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Une enquête est ouverte sur les comptes cachés de Jean-Marie Le Pen

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« On veut la peau d’un homme », a déploré Me Frédéric Joachim, l’avocat de Jean-Marie Le Pen, après l’annonce, lundi, par le Parquet national financier (PNF) de l’ouverture d’une enquête sur des faits de « blanchiment de fraude fiscale » reprochés à l’ancien président du Front national. Ainsi que Mediapart l’a annoncé le 22 mai, le PNF a reçu, par le dessaisissement de ses homologues de Nanterre et de Paris, le résultat des investigations du service antifraude Tracfin sur les avoirs présumés de Jean-Marie Le Pen à l’étranger, ainsi que l’enquête concernant les incohérences de ses déclarations de patrimoine.

Premier volet de cette enquête, le compte caché ouvert à la banque HSBC, puis à la Compagnie bancaire helvétique (CBH), à travers un trust placé sous la responsabilité de Gérald Gérin, l’ancien majordome et secrétaire particulier de Le Pen.

Gérin, qui est le trésorier des associations de financement politique Cotelec et Promelec, est devenu en 2008 l’ayant droit de ce trust basé aux îles Vierges britanniques, Balerton Marketing Limited, et géré depuis Genève par Me Marc Bonnant. Le trust détenait 2,2 millions d’euros à la HSBC Guernesey, dont 1,7 million sous forme de lingots et de pièces d'or. En mai 2014, ces fonds ont été transférés aux Bahamas, sur un compte ouvert auprès de la Compagnie bancaire helvétique (CBH), où ils dorment en principe toujours.

Questionné par Mediapart, Gérald Gérin avait contesté être l'ayant droit du trust Balerton, en précisant qu'il allait « demander des explications » à MM. Le Pen et Bonnant. Jean-Marie Le Pen n'avait pas démenti, mais il avait refusé de s’expliquer : « Je ne suis pas tenu de m'expliquer sur ce que dit n'importe qui, en particulier des organes para-policiers chargés de semer la perturbation dans la classe politique », avait-il réagi au lendemain de la publication de nos informations. Contacté mardi par l’AFP, le fondateur du FN a finalement « nié » sa relation avec le trust de son majordome : « Je le nie. Ce n'est pas parce que Mediapart dit quelque chose que c'est une vérité évangélique », a-t-il répondu.

Son avocat s’est plaint de l’annonce de l’ouverture de l’enquête trois jours avant l’examen par le tribunal de Nanterre de l’assignation de Jean-Marie Le Pen visant à contester sa suspension du Front national : « Trois jours avant que le tribunal ne nous entende, qu’on ne nous dise pas que c’est innocent, a-t-il commenté. On voudrait rendre la justice moins sereine que l’on ne s’y prendrait pas autrement. » « Il est incroyable qu’un site comme Mediapart donne des ordres ou des idées au parquet », a persiflé l’avocat.

Jean-Marie Le Pen au parlement européen le 19 mai.Jean-Marie Le Pen au parlement européen le 19 mai. © Reuters

Autre sujet d’interrogation du service anti-fraude Tracfin, le compte détenu au Crédit suisse par Jany Paschos, 82 ans, l’actuelle épouse de Jean-Marie Le Pen. Ce deuxième compte, géré par une petite société de gestion de fortune basée à Genève, Prium finances, aurait été clôturé en 2008, par le rapatriement de 200 000 euros sur le compte bancaire ouvert à la Société générale.

L’existence d’un troisième compte suisse – à l’UBS celui-là – avait par ailleurs été intégrée à l’enquête initialement ouverte par le parquet de Paris sur le patrimoine du fondateur du FN. En 2013, Jean-Marie Le Pen avait confirmé l'ouverture de ce compte en son nom par l’un de ses amis, l’éditeur Jean-Pierre Mouchard, en 1981. Il l’avait justifié par l’octroi d’un « prêt » consenti par l’UBS, une « opération » réalisée selon lui en toute légalité et « contrôlée » par l’administration française. Or les dates et conditions de cet emprunt n'avaient pas été précisées par Jean-Marie Le Pen.

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