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Paris: la «mission impossible» de NKM

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À Paris comme ailleurs, la droite a profité du rejet de la politique gouvernementale pour réaliser un bon score au premier tour des municipales. Nathalie Kosciusko-Morizet arrive en tête avec 35,64 % des voix, contre 34,40 % pour la socialiste Anne Hidalgo (lire l'ensemble des résultats parisiens sous l'onglet “Prolonger”). Mais à Paris, comme nulle part ailleurs, les résultats enregistrés dans les vingt arrondissements de la capitale marquent en réalité la défaite de l’union de l’UMP et du centre.

Car dans le XIIe et le XIVe, les fameux arrondissements de la « reconquête », indispensables à la droite pour faire basculer la majorité au conseil de Paris, les listes UMP-MoDem-UDI se trouvent en fort mauvaise posture. Dans le XIVe, Nathalie Kosciusko-Morizet arrive en deuxième position avec 33,10 % des voix, derrière son adversaire, la socialiste Carine Petit (37,89 %). Quant au XIIe, Valérie Montandon rassemble seulement 33,34 % des voix, contre 37,40 % pour Catherine Barrati-Elbaz (PS) et 10,1 % pour Christophe Najdowski (EELV).

Discours de Nathalie Kosciusko-Morizet, le 23 mars à Paris.Discours de Nathalie Kosciusko-Morizet, le 23 mars à Paris. © Nicolas Serve

Porte-parole de Nathalie Kosciusko-Morizet et candidat UMP dans le XVIIIe arrondissement (où il a recueilli 25,24 % des suffrages), Pierre-Yves Bournazel préfère commenter la « sanction Hidalgo » dans le XVe arrondissement, où la candidate socialiste engrange seulement 29,10 % des voix au premier tour contre 48,56 % pour le maire UMP sortant, Philippe Goujon. « Contrairement à ce que tout le monde disait, nous sommes en tête au premier tour, dit-il à Mediapart. L’écart se resserre par rapport à 2008, il y a une vraie dynamique qui se crée. Les électeurs qui se sont abstenus de voter aujourd'hui vont pouvoir nous rejoindre au second tour ! »

Pierre-Yves Bournazel, le 23 mars à Paris.Pierre-Yves Bournazel, le 23 mars à Paris. © Nicolas Serve

L'abstention, dont tout le monde parlait durant la campagne, s'est révélée moins importante à Paris que les socialistes ne le craignaient. « Cela tient surtout au fait que les Parisiens savent que les engagements de la gauche sont crédibles », souligne Sandrine Mazetier. La députée PS de Paris estime que Nathalie Kosciusko-Morizet, « qui misait sur l’abstention, le XIIe et le XIVe, a perdu tous ses paris ».

S’il salue « le progrès » que marquent les résultats du premier tour dans certains arrondissements parisiens tels que le IXe (où la candidate UMP Delphine Bürkli devance légèrement son adversaire socialiste, Pauline Véron), le député et conseiller UMP de Paris, Pierre Lellouche, explique à Mediapart que « le fond du sujet reste le mode de scrutin et l’implantation dans l’Est parisien ».

« Paris, ce n’est pas une élection, mais vingt, rappelle-t-il. Je regrette que nous n’ayons pas trouvé le temps, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, de modifier ce système. Ce mode de scrutin va empêcher la concrétisation du succès au second tour. S’ajoute à cela le problème de l’immobilier qui expulse de Paris les classes moyennes, à savoir notre électorat. Tant qu’on sera dans cette situation, Paris sera mission impossible. » 

À droite, Pierre Lellouche déplore également les « dissidences d’ego », incarnées par les listes « Paris Libéré » de Charles Beigbeder. « Il n’y aura pas de fusion dans le VIIIe arrondissement (où la candidate UMP-MoDem-UDI a réalisé 46,62 %, contre 19,27 % pour Charles Beigbeder et 15,40 % pour la candidate PS-PCF-PRG – ndlr), mais ces voix vont automatiquement se reporter au second tour », ajoute-t-il. Pour le reste, Nathalie Kosciusko-Morizet l’a indiqué dès l’annonce des premiers résultats : demain, elle sera « sur le terrain » pendant que « Madame Hidalgo sera dans la cuisine électorale ».

La candidate socialiste doit effectivement commencer à négocier avec Europe Écologie-Les Verts (EELV), chose qui n'avait pas été faite jusqu'à ce soir. « Les discussions vont démarrer cette nuit, indique à Mediapart le candidat EELV à la mairie de Paris, Christophe Najdovski. Deux délégations vont se rencontrer pour discuter du programme et de la fusion des listes. On est dans une bonne position. L’excès de confiance des socialistes leur a joué des tours. »

Le codirecteur de campagne d’Anne Hidalgo, Rémi Féraud, a également indiqué à l'AFP que le PS parisien ouvrirait « peut-être » des discussions avec le Parti du gauche, à condition que celui-ci s’engage sur un « projet pour Paris » et non « pour des places ». Interrogé sur France 3, le conseiller de Paris Front de gauche Alexis Corbière a souhaité que « les électeurs qui ont voté pour le PG soient représentés à hauteur de ce qu’ils sont », ajoutant que le PS et les Verts auraient besoin des voix du Parti de gauche pour passer la barre des 50 % au second tour dans le XIIe arrondissement, où il a lui-même rassemblé 5,4 % des voix.

Dans le XIIe, Alexis Corbière a rassemblé 5,4 % des voix.Dans le XIIe, Alexis Corbière a rassemblé 5,4 % des voix. © Nicolas Serve

Christophe Najdovski se réjouit que « la question de l’environnement ait pesé dans la campagne parisienne ». « Avec le pic de pollution qu’a connu l’Île-de-France ces derniers jours, les Parisiens ont bien vu que nous étions les seuls à avoir de vraies solutions sur ces sujets, affirme-t-il. S’ajoute à cela la colère, pour ne pas dire le dégoût, des électeurs de gauche pour ce qui se passe au national. Du coup, ils ont voté pour nous. »

« Le PS et les Verts préparent un accord politicien alors qu’ils sont en désaccord sur tout, à commencer par le bétonnage de Paris, argue l'UMP Pierre-Yves Bournazel. Nathalie Kosciusko-Morizet a été ministre de l’écologie. Entre elle et Anne Hidalgo, c’est vraiment elle la plus écolo ! » « NKM a surtout été ministre du diesel, renchérit Christophe Najdovski. C’est elle qui a favorisé la multiplication de ces petites particules qui nous empoisonnent la vie. C’est indécent de sa part de se prétendre écolo… »

Malgré les bons résultats engrangés par les candidats EELV, le député et conseiller UMP de Paris, Pierre Lellouche, estime que l'entre-deux tours ne se jouera pas forcément sur « les questions écolos » : « Il va falloir davantage cliver avec la gauche, conclut-il. Sur la fiscalité, le logement, la propreté, la préparation de la ville au XXIe siècle... Mais bon, c'est Nathalie Kosciusko-Morizet la tête de liste, c'est elle qui décide. »

Prolonger : Retrouvez toutes nos informations complémentaires sur notre site complet www.mediapart.fr.

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