Sepp Blatter réélu à la tête de la Fifa pour en démissionner moins d’une semaine plus tard sous la pression de la justice américaine, puis refusant de partir tout de suite comme le demande le parlement européen, les derniers épisodes du scandale n’étonnent pas l’invité d’Objections. Michel Caillat observe le sport depuis près de quarante ans, il a publié huit livres dont le dernier, Sport : l’imposture absolue, est sorti en 2014 aux éditions Le Cavalier Bleu, et il ne voit rien de nouveau dans les scandales qui se succèdent. Tout au plus une différence de degré, mais pas de nature. « Coubertin disait que "le sport, c’est la liberté de l’excès", eh bien le sport c’est simplement l’excès dans tous les domaines. »
« Il y a corruption depuis que le sport existe », assure Caillat en ouverture, en citant le premier championnat de France de football, lors de la saison 1932-1933 : Antibes, déjà, avait été déclassé pour avoir acheté son adversaire lillois !
« Au-dessus des hommes, il y a un système », explique-t-il, en assurant par exemple que l’opposition Platini-Le Graet dans l’affaire Blatter « est un jeu de rôles » (7e minute de l’entretien)…
Ce système est celui du « sport » qu’il oppose à « l’activité physique » (10e minute) : « Le sport est une situation avec des règles institutionnelles, et il est forcément compétitif. Il faut gagner. Quand je cours au bord de la Loire, je ne fais pas de sport. Le sport n’est pas bon pour la santé, l’activité physique, oui. »
Que l’on parle de dopage (10e minute), ou de politique (20e minute), ce qui frappe le plus Michel Caillat c’est la permanence d’un discours sur l’idéal et le maintien d’une réalité qui le bafoue. « Un idéal mythique qui dissimule des desseins immoraux, et je ne comprends pas que l’analyse de ce système soit aussi faible compte tenu de l’importance du phénomène. » Le sport déclenchant les passions et l’identification, « il y a un consensus total », quel que soit le bord politique des pouvoirs en place. Or, conclut Caillat, « le sport est nécessairement de droite. Il est né avec le capitalisme. Il a toujours été l’enfant chéri des pouvoirs forts ».
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