La liste des mises en examen s'allonge dans l'enquête sur le financement des campagnes du Front national. C'est au tour d'une proche de Frédéric Chatillon, le principal prestataire du FN avec sa société Riwal, d'être mise en examen pour abus de biens sociaux, recel et blanchiment d'abus de biens sociaux, a indiqué l'AFP jeudi.
Actionnaire de Riwal, Sighild Blanc, 32 ans, est associée avec Thibault Nicolet dans la société Unanime, une agence de communication de la nébuleuse Chatillon créée en 2011, qui a travaillé pour la campagne présidentielle de Marine Le Pen, comme Mediapart l'avait raconté. Cette toute jeune société a réalisé la maquette et l’impression de journaux du FN, pour plus de 152 000 euros.
Depuis avril 2014, et à la suite d'un signalement de la commission des comptes de campagne, les juges Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi épluchent le financement des campagnes du Front national, et notamment la présidentielle et les législatives de 2012. Ils soupçonnent un financement illégal et s'intéressent aux rôles joués par Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, et Riwal, la société de communication de son vieil ami Frédéric Chatillon.
Fondée en 2010, Jeanne est devenue la pièce maîtresse du dispositif électoral du FN, offrant des « kits électoraux » fabriqués par Riwal et des crédits aux candidats FN, avec le feu vert de l’état-major frontiste. Les enquêteurs se penchent sur ce système de prêts à un taux très élevé et de vente de kits de campagne, que Mediapart avait détaillé dès octobre 2013. Ils s'interrogent sur l'hypothèse de prestations surfacturées de la part de Riwal, au préjudice final de l'État, qui rembourse les frais de campagne.
Les investigations se poursuivent sur des fonds qui ont transité par Hong Kong et Singapour. Comme l'avait rapporté Le Monde, l'enquête a été élargie le 9 mars aux faits de financement illégal d’un parti politique, acceptation par un parti politique d’un financement provenant d’une personne morale et financement illégal de campagne électorale.
Depuis janvier, plusieurs mises en examen sont intervenues dans ce dossier. Proche de Marine Le Pen, et ancien président du GUD (Groupe Union Défense), une organisation étudiante d'extrême droite radicale, Frédéric Chatillon a été mis en examen à deux reprises, pour financement illégal de parti politique, escroqueries lors des législatives et de la présidentielle de 2012, faux et usage de faux, abus de biens sociaux et blanchiment. Sa société Riwal a également été mise en examen en tant que personne morale.
Les deux trésoriers successifs de Jeanne, Axel Loustau et Olivier Duguet, ont eux aussi été mis en examen récemment dans le cadre de cette enquête. L'expert-comptable Nicolas Crochet, commissaire aux comptes de Jeanne et conseiller économique de Marine Le Pen pendant la campagne présidentielle, a quant à lui été mis en examen le 10 avril pour complicité d'escroquerie lors des législatives de 2012, financement illégal de parti politique et blanchiment d'abus de biens sociaux.
Très proche de Chatillon, Sighild Blanc est apparue comme directrice de publication du magazine Cigale, qui est au cœur de ce réseau de sociétés tenues par des anciens du GUD. Ce mensuel gratuit sur « l’art de vivre à la parisienne », distribué dans les boulangeries, et réalisé par l'équipe de Riwal, est édité par la société Taliesin, dont les actionnaires fondateurs ne sont autres que Frédéric Chatillon, son bras droit Jildaz Mahé O’Chinal, et l'ex-avocat Philippe Péninque, conseiller officieux de Marine Le Pen.
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