Avec le temps, tout s’en va. Y compris les démentis les plus vifs. Alors qu’en février 2012 il niait vigoureusement devant les juges avoir touché de l’argent du marchand d’armes Ziad Takieddine – « Je n’ai jamais eu la moindre relation financière avec Ziad Takieddine » –, Renaud Donnedieu de Vabres est aujourd’hui nettement moins catégorique devant les mêmes magistrats.
Lors d’une confrontation avec Ziad Takieddine, qui s’est tenue le 21 octobre dans le cabinet du juge anticorruption Renaud Van Ruymbeke, l’ancien ministre a été interrogé sur de récentes déclarations du marchand d’armes. Celui-ci avait affirmé, en juin dernier, sur procès-verbal : « En 1995, après l’élection de M. Chirac, à plusieurs reprises Donnedieu de Vabres m’a demandé de lui payer des avances pour payer des loyers pour son appartement rue de Bourgogne à Paris, que je lui ai payées en cash allant jusqu’à des sommes entre 15 000 et 20 000 francs à chaque fois. »
Ziad Takieddine précisait : « Ensuite il y a eu la campagne législative à Tours où Donnedieu de Vabres a été élu député en 1997. Comme j’ai conservé de bonnes relations avec lui, j’ai aidé à financer une partie de son installation à Tours. Il avait loué un pavillon et il avait des besoins. J’ai subventionné sa campagne en partie. Si j’ajoute les loyers parisiens à ces différentes dépenses, de mémoire, j’ai dû lui remettre au total un maximum de 250 000 francs. »
Le juge a donc questionné Donnedieu de Vabres sur ces confidences : « M. Takieddine ment-il quand il dit vous avoir remis du liquide ? » Réponse embarrassée de l’intéressé : « Je n’utiliserais jamais ce terme vis-à-vis de M. Takieddine. Non, M. Takieddine n’est pas un menteur. »
« Donc, il dit la vérité ? », reprend le juge. Donnedieu : « Je n’ai aucun souvenir d’avoir reçu des espèces de M. Takieddine. Je rappelle ce faisant que, de façon totalement limitée, il est possible de faire un cadeau à un ami. Je ne crois pas que cela fût le cas. Mais si cela fut le cas, cela aurait été parfaitement légal. »
Ancien collaborateur du ministre de la défense François Léotard (1993-1995), Renaud Donnedieu de Vabres est mis en examen pour « complicité » et « recel d’abus de biens sociaux » dans l’affaire des détournements d’argent sur les ventes d’armes du gouvernement Balladur, dont Ziad Takieddine fut l’un des principaux intermédiaires.
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