Malgré un mode de scrutin complexe, le vote militant de désignation des candidats d'Europe écologie-Les Verts (EELV) pour les prochaines européennes pourrait avoir plus de poids qu'annoncé. Avec une mobilisation identique à celle du congrès, pour lequel le vote a eu lieu il y a une semaine (lire ici), les résultats devraient faciliter les travaux de la “commission de préparation des élections”, qui sera composée à l'issue et en fonction des résultats du congrès de Caen, et devra proposer le 15 décembre divers scénarios au conseil fédéral. Si ce dernier décidera in fine, la question des têtes de liste semble réglée, au vu des points d'avance de certains candidats (le scrutin étant double, pour désigner hommes et femmes, en suivant la règle du scrutin préférentiel).
Sans surprise, les candidatures de Yannick Jadot dans le Grand Ouest, Pascal Durand et Eva Joly en Ile-de-France et Sandrine Bélier dans le Grand Est, ont été plébiscitées. Moins attendu, le bon résultat de Michèle Rivasi, que l'on disait menacée dans le Sud-Est et qui a visiblement profité d'un surcroît de mobilisation dans le Rhône (par rapport au congrès). L'eurodéputée sortante a marqué des points face à Karim Zéribi, ancien chevènementiste et candidat à la mairie de Marseille (également devenu eurodéputé il y a un an, en remplacement de Vincent Peillon).
Dans le Sud-Ouest, José Bové remporte le vote masculin, mais marque moins de points que l'autre eurodéputée sortante Catherine Grèze, une proche de Jean-Vincent Placé. Pour autant, celui qui est candidat à la primaire européenne pour postuler ensuite à la présidence de la Commission européenne (lire ici) semble intouchable et devrait être repêché par la suite. « Il n'y aura jamais de majorité pour écarter José », certifie un dirigeant.
La situation paraît plus compliquée pour Karima Delli, devancée d'une poignée de points dans le Nord par la vice-présidente du conseil régional Majdouline Sbaï. Pour autant, son courant (« La motion participative » – LMP –, aile gauche du parti) est arrivé second du congrès, augmentant ce score avec la liste nationale qu'elle menait (oui, car au vote local s'ajoute aussi un vote militant national, sur scrutin de listes – correspondant à quatre des motions en lice pour le congrès –, venant panacher les résultats eurorégionaux). Avec 23,8 % (contre 20,6 % au congrès), LMP devance la liste de « Via Ecologica », emmenée par Karim Zeribi (14,5 %, en baisse par rapport aux 17,1 % du congrès). Forte de ses 54,2 %, la liste de la motion majoritaire « Cap écolo » menée par Pascal Durand (qui améliore sensiblement le résultat du congrès – 38,3 %, mais avec moins de motions en lice – 4 contre 7), peut se faire magnanime vis-à-vis de Karima Delli. « Le fait proportionnel s'impose : l'aile gauche du parti est la deuxième sensibilité, elle ne peut pas ne pas avoir de candidat aux européennes », dit un bon connaisseur du parti.
Cette décantation dans les votes serait une bonne nouvelle pour la direction sortante d'EELV, alors que les discussions continuent en vue du futur congrès de Caen, dans une semaine. « S'il n'y a plus grand-chose à négocier pour les européennes, ça pourrait simplifier les choses et ramener tout le monde à la raison, explique un dirigeant. On a peut-être une chance à ce congrès de parler d'autre chose que de répartition des postes… »
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