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François Lamy : « Martine Aubry veut peser, pas témoigner »

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Congrès mal gré, pour Martine Aubry et les siens. Une semaine après que la maire de Lille a choisi de rejoindre la motion de Jean-Christophe Cambadélis pour le prochain congrès du PS (lire notre article), l'un de ses plus fidèles, le député François Lamy, a répondu à notre invitation pour expliquer ce choix désarmant. Pour lui, « les choses ne sont pas aussi manichéennes » qu'on voudrait le croire : « Il y a dans la motion B [celle des ailes gauche et des parlementaires critiques] des députés qui ont voté la confiance à Manuel Valls, ce qui n'a pas été mon cas. »

Pour Lamy, le congrès socialiste qui s'ouvre (les votes auront lieu les 21 et 28 mai prochain, avant un rassemblement à Poitiers du 5 au 7 juin) « n'engage pas le PS pour les vingt prochaines années, mais pour les deux ans qui viennent ». Et pour bien finir le quinquennat, Aubry et les siens se sont demandé « où est-ce qu'on pèse le mieux ? », essentiellement en matière de politique économique et sociale, avec notamment l'idée de « réorienter les 15 milliards qui restent du pacte de responsabilité ».

Interrogé sur le caractère attrape-tout du texte de la motion A, également signé par le premier ministre Manuel Valls et la quasi-totalité des ministres de son gouvernement, Lamy réfute toute modification de leur version (pourtant manifeste, ainsi que nous l'avons raconté ici), mais reste vague sur sa valeur. Par exemple, cette formulation refusant « toute nouvelle extension du travail le dimanche », dont on ne parvient toujours pas à savoir si elle signifie l'abandon de cette partie de la loi Macron, qui revient bientôt à l'Assemblée. Interrogé ce vendredi matin, le ministre Christian Eckert est resté flou (voir ici). Pour François Lamy, c'est tout aussi trouble : « Cela veut dire que les députés socialistes seront mieux armés quand la loi va revenir à l'Assemblée. On pouvait éviter le 49-3 et trouver un compromis en première lecture. On va pouvoir en trouver un en deuxième lecture. »

En définitive, tout est affaire de « débat » et de « dialogue » pour parvenir à transformer une motion semblant convenir à tous mais dont on ne sait si elle engage grand monde, et surtout dans l'exécutif. « On veut peser, pas témoigner. On n'a pas fait tout ce qu'on a fait au parti pour échouer en 2017 ! », botte en touche Lamy, pour qui « les dirigeants socialistes ne sont pas hors-sol et voient bien les défaites électorales qui se succèdent et les attentes des électeurs ». Et quand on lui fait remarquer que François Hollande avait déjà un texte, son projet, en 2012, et qu'il lui a tourné le dos sitôt élu, Lamy avoue : « Oui mais qu'est-ce qu'on fait : on s'assied par terre et on attend la mort ?! Le président est suffisamment politique pour voir ce qui se passe et le recul de toute la gauche. Ce qui m'importe, ce sont les mesures qui seront prises. Si ça reste de l'ordre du discours, oui, ça poserait problème. Mais si la réalité du pacte de responsabilité amène à ce qu'on le réoriente, on ne va pas se plaindre. »

Cette possible réorientation doit-elle passer par un remaniement ? François Lamy le croit : « Il est clair que ce gouvernement a un défaut, il ne représente pas toutes les sensibilités du PS et de la gauche de gouvernement. François Hollande le sait. » Un tel remaniement est-il possible avec Manuel Valls à Matignon ? « Ce n'est pas le sujet, évacue-t-il. Ce qui compte, c'est le contenu de la politique menée. Chacun jugera s'il se sent bien à l'intérieur de cette politique. »

Ancien secrétaire d'État à la ville, démis de ses fonctions par Valls après les municipales et ayant refusé de revenir après les départs de Hamon et Montebourg, François Lamy semble en tout cas prêt à reprendre du service, et évoque en fin d'interview le devenir de la loi qu'il a fait voter fin 2013 (dont il regrette l'application « trop souple » en matière d'indépendance des conseils citoyens de quartiers face aux pouvoirs locaux), comme sa vision d'une laïcité qui doit « en rester à l'esprit de 1905 », s'affirmant pour l'abrogation de la circulaire Chatel sur l'accompagnement scolaire (qui « discrimine des femmes voulant s'intégrer ») et contre l'interdiction du voile à l'université (« on a affaire à des adultes »). « La laïcité ne doit pas être la disparition des religions de l'espace public ou le laisser-faire, dit-il. Ce qui ne veut pas dire qu'on abandonne le combat politique sur les droits de la femme et sur ce que représente aux yeux des religions le fait d'obliger des femmes à se voiler. »

A lire aussi sur le blog de Tuxicoman : Gare aux « députés » godillots


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