C’est le premier enseignement du scrutin : les élections municipales, d’ordinaire les plus mobilisatrices avec l’élection présidentielle, affichent cette année une abstention record. Qu’on en juge : selon le ministère de l’intérieur, à 17 heures, la participation était cette année de 54,72 %, contre 56,25 % en 2008. Si cette tendance est confirmée par le ministère après la fermeture des derniers bureaux de vote à 20 heures, ce sera le plus mauvais résultat de toute la Ve République pour des élections municipales.
En 2008, le taux de participation au premier tour était de 66,5 %, soit une abstention de 33,5 %. L'abstention était de 32,6 % au premier tour en 2001, et de 30,6 % en 1995. Elle était de 21,6 % aux municipales de 1983. Les résultats de ce premier tour diront au long de la soirée si cette abstention a davantage profité à l'UMP qu'au PS au pouvoir, comme les états-majors des partis le prévoyaient ces dernières semaines. Une chose est sûre, le FN, bien que ne présentant des listes que dans près de 600 villes, semble tirer profit de cette abstention, en se plaçant en tête à Hénin-Beaumont, Béziers, Avignon ou Perpignan.
Marseille. Dans la cité phocéenne, où le PS serait en troisième position derrière le FN et où Patrick Mennucci serait seulement deuxième dans son secteur du centre-ville, les militants PS se font rares au QG du candidat socialiste. « C'est la cata’ », lance en arrivant un groupe de militants. Patrick Mennucci, qui devait intervenir à 21 heures, se fait attendre. « Il va falloir analyser très finement les différences avec les sondages des derniers jours », dit Jean-Paul Giraud, membre de l'équipe de campagne du candidat PS et ex directeur de cabinet du président de la communauté urbaine.
Clermont-Ferrand. Le candidat du parti socialiste Olivier Bianchi réunit 30,72 %, en retrait de 17 % par rapport à 2008. Il devance le candidat de l’UMP (24,24 %), le candidat FN Antoine Rechagneux (13 %) et le candidat divers gauche Alain Laffont (12 %).
Laval. En 2008, le socialiste Guillaume Garot avait arraché Laval à la droite, qui contrôlait la ville depuis 13 ans. Cette année, elle pourrait bien rebasculer. François Zocchetto, candidat d'union de la droite et du centre, pourrait en effet l'emporter d'une courte tête face au maire PS sortant Jean-Christophe Boyer. François Zocchetto réunit plus de 46% des suffrages. Le PS est à 34%. Le FN peut se maintenir (10,12%). Le candidat socialiste peut compter sur les reports du Front de gauche (7,27%) et d’un candidat d’estrême-gauche (1,69%). Insuffisant?
Parti socialiste. Harlem Désir a adressé un message qu'il veut « sans ambiguïté » : « Nous ferons tout pour qu’à l’issue de ces élections municipales, aucune ville ne soit dirigée par le Front national. » Peu avant sa déclaration, Hénin-Beaumont a d'ores et déjà basculé dans le giron de Marine Le Pen. À Marseille, Patrick Mennucci devrait terminer le premier tour en troisième position, peu derrière le FN et très loin derrière Jean-Claude Gaudin. Une situation similaire à Nîmes, où droite et FN distancent PS et Front de gauche. Malgré quelques résultats positifs à Tarbes, Guéret, Limoges, Bourges ou Vesoul (entre 15 et 18 %), le Front de gauche reste le plus souvent cantonné entre 5 et 10 %, et ne profite guère du désaveu socialiste.
Quimper. L’ami du président est menacé. Le PS le redoutait, les électeurs l’ont confirmé : le maire sortant, Bernard Poignant, conseiller de François Hollande à l’Élysée, arrive en deuxième position derrière l’UMP Ludovic Jolivet, soutenu par l’UDI (29,32 % pour l’UMP, contre 27,91 % pour le PS). Le MoDem, qui réalise souvent des scores importants dans la préfecture du Finistère, est qualifié pour le second tour avec 14,93 % des suffrages pour Isabelle Le Bal. Le FN, qui n’avait pas présenté de liste depuis 2001, réalise plus de 8 % des voix. À gauche, les écologistes se sont effondrés avec 7,6 %, contre près de 17 % lors des dernières municipales de 2008, au profit d’une liste de la « Gauche bretonne », avec des régionalistes et des EELV en rupture de ban (6,06 %). La gauche radicale dépasse la barre des 5 % (5,77 %). Le taux de participation s'élève à 59,64 %, soit cinq points de moins qu'en 2008, rappelle Ouest-France.
Avant le premier tour, Poignant s’inquiétait de la démobilisation et du risque d’abstention à gauche (lire notre reportage).
Matignon. Le premier ministre Jean-Marc Ayrault appelle à distinguer entre la volonté de sanctionner le gouvernement et l'enjeu local. Le premier tour « s’est déroulé dans un contexte économique et social difficile pour les Français. La France est engagée dans une politique de redressement indispensable mais exigeante. Certains électeurs, soit par l’abstention, soit par leur vote, ont exprimé leurs inquiétudes voire leurs doutes. La campagne va se poursuivre pour le second tour. La priorité est de se rassembler. L’heure est au rassemblement le plus large et le plus vite possible ». Il a également rappelé la consigne nationale du PS de jouer le front républicain en cas de triangulaires. « Là où le FN est en mesure de l’emporter, l’ensemble des forces démocratiques ont la responsabilité de créer les conditions pour l’en empêcher », a dit l'ancien maire de Nantes. De son côté, Jean-François Copé et François Fillon, pour l'UMP, ont refusé de donner une consigne de vote ou de désistement.
Lille. La maire sortante, Martine Aubry, (PS) réunit 35 % des voix au premier tour, un chiffre en baisse de 10 % par rapport à 2008. L'ancienne secrétaire du parti socialiste devance le candidat de la droite Jean-René Lecerf (23 %). En troisième position, le candidat du FN Eric Dillies réunit 17 % des suffrages, provoquant une triangulaire pour le second tour.
Nantes. La socialiste Johanna Rolland arrive en tête avec 36,49 % des suffrages exprimés, devant son adversaire UMP Laurence Garnier (21,60 %) et la candidate écologiste Pascale Chiron (12,83 %). Un deuxième tour aura lieu à Nantes dimanche prochain, une chose inédite depuis 1989 et la première élection de Jean-Marc Ayrault.
Fréjus. Le candidat d’extrême droite David Rachline (FN) arrive en tête au premier tour avec 40 % des suffrages. Il devance le candidat UMP-UDI Philippe Mougin, qui réunit 18 %, selon les premières estimations. Derrière le duo de tête, Elie Brun (divers droite) réunit 17,8 % et le candidat PS, Elie Di Meo, 16,4 %. Une quadrangulaire pourrait avoir lieu au second tour.
Cavaillon. Le maire sortant Jean-Claude Bouchet (UMP) est en ballotage favorable avec 41,58 % des voix. Le candidat du FN arrive deuxième avec 35,67 %. Le candidat EELV, qui représente la gauche, atteint seulement 17,56 % des suffrages.
Hénin-Beaumont. Le candidat Front national Steeve Briois est élu au premier tour avec 50,15 % des voix.
Perpignan. Louis Aliot (FN) est en tête à Perpignan avec 33,8 %, un score en hausse de 20 % par rapport à 2008, selon les premières estimations. Le candidat divers droite Jean-Marc Pujol réunit 30 % des voix. En troisième position, le candidat PS-PCF Jacques Cresta provoque une triangulaire avec 12 %. La liste divers droite obtiendrait 9,9 % et ne pourrait donc pas se maintenir, pas plus que la liste EELV (6,1 %).
Exécutif. Sur les plateaux télé, les ministres du gouvernement reprennent les mêmes éléments de langage. En résumé : les électeurs ont envoyé un message à l'exécutif, mais les municipales relèvent d'un enjeu local et les sympathisants de gauche doivent se mobiliser pour le deuxième tour. « Il y a des inquiétudes, des attentes, peut être du mécontentement. Le gouvernement a engagé une politique de redressement difficile, mais les résultats vont mettre encore du temps. Mais nous sommes en train de parler d’une élection municipale – donc ce qui se joue c’est la mobilisation des électeurs la semaine prochaine. Des villes gérées par la droite et des villes gérées par la gauche, ce n’est pas la même chose. Il s’agit de se mobiliser la semaine prochaine », a ainsi expliqué Marisol Touraine sur TF1. Un peu plus tôt, sur France 2, Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, avait dit la même chose : « L'électorat de gauche a envoyé un message. Il est parfaitement compris. Mais la première chose, le soir du premier tour, c’est d’appeler à la mobilisation du 2e tour. » « Le 2e tour doit être l’occasion d’une mobilisation pour porter des idées et une action au niveau local », a-t-il insisté.
Pau. Le leader du MoDem François Bayrou, soutenu par l’UMP, est en ballotage favorable avec 41 % des suffrages, selon les premières estimations. « Être à ce point soutenu par les électeurs, (…) c’est pour moi une émotion très grande », a déclaré l’ancien candidat à la présidence de la République. En deuxième position, le député PS David Habib obtient 26 % des voix, un score inférieur de 13 % aux résultats de 2008. Le FN est troisième avec 7 % des suffrages.
Notre reportage à Pau : À Pau, Bayrou mise sur sa notoriété et fustige le «socialisme municipal»
Front de gauche. Un communiqué du Parti de gauche affirme que « les premiers résultats et estimations qui nous parviennent montrent les très belles performances des listes FdG autonomes ». « Les scores à deux chiffres dans de nombreuses villes traduisent un enracinement et une nette progression, faisant ainsi du FdG l'alternative dynamique à un PS en déconfiture », ajoute le texte, qui donne quelques résultats : Grabels (Herault) : 49,97 %; Épernay (Marne) : 12,3 %; Limoux (Aude) : 11,37 %; Lanester (Morbihan) : 16 %…
Mulhouse. Le maire sortant UMP Jean Rottner réunit 44 % des voix, suivi par le candidat PS Pierre Freyburger (33 %) et la candidate FN Martine Binder (22 %). Le score du parti d’extrême droite augmente de 12 % par rapport à 2008. Une triangulaire en perspective pour le deuxième tour.
Marseille. Dans la salle de presse à la permanence de Patrick Mennucci, candidat PS, les journalistes ont les yeux rivés sur TF1 où tombent les résultats du FN : 50 % à Hénin-Beaumont, en tête à Avignon, à Fréjus, etc. Pas de chiffres à Marseille avant 20h45. « Mais on sait à peu près quels vont être les résultats quand on voit ce qui se passe ailleurs », grimace une attachée de presse de l'équipe Mennucci. « C'est la cata’ », lance un groupe de militants. Selon les premières estimations à l'échelle de la ville, le FN devance le PS. À 22 heures, Patrick Mennucci s'est enfin décidé à s'adresser aux journalistes : « C'est un jour sombre pour la France. » « Je suis convaincu que le changement auquel aspire les Marseillais ne passera pas par le FN, ni par l'immobilisme de la mairie sortante », a déclaré le candidat PS lors d'une rapide allocution, devant les mines abattues des rares militants présents. Dans les arrondissements du 4e et 5e secteur, la ministre Marie-Arlette Carlotti arriverait en troisième position, derrière le sénateur UMP Bruno Gilles et le FN. « Il va falloir analyser très finement les différences avec les sondages des derniers jours », dit une source au sein de l'équipe de campagne du candidat PS. « C'est la claque, mais pas qu'ici », dit Jacques Boulesteix, astrophysicien et candidat dans les quartiers Nord.
Nîmes. Selon les premières estimations, le maire sortant Jean-Paul Fournier (UMP) totalise 35,84 % des suffrages, devant le candidat FN Yoann Gilet qui réunit 20,41 % des voix, triplant son score par rapport à 2008. Suivent la candidate PS Françoise Dumas avec 15,68 % et le candidat du Front de gauche avec 12,30 %. Le candidat divers gauche réunit 10,39 %.
Orange. Le maire sortant d’extrême droite Jacques Bompard est réélu avec 59 % des suffrages.
National. Les premières données et résultats laissent entrevoir un profond recul des listes socialistes, une abstention à peu près aussi forte qu'en 2008 et une nette progression du FN. Certaines villes paraissent déjà perdues pour les maires socialistes sortants, comme Saint-Étienne, Amiens, Pau ou Nancy. À Niort, ville socialiste depuis 60 ans, la ville a basculé à droite dès le premier tour. À Nîmes, Perpignan, Béziers, Saint-Gilles ou Fréjus, le FN paraît proche de l'emporter. À Hénin-Beaumont, Steeve Briois l'emporte au premier tour… De nombreuses triangulaires avec le FN, estimées autour de 200, vont avoir lieu dimanche prochain.
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