaissance des conversations entre Me Herzog et son client, Nicolas Sarkozy – ces désormais célèbres conversations révélées par Mediapart (lire Ecoutes : le complot de Sarkozy contre les « bâtards de Bordeaux) au cours desquelles l’avocat vitupère contre les magistrats de Bordeaux, les « bâtards » de Bordeaux comme il les appelle, et qui seront à l’origine de l’ouverture d’une nouvelle information judiciaire pour trafic d’influence…
Or, dans le cas de Christine Lagarde, une histoire un peu semblable est survenue. Selon nos informations, la Commission d’instruction de la Cour de justice de la République (CJR), qui a en charge l’enquête pour complicité de faux et complicité de détournements de fonds publics visant l’ancienne ministre des finances dans le scandale Tapie, a eu connaissance qu’un numéro de téléphone mobile, lié à l’opérateur Free – un numéro commençant par un « 06 » – était utilisé par une personne impliquée dans cette affaire. La Commission d’instruction a donc délivré une commission rogatoire afin que l’identité de l’utilisateur de la ligne soit connue.
La Brigade financière s’est chargée d’adresser le 4 mars 2013 une réquisition au service compétent de Free, en lui signalant qu'une adresse mail (une adresse en gmail) était associée à cette ligne. Et le jour même, l’opérateur téléphonique a fourni la réponse, indiquant que la ligne avait été ouverte par une dénommée... Christine Lagarde, le 16 janvier 2012. Dans son cas, la directrice générale du FMI n’a donc pas cherché à cacher son identité. Selon l’opérateur téléphonique, la ligne est devenue active à compter du 17 février 2012, mais d’une façon assez limitée.
À titre d’illustration, l’opérateur téléphonique a relevé qu’entre le 1er janvier 2013 et le 1er mars 2012, Christine Lagarde n’a jamais appelé à partir de ce téléphone mais a reçu une trentaine d’appels ou de SMS, en provenance toujours du même numéro, et quand il s’agissait d’appels, ceux-ci n'ont jamais été reçus en direct par Christine Lagarde mais ont toujours abouti sur le répondeur lié à son téléphone portable. En clair, il s'agissait seulement d'appels « entrants »…
À notre connaissance, la réquisition visait donc à connaître les « fadettes » des appels mais non à placer Christine Lagarde sur écoutes. Il n’empêche ! La réquisition a permis de vérifier que Nicolas Sarkozy a lancé une nouvelle vogue, auprès de ses proches, celle, si l’on peut dire, des téléphones secondaires…
A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Manuganu, un bon jeu de plateforme sur Android