Vie privée, vie publique... On a connu Giscard et son laitier, Mitterrand et sa fille, Sarkozy chez Mickey, voilà Hollande et son actrice. Et encore une fois, la vie privée d’un président qui déboule sur la place publique... Encore une fois les mêmes questions qui taraudent les rédactions... Quel rapport avec la politique ? Quelle frontière entre l’information et le trou de la serrure ?
L’histoire peut apporter quelques réponses. Que Giscard ait posé avec sa famille pendant sa campagne, ce qui était une première, et fugué sitôt élu, n’était pas forcément insignifiant. Que François Mitterrand ait logé sa seconde famille dans les palais de la République n’était pas anodin. Qu’une très grave maladie ait pu le handicaper, comme jadis Georges Pompidou, était encore plus important.
Vie privée, vie publique, à l'époque la presse n’en a rien dit ou presque. Pendant l’hiver 2007, Ségolène Royal, candidate du PS, et François Hollande, le patron du parti, étaient en cours de rupture, avec des conséquences majeures sur la conduite de la campagne, et personne ne l’a révélé jusqu’au dénouement final. Ce n'est qu'après l'élection que l'opnion publique devait l'apprendre.
Vie privée ou vie publique ?
Quant à son adversaire victorieux, Nicolas Sarkozy, il avait depuis longtemps mis en scène ses lunes de miel puis ses retrouvailles avec Cécilia, au point d’en faire une conseillère, et même une émissaire dans l’affaire des infirmières bulgares. La presse avait suivi le storytelling jusqu’en Guyane, sur le fleuve Maroni. Vie privée, vie publique, au moment de leur divorce le président s’était plaint du mélange...
Un peu plus tard, la première dame avait changé, avec Carla ce serait « du sérieux », et de baisers tendres au pied des Pyramides en visite à Petra avec son fils sur les épaules présidentielles, la présence de la remplaçante fut si privée qu’on vit le gouvernement de la France sortir du conseil des ministres en brandissant son dernier CD.
Vie privée, vie publique…
Jusqu’à ce matin, avec ce reportage du magazine Closer... François Hollande a réagi en « déplorant profondément les atteintes au respect de la vie privée auquel il a droit comme tout citoyen ». Le problème, c’est qu’il n’est pas un citoyen lambda, et qu’il a décidé, dès sa prise de fonction, de maintenir un usage qui fait de la compagne du président, ou de son épouse, « la première dame de France ». Cette « première dame » n’est pas une personne privée mais une personne publique, puisqu’elle dispose de bureaux aux cœur de l’État, dans une aile de l’Élysée, et même d’un directeur de cabinet muni de son secrétariat.
Dès lors que la compagne ou la femme du président de la République est une personne officielle, financée par les deniers de l’État, son remplacement éventuel, ou sa remise en question, deviennent aussi publics qu’un changement de gouvernement…
Vie publique, vie privée, la question des aventures présidentielles ne se posera plus le jour où ce statut de « première dame », qui n’est pas officiel mais qui existe quand même, tombera en vraie désuétude. Ce jour-là Mme Giscard, Mme Mitterrand, Mme Chirac, Mme Sarkozy, la compagne de François Hollande ou le mari d’une future présidente, si la France en élit une un jour, seront rendus à leur vie personnelle.
Ce jour là, leurs amours et désamours ne seront plus des affaires d’État...
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