« Je n’ai pas de conseillers occultes », assure Marion Maréchal-Le Pen. Bien malin qui peut dire qui entoure et conseille la nièce de Marine Le Pen. Membre du bureau politique du FN, candidate aux municipales à Sorgues (Vaucluse) et seule députée à porter le label FN, Marion Maréchal a conquis, à 24 ans, une certaine autonomie par rapport à l'entreprise familiale. Elle l'a fait avec l'aide d'une galaxie opaque, dans laquelle gravitent plusieurs familles de l'extrême droite, jusqu'aux plus radicales : GUD, Action française, GRECE, Printemps français.
«Jean-Marie Le Pen a les yeux qui pétillent lorsqu’il parle de Marion», raconte Maxime Ango-Bonnefon, son directeur de campagne lors des législatives 2012. C’est le fondateur du FN lui-même qui a convaincu sa petite-fille de se présenter dans la 3e circonscription du Vaucluse, car il fallait « marquer le coup pour effacer l’affaire de Carpentras (en 1990, ndlr) ». Le parti a mis les moyens : une vaste permanence installée dans un ancien club de sport qui peut accueillir plusieurs centaines de personnes.
Mais qui pilote cette équipe ? La députée frontiste affirme à Mediapart ne pas avoir de « gourou ». « Tout est transparent. Je travaille avec mes assistants parlementaires et les responsables thématiques du FN, de façon assez simple, avec un système de boîte à idées. On discute, puis je me forge mes idées. » À la fédération FN du Vaucluse, Julien Langard, responsable du canton sud de Carpentras, nous renvoie vers les « documents officiels du FN 84 ». « Le reste, ce sont des amis, des conseillers, des militants », dit-il en refusant de parler « de personnes qui n’ont pas de fonctions attitrées». Ces grands absents de l'organigramme sont pourtant influents.
Sur le site de la députée FN, seuls trois personnages apparaissent dans la rubrique « équipe » : son suppléant Hervé de Lépinau, proche du député d’extrême droite Jacques Bompard, et rallié aux législatives en échange de la tête de liste “Rassemblement bleu marine” aux municipales à Carpentras ; ses assistants parlementaires Alexandre Heuzey (Paris) et Rémy Rayé (Carpentras). Le premier a travaillé au groupe FN du conseil régional d'Ile-de-France. Le second a passé vingt ans dans l’armée et a « baigné dans le FN depuis tout petit » (un père responsable du FN à Carpentras dans les années 1980 et une tante conseillère régionale FN).
Mais il n'y a aucune trace de celui qui ne quitte pas l'élue frontiste d’une semelle, Arnaud Stephan. « Par souci de discrétion, justifie-t-elle. S’afficher au FN, cela continue d’être délicat. » Ce quadragénaire est plus qu'un simple collaborateur parlementaire : conseiller médias et communication de la députée du Vaucluse, il gère dans l'ombre sa trajectoire politique.
Arnaud Stephan est en réalité un pseudonyme, « pour des raisons familiales », affirme l'intéressé. Sous son véritable nom, le conseiller de Marion Maréchal possède un CV bien rempli au cœur de la nouvelle droite, dans une demi-douzaine de mouvements. Issu des JAN (les Jeunesses d’action nationaliste, dissidents du FN), il est devenu l'homme de confiance de l'ex-conseiller régional d'Ile-de-France Jean-François Touzé, qui a alterné postes de responsabilités au FN et années de dissidence envers Jean-Marie Le Pen.
Pendant vingt ans, il a enchaîné les responsabilités dans les groupuscules de Touzé : Espace nouveau, Alliance populaire, Parti national républicain (PNR – dont il est secrétaire général et candidat aux législatives en 1997), fusion entre le CNI (Cercle national des indépendants) et le PNR, en 1998, Nouvelle Droite républicaine (NDR) en 2008. Il collabore à plusieurs revues d'extrême droite, Persiste et signe, Le Choc du mois ou encore Patrie liberté.
Entre 1991 et 1993, il intègre le directoire du GRECE (Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne), où il gère les relations presse et les « initiatives culturelles ». Laboratoire de l'extrême droite païenne, anti-égalitaire, anti-américain autant qu'anticommuniste, le GRECE a repensé le racisme sous la forme d'un « racialisme différentialiste », hostile à tout métissage, et défendu « le droit à la différence » pour mieux prôner la hiérarchie des races.
En 1995, on le retrouve à la création de l’UNED (Union nationale des étudiants de droite), qui vise à rassembler les étudiants d’extrême droite. Sur le site Nationspresse, très proche du FN, des militants l’ont accusé d’être un « anti-Le Pen pathologique ». Lui réplique qu'il a participé « à la campagne de 2002 » de Jean-Marie Le Pen.
Aujourd’hui, il assume ce parcours: « J’ai fait ce que j’ai pensé bon de faire à ce moment-là. Je n’étais pas les Brigades rouges, je suis sorti du radar parfois, mais je n’ai pas fait de grosses conneries ». Tout en le minimisant : « À l’époque, il y avait un fourmillement de mouvements, on passait de l’un à l’autre, 300 personnes représentaient 600 associations. C’est en noir et blanc, c'est comme si vous demandiez à un artiste de parler de ses albums d'il y a quinze ans. » De son côté, Marion Maréchal se contente de répondre qu'elle « travaille avec l’homme qu’il est aujourd’hui ».
Comme d’autres membres de l’équipe Maréchal-Le Pen, Arnaud Stephan est arrivé par l’intermédiaire de Yann Le Pen, la sœur cadette de Marine Le Pen. La mère de la députée tient également une place importante dans le dispositif. Aujourd'hui encore à la tête de la direction nationale des grandes manifestations du FN, « elle la conseille sur sa façon de faire de la politique, explique Arnaud Stephan. On discute, on prépare des émissions ensemble, parfois à Saint-Cloud, au domicile de sa mère, dans un cadre familier ». « Elles sont très proches et très fusionnelles », confirme Maxime Ango-Bonnefon. « C’est un soutien de vie », tempère Marion Maréchal.
Autre personnage clé dans la construction de son identité politique, son père, Samuel Maréchal, qui fut le président du FNJ dans les années 1990 et l’un des artisans de la stratégie de « dédiabolisation ». « C’est son plus proche conseiller », assure Maxime Ango-Bonnefon. Retiré de la politique, à la tête d'une société de conseil aux entreprises ivoiriennes à Paris et Abidjan, il a « encore quelques réseaux, notamment dans la communication », raconte Rémy Rayé. « Il fait partie de mes exemples politiques, il a marqué les esprits, il a participé à façonner le concept de “ni droite ni gauche” », explique la députée frontiste.
Lors des législatives, elle a choisi comme directeur de campagne un partisan de Bruno Gollnisch, Maxime Ango-Bonnefon. Lui aussi issu du service de Yann Le Pen au siège du parti, ex-pilier des “Jeunes avec Marine”, il explique être « toujours assez proche de Bruno Gollnisch », qu’il considère comme un « ami ».
Dans les mentions « J’aime » de sa page Facebook, le jeune homme affiche des références dans la droite ligne de Gollnisch : Dominique Venner, l’essayiste d’extrême droite qui s'est suicidé dans Notre-Dame de Paris ; l'intellectuel et pilier de la mouvance identitaire Jean-Yves Le Gallou ; le leader niçois des identitaires, Philippe Vardon ; Roger Holeindre, cofondateur du FN qui a claqué la porte après l'élection de Marine Le Pen ; le député européen britannique Nick Griffin, connu pour ses déclarations racistes, négationnistes et antisémites ; des partis européens de l’extrême droite la plus radicale (comme le Jobbik hongrois) ; l'écrivain collaborationniste et antisémite Lucien Rebatet ; l’historien Bernard Lugan, proche de l'Action française, dont les travaux ont servi de support aux partisans de l’apartheid.
Plus embêtant : Marion Maréchal s’est aussi entourée, la première année, d’une assistante parlementaire passée par le GUD (Groupe union défense) à Lyon. Victoria Dufour, 23 ans, a été la trésorière de cette organisation nationaliste-révolutionnaire et antisémite aux méthodes violentes. Alors proche de l'Œuvre française et des Jeunesses nationalistes, groupuscules pétainistes, le GUD Lyon est passé entre les gouttes des dissolutions de juillet.
« Son père nous avait prévenu, au cas où. Cela ne nous posait pas plus de questions que cela. Vicky est une repentie maintenant, elle avait quitté le GUD pour le FNJ », estime Maxime Ango-Bonnefon. « Je le savais, j’en avais discuté avec elle, elle m’a dit que cela ne lui avait pas plu. Elle fait partie de ces gens qui s’engagent très jeunes quelque part et en reviennent vite », justifie Marion Maréchal. Aujourd’hui encore, les deux femmes sont « amies », d’après son entourage.
Le père de Victoria Dufour, Marc Dufour, figure lui aussi parmi les militants « très actifs » du noyau d’une trentaine de personnes fédérées à Carpentras, selon les assistants parlementaires de la députée. En juin 2012, il expliquait au Nouvel Observateur avoir « commencé à activer les réseaux » en amont des législatives. C’est lui qui pilote aujourd’hui la logistique de la campagne du suppléant de Marion Maréchal à Carpentras. « On se voit souvent, je le connais bien. Il fait partie du cercle amical de Marion », raconte Rémy Rayé.
Ce quinquagénaire se définit comme « un militant de base », « quelqu’un de très discret, qui n’a aucun rôle officiel ». Il explique s’être « encarté » au FN il y a un an, lorsque Marion Maréchal « a débarqué dans le département comme la providence arrive un jour sur terre ». « Je fais partie de cette droite traditionnelle. Je n’ai aucun passé de militant », assure-t-il. Il a pourtant gravité autour du groupe de Yann Tran Long, un mercenaire issu des néo-nazis de la FANE (Fédération d'action nationale et européenne – voir ces images).
Sa femme, Antonia Soton, milite elle aussi pour Marion Maréchal. « Elle monte quelques permanences, je la croise au détour de réunions », confirme Rémy Rayé. « Antonia, c’est le troisième cercle », minimise Maxime Ango-Bonnefon. « Je ne travaille pas politiquement avec elle, j’ai très peu de relations avec elle », affirme Marion Maréchal. Il faut dire que le CV d’Antonia Soton est difficile à assumer : elle a successivement milité au Parti des forces nouvelles (PFN), au GUD, puis dans le groupe Tran Long.
Elle a surtout été citée dans l’affaire Dulcie September, cette représentante du Congrès national africain (ANC) en France, assassinée en 1988. À l’époque compagne de l’ancien chef du GUD et mercenaire Richard Rouget, Soton a expliqué à un journaliste l'avoir aidé à surveiller des militants de l’ANC.
Aujourd’hui, le GUD est toujours présent chez Antonia Soton : sur son Facebook, où elle affiche l'emblème ; dans les « dîners celtiques » auxquels elle participe ; et à travers les anciens gudards qu'elle fréquente (Frédéric Chatillon, vieil ami de Marine Le Pen ; Marie-Dominique Klein, dont le fils, Édouard Klein, a relancé le GUD en 2010). Elle côtoie parallèlement toute une galaxie catholique traditionaliste, à travers l'institution Saint-Louis, où elle enseigne. Elle conserve des liens étroits avec Yann Tran Long, avec qui elle a créé en 2012 « Veni Sancte Spiritus », une association catholique traditionaliste où l’on retrouve au poste de trésorier Benoît Rigolot, l’expert-comptable qui a contrôlé les comptes du micro-parti de Marine Le Pen (lire notre enquête).
Marion Maréchal a déjà suscité à plusieurs reprises des interrogations sur ses fréquentations. Comme lorsqu’elle s’affiche, il y a quelques années, au défilé du 1er-Mai du FN aux côtés de Fasc, rappeur proche du groupuscule antisémite Renouveau français :
Ou lorsqu'elle pose sur une série de photos au gala des 40 ans du FN, en décembre 2012, avec des responsables du FNJ et deux gudards, Édouard Klein – leader du GUD entre 2010 et 2012 –, et son compère Baptiste Coquelle, qui affectionne le salut nazi (lire notre enquête).
Les dirigeants du FNJ étaient alors « amis » avec les deux gudards, confirme Julien Rochedy, le président du FNJ, qui explique : « Les gens ont une histoire, on ne leur demande pas forcément tout leur casier politique. L'important, c'est qu'aujourd'hui ils soient totalement dans la ligne. Soit vous considérez que tous ceux qui ont milité dans des groupuscules d'extrême droite sont morts politiquement, soit qu'ils peuvent changer. Nous, c'est ce que l'on pense. »
« Marion et Édouard étaient à Assas (université de droit à Paris, ndlr), ils ont fait deux ou trois soirées ensemble, mais elle ne le supportait pas », raconte son directeur de campagne. « Je ne le fréquente pas. Il était aux quarante ans du FN parce que c’était ouvert aux adhérents », affirme-t-elle.
C'est à Lyon, épicentre de la droite catholique identitaire, que l'on trouve les autres « cercles politiques » et « amicaux » de Marion Maréchal, d’après son entourage. À commencer par les dirigeants du FNJ, les Lyonnais Julien Rochedy et Paul-Alexandre Martin. La députée les considère comme « des amis » et a effectué « des déplacements à l’étranger avec eux, car ils aiment entretenir les liens avec les autres partis européens ». Comme en septembre, lorsqu'ils sont reçus par le Vlaams Belang, parti xénophobe flamand, ou en juin, lorsqu'ils rencontrent en Suède plusieurs homologues européens :
C’est aussi à Lyon qu’est installée Janus International, la société qui gère sa communication sur Internet. Derrière cette agence « spécialisée dans l’intelligence économique, la communication de crise et le Web politique », on trouve Olivier Giot-Bordot et Sylvain Roussillon, issus des rangs de l'Action française. Contacté, le premier ne fait pas mystère de sa « formation politique » et estime « avoir cette chance, en tant que maurrassien, d'être indépendant ». Cette « collusion » se serait faite « dans le giron de la Manif pour tous », selon Julien Rochedy.
Car pour acquérir une certaine autonomie par rapport à l'appareil frontiste, Marion Maréchal s'est appuyée sur la nébuleuse des anti-mariage pour tous. Elle-même le reconnaît, « on est assez autonomes, j’ai ma fédération dans le Vaucluse avec Hervé (de Lépinau) ». Jean-Marie Le Pen ? « Je l’appelle peu, je le vois peu. Même Marine Le Pen, je la vois assez peu. » Quant à la demeure familiale, à Montretout, elle n’y « passe quasiment plus. Ce n’est plus un lieu politique comme ça a été le cas avant ».
Pour se construire ses propres réseaux, elle a profité du discrédit de Marine Le Pen auprès de la frange catholique de l'extrême droite, agacée par sa « dédiabolisation » et son absence des « manifs pour tous ». « Marion a pris un positionnement très clair, elle était présente à toutes les manifestations contre le mariage homosexuel. Elle séduit cet électorat-là », glisse Maxime Ango-Bonnefon.
Elle est aussi allée soutenir Nicolas Bernard-Buss, le militant anti-mariage pour tous condamné pour rébellion, et plusieurs mouvements spiritualistes (les Veilleurs, les Sentinelles) :
La députée s’exprime dans Présent, quotidien d’extrême droite catholique traditionaliste, elle monte au créneau contre la recherche sur l’embryon et contre l'IVG, qu'elle souhaite « dérembourser » pour « responsabiliser les femmes », et a récemment demandé la suppression d'un article du projet de loi sur l'égalité hommes-femmes visant à protéger les femmes étrangères victimes de violences. En mai, elle s'est rendue au pèlerinage catholique de Chartres où elle a reçu un « accueil sensationnel », selon son entourage. « Elle est bien accueillie par ces manifestants, par le Printemps français, même si la plupart ne sont souvent pas des frontistes, mais plutôt des UMP, des centristes, des militants de l’UNI, des souverainistes tendance Dupont-Aignan ou RPF », raconte Rémy Rayé.
Pour rayonner, le Printemps français, la branche radicale des anti-mariage pour tous, est entré en contact avec Marion Maréchal. En août, elle a reçu une invitation pour leur université d’été. À Lyon, c'est l'ultra-droite rassemblée dans l'association « les Enfants des Terreaux », (qui a défilé le 26 janvier avec « Jour de colère ») qui l'a approchée, via Olivier Giot-Bordot.
À Paris, la députée frontiste s'est rendue plusieurs fois au Carré parisien, « club d'événements » du 15e arrondissement où se croise le gratin des droites nationales. Le 15 juillet, elle y intervenait sur l'engagement des jeunes (voir la vidéo). Le 15 octobre, elle était invitée à la conférence du géopoliticien Aymeric Chauprade. Ce jour-là, plusieurs sphères d’extrême droite avaient répondu présent, des piliers du Printemps français (comme Frédéric Pichon) mais aussi des gudards (comme Édouard Klein).
Évincé de sa chaire de géopolitique à l'école de guerre après avoir exposé des thèses complotistes sur les attentats du 11-Septembre, Chauprade est devenu le conseiller international de Marine Le Pen et distille ses théories sur la « menace » du multiculturalisme. Bénéficiant de réseaux solides, notamment au sein du Printemps français, il conseille aussi Marion Maréchal. « Ils ont une certaine complicité, ils travaillent beaucoup ensemble », confirme Maxime Ango-Bonnefon. « Je lui demande son avis sur certaines questions, comme la situation en Afrique. C’est quelqu’un de reconnu dans son domaine », estime-t-elle.
Arnaud Stephan, son conseiller médias, tente de minimiser ces liens avec le Printemps français. « L'année dernière, les gens nous harcelaient au bureau pour la rencontrer. Tout le monde veut voir en elle l'expression de ses turpitudes et espoirs. Elle a gardé quelques contacts après les manifs pour tous, mais elle est passée à autre chose ». Sa fédération a en tout cas été l'une des rares au FN à se mobiliser pour l'organisation du « Jour de colère », avant de faire marche arrière en dernière minute.
Difficile avec ces cercles hétéroclites de dessiner un corpus idéologique cohérent. Lorsqu’on l’interroge sur sa ligne, Marion Maréchal se contente de répondre qu'elle « défend les idées du Front national », tout en précisant : « Évidemment, ma marge de manœuvre dans le Vaucluse se situe à droite. Je me considère comme une femme de droite, pas au sens de parti mais de courant. » « Elle est élue dans le Sud, ce n’est pas la même sociologie que le nord ou l’est, c’est un département très à droite, catholique, agricole, très proche des idées nationales et aux valeurs traditionnelles », explique Arnaud Stephan.
Son assistant parlementaire Rémy Rayé abonde avec cette métaphore sur les « trois Le Pen » : « Marion incarne le bleu de la flamme, avec son côté plus droitier, Marine Le Pen le rouge, avec des discours souvent plus axés sur l’économie et le travail, auxquels la gauche est plus sensible ; et au milieu Jean-Marie Le Pen représente, avec le blanc, le Front historique sous sa forme monarchique. »
Dans le Vaucluse, la surmédiatisation de la benjamine Le Pen inquiète. « Sur les marchés, c'est comme si elle guérissait par l'imposition des mains, se désespère Roger Martin, son adversaire (Front de gauche) aux législatives, très engagé contre l'extrême droite. Il y a autour d'elle un phénomène médiatique qui va plus loin que Marine Le Pen ou Gilbert Collard. Elle est reçue comme la réincarnation de Jeanne d'Arc. » Cette année, les pompiers de Velleron, qui l'avaient déjà invitée à leur bal, ont posé avec la députée FN sur six des dix clichés de leur calendrier 2014.
BOITE NOIRECette enquête s'inscrit dans un travail entamé il y a plusieurs mois sur les liens du Front national avec l'extrême droite la plus radicale (retrouvez nos enquêtes ici).
Sauf mention contraire, toutes les personnes citées ont été interviewées en décembre et janvier. Marion Maréchal-Le Pen nous a accordé un entretien d'une demi-heure, par téléphone. Contactées à plusieurs reprises, Victoria Dufour et Antonia Soton n'ont pas donné suite à nos demandes. Sollicitée au siège du Front national, Yann Le Pen n'a pu être jointe.
Cofondateur de l'agence Janus International, qui gère la communication de Marion Maréchal, Olivier Giot-Bordot nous a précisé travailler « pour toutes les étiquettes politiques », « du PS au FN », « dans le grand Est », sans pour autant nous fournir d'exemples. Recontacté avec de nouveaux éléments, il n'a pas donné suite à nos demandes.
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